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prend comme les autres, feulement on doit avoir attention de ne pas laiffer échapper les hanches en

tournant.

De la Volte au galop.

La volte au galop, quoique plus difficile que celle que l'on fait au paffage, s'exécute par les mêmes règles & demande les mêmes conditions. Elle s'entame comme un changement de main; & la reprise fe fait comme au fermer.

Ce travail eft plus difficile à exécuter qu'à décrire peu de chevaux font en état de le fournir; peu font affez bien dreffés pour travailler d'aifance; & un petit nombre d'écuyers ont le talent requis pour donner cette leçon.

Dans toutes les leçons au galop de deux piftes, on doit donner peu de pli pour mieux tenir l'épaule de dehors ; & la jambe de dedans de l'homme doit beaucoup porter en avant.

De la Pirouette au galop.

Les pirouettes au galop ne conviennent qu'à des chevaux très - nerveux & extrêmement fouples; elles s'exécutent par les mêmes principes que celles qui se font au passage.

Touts ces travaux caractérisent le maître, & exigent un talent & un tact fupérieur, & fur-tout des natures de chevaux très-rares aujourd'hui.

Après avoir affoupli le cheval, & l'avoir rendu obéiffant à toutes les leçons précédentes, il eft agréable de le rendre brillant, autant que fa nature le permet. Il le devient par la cadence de fes battues, par l'attitude de fa tête, & par la fierté de fon regard. S'il eft bien d'à-plomb & affuré fur fes jambes, il les remue avec vigueur. Il les enlève avec vivacité, il les pofe fur le terrein avec hardieffe & avec bruit. Les fons qui réfultent de fes pofées, forment la cadence. Moins chaque jambe embraffe de terrein, plus alors les percuffions font près les unes des autres : ces intervalles moindres produifent une mefure plus vive.

Du Paffage.

Si l'on defire mettre le cheval au paffage, c'eft en raccourciffant fon trot, en l'obligeant de fe foutenir, & en excitant fon ardeur, qu'on formera cet air. Touts les temps en doivent être égaux; l'harmonie & la mesure ifochrones feront continues fans ralentiffement. A chaque pas, le cheval embraffera un terrein égal; & fi l'on eft obligé d'en diminuer l'étendue dans les diverfes évolutions, l'oreille du fpectateur ne s'en appercevra pas.

Si la nature n'a donné des difpofitions & une cadence naturelle au cheval, jamais cette cadence ne deviendra brillante, quelque réglée qu'elle foit. Chaque animal a la fienne: il convient de la perfectionner, mais non de la changer.

Le cheval dont l'allure aura été très-raccourcie, & rendue brillante, pourra alors piaffer,

Du Piaffer.

Le piaffer eft un paffage en place, animé, & bien en avant. L'homme ne doit pas avoir besoin de la bride pour bien exécuter cet air; car le cheval doit manier de lui-même, en confervant fon attitude & fon à-plomb.

Rien ne met plus les chevaux en équilibre, que ces deux airs les refforts jouent à-peu-près dans la même place; & l'homme fe plaît à les manier, lorfque la cadence eft obfervée. Mais il ne faut pas en abufer, car ils deviendroient pénibles au cheval.

Du Terre-à-Terre.

Le terre-à-terre eft un galop de deux piftes. Le cheval lève les deux pieds de devant, les remet à terre, en portant de côté l'avant main, puis il enlève & pofe de même l'arrière-main; ce qui fait deux temps très-preffés & très-vites.

A moins qu'un cheval ne foit très-fouple, bien mis, & d'un caractère gai, je ne confeille pas d'effayer du terre à terre; car cet air demande beaucoup de jufteffe & de vigueur dans le cheval. S'il ne fuit pas bien librement les talons au paffage, en fe foutenant de lui-même, & en gardant fa bonne pofition, il n'a pas encore les principes qui le conduiront à cet air. S'il execute bien tout le travail de deux piftes au paffage pour la jambe de dedans, alors il fera temps d'eflayer. Je m'y prends ainfi.

Après l'avoir manié quelque temps fur les deux piftes, je le renferme un peu plus; je retiens la rêne de dehors pour diminuer un trop grand pli qui s'oppoferoit à la liberté du cheval; puis je le chaffe de la jambe de dedans en l'animant, afin qu'il parte au galop de côté. Si les hanches ne ferment pas comme il faut, je ne fais aucune difficulté d'employer, dans les commencements, l'aide de la jambe de dehors, que je diminue à mefure que le cheval prend du plaifir à la leçon, & que cet air lui devient propre. Alors il exécutera prefque de lui-même, étant maintenu par l'équilibre & la belle pofition de l'homme.

