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dans la Commission centrale, créée par arrêté du 16 mars1841. Notre collègue profita de sa nouvelle position pour chercher quelques délassements dans la poésie qui avait occupé à peu près exclusivement sa jeunesse. Il mit en ordre ses différentes compositions et les publia, en 1847 (1), en les faisant suivre d'une quantité de notes relatives à sa carrière littéraire.

Smits avait été chargé, en 1834, d'une mission spéciale par le gouvernement; il devait visiter successivement Alger, Smyrne, quelques îles de la Grèce et Alexandrie en Égypte, pour y faire connaitre les produits de l'industrie, de l'agriculture et des mines de la Belgique; mais le vaisseau Le Robuste, à bord duquel il se trouvait, fit naufrage sur la côte d'Alger, et notre compatriote dut reprendre le chemin de sa patrie.

Comme membre de la nouvelle Commission de statistique, Smits prit une médiocre part à ses travaux, cependant il en suivit assidùment les séances, aussi longtemps que sa santé le lui permit.

(') Euvres poétiques d'Édouard Smits, 2 vol. in-12; Bruxelles, chez Verteneuil, 1847. L'ouvrage est précédé d'un portrait, dessiné de la main de l'auteur, qui ne s'est point flatté.

JEAN-BAPTISTE VAN EYCKEN (1).

<< Jean-Baptiste Van Eycken était né à Bruxelles, le 16 septembre 1809, de Corneille Van Eycken et d'Élise Cordemans; il exerça la profession de ses parents, celle de boulanger, jusqu'en 1829, époque de la mort de son père.

» Libre alors de toute entrave, il s'abandonna aux dispositions qu'il avait montrées depuis longtemps pour les arts, et ses progrès furent rapides. Entré à l'Académie de dessin de Bruxelles en 1830, il en sortit lauréat du grand prix de dessin d'après nature avec la plus grande distinction, en 1835. Quatre années après, il rentra à l'Académie, mais cette fois avec le titre de professeur de dessin et de peinture en remplacement de Paelinck.

» Ses études en peinture datent du mois d'août 1831. M. Navez le reçut dans son atelier, et, pendant quatre ans, Van Eycken fut un de ses élèves les plus zélés; il y exécuta quelques tableaux, une Sainte Famille, Vénus et l'Amour, Les Saintes Femmes au Sépulcre, et un Saint Sébastien.

(') La première partie de cette notice a été écrite de la main de Van Eycken lui-même; elle contient des détails biographiques qui seront lus avec intérêt et que nous n'avons pas cru devoir altérer.

» Il partit pour Paris en janvier 1837, encouragé par un subside de 900 francs, que lui accordèrent conjointement le gouvernement et la ville de Bruxelles; mais après en avoir joui pendant une année, il trouva des ressources suffisantes dans son travail, et pria le ministre de l'intérieur de vouloir en disposer en faveur de jeunes artistes moins bien favorisés que lui.

» La ville de Liége, envers laquelle il est toujours resté reconnaissant, lui acheta, à l'exposition de 1837, pour la somme de 3,500 francs, un Christ au Tombeau, pour son Musée, et un Bon Samaritain, qui fut payé 500 francs. Dans le même temps, il exécuta, à Paris, un tableau qui est placé au Musée de Lisieux, et un petit tableau qui fut acheté par M. Berlaer, de Liége.

» En février 1838, il partit pour l'Italie avec ses deux condisciples, A. Roberti et J. Storms. Durant son séjour à Paris, il avait reçu les conseils de De la Roche et de Schnetz; à Rome, il eut ceux d'Ingres, si habile à inspirer aux jeunes artistes le sentiment le plus élevé de l'art.

» Fra Beati Angelico et Raphaël furent ses maitres de prédilection, et il consacra tout son temps, en Italie, à faire des études. En février 1839, il rentra dans sa patrie et commença aussitôt un grand tableau représentant La Clémence divine. Ce tableau annonçait une tendance nouvelle dans la manière d'interpréter les sujets religieux.

