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» plupart des chevaux domestiques; ils ont ce que donne la nature : la » force et la noblesse; les autres n'ont que ce que l'art peut donner : » l'adresse et l'agrément.

2o DELILLE.

« Couché sur ses genoux, le bœuf pesant rumine,

» Tandis qu'impétueux, fier, inquiet, ardent,

>> Cet animal guerrier qu'enfanta le trident
» Déploie, en se jouant dans un gras pâturage,
» Sa vigueur indomptée et sa grâce sauvage.
» Que j'aime et sa souplesse et son pas animé,
» Soit que, dans le courant du fleuve accoutumé,
» En frémissant, il plonge, et, luttant contre l'onde,
» Batte du pied le flot, qui blanchit et qui gronde;
» Soit qu'à travers les prés, il s'échappe par bonds;
» Soit que, livrant au vent ses longs crins vagabonds,
» Superbe, l'œil en feu, les narines fumantes,

» Beau d'orgueil et d'amour, il vole à ses amantes!

» Quand je ne le vois plus, mon œil le suit encor. »

(5) Le mérite du nouveau professeur de rhétorique fut bientôt apprécié, et sa réputation grandit même en raison des difficultés que lui offrit une position jusque-là occupée par un maître en possession de l'estime publique, M. Guillaume, qui ne voulut pas abandonner une institution qu'il avait fondée à Montpellier. Nous regrettons de ne pouvoir lui consacrer quelques lignes; qu'il nous soit permis de dire seulement que des qualités éminentes, surtout celles qui constituent l'art d'enseigner, lui avaient obtenu une belle réputation. Et ces qualités, on peut les louer sans réserve, parce qu'elles tenaient plus de cet ascendant moral qui appartient au caractère, que des facultés de l'esprit ou de l'imagination qui constituent le rhéteur.

(6) Signalons encore un des obstacles qu'avait à combattre le professeur de littérature française: c'était l'indifférence de la jeunesse de cette ville scientifique pour les études purement littéraires. A peine arrivés au cours d'humanités, les élèves renonçaient à l'étude des langues, ou les négligeaient, pour s'adonner à la préparation qui devait les conduire à l'École Militaire ou à l'École Polytechnique; et cette tendance fut toujours si bien marquée, alors comme aujourd'hui, que M. Gergonne, à Nîmes, n'obtenait qu'un médiocre succès, tandis que le lycée de Montpellier avait chaque année cinq à six élèves admis aux Écoles du Gouvernement. Ajoutons que les études littéraires du lycée de Nîmes ont toujours passé pour supérieures à celles du lycée de Montpellier; et la longue prééminence de l'École de Médecine, dont

la réputation européenne n'avait point d'égale, explique suffisamment la préférence donnée aux études scientifiques par les élèves de la moderne Épidaure.

(7) Nous avons glané dans le recueil volumineux que nous offre le Mémorial Bordelais, de 1817 à 1830. Pourquoi ne donnerions-nous pas un coup d'œil à quelques-unes des dissertations qui mériteraient au delà d'une simple mention?

1o Des considérations ingénieuses et fines sur les caractères de la musique italienne et allemande. Quelques détails sur les combats livrés à ce sujet par les amateurs de chacune des deux écoles se font lire encore avec intérêt.

2o L'inauguration de la statue de Montesquieu dans le Palais de Justice, en 1822, lui offre l'occasion de signaler deux excellents discours prononcés par le Premier Président, le baron de Conteneuil, et M. Dégranges-Bonnet, parlant au nom du Procureur Général. L'absence de l'Académie ou de ses représentants en cette solennité nous paraît un fait digne de remarque.

3o Les plans d'amélioration des landes, par M. le baron d'Haussez, sont l'objet de plusieurs articles, qui montrent l'intérêt qu'ont toujours attaché à cette grave question les amis de nos contrées; et plusieurs remarques opportunes à cette époque pourraient être reproduites aujourd'hui avec avantage, tant s'opère lentement le bien rêvé par les hommes éclairés et prévoyants.

4o Une note bienveillante et judicieuse sur le mérite des Éléments de Physique de notre honorable collègue M. Leupold.

5o Un compte rendu du banquet offert par la Société Philomathique à M. Charles Dupin, lorsqu'il vint inaugurer les cours ouverts dans son sein en faveur des ouvriers; mentionne la part honorable que prit à l'ouverture de ces cours notre regretté collègue M. Lancelin.

6o Un éloge de M. Mazois, né à Bordeaux, le 12 octobre 1783, et mort à Paris, le 31 décembre 1826; auteur de plusieurs beaux ouvra ges; rappelle les titres de cet académicien à vos sympathiques regrets, ainsi que la médaille votée en son honneur par l'Académie, en 1819.

70 Pierre Laromiguière, né à Lévignac, en 1756, et mort à Paris, en 1837, à quatre-vingt-un ans. Élève des Pères de la Doctrine, à Toulouse, il appartint à cette congrégation savante; enseigne la Philosophie en divers établissements, de 1777 à 1784; commence son cours de Métaphysique en 1793; élève de l'École Normale en 1795, il se lie avec Garat et Thiérot; membre de l'Académie des Sciences morales et politiques en 1797; professeur de Philosophie à l'Ecole Centrale de Paris; puis fait paraître, en 1811, ses leçons de Philosophie.