L'animal accoutumé à cet air, peut y travailler fur toutes fortes de figures, & fur-tout les voltes. Rien de plus beau qu'une volte en terre-à-terre, bien jufte & bien paffée; mais cela eft fi rare, qu'à peine en voit-on de complette on en voit cependant des portions, qui donnent l'idée de la

totalité.

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Si le cheval ne fe préfente de lui-même à cet air, il fera difficile de l'y mettre; mais fa foupleffe, & fon feu naturel, lui en donneront quelque temps. En le ménageant & en lui laiffant du repos, fa gaîté fera plus agréable, & il prendra quelques pas de mézair.

Pour entretenir le cheval à cet air, on peut fe fervir des aides fuivantes: enlever légèrement de la main, & laiffer tomber moëlleufement les jambes près du corps pour lui donner une chaffe douce & fuivie on doit fur tout être affuré dans la felle. De cette manière on pourra y accoutu mer le cheval. Mais la gaîté une fois paffée, il n'a plus le même agrément.

J'ai mis cet air à la fuite du terre-à-terre, à caufe de la grande analogie que je trouve entr'eux.

DES AIRS RELEVÉS EN GÉNÉRAL.

Les fauts & les bonds que les poulains en liberté font dans les prés, font proportionnés à leur force & à leur légèreté, & font produits par leur gaité & par leur vivacité ces qualités peuvent etre les mêmes dans tous les chevaux, mais leur conftruction ayant des différences, ils ne font point tous capables d'exécuter les mêmes fauts.

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On exerce les chevaux aux airs relevés plutôt pour la curiofité que pour une utilité réelle. Les anciens aimoient ce genre de manège : aujourd'hui il est très-négligé en France. Cependant, comme il eft bon d'avoir des principes pour dreffer des cheyaux fauteurs, nous croyons convenable d'en dire

un mot.

Théorie du Saut.

La première action du cheval qui veut fauter, eft d'enlever le devant, d'en rapporter toute la maffe fur les jarrets, qu'il plie & qu'il avance autant qu'il lui eft poffible fous le ventre vers fon centre de gravité, afin de pouvoir enlever plus facilement & plus haut une grande partie de fa maffe: car, plus le poids qui fera fléchir les articulations fera grand, fans excéder les forces des jarrets, & toujours dans une proportion raifonnable; plus alors la détente fera vive de même plus la flexion eft grande dans les articulations, plus l'effort eft confiderable. C'eft pour cela que les chevaux, lorfqu'ils veulent redoubler leurs fauts, fe rapetiffent, pour ainfi dire, fur leurs jambes de derrière.

Les muscles fléchiffeurs ayant agi avec une grande viteffe, & la maffe ayant comprimé les extrémités des os fémurs fubitement & bien fur Les lignes d'appui des jambes de derrière, comme cette fituation eft pénible & ne fauroit durer, les mufcles extenfeurs agiffent à leur tour avec une promptitude proportionnée à la gène où ils étoient; & l'extrémité de la jambe trouvant le terrein qui arrête fon effort & réagit fur elle, toute l'impulfion eft alors pour la maffe mobile qui eft le corps de l'animal.

L'élévation & la longueur du faut font proportionnées à l'étendue des os, à la force des mufcles, & au degré de cohérence dans toutes les parties des jarrets.

Une articulation formée par des os très-longs, ouvre un angle plus grand, dont l'extrémité comprimée s'éloigne davantage, dans la réaction, de celle qui appuie fur le terrein; la force des muscles augmente l'activité des refforts, & la cohérence ferme des organes des jarrets peut fupporter un plus grand poids fans fouffrir.

L'animal, dont le volume eft léger en raison de fes jambes, eft plus propre à fauter; car les articulations, en s'étendant après la compreffion, trouvant une moindre résistance, la force de la détente doit pouffer le corps plus loin. Il eft certain qu'un petit cheval bien fait & nerveux, eft plus propre au faut qu'un grand animal.

Daprès ces principes il nous fera plus facile de donner les moyens de dreffer des chevaux aux airs relevés. De la Pefade.

La pefade eft un air dans lequel le cheva' bien placé, & bien dans la main, enlève le devant en pliant les deux jambes de devant, fans remuer celles de derrière, & en fléchiffant les jarrets.

