Le Cochet, le Chat, et le Souriceau.* Un souriceau tout jeune, et qui n'avoit rien vu, Voici comme il conta l'aventure à sa mère : Lorsque deux animaux m'ont arrêté les yeux : Et l'autre turbulent, et plein d'inquiétude; Sur la tête un morceau de chair, Une sorte de bras dont il s'élève en l'air La queue en panache étalée. Or, c'étoit un cochet dont notre souriceau Comme d'un animal venu de l'Amérique. * Abstemius. 67, de Mure quae cum Fele amicitiam contrahere volebat. Il se battoit, dit-il, les flancs avec ses bras, Faisant tel bruit et tel fracas, Que moi, qui grace aux dieux de courage me pique, En ai pris la fuite de peur, Le maudissant de très bon cœur. Sans lui j'aurois fait connoissance Marqueté, longue queue, une humble contenance, Avec messieurs les rats; car il a des oreilles Je l'allois aborder, quand d'un son plein d'éclat Mon fils, dit la souris, ce doucet est un chat, Contre toute ta parenté D'un malin vouloir est porté. L'autre animal, tout au contraire, Bien éloigné de nous mal faire, Servira quelque jour peut-être à nos repas. Quant au chat, c'est sur nous qu'il fonde sa cuisine. Garde-toi, tant que tu vivras, De juger les gens sur la mine. |