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BAUSSET.

(1748-1824.)

Louis-François DE BAUSSET, évêque d'Alais, cardinal et membre de l'Académie française, naquit à Pondichéry, dont son père était gouverneur. Il a écrit une Histoire de Fénelon et une Histoire de Bossuet, qui se distinguent par une élégance simple et une facilité soignée devenues bien rares. « M. de Bausset, dit Joubert, a rendu son caractère au genre tempéré, le seul qui soit classique et propre à nous ramener aux beautés saines qui charment l'âme, sans en altérer la lumière, sans la troubler par les passions.

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Conversation de Fénelon et de Bossuet,

Tous les contemporains de Fénelon s'accordent à le représenter comme un modèle de goût, d'élégance et de politesse « ne voulant jamais avoir plus d'esprit que ceux à qui il parlait; se plaçant à la portée de chacun, sans jamais le faire sentir; enchantant tout le monde par la facilité qu'il apportait dans la société; ne disputant jamais; paraissant toujours original, toujours créateur; n'imitant personne, et paraissant lui-même inimitable, avec je ne sais quoi de sublime dans le simple, qui ajoutait à son caractère un certain air de prophète. »>

Tant d'agréments, joints à un extrème désir de plaire, devaient certainement faire rechercher le commerce de Fénelon à toutes les personnes sensibles au charme de

l'esprit et du goût, dans un siècle et dans une cour qui offraient les plus aimables modèles.

Mais on ne sait si tant de supériorité, malgré l'art infini que Fénelon apportait à la voiler, ne lui aurait pas donné plus d'admirateurs que d'amis, si l'amitié n'eût pas été en même temps le premier besoin de son cœur, le plus grand bien de sa vie. Ceux qui n'avaient pas le droit de se regarder comme ses amis particuliers pouvaient se trouver quelquefois éblouis, et peut-être même importunés de l'éclat que son esprit, ses grâces et son éloquence naturelle répandaient avec tant de profusion dans la conversation. On remarque, en général, dans la société, que la domination la plus douce inquiète toujours un peu l'amour-propre de ceux même qui ne se refusent pas à la reconnaître. On consent quelquefois sans peine à admirer la supériorité du génie et des ta lents, lorsqu'elle est fondée sur des titres incontestables. Mais il n'en est pas de même du don ou du bonheur de plaire tant de qualités diverses peuvent permettre d'y aspirer, tant d'exemples prouvent que l'on peut y réussir par les qualités les plus opposées, que l'on se résout difficilement à se soumettre à une prééminence trop éclatante dans un genre dont les formes et les succès sont nécessairement un peu arbitraires. C'est ce qui expliquerait peut-être pourquoi Bossuet, qui ne cherchait jamais à plaire, et dont il paraît que la conversation n'était remarquable que par une extrême simplicité, n'eut ni ennemis ni envieux; tandis que Fénelon, malgré tant de vertus et de qualités, a eu beaucoup à souffrir de la haine et de l'envie. Plus on était frappé de la

profondeur et de la hauteur des conceptions de Bossuet dans ses ouvrages, plus on s'étonnait de rencontrer tant de simplicité et de facilité dans la conversation d'un homme qu'on ne s'était préparé qu'à admirer. On s'était senti effrayé d'avoir à paraître en présence d'un tel génie, et on n'éprouvait que la satisfaction de s'en trouver en quelque sorte rapproché par la conformité du langage et la simplicité des manières. La société était toujours pour Fénelon une occasion favorable de déployer toutes les richesses de sa brillante imagination et toutes les grâces de l'esprit le plus aimable et le plus séduisant ; elle n'était, pour Bossuet, que le délassement et le repos des travaux de son cabinet.

La conversation de Bossuet portait l'empreinte habituelle de son caractère, de ses mœurs et de ses principes. Elle était toujours grave et instructive; jamais elle n'avait pour sujet des détails frivoles ou inutiles. Quoique placé au centre des événements et des agitations de la cour, jamais il n'y faisait entrer les anecdotes ou les nouvelles du moment. La religion, la philosophie, la morale, les ouvrages importants qui paraissaient, et qui avaient pour objet les sciences ou les affaires de l'Église, fournissaient assez de matière à ces utiles entretiens. Le plus souvent ses réflexions dans la société portaient sur les grands intérêts de la religion; et il est à regretter que les amis de Bossuet ne se soient pas attachés à recueillir toutes celles qui auraient pu survivre aux intérêts du moment et mériter d'ètre transmises à la postérité. On connaît souvent mieux les véritables sentiments et le caractère des grands hommes par ce qui leur

échappe, dans la liberté de la conversation, que par ce qu'ils consentent à confier au public dans des ouvrages imprimés.

Bossuet admettait cependant dans la conversation de l'enjouement et une raillerie douce et aimable, pourvu qu'elle se renfermât dans une certaine mesure, et qu'elle ne blessât jamais ni le goût, ni les égards, ni la charité chrétienne. Mais on était toujours sûr de lui déplaire, lorsque la plaisanterie s'écartait des bornes qu'elle doit respecter, et il la trouvait aussi déplacée dans les livres que dans l'habitude de la société.

(Histoire de Bossuet.)

LA PLACE.

(1749–1827.)

P. Simon DE LA PLACE, un des plus profonds géomètres et des meilleurs écrivains de notre époque, naquit à Beaumont, dans le Calvados. D'abord professeur de mathématiques, il devint successivement membre de l'Institut, ministre et sénateur, et fut créé pair de France et marquis sous la restauration. La Mécanique céleste et le Système du monde, qui sont ses principaux ouvrages, se distinguent par la simplicité, la précision, le nombre et l'élégante pureté du style.

Galilée.

Un heureux hasard venait de faire trouver le plus merveilleux instrument que l'industrie humaine ait décou

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