Page images
PDF
EPUB

AVANT-PROPOS.

Ce volume contient tous les ouvrages de Descartes qui n'avoient pas encore été traduits en françois.

Le premier de ces écrits est une lettre de Descartes à Voet, qui parut à Amsterdam, chez Elzevir, 1643, in-12. C'est une réfutation de deux libelles, l'un de Voet lui-même et l'autre d'un de ses écoliers, auquel Descartes ne daigna pas répondre, mais qu'il fit assigner et condamner par-devant un tribunal. Il n'y a rien là de fort important pour

nous.

Mais les deux ouvrages qui suivent, savoir, les Règles pour la direction de l'esprit, et la Recherche de la vérité par les lumières naturelles, égalent en force et surpassent peut-être en lucidité les Méditations et le Discours sur la méthode. On y voit encore plus à découvert le but fondamental de Descartes et l'esprit de cette révolution qui a créé la philosophie moderne et placé à jamais dans la

pensée le principe de toute certitude, le point de départ de toute recherche régulière. On les diroit écrits d'hier, et composés tout exprès pour les besoins de notre époque.

Cependant ces deux monuments admirables n'ont pas même été aperçus d'un seul historien de la philosophie, et restoient ensevelis dans des Opera posthuma Cartesii, qui parurent à Amsterdam en 1701, cinquante ans après la mort de Descartes. Ils y sont en latin, comme tout le reste. Mais étoit-ce là leur forme première? De qui les tient le libraire qui les a publiés? Pourquoi M. Clerselier, qui se chargea de mettre au jour les papiers de Descartes, et auquel on doit le Traité de la lumière, le Traité de l'homme et les Lettres, s'il trouva ces deux ouvrages dans les papiers que lui remit l'ambassadeur de France à Stockholm, ne les a-t-il pas publiés lui-même, ou du moins ne les a-t-il pas mentionnés quelque part? Assurément leur authenticité n'est pas plus douteuse que celle des Méditations, et la main de Descartes y est empreinte à chaque ligne. Mais on auroit désiré plus de lumières et de détails positifs sur deux ouvra

1

ges aussi importants. Nous en sommes réduits à quelques mots de Baillet; c'est la seule autorité que cite l'éditeur hollandois, nous la rapportons textuellement :

« Parmi les ouvrages que les soins de M. Chanut ont fait échoir à M. Clerselier, il n'y en a point de plus considérable, ni peut-être de plus achevé que le traité latin qui contient des règles pour conduire notre esprit dans la recherche de la vérité. C'est celui des manuscrits de M. Descartes à l'impression duquel il semble que le public ait le plus d'intérêt.... Il divise en deux classes tous les objets à notre connoissance: il appelle les uns propositions simples et les autres questions. Les maximes relatives aux propositions simples consistent en douze règles. Les questions sont de deux sortes; celles que l'on conçoit parfaitement, quoiqu'on en ignore la solution, et celles que l'on ne conçoit qu'imparfaitement. Il avoit entrepris d'expliquer les premières en douze règles, comme il avoit fait des propositions simples, et les dernières en douze autres règles; de sorte que tout son ouvrage divisé en trois parties devoit être composé de trente

six règles pour nous conduire dans la recherche de la vérité. Mais en perdant l'auteur, on a perdu toute la dernière partie de cet ouvrage et la moitié de la seconde. »

« Nous avons aussi le commencement d'un ouvrage (coté à l'inventaire) éorit en françois, trouvé parmi les papiers que M. Descartes avoit portés en Suède sous le titre de la Recherche de la vérité par la lumière naturelle, qui, toute pure et sans emprunter le secours de la religion ni de la philosophie, détermine les opinions que doit avoir un honnête homme sur toutes les choses qui peuvent occuper sa pensée. C'est un dialogue dont l'auteur avoit dessein de nous donner deux livres.... Dans le premier livre on s'entretenoit de toutes les choses qui sont au monde, les considérant én elles-mêmes; dans le second l'on devoit s'entretenir de toutes les choses, selon qu'elles se rapportent à nous et qu'elles peuvent être regardées comme vraies ou fausses, comme bonnes ou mauvaises. »

Baillet dit donc positivement que les Règles pour la direction de l'esprit étoient en latin, comme on pouvoit le conjecturer d'après un passage de

« PreviousContinue »