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tre.

de Pithon. Mais il n'en fut pas le maiLes Macédoniens, fe croiant obligés d'exécuter les ordres de Perdiccas, égorgérent fans pitié tous ces Grecs, fans avoir égard à la parole qu'ils leur avoient donnée. Pithon, fruftré de fon efpérance, retourna avec les Macédoniens vers Perdiccas. Cette expédition fut fuivie de près Phoc. p. de la guerre de Grèce. La nouvelle de 751-752. la mort d'Alexandre étant arrivée à Athènes, y avoit excité de grandes rumeurs, & caufé une joie prefque univerfelle. Le peuple, qui depuis long-tems portoit avec peine le joug que la Macédoine avoit impofé à la Grèce, ne parloit que de liberté, ne refpiroit que guerre, & fe livroit fans mefure aux emportemens d'une joie folle & exceffive. Phocion, qui étoit d'un caractère fage & modéré, & qui craignoit que la nouvelle ne fe trouvât pas véritable, tâchoit de calmer les efprits, & d'arréter ces faillies fougueufes, qui ne laiffoient point de lieu à la réflexion & au confeil. Comme, malgré fes efforts, la plupart des Orateurs crioient que la nouvelle étoit véritable, & qu'Alexandre étoit certainement mort, Phocion fe leva, &

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leur dit :,,Mais, s'il eft mort aujour,,d'hui, il le fera encore demain, & ,,encore après demain, de forte que „nous aurons tout le tems de délibé,,rer en repos & avec plus de fureté.

Léofthène, qui le prémier avoit répandu cette nouvelle à Athènes, ne ceffoit de parler devant le peuble avec beaucoup d'arrogance & de vanité. Phocion, las de l'entendre, lui dit: „Jeune homme, vos difcours reffem,,blent à des cyprès; ils font grands „,& hauts, mais ne portent point de ,,fruit. On lui favoit mauvais gré de s'oppofer fi fortement aux volontés du peuple. Hypéride s'étant levé, lui demanda : ,, Quand fera-ce donc que ,,Vous confeillerez aux Athéniens de ,,faire la guerre? Ce fera, lui répon,,dit Phocion, quand je verrai les ,,jeunes gens prendre une ferme réfo,,lution de garder une exacte difcipli ,,ne, les riches contribuer felon leur ,,pouvoir aux frais de la guerre, & ,,les Orateurs s'abftenir de voler les ,,deniers publics.

Les remontrances de Phocion furent inutiles. La guerre fut réfolue, & il fut arrété qu'on députeroit vers tous les peubles de la Grèce pour les

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Demoftb. p. 858.

exhorter à entrer dans la ligue. C'eft la guerre que tous les Grecs, excepté les Thébains, unis enfemble pour la liberté de la Grèce, firent fous la conduite de Léɔsthène contre Antipater, & qui fut appellée la guerre Lamiaque du nom d'une ville où ce dernier fut défait dans une prémiére bataille.

Démofthéne, qui étoit alors en éxil à Mégare, mais qui dans fon malheur confervoit toujours un zèle vif Justin. 1. & ardent pour les intérets de fa pa13.c. 5. trie & pour la défenfe de la liberté commune, fe joignit aux Ambassadeurs d'Athènes envoiés vers le Péloponnêfe, & les aiant merveilleufement fecondés par la force de fon éloquence, il engagea dans la ligue Sicyone, Argos, Corinthe, & les autres villes du Péloponnèfe.

Le peuble d'Athénes admirant un zèle fi noble & fi généreux, fit fur le champ un Décret pour le rapeller de fon exil. On lui envoia à Egine une galère à trois rangs de rames. Quand il fut entré au port de Pirée il n'y eut ni Magiftrats ni Prêtres qui reftaffent dans la Ville. Tous les citoiens fortirent en foule pour aller au devant de cet illuftre Exilé, & le re-· curent

çurent avec toutes les démonstrations poffibles d'affection & de joie, & en même tems de douleur & de répentir de l'injure qu'on lui avoit faite.. Démosthène, vivement touché des honneurs extraordinaires qu'on lui rendoit, & rentrant comme en triomphe dans fa partie au milieu des acclamations publiques, levoit les mains vers le ciel pour remercier les Dieux d'une protection fi éclatante,& fe félicitoit lui-même d'une journée plus glorieuse encore pour lui, que n'avoit été pour Alcibiade celle ou il revint de fon exil. Car fes citoiens le recevoient de leur pur mouvement & de leur bon gré, au lieu que la réception d'Alcibiade n'avoit pas été pleinement volontaire, & qu'il y étoit entré de la contrainte.

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La plupart des anciens redoutoient Diod. L extrêmement les fuites d'une guerre, 18.P-594 où il leur paroiffoit q'uon s'étoit engagé avec trop de précipitation, & fans avoir examiné les conféquences aves toute l'attention & toute la maturité que demandoit une entreprife de cette importance. Ils trouvoient qu'il n'yavoir encore aucune néceffité de fer déclarer ouvertement contre les Tome VII. Mace.

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Macédoniens, dont les troupes aguerrie de longue main étoient à craindre: & l'exemple de Thèbes, détruite par une pareille témérité, les effraioit. Mais les orateurs, qui trouvoient leur avantage dans les troubles publics, & pour qui, comme le di. foit Philippe, la guerre tenoit lieu de paix, & la paix de guerre, ne laiffoient pas au peuple le tems de délibérer mûrement fur les affaires qu'on lui propofoit, & l'entraînoient dans leurs sentimens par une éloquence flateuse, qui ne lui montroit dans l'avenir que victoires & triomphes.

Ici, Démosthène & Phocion, qui ne manquoient ni de zêle ni de prudence, fe trouvérent d'avis différent ce qui ne leur étoit pas extraordinaire. Il ne m'appartient point de prononcer lequel des deux avoit raifon. Dans une conjoncture auffi embarraffante que celle-ci, il n'eft pas étonnant qu'on fe fépare, quoiqu'avec de bonnes intentions de part & d'autre. Le parti de Phocion étoit peut-être le plus prudent; celui de Démosthène, le plus glorieux.

Quoi qu'il en foit, on leva une armée confidérable, & l'on équipa une

flote

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