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travaux ne lui permettaient pas de suivre attentivement et d'annoter les époque périodiques de ces phénomènes; mais il avait eu l'obligeance d'engager plusieurs de ses amis à y prendre une part active par leurs propres travaux, qu'il avait soin de transmettre exactement; il se faisait ensuite un véritable plaisir de pouvoir mettre ses connaissances à la disposition des personnes qui s'occupaient plus spécialement de ces travaux, et de les aider de ses bons conseils.

Notre savant compatriote s'occupait particulièrement des études de la flore cryptogamique des Flandres: il avait mème déjà publié, dans les recueils de l'Académie, cinq centuries préliminaires de l'œuvre immense qu'il se proposait de mettre au jour et qui devait « comprendre un aperçu organographique de chaque famille et la description étendue de plus de deux mille espèces, sans compter plusieurs centaines de celles qui, admises jusqu'à ce jour, ont dù, par suite des découvertes de Tulasne et d'autres cryptogamistes, ètre ramenées à des types dont elles ont été reconnues n'être que des états préformatifs. » Il avait terminé un ouvrage considérable sur ce sujet curieux et important: « Il venait de mettre le couronnement à tant d'oeuvres justement estimées, en achevant son grand travail sur la flore cryptogamique, quand, par une coïncidence fatale, la mort l'atteignit au moment même où il venait de conclure, avec un éditeur, en présence d'un de ses plus anciens amis, les arrangements pour la publication de ce monument scientifique. Un tel travail ne sera, sans doute, pas perdu; il ne restera point ignoré; des mains fidèles le mettront pieusement au jour... (1) »

(1) J. Kickx se trouvait alors à Bruxelles pour assister à des examens universitaires; il parla à un ancien ami des difficultés qu'il avait éprouvées chez un des principaux éditeurs de Bruxelles, pour l'impression de son ouvrage, qui formait en quelque sorte l'œuvre de toute sa vie. Cet ami lui proposa d'aller terminer avec

Indépendamment de ses recherches consciencieuses qui l'avaient si fidèlement conduit pendant tout le cours de sa vie, J. Kickx se plaisait à réunir des notes biographiques sur les hommes les plus distingués de son pays qui s'étaient spécialement occupés de ses études favorites. Il donna dans ses loisirs des notices sur Jean de Laet, Van Sterbeeck, Auger-Gislain de Busbeck, Boece de Boodt, etc. Quand l'Académie royale de Belgique songea, plus tard, à réunir les noms de ses hommes les plus distingués et à en présenter le tableau, de manière à réunir tous ses titres de gloire, J. Kickx fut naturellement appelé à faire partie des quinze membres de l'Académie désignés pour s'occuper du soin de la rédaction. Il s'agissait, avant tout, de savoir s'il fallait composer simplement un dictionnaire biographique des hommes qui avaient marqué dans l'histoire du pays, ou s'il fallait, à peu près comme le demandait De Reiffenberg en 1846, «< considérer le travail comme un tableau historique, ou un résumé dans l'ordre chronologique, des faits et gestes de tous les hommes qui ont contribué à rehausser la gloire. du nom belge, tant sous le rapport artistique, scientifique et littéraire que sous d'autres également dignes d'ètre signalés. » Il proposait donc de rédiger séparément l'histoire littéraire, l'histoire scientifique, l'histoire artistique, l'histoire politique et militaire, etc. La question fut résolue en faveur de la biographie par dix voix contre cinq; et Kickx, qui s'était beaucoup occupé de l'histoire scientifique, se rangea dans le parti vaincu (').

Parmi les témoignages d'estime accordés à notre collègue

l'éditeur cette affaire purement commerciale. Les difficultés, en effet, furent aplanies : J. Kickx vit l'éditeur, mais le lendemain il avait cessé d'exister.