Pour exécuter la pefade, il eft néceffaire de bien raffembler le cheval, & d'enlever la main, en fixant les hanches par une preffion légère des deux gras de jambe. Les pefades feront médiocrement élevées; le cheval ne les fera pas de lui-même, & il ne reculera pas avant que de les faire. L'homme foutiendra le cheval lorfque fon devant retombera afin que les épaules ne portent pas tout le poids.

Cette leçon eft utile pour accoutumer l'animal à refter fur fes jarrets, & pour les habituer à fupporter fans remuer toute la masse du corps.

De la Courbette.

Dans la pefade, les hanches ne marchent pas dans la courbette, auffi-tôt que le cheval s'eft enlevé à pefade, le derrière marche en pouffant le devant: les jarrets refent pliés, & ne s'étendent qu'après que l'on a ceffé d'enlever à courbettes ; car fi l'on en faifoit un trait d'un bout du manège à l'autre, les hanches feroient toujours en travail.

Pour faire de belles courbettes, les hanches doivent agir preftement, enfemble, & fans trainer. Une cadence tride, vive & bien marquée, caractérife les belles courbettes. Voici la manière de les faire.

On enlève à pefade, & dans l'inftant on chaffe des deux jambes; on laiffe tomber le devant, en rendant imperceptiblement la main; les jambes fe relâchent auffi, & fe raniment pour recom

mencer.

Il faut un tact particulier pour cet air, très agréa ble, mais très-rare en France; car il eft difficile de

trouver

trouver un cheval propre à ce manège. Les anciens écuyers faifoient toutes fortes de figures à courbettes. Aujourd'hui ces opérations n'ont lieu que dans les livres. Eft-ce un bien ?eft-ce un mal ? Je ne décide point.

De la Croupade, de la Balotade, & de la Cabriole.

Dans la courbette, le cheval s'eft peu élevé de terre, parce que fes articulations de derrière ne fe font point déployées; s'il les étendoit, alors il fauteroit des quatre jambes. Le faut qu'il feroit prendroit un nom différent felon la difpofition de fes jambes de derrière. Si elles font pliées fous le ventre dans l'attitude qu'elles ont à la courbette, le faut fe nomme croupade. Si les deux jarrets remontent & touchent les feffes, & fi les fers se laiffent voir, mais fans ruade, ce fera une balotade. Enfin, quand le cheval bien enlevé détache la ruade entière, il fait une cabriole.

Les règles de fes fauts, font que le devant foit bien enlevé, & plus que la croupe, que l'animal foit droit, & qu'il ne faute pas fans la volonté de

l'homme.

On fait fauter le cheval en enlevant la main, & en aidant la croupe avec le poinçon, ou la gueule ou la chambrière, jufqu'à ce qu'il foit confirmé dans fon air. Sa vigueur & fa légèreté décident du faut qui lui convient: l'homme ne peut le fixer à l'un plutôt qu'à l'autre.

C'est un grand abus que de vouloir faire fauter des chevaux, fans les avoir fait paffer par les leçons du manège, qui les affoupliffent & les rendent obéiffants: autrement ils ne fautent que de caprice & de colère, & deviennent dangereux.

Les chevaux parfaitement exercés, comme l'étoient ceux de M. de la Pleignière, exécutent tout le manège exactement, & fautent en liberté, au commandement de l'homme, fans faire un temps de plus contre fon gré. C'eft-là dreffer des fauteurs, que l'on peut exercer fans courir risque de la vie.

AJUSTER un cheval, c'eft lui apprendre fon exercice en lui donnant la grâce nécessaire.

ALLEGIR. C'eft rendre un cheval plus libre, plus léger du devant que du derrière. Lorsqu'on veut allegir un cheval, il faut qu'en le faifant troter, on le fente toujours difpofé à galopper, & que l'ayant galoppé quelque temps, on le remette encore au trot. Le cheval eft fi pefant d'épaules, & fi attaché à la terre, qu'on a de la peine à lui rendre le devant léger, quand même, pour l'allegir, on fe ferviroit du caveçon à la Neucastle. Ce cheval s'abandonne trop fur les épaules; il faut l'allegir du devant & le mettre fous lui.

ALLURE. Train, marche d'un cheval. Ce cheval a l'allure froide, pour dire qu'il ne lève pas affez le genou ni la jambe, & qu'il rafe le tapis il a de belles allures, pour dire qu'il a la marche belle. Il n'y a perfonne qui puiffe parfaitement dreffer un cheval, qu'il ne fçache exactement toutes les alEquitation, Efcrime & Danfe.

