Mémoires d'une contemporaine: ou, Souvenirs d'une femme sur les principaux personnages de la république, du consulat, de l'empire, etc, Volume 3

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P. J. De Mat., 1827 - France
 

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Page 135 - ... traiter comme une puissance dont il fallait racheter la guerre. Voilà donc le ministre prenant une à une les boucles flottantes, les roulant dans un papier fin et délicat, les multipliant, les arrangeant toutes sous mon chapeau, exigeant que l'édifice restât ainsi jusqu'à mon retour chez moi, où j'arriverais, disait-il, avec une chevelure un peu moins belle que quand il l'avait bouleversée. Je poussai la patience aussi loin qu'il poussa la galanterie, et, m'apercevant qu'il s'était servi...
Page 132 - Je crois qu'un des grands secrets de la supériorité de M. de Talleyrand, qui lui a fait exercer tant d'empire sur ceux qui l'ont approché, c'est , d'une part , l'apparente légèreté, le laisser-aller insouciant qu'il montre dans les grandes affaires , et l'attention et presque l'importance qu'il met à écouter et à dire dans les relations presque frivoles de l'intimité. On peut avoir autant d'esprit dans ses propos, mais il est impossible d'en laisser percer davantage dans ses réticences....
Page 134 - ... à toutes les illusions du sien. Le fait est que je n'allais jamais au ministère sans y passer plus de deux heures. Mes cheveux surtout excitaient les gracieuses attentions de M. de Talleyrand, et ils furent un jour de sa part l'objet d'un travail fort bizarre. Ses doigts en avaient tant admiré les blondes tresses, qu'ils les avaient mis dans un désordre dont on ne devinerait jamais la réparation. La main qui signait pour la France les traités de paix voulut elle-même mettre fin à la mutine...
Page 130 - ... spirituelles , dans ses entrevues toutes désintéressées, un tel plaisir, que je ne pouvais me défendre , en rentrant , d'en écrire les traits principaux et les plus piquantes circonstances. Aujourd'hui, après vingt ans de courses et de vagabondes distractions, j'aperçois encore dans mes papiers dispersés les fragmens de cet album de la jeunesse et de la prospérité, où M. de Talleyrand tenait à lui seul plus de place que tous ceux que, sous d'autres rapports, je lui préférais. Voici...
Page 130 - ... entrevues toutes désintéressées, un tel plaisir, que je ne pouvais me défendre , en rentrant , d'en écrire les traits principaux et les plus piquantes circonstances. Aujourd'hui, après vingt ans de courses et de vagabondes distractions, j'aperçois encore dans mes papiers dispersés les fragmens de cet album de la jeunesse et de la prospérité, où M. de Talleyrand tenait à lui seul plus de place que tous ceux que, sous d'autres rapports, je lui préférais. Voici quelques notes qui datent...
Page 136 - L'espèce d'intimité agréable, quoiIII. 10 que innocente, qui régnait entre nous , ne finit point là. Au moment où j'étais dans son cabinet ainsi coiffée, en écoutant les mille choses spirituelles que l'Excellence débitait avec une nonchalance délicieuse et comme sans y penser, l'huissier se présente , et annonce le citoyen , envoyé de la République Cisalpine. « Allez vite dans ce cabinet ! » me crie M. de Talleyrand. J'en tenais déjà la porte entr'ouverte : « Et « cette brioche...
Page 132 - Quand il était debout, on faisait la part de ses qualités avec restriction , mais assis et à regarder causer, l'éloge ne devait avoir aucune réserve. M. de Talleyrand est • un homme qu'il fallait juger sur un canapé. Je crois qu'un des grands secrets de la supériorité de M. de Talleyrand, qui lui a fait exercer tant d'empire sur ceux qui l'ont approché, c'est, d'une part, l'apparente légèreté, le laisser-aller insouciant qu'il montre dans les grandes affaires , et l'attention et presque...
Page 137 - C'était un honnête homme, je crois, mais qui n'avait pas l'air plus fait pour être diplomate, que moi pour être reine. M. de Talleyrand vint à moi après la visite, et me dit : « Eh bien , avez-vous écouté ? « — Non, mais je vous regardais mystifier « cet honnête citoyen. « — Citoyen! quel mot on a inventé là. « — Comment ? « — Mais sans doute. Il était naturel au forum « et au capitole , mais à Paris il est ridicule. « Vous êtes bien jeune , ma chère amie , mais «...
Page 79 - Fauchet était un homme d'excellentes manières , d'un extérieur fort agréable , paraissant, au premier abord, sentir un peu ses avantages, mais au fond n'ayant point la fatuité dont il portait le masque.
Page 138 - Et cette épithète bannale que tout le monde peut avoir à la bouche, me parut par l'accent, et par le regard de M. de Talleyrand, acquérir comme une acception nouvelle et profonde, et la recevoir de lui devait être un brevet d'éternel ridicule pour les victimes. Tout simple qu'il fut, M.

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