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nombre d'écrits produits par notre École militaire, qui mérite de figurer parmi les institutions les plus belles que renferme notre pays. M. Arago, en visitant la Belgique, en 1839, prit plaisir à l'examiner avec détail et à interroger les jeunes gens sur les résultats de leurs études; il ajoutait même que cette école rivalisait dignement avec l'École polytechnique de France; et le jugement porté par la courtoisie ne fut, du reste, pas démenti par les résultats des examens de trois jeunes officiers belges qui furent envoyés, plus tard, à l'École d'application de la marine française, et auxquels le concours assigna un rang distingué.

Plusieurs professeurs de l'École militaire belge sont connus par des ouvrages scientifiques que nous avons eu occasion de citer déjà. On doit distinguer dans leur nombre le major Fallot, qui est auteur d'un excellent Cours d'art militaire; ce traité a été revu et augmenté par son gendre, le colonel Lagrange, officier d'un grand mérite à qui l'on doit plusieurs autres écrits et que le monde savant vient de perdre. J'en dirai autant du Cours de construction qui était professé à l'École militaire par M. A. Demanet, colonel du génie, et qui se compose de deux volumes in-8° avec un atlas. Ce qui prouve surtout en faveur de cette institution, c'est le grand nombre d'officiers de mérite qui y ont achevé leurs études et qui se sont distingués successivement dans les diverses branches de leur service par des travaux spéciaux qui témoignent de leurs talents. Je citerai en particulier 1° le Traité descriptif et raisonné des constructions hydrauliques à la mer et dans les eaux courantes, avec application aux travaux militaires, par M. E. Roffiaen, capitaine du génie, 3 volumes in-8°, Bruxelles, 1863 (1); 2° Electricité et magnétisme sur le globe terrestre, par M. R. Brück, capi

(') La science vient de perdre également ce jeune officier, vers le milieu d'octobre 1865.

taine du génie, 4 vol. in-8°, Bruxelles, 1851-1858; 3° Des Substances militaires, de leur qualité, de leur falsification, par M. J. Squillier, capitaine du génie, 1 vol. in-8°; Anvers, 1858. On doit, d'une autre part, à M. le major Brialmont différents ouvrages sur l'art militaire et sur la vie de lord Wellington, qui ont également obtenu, dans ces derniers temps, un succès mérité. Je dois citer encore plusieurs des officiers déjà mentionnés précédemment et en particulier : MM. le major Liagre, directeur des études à l'Ecole militaire ('); Vinchent, directeur du service télégraphique; Biver, directeur d'une exploitation dans le midi de la France; Blondiau, auteur de divers ouvrages géométriques; Ernest Quetelet, actuellement astronome à l'Observatoire et qui, depuis dix ans, s'occupe d'un catalogue étendu d'étoiles à mouvement propre qui ne tardera pas à paraître, etc.

Il convient de rapporter aussi aux sciences mathématiques et physiques les travaux nombreux qui ont été faits en Belgique pour perfectionner la théorie de la ballistique, et particulièrement pour régler la justesse du tir. M. le général Bormans fut un des premiers à entreprendre des essais à cet égard MM. le colonel Leurs, le major Navez, le lieutenant Boulenge, ont essayé, par leurs efforts heureux, de donner de nouveaux développements à la théorie et de régulariser de plus en plus la marche des projectiles. Tout récemment

() Les Mémoires de l'Académie renferment de lui différents écrits qui se rapportent, il est vrai, moins à des sujets nouveaux qu'à l'emploi de certains instruments ou de certaines méthodes de calcul. Ces écrits sont :

Sur les corrections de la lunette méridienne, t. XVIII des Mémoires des savants étrangers; 1845.

Sur la détermination de l'heure, de la latitude et de l'azimut au moyen des doubles passages d'une étoile par différents verticaux, t. XXIII, Mém. des savants étrangers; 1850.

Problème des crépuscules, t. XXX, Mémoires des savants étrangers; 1857. De l'influence des phases lunaires sur la pression atmosphérique, t. XXX, Mém.: 1857.

encore, M. Coquilhat, lieutenant-colonel d'artillerie, a fait paraitre un travail d'un grand intérêt sur les Percussions initiales produites sur les affûts dans le tir des bouches à feu (1).

Les études historiques eurent des représentants non moins actifs dans l'armée : nous citerons en particulier le général Renard, qui a su se faire un nom par ses savantes recherches (2), de même que le général Guillaume.

Les mathématiques ont généralement servi d'armure complète quand il s'est agi de conquérir le terrain de l'astronomie et de prendre la position qui convenait à cette science. Pendant longtemps, on s'était borné à l'étude des faits et on avait tàché de les enregistrer avec le plus d'ordre possible; mais quand, après avoir vu et observé les phénomènes célestes, on a senti le besoin de les expliquer et d'étudier la nature et les lois des forces qui les produisent, on a également compris la nécessité de recourir aux sciences mathématiques la mécanique céleste est devenue, dès lors, la science la plus belle et la plus complète que le génie humain ait conçue. En moins de deux siècles, on vit se former et se développer ce magnifique monument. L'astronomie aujourd'hui, par son importance et son étendue, se divise en deux parties principales: celle de l'observation et celle des lois mathématiques. Cette division se remarque en général dans toutes les sciences qui ont pris leur développement complet.