Lures naturelles des chevaux, & les actions des jambes. Les allures naturelles font le pas, ou peiit trot, le trot, le galop. Si ce cheval continue à falfifier fon allure, donnez-lui de l'éperon dans la volte. Neucaftle dit: Ce barbe a les allures belles, contre l'ordinaire des barbes.

DES ALLURE S. (LA GUÉRINIERE).

La plupart de ceux qui montent à cheval n'ont qu'une idée confufe des mouvements des jambes de cet animal dans fes différentes allures; cependant fans une connoiffance auffi effentielle à un cavalier, il eft impoffible qu'il puiffe faire agir des refforts, dont il ne connoît pas la mécanique.

Les chevaux ont deux fortes d'allures; savoir, les allures naturelles, & les allures artificieiles.

Dans les allures naturelles, il faut diflinguer les allures parfaites, qui font, le pas, le trot, & le galop; & les allures défectueufes, qui font, l'amble, l'entre-pas ou traquenard & l'aubin.

Les allures naturelles & parfaites, font celles qui viennent purement de la nature, fans avoir été perfectionnées par l'art.

Les allures naturelles & défectueufes, font celles qui proviennent d'une nature foible ou ruinée.

Les allures artificielles, font celles qu'un habile écuyer fait donner aux chevaux qu'il dreffe, pour les former dans les différents airs dont ils font capables, & qui doivent fe pratiquer dans les ma néges bien réglés. Voyez AIRS.

DES ALLURES NATURELLES,

Le Pas.

Le pas, eft l'action la moins élevée, la plus lente & la plus douce de toutes les allures d'un cheval. Dans le mouvement que fait un cheval lorsqu'il va le pas, il lève les deux jambes qui font oppofées & traversées, l'une devant, l'autre derrière : quand, par exemple, la jambe droite de devant eft en l'air & fe porte en avant, la gauche de derrière fe lève immédiatement après, & fuit le même mouvement que celle de devant, & ainfi des deux autres jambes; enforte que dans le pas, il y a quatre mouvemens: le premier eft celui de la jambe droite de devant, qui eft fuivie de la jambe gauche de derrière, qui fait le fecond mouvement; le troisième est celui de la jambe gauche de devant, qui eft fuivie de la jambe droite de derrière; & ainfi alternativement,

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plus diligent & plus relevé, ce qui rend cette dernière allure beaucoup plus rude que celle du pas, qui eft lente & près de terre. Il y a encore cette difference: c'eft que quoique les jambes du cheval, qui va le pas, foient oppofées & traversées, comme elles le font au trot, la position des pieds fe fait en quatre temps au pas, & qu'au trot, il n'y en a que deux, parce qu'il lève en mêmetemps les deux jambes oppofées, & les pofe auffi à terre en même temps comme nous venons de l'expliquer.

Le Galop.

Le galop eft l'action que fait le cheval en cou-
rant. C'est une espèce de faut en avant: car les
jambes de devant ne font point encore à terre,
lorfque celles de derriére fe lèvent; de façon qu'il
y a un inftant imperceptible où les quatre jambes
font en l'air. Dans le galop, il y a deux principaux
la main droite, qu'on ap-
mouvements, l'un pour
pelle galoper fur le pied droit, l'autre pour la main
gauche, qui eft galoper fur le pied gauche. Il faut

que
dans chacune de ces différences, la jambe de
dedans de devant avance & entame le chemin, &
que celle de derrière du même côté, suive & avance
auffi, ce qui fe fait dans l'ordre fuivant. Si le che-
val galope à droite, quand les deux jambes de de-
vant font levées, la droite eft mife à terre plus
avant que la gauche, & la droite de derrière chaffe
& fuit le mouvement de celle de devant; elle eft
auffi pofée à terre plus avant que la gauche de der-
rière. Dans le galop à main gauche, c'eft le pied
gauche de devant qui mène & entame le chemin ;
celui de derrière du même côté fuit, & eft auffi
plus avancé que le pied droit de derrière. Cette
pofition de pieds fe fait dans l'ordre fuivant.