» Ce tableau eut du succès: il valut à l'artiste sa nomination de professeur à l'Académie de Bruxelles, celle de membre correspondant de la Société des Beaux-Arts de France. (1er juillet 1840) et une médaille d'or, qui lui fut décernée. au nom de la province de Brabant.

» Il obtint la médaille d'or à l'exposition de Paris, en 1840.

» La mème année, il exécuta un autre tableau d'histoire,

Saint Louis de Gonsague instruisant les pauvres dans les hôpitaux, qui lui fut commandé par M. Deneuffbourg d'Egger, pour l'église de Monceau-sur-Sambre.

» Le 4 du mois de juin 1840, il avait épousé Julie-AnneMarie Noël, dont le talent, le sentiment élevé, le caractère, lui promettaient de longues années de bonheur. Malheureusement une consomption longue vint enlever à l'artiste ses rèves de bonheur: Julie Noël fut rappelée à Dieu le 11 février 1843.

» Dans l'intervalle, il peignit deux grands tableaux pour l'église de la Chapelle à Bruxelles : Le Rachat des captifs chrétiens et Saint Boniface, commandés par M. le cure Willaert.

» Ce vénérable ecclésiastique, qui a fait preuve d'un goût si éclairé pour les beaux-arts, avait été le témoin du bonheur de l'artiste. Le coup dont il fut frappé resserra leurs liens d'amitié, et c'est à ce sentiment que sont dus les quatorze tableaux de la Passion de Notre-Seigneur, qui sont aujourd'hui placés dans l'église de Notre-Dame de la Chapelle. Dans un de ces tableaux, que le peintre a consacré à la mémoire de sa femme, se trouvent son portrait et le sien.

>> Au mois de septembre 1847, ces tableaux furent exposés, pendant huit jours, au Musée de Bruxelles, et ils valurent à leur auteur la décoration de l'ordre de Léopold.

>> A l'exposition de 1848, Van Eycken exposa plusieurs tableaux, entre autres, La Femme du Prisonnier et Le Dernier Chant de sainte Cécile, deux de ses meilleures productions. Toutefois, celle de ses œuvres qui obtint alors un succès de vogue fut son Abondance. Se promenant un jour dans les champs aux environs de Bruxelles, que couvraient, en 1847, de magnifiques récoltes, il cueillit un épi double, et ce fut cet épi qui lui donna l'idée de représenter une jeune

mère, figurant la bonne Terre, contemplant ces deux jumeaux couchés au milieu des plus beaux produits de la terre. M. Ch. Vandenberghen acheta ce tableau, le jour de l'ouverture du salon; mais ce sujet attira l'attention du roi et de la reine; et, le lendemain de leur visite au salon, la reine manifesta le désir d'en faire l'acquisition. M. Vandenberghen, dont les procédés délicats sont connus, consentit non-seulement à satisfaire à ce désir royal, mais il commanda, en même temps, à l'artiste une variante du même sujet. Elle se trouve dans sa belle galerie, et le premier tableau fut offert, par la reine des Belges, à la reine d'Angleterre, qui conserve précieusement ce souvenir d'une amie et qui chargea Van Eycken d'exécuter un sujet analogue pour le cabinet du prince Albert. Ce tableau achevé et livré, elle le lui paya un tiers de plus que le prix qu'il en avait demandé.

» A la même époque, Van Eycken, qui avait été nommé membre du jury de l'exposition, fut élu membre de l'Académie de Belgique.

» Vivement ému par la mort de la reine des Belges, qui, en mainte occasion, lui avait témoigné une extrème bien veillance, Van Eycken retraça allégoriquement les derniers moments et les vertus de cette princesse avec un tel sentiment de mélancolie, qu'à l'exposition de 1851, la commission directrice, sur les instances du ministre de l'intérieur, pria l'artiste de ne pas l'exposer aux yeux de la famille royale. M. Vandenberghen, qui avait acheté ce tableau, en fit une exposition particulière au profit des pauvres; l'entrée, à 25 centimes, produisit 10,000 francs.

» En 1848, Van Eycken proposa à l'Académie de Belgique de mettre au concours une question sur la peinture murale; sa proposition figura au programme, mais les concurrents firent défaut.

» Il avait compris que là était l'avenir de la peinture d'his

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