Déjà, pendant notre union avec la Hollande, le gouvernement avait ordonné la construction d'un observatoire et l'avait fourni des instruments dus aux premiers mécaniciens de cette époque. On a pu voir, dans l'Histoire des sciences

(1) Un volume in-4°, avec planches; Liége, chez H. Dessain, imprimeurlibraire; 1863.

(2) Bulletin politique et militaire de la Belgique, 1 vol. in-8°; Bruxelles, 1847.

mathématiques et physiques chez les Belges, tout ce qui se rapporte à la construction de cet établissement et aux instruments qui le composent. Nous nous bornerons ici à rappeler, en quelques mots, quels sont ses principaux travaux pour l'astronomie. Les premiers eurent naturellement pour objet la détermination des éléments géodésiques de l'établissement la latitude fut déterminée par différentes méthodes, mais plus spécialement au moyen du cercle méridien de Troughton et Simms. La longitude fut également estimée par rapport à différents observatoires, soit par l'observation méridienne des étoiles de même déclinaison que la lune, soit par les éclipses, soit par le transport des chronomètres, soit enfin par la méthode plus précise des télégraphes électriques. Cette dernière épreuve fut faite par Bruxelles, avec Greenwich et avec Berlin, pendant les années 1853 et 1857, et par le concours de deux des astronomes les plus habiles, MM. Airy et Encke, qui échangèrent successivement deux de leurs principaux assistants, MM. Dunkin et Bruhns, avec MM. Bouvy et Ernest Quetelet (').

Dès l'origine de l'Observatoire, on avait commencé un travail qui fut interrompu plusieurs fois pour des ouvrages spéciaux faits dans ce pays sur la météorologie et la physique du globe, dont nous parlerons bientôt. Mais le travail sur les étoiles à mouvement propre fut repris avec plus d'activité et d'une manière continue à partir de 1855, par M. Ernest Quetelet, qui en a publié un spécimen dans le tome XXXIV

(') Ces deux opérations importantes donnèrent lieu à deux mémoires; le premier, par M. Airy, directeur de l'Observatoire de Greenwich, parut dans le tome XXIV des Mémoires de la Société royale astronomique de Londres, sous le titre de: On the difference of longitude between the Observatories of Brussels and Greenwich, Londres, 1855, brochure in-4o, 33 pages; et le second, de M. Encke, fut imprimé dans les Mémoires de l'Académie royale de Berlin, année 1858, in-4o: la traduction en a paru dans le tome XIII des Annales de l'Observatoire de Bruxelles, 1861; il renferme 54 pages in-4°.

des Mémoires de l'Académie pour 1864 ('). « Bruxelles a déjà fourni deux catalogues d'étoiles, dit l'auteur, ayant pour but principal la détermination des mouvements propres. L'un, qui date de vingt-cinq années, est publié; l'autre est encore entre les mains des calculateurs. Le troisième catalogue, en cours d'exécution, a été conçu sur un plan plus vaste il a pour objet la révision de tous les mouvements qui atteignent la grandeur d'un dixième de seconde d'arc par an, et de plus l'observation des étoiles des anciens catalogues qui n'ont pas été réobservées jusqu'ici par les astronomes modernes. Ce travail, commencé en 1857, se poursuit activement. Sept mille étoiles sont déjà en observation, dont trois mille peuvent être regardées comme convenablement déterminées (2). »

Les travaux de météorologie et de physique du globe prirent d'abord un développement très-grand, et occupèrent, pendant un temps assez long, la première place dans les travaux de l'Observatoire, parce que notre pays ne possédait à peu près rien sur ce sujet. Non-seulement il fallut tàcher d'obtenir avec exactitude ces éléments pour Bruxelles, considérée comme point central, mais encore les déterminer pour les stations les plus importantes du pays. Près de trente années

() Les publications de M. Ernest Quetelet, dans les Mémoires de l'Académie, sont les suivantes :

Recherches sur les médianes, t. XXV des Mém. cour.; années 1851 à 1853.
Mémoire sur les foyers, t. XXVI, des Mém. cour.; année 1855.

Essai sur le mouvement propre en ascension droite de quelques étoiles, 1. XXXII des Mémoires; 1861.

Sur le mouvement propre de quelques étoiles, t. XXXIV des Mémoires; 1864. M. Ernest Quetelet quitta le génie militaire dont il était lieutenant, pour passer, en 1855, comme aide, à l'Observatoire royal de Bruxelles. Pendant les dix années qui suivirent, il s'est spécialement occupé d'un catalogue des étoiles à mouvement propre, qui ne tardera pas à paraître.

(") Toutes les observations des ascensions droites sont faites par M. Ernest Quetelet; il partage, de plus, l'observation au cercle mural avec M. Hooreman, et les calculs de réduction avec M. Mailly.

N. 1823.

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