Lorfque le cheval galope à droite, après avoir raffemblé les forces de fes hanches pour chaffer les parties de devant, le pied gauche de derrière fe pofe à terre le premier, le pied droit de derrière fait enfuite la feconde pofition, & eft placé plus avant que le pied gauche de derrière, & dans le même inftant le pied gauche de devant fe pofe auffi à terre; enforte que dans la pofition de ces deux pieds, qui font croifés & oppofés comme au trot, il n'y a ordinairement qu'un temps qui foit fenfible à la vue & à l'oreille ; & enfin le pied droit de devant, qui eft avancé plus que le pied gauche de devant, & fur la ligne du pied droit de derrière, marque le troifième & dernier temps. Ces mouvements fe répètent à chaque temps de galop, & fe continuent alternativement.

A main gauche, la position des pieds fe fait dif féremment; c'eft le pied droit de derrière qui marque le premier temps; le pied gauche de derrière & le pied droit de devant, fe lèvent enfuite & fe pofent ensemble à terre, croisés comme au trot, & font le fecond temps; & enfin le pied gauche de devant, qui eft plus avancé que le pied droit de devant, & fur la ligne du pied gauche

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de derrière, marque la troifième & dernière cadence.

Mais lorsqu'un cheval a les refforts lians & le mouvement des hanches tride, il marque alors quatre temps, qui fe font dans l'ordre fuivant. Lorfqu'il galope à droite, par exemple, le pied gauche de derrière fe pofe à terre le premier, le pied droit de derrière fait la feconde pofition, le pied gauche de devant, immédiatement après celui-ci, marque le troifième temps; & enfin le pied droit de devant, qui eft le plus avancé de tous, fait la quatrième & dernière pofition, ce qui fait alors, 1, 2, 3 & 4, & forme la vraie cadence du beau galop, qui doit être diligent des . hanches, & raccourci du devant, comme nous l'expliquerons dans la suite.

Quand il arrive qu'un cheval n'obferve pas en galopant le même ordre aux deux mains dans la pofition de fes pieds, comme il le doit, & comme nous venons de l'expliquer, il eft faux ou défuni.

Un cheval galope faux ou fur le mauvais pied, lorfqu'allant à une main, au lieu d'entamer le chemin avec la jambe de dedans, comme il le doit, c'eft la jambe de dehors qui eft la plus avancée; c'est-à-dire, si le cheval, en galopantà main droite, entame le chemin avec la jambe gauche de devant, fuivie de la gauche de derrière, alors il eft faux, il galope faux, fur le mauvais pied ; & fi en galopant à main gauche, il avance & entame le chemin avec la jambe droite de devant, & celle de derrière, au lieu de la gauche, il eft de même faux & sur le mauvais pied. La raifon de cette fauffeté dans cette allure, vient de ce que les deux jambes, celle de devant & celle de derrière, qui font du centre du terrain autour duquel on galope, doivent néceffairement être avancées, afin de foutenir le poids du cheval & du cavalier; car autrement le cheval feroit en danger de tomber en tournant, ce qui arrive quelquefois, & ne laiffe pas d'être dangereux. On court auffi le même rifque quand un cheval galope défuni.

Un cheval fe défunit de deux manières, tantôt du devant, & tantôt du derrière; mais plus ordinairement du derrière que du devant. Il fe défunit du devant, lorfqu'en galopant dans l'ordre qu'il doit avec les jambes de derrière à la main où il va, c'eft la jambe de dehors du devant qui entame le chemin, au lieu de celle de dedans. Par exemple, lorfqu'un cheval galope à main droite, & que la jambe gauche de devant eft la plus avancée au lieu de la droite, il eft défuni de devant; & de même, fi en galopant à main gauche, il avance la jambe droite de devant au lieu de la gauche, il est encore défuni du devant. Il en eft de même pour le derrière: fi c'eft la jambe de dehors de derrière qui entame le chemin, au lieu de celle de dedans, il eft défuni du derrière. Pour comprendre encore mieux ceci, il faut faire attention', que lorsqu'un cheval en galopant à droite, a les jambes de devant placées comme il devroit les avoir pour ga

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loper à gauche, il eft défuni du devant; & lorfque les jambes de derrière font dans la même pofition où il devroit les avoir à gauche, lorfqu'il galope à droite, il est défuni du derrière. Il en eft de même pour la main gauche.

Il faut remarquer que pour les chevaux de chasse & de campagne, on entend toujours, fur-tout en France, par galoper fur le bon pied, galoper fur le pied droit. Il y a pourtant quelques hommes de cheval qui font changer de pied à leurs chevaux, afin de repofer la jambe gauche, qui eft celle qui fouffre le plus, parce qu'elle porte tout le poids, au lieu que la droite entamant le chemin, a plus de liberté, & ne fe fatigue pas tant.