(') Les cinq membres de la commission académique qui tenaient à présenter le tableau historique de la Belgique au lieu de la biographie des Belges, étaient MM. Fétis père, le baron Kervyn de Lettenhove, J. Kickx, Van Hasselt et Quetelet.

par différents botanistes, il convient de citer les plantes nombreuses qui ont été chargées, en quelque sorte, de transmettre son nom et ses services à la postérité ('). Onze plantes portent son nom, et différentes sociétés savantes, en appelant à elles le botaniste distingué, lui ont donné des témoignages de leur estime. Peu de personnes jouissent d'une considération aussi complète que celle qu'il avait méritée, et comme homme et comme savant; on peut dire qu'il a véritablement honoré la science par sa modestie et par ses belles qualités qui commandaient l'estime générale. J. Kickx mourut à Bruxelles, dans la nuit du 1er septembre 1864 rien ne pouvait annoncer une mort aussi subite. Son corps fut transporté à Gand, et ses obsèques eurent lieu, au milieu de la douleur générale, le lendemain de l'enterrement de Timmermans, son collègue dans la faculté des sciences, autre perte douloureuse que les sciences firent simultanément.

(*) Ces plantes sont : Zamia Kickxii, Moq. — Polyporus Kickxianus, Lev. Hypoxylon Kickxii, West. — Stilbospora Kickzii, West. Terebratula Kickzii, Galleot. -Astarte Kickxii, Nyst. - Dentalium Kickxii, Nyst.

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Pholas Kickxiana, De Ryckh. — Paludina Kickxii, West.
Trochus Kickxii,

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On pourra voir avec plus de détails, une notice de M. Poelman sur J. Kickx, dans l'Annuaire de l'Académie pour 1865.

DANIEL-JOSEPH-BENOIT MARESKA (1).

C'est une douce consolation pour l'honnète homme de s'élever des rangs inférieurs de la société et de parvenir, par ses talents et son caractère, à prendre une position distinguée et à jouir de l'estime de tout ce qui l'environne. Mareska avait rencontré, dans le cours de ses premières années, bien des difficultés; mais il sut les vaincre dès ses études universitaires, et son excellente conduite fixa bientôt l'attention des hommes qui pouvaient exercer de l'influence sur son avenir. La nature semblait l'avoir traité d'une manière privilégiée, car il joignait un physique avantageux à des qualités morales et spirituelles très-remarquables.

Ses premiers débuts à l'Université de Gand furent signalés par différents succès qu'il obtint dans les concours. En 1824, il remporta le prix de l'Université de Liége, par un mémoire sur la théorie des limites. Ses prédilections, dans sa première jeunesse, le dirigeaient plus spécialement vers les sciences mathématiques, et il semblait en effet avoir des dispositions particulières pour les cultiver avec supériorité. Deux ans après, il remporta une distinction semblable dans

(') Né à Gand, le 9 septembre 1803; mort dans la même ville, le 31 mars 1858.

l'université de sa ville natale, par un mémoire sur la théorie des caustiques par réflexion et par réfraction ('). Ce sujet occupait alors non-seulement les mathématiciens belges, mais encore beaucoup d'hommes remarquables des pays avoisinants, qui cherchaient à simplifier cette théorie et à la ramener à sa plus simple expression.

C'est à cette époque aussi qu'à l'occasion de sa promotion au grade de docteur en sciences, il écrivit son mémoire sur les lois de l'électricité dynamique. Immédiatement après (1827), il fut nommé à la chaire des sciences mathématiques de l'Athénée royal de Gand. Il fut en même temps appelé comme professeur de chimie à l'école industrielle, qui était annexée à l'université de la mème ville. La première de ces places était devenue en quelque sorte une espèce de récompense pour les étudiants les plus distingués de l'université.

Lors de l'organisation de l'Athénée de Gand, en 1814, l'université n'existait pas encore; elle ne fut créée que deux ans après. M. Quetelet y était chargé de l'enseignement des mathématiques, mais il n'eut pas de peine à faire comprendre son insuffisance pour développer, seul, les sciences mathématiques et physiques, dans un athénée royal qui tenait à se placer en première ligne. On nomma successivement MM. Le Maire, Mareska, Lefrançois, Duprez, qui succédèrent les uns aux autres et qui éveillèrent une émulation utile parmi les jeunes gens.

Mareska sentit cependant que la place de professeur de mathématiques à l'Athénée serait insuffisante pour le mettre à mème de poursuivre toutes les études qui l'occupaient : il prit, en 1829, le diplôme de docteur en médecine, comme

(') Josephi Mareska Gandavensis responsio ad quaestionem : In investigationes mere mathematicas de causticis per reflexionem et refractionem, etc., 1 vol. in-4o, 50 pages et 2 planches. Gand, 1826.

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