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inaugurant la nouvelle carrière qu'il se disposait à suivre. Son attention s'était, depuis longtemps, portée vers les sciences d'observation et particulièrement vers les sciences médicales. A la suite de la révolution de 1830, la suppression des facultés de philosophie fut décrétée; il se forma des facultés libres pour l'enseignement de ces mêmes sciences, et Mareska fut chargé de l'enseignement de la chimie. Il occupa ces fonctions jusqu'à l'époque de la réorganisation de l'enseignement supérieur, et devint alors professeur extraordinaire de ce cours, qu'il continua d'enseigner jusqu'à la fin de sa vie. Il échangea toutefois ce titre contre celui, plus élevé et plus productif, de professeur ordinaire.

En 1830, il publia, avec M. Donny, une lettre à M. Dumas sur la suspension de l'affinité par le froid, lettre qui a paru dans les Comptes rendus de l'Académie des sciences de Paris (séance du 7 mars 1845). Cet écrit était assez remarquable pour que Berzélius, dans son rapport sur les progrès de la chimie, appréciât les recherches qui y sont contenues. « Ce sont là, dit-il, des expériences de la plus haute importance pour la chimie théorique. L'appréciation d'un homme aussi célèbre doit exercer quelque influence sur l'esprit des juges en pareille matière.

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Dans le cours de la même année, l'Académie royale de Belgique fit paraître, dans le tome XII de ses Bulletins, l'extrait d'une lettre que les mêmes savants avaient adressée à son secrétaire perpétuel, sur les modifications que présentent certains corps dans leurs propriétés chimiques, quand ils sont portés à une température excessivement basse. Ce travail avait principalement pour but de montrer que les expériences faites à Gand avaient précédé celles faites sur le même sujet par de Schrötter à Vienne, et que les auteurs avaient reconnu que l'affinité entre plusieurs corps se trouve diminuée par l'influence du froid.

Mareska s'était occupé de ces recherches avec M. Donny, qui lui servait d'aide à l'Université de Gand. L'Académie a inséré dans ses recueils plusieurs autres ouvrages dus à la même collaboration. On trouve, dans le tome XVIII de ses Mémoires, un écrit sur un appareil de Thilorier modifié, concernant les propriétés de l'acide carbonique liquide et solide, et, dans le tome XXVI, des Recherches sur l'extraction du potassium.

Le tome XIV des Bulletins renferme aussi des travaux de Mareska qui ont pour objet les sophistications des farines et du pain : l'attention de notre confrère s'est toujours portée d'une manière particulière vers tout ce qui concerne les aliments et l'état des produits qui servent à la consommation. Ainsi, il composa avec notre confrère J. Kickx son rapport sur l'épidémie des pommes de terre, et il fit avec M. Hyman une enquête sur le travail et la condition physique et morale des ouvriers employés dans les manufactures de coton.

Il écrivit, plus tard, avec M. Valerius, actuellement professeur de physique à l'Université de Gand, le cours de chimie organique et inorganique qui parut pendant l'année 1848. Cet ouvrage, traduit de l'allemand, avait pour but de faciliter l'enseignement.

Nous devons mentionner encore la part qu'il prit à la composition de la Pharmacopée, ouvrage dont le Gouvernement désirait vivement la publication et dont l'utilité n'a pas besoin d'être démontrée. Il était ainsi toujours prêt au travail et ne refusait jamais ses soins dès qu'il s'agissait d'une œuvre utile.

Mareska avait été décoré de l'ordre de Léopold pour les nombreux services qu'il avait rendus aux sciences par ses travaux et par le concours qu'il avait prêté à toutes les recherches demandées par le gouvernement.

L'année 1830, comme nous l'avons vu, avait changé totalement sa position; elle lui avait fourni en même temps une occasion favorable pour augmenter, par une observation active, ce qu'il possédait de connaissances théoriques. Il fut nommé médecin de la maison centrale de détention, l'une des prisons les plus considérables du royaume; plus tard, il fit partie de la Commission médicale provinciale et fut revètu d'autres fonctions, qui, jointes à son enseignement, lui causèrent, pour se tenir au niveau des progrès de la science, des fatigues incessantes qui finirent par ruiner graduellement sa robuste santé.

Mareska était l'un des fondateurs de la Société de Médecine de Gand, qui l'a choisi, quelques années avant sa mort, comme un de ses présidents. Il a pris une part très-active aux travaux de cette association : c'est ce que montrent les nombreuses communications sur les sciences qu'il a insérées dans ses différents Bulletins.

L'Académie royale de médecine, à laquelle il fut également attaché en 1848, reçut différents articles de sa composition et d'intéressants rapports sur des travaux qui avaient été soumis à son examen.

Le savoir, l'impartialité, la doiture de caractère qui distinguaient Mareska, avaient souvent engagé le Gouvernement à recourir à son expérience pour les renseignements qu'il désirait recevoir. Ses appréciations inspiraient, avec raison, la plus grande confiance; et le Ministre de la justice crut devoir publier les rapports qu'il lui avait adressés sur l'état sanitaire des détenus correctionnels à Hémixem.

<<< Pendant ses dernières années, quand il avait à lutter d'une manière incessante contre la maladie qui l'a conduit au tombeau, m'écrivait un de ses collègues, je l'ai entendu maintes fois gémir sur l'impossibilité où il se trouvait de donner régulièrement ses leçons. A peine convalescent, nous

l'avons vu souvent se faire conduire jusqu'à l'université, et quand il se trouvait dans l'impossibilité d'arriver jusqu'à son amphithéâtre, il demandait à l'un de ses collègues de lui céder une salle au rez-de-chaussée. »

<< Mareska est mort le 31 mars 1858, à la suite d'une hydropéricarde; et jusqu'au dernier instant, il a conservé toute la sérénité de son caractère. Il a vécu et il est mort en bon chrétien. Il a réclamé lui-même les secours de la religion, au moment qu'il a senti ses jours sérieusement menacés. >>

L'enterrement eut lieu le 2 avril 1858. Les représentants des principales institutions auxquelles Mareska avait appartenu vinrent successivement rendre un dernier hommage à sa mémoire, à ses rares qualités, et exprimer des regrets partagés par toute la population gantoise.

HENRI GUILLAUME GALEOTTI.

Peu de jeunes gens préludèrent d'une manière plus heureuse à leur carrière scientifique, peu y apportèrent des qualités plus aimables et plus bienveillantes que le savant dont j'essayerai de retracer la courte existence. Plein d'ardeur pour l'étude, plein du désir de s'y livrer avec énergie, il vint échouer devant un mal qui amortit ce feu créateur, et la fortune lui sourit si peu qu'elle comprima les dons naturels par lesquels il se distinguait le plus.

Henri-Guillaume Galeotti était d'origine italienne: son père était de Milan; lui-même était né à Paris, au milieu des événements militaires qui répandirent le deuil autour de son berceau ('). Il suivit, bientôt après cette époque, son père en Belgique, et, dès qu'on put le remarquer, il se plaça, par ses facultés intellectuelles, dans un rang élevé. Galeotti

(') Il était né le 10 septembre 1814 (cette date est extraite des actes de naissance du 5me arrondissement de Paris). « Il avait été enregistré devant M. Mauvaye, maire, le 12 septembre 1814, comme fils de dame Esther-Agathe-Christine Kraus, sous le nom de Henri-Guillaume. »>

Galeotti avait été naturalisé Belge par arrêté royal du 28 février 1843. Il est mort le 14 mars 1858, pendant le même mois que Mareska, avec qui il avait d'ailleurs tant de rapports.

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