GLOSSAIRE ÉTYMOLOGIQUE ANGLO-NORMAND ου L'ANGLAIS RAMENÉ A LA LANGUE FRANÇAISE PAR Edouard LE HÉRICHER Of these english words a gentleman un- (Johnson's Dictionary). L'anglais forme la transition entre les lan- roman. >>> (J. Fleury, NOTIONS DE LINGUISTIQUE COMPARÉE) POUR DURER J'ENDURE JULES DURAND AVRANCHES IMPRIMERIE TYP. ET LITH. DE JULES DURAND RUES BOUDRIE & QUATRE-ŒUFS, 24 1884 Dunning Mijhoff 3-11-27 13603 INTRODUCTION On a déterminé l'influence de la littérature française sur celle de l'Europe en général, et en particulier sur celle de l'Angleterre au moyen-âge. Chaucer reste, sous ce rapport, son intermédiaire le plus important: son œuvre est aussi français que son nom. Mais on a beaucoup moins constaté l'influence exercée par notre langue sur l'idiôme anglais, qui, avec une physionomie qui lui est propre, est au fond, pour le glossaire, comme un dialecte de la France. Toutefois encore, on s'est borné à affirmer en général cette influence on n'a pas présenté en détail toutes les pièces de cette conviction. C'est à quoi oserait prétendre le travail de philologie comparée que nous présentons pour les deux idiômes. Il suffit à un homme instruit de parcourir les colonnes d'un dictionnaire anglais pour trouver les concordances entre les deux langues : elles sautent aux yeux ; mais ce n'est qu'avec le français moderne qu'éclate l'identité superficielle il faut aller plus loin si l'anglais est du français, c'est surtout du vieux français. C'est à la démonstration de cette vérité que notre ouvrage est spécialement consacré. Grattez l'anglais, vous découvrez le français. Si le saxon est le fond de la langue, s'il est le ciment qui relie les pierres, débris des langues latines, il n'a pas la part prépondérante. Si le saxon exprime la nature, le latin ou le français exprime la civilisation. Et même notre travail prouvera peut-être qu'il n'est pas vrai de dire avec Eichoff que le saxon « a produit tous les mots usuels, c'est-à-dire les termes réalistes et naturels. Les philologues anglais ont de la tendance à saxoniser leur langue, qui tire en effet de ses origines germaniques cette admirable brièveté qui en fait la plus laconique des langues européennes. L'orgueil national marche aussi dans cette voie-là. Ils auraient réduit de beaucoup l'importance de l'élément saxon, s'ils avaient mieux connu nos patois en particulier et notre vieille langue en général. En empruntant un peu d'allemand et beaucoup de français, l'anglais a réduit ses mots d'emprunt à un moindre volume : c'est de l'allemand abrégé, du français abrégé, de sorte qu'on a calculé qu'un Anglais, en un jour, en disant les mêmes choses, gagnait sur un Français un temps considérable. L'anglo-saxon s'est donc rapproché plus qu'aucun autre idiôme de l'idéal du langage qui est d'égaler la rapidité de la pensée. |