EXPÉRIENCES PHYSIOLOGIQUES DE M. HIRN

EXAMEN CRITIQUE

PAR M. PAUL DUPUY

PREMIÈRE PARTIE

Je ne me propose nullement de traiter ici, in extenso, la très intéressante question de l'équivalent mécanique de la chaleur considérée dans ses applications à l'ordre physiologique. Mon horizon est moins étendu, et ma poursuite infiniment plus humble.

:

Je ne me propose qu'un seul but faire la critique des célèbres expériences de M. Hirn, qui ont concouru, d'une manière si puissante, à faire entrer la physiologie dans le grand courant physico-chimique, dont la science contemporaine applaudit le triomphe et la brillante suprématie. D'où l'on voit que je n'ai nul dessein de critiquer soit une doctrine, soit un ensemble expérimental relatif à la thèse de la tranformation des forces, mais uniquement les recherches d'un homme dont le nom demeurera indissolublement lié à l'historique de la question.

Mes observations ne s'adressent qu'à M. Hirn, et je n'ai personne d'autre à atteindre derrière lui. Cela posé, j'entre en matière.

DÉTAIL DES EXPÉRIENCES.

Les recherches de M. Hirn reposent sur une triple épreuve 1o Une expérience calorimétrique; 2° l'analyse de

l'air inspiré et expiré; 3° la mesure dynamométrique du travail produit.

1° L'appareil calorimétrique consiste en une chambrette hermétiquement close, et contenue dans une chambre dont la température est maintenue à peu près constante. Dans cette sorte de guérite, un homme peut se tenir assis ou debout. On y dispose une roue à palettes, sorte d'escalier mobile, auquel on imprime un mouvement de rotation; de telle manière que la personne soumise à l'expérience est obligée, pour se maintenir sur l'extrémité du diamètre horizontal, de marcher avec une vitesse égale et contraire à celle de la roue. Elle élève ainsi constamment son propre poids avec la vitesse circonférentielle de la roue, et, sans changer réellement de place, soulève sa propre charge à une hauteur connue en un temps donné.

Pour déterminer le calorique produit, soit à l'état de repos, soit à l'état de mouvement ou de travail, il faut attendre que les pertes de chaleur éprouvées par les parois de la guérite soient égales à celles qu'éprouve la personne enfermée dans le calorimètre. L'air intérieur alors cesse de s'échauffer et présente un régime stable.

Or, connaissant l'excès de température de la chambrette sur celle de la chambre, comment tirer parti de cet élément pour calculer les pertes de calorique de la première, et, de là, les pertes de l'individu par la périphérie externe de son corps?

Pour arriver à ce but, M. Hirn remplace le corps humain par un bec de gaz alimenté avec de l'hydrogène pur, et, prenant 34463 pour chaleur de combustion d'un gramme d'hydrogène, il trouve qu'en une heure 1906 hydrogènedonne 65684; que 2904 donnent 10042, etc. Ces expériences montrent 1° Que les pertes de calorique de la chambrette croissent très sensiblement en proportion de

l'excès de la température interne sur la température externe; 2o que la raison de cet accroissement est d'environ 25,75. D'où M. Hirn conclut que, pour déterminer le nombre de calories que la personne enfermée dans la guérite cède continuellement à l'air interne, afin de la maintenir à une température stable, supérieure à celle de l'air ambiant, il suffit de multiplier par 25,75 le nombre de degrés dont la température interne dépasse la température externe (1).

D'après des expériences ultérieures, au lieu de 25ca75 que perdait par heure l'appareil primitif, M. Hirn a trouvé que le nouveau perd 369 pour chaque excès de 1o de la température interne sur celle de l'air ambiant. Au lieu de 25,75 (T), la formule devient 36,9 (T — t).

2o Les produits de l'expiration étaient recueillis à l'aide de dispositions particulières que je me dispense de décrire. 3o La mesure dynamométrique du travail produit est le chemin parcouru par l'escalier mobile multiplié par le poids de la personne en mouvement.

De ces expériences, M. Hirn conclut que, dans le travail utile ou positif, un certain nombre de calories se transforme en mouvement, et que, dans le travail négatif, le travail utile repasse, partiellement, à l'état de calories. Au repos, l'équivalent calorifique de l'oxygène, c'est à dire le rapport des calories produites à l'oxygène consommé, étant 5,2 en moyenne, on voit baisser cet équivalent de 2,94 à 2,17 pendant le travail utile. Dans le travail négatif, au contraire, on obtient les chiffres de 5,3 et 5,5.

D'où il résulte qu'un certain nombre de calories disparaissent pendant le travail utile. Or, si l'on divise les kilogrammètres par le nombre de calories absentes, on obtiendra l'équivalent mécanique de la chaleur en physiologie. Cet

(1) Recherches sur l'équivalent mécanique de la chaleur, etc., p. 51 à 57.

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