L'Amble.

L'amble eft une allure plus baffe que celle du pas, mais infiniment plus allongée, dans laquelle le cheval n'a que deux mouvements, un pour chaque côté, de façon que les deux jambes du même côté, celle de devant & celle de derriére fe lèvent en un même-temps, & fe portent en avant enfemble, & dans le temps qu'elles fe pofent à terre, auffi ensemble, elles font fuivies de celles de l'autre côté, qui font le même mouvement, lequel se continue alternativement.

Pour qu'un cheval aille bien l'amble, il doit marcher les hanches baffes & pliées, & pofer les pieds de derrière, un grand pied au-delà de l'endroit où il a pofé ceux de devant, & c'eft ce qui fait qu'un cheval d'amble fait tant de chemin. Ceux qui vont les hanches hautes & roides n'avancent pas tant & fatiguent beaucoup plus un cavalier. Les chevaux d'amble ne font bons que dans un terrein doux & uni, car dans la boue & dans un terrein raboteux, un cheval ne peut pas foutenir long-temps cette allure. On voit à caufe de cela, plus de chevaux de cette espèce en Angleterre qu'en France, parce que le terrain y eft plus doux & plus uni, mais généralement parlant, un cheval d'amble ne peutpas durer long-temps, & c'eft un figne de foibleffe dans la plupart de ceux qui amblent les jeunes poulains même prennent cette allure dans la prairie, jufqu'à ce qu'ils aient affez de force pour troter & galoper. Il y a beaucoup de braves chevaux qui, après avoir rendu de longs fervices, commencent à ambler, parce que leurs refforts venant à s'ufer, ils ne peuvent plus foutenir les autres allures qui leur étoient auparavant ordinaires & naturelles.

L'Entre-pas ou Traquenard.

L'entre-pas, qu'on appelle auffi traquenard, eft un train rompu, qui a quelque chofe de l'amble. Les chevaux qui n'ont point de reins & qu'on preffe fur les épaules, ou qui commencent à avoir les jambes ufees & ruinées, prennent ordinairement cette allure. Les chevaux de charge, par exemple, qui font obligés de faire diligence, après avoir troté pendant quelques années le fardeau fur le corps, lorfqu'ils n'ont plus affez de force pour

foutenir l'action du trot, prennent enfin une espèce de tricotement de jambes vite & fuivi, qui a l'air d'un amble rompu, & qui eft, à proprement parler, ce qu'on appelle entre-pas ou traquenard. L'Aubin.

On appelle aubin, une allure dans laquelle le cheval en galopant avec les jambes de devant trote ou va l'amble avec le train de derrière. Cette allure, qui eft très-vilaine, eft le train des chevaux qui ont les hanches foibles & le derrière ruiné, & qui font extrèmement fatigués à la fin d'une longue courfe. La plupart des chevaux de pofte aubinent au lieu de galoper franchement; les poulains qui n'ont point encore affez de force dans les hanches pour chaffer & accompagner le devant, & qu'on veut trop tôt preffer au galop, prennent auffi cette allure, de même que les chevaux de chaffe, lorf qu'ils ont les jambes de derrière ufées.

DES ALLURES DU CHEVAL. ( Dupaty ).

Les allures du cheval ont des propriétés différentes les unes des autres, & cependant fe réuniffent en quelques points.

Le pas eft eftimé lorfqu'il eft foutenu, allongé, bien cadencé, & noble.

Le foutien de cette allure vient de la bonne attitude du cheval, & de l'emploi de fes jambes conformément aux loix de la nature, lorfqu'aucun accident n'en dérange le bon ordre, & que la conftruction de l'animal eft bonne. Dans le pas foutenu, la pofition de la tête du cheval ne varie point; il la conferve longtemps, parce que fes forces font ménagées.

Le pas eft allongé lorfque le terrein qu'embraffe le cheval dans le déplacement de fes jambes eft confidérable. Il n'eft allongé avec grace, & même avec fureté pour l'animal, qu'autant que fon fou tien n'eft pas détruit: & pour cela le compas formé par les jambes de devant ne fera point trop ouvert; car l'animal fe rappetifferoit, perdroit de fa nobleffe & de fon foutien: il ne gagne en longueur qu'aux dépens de fon élévation.

Le pas doit de plus être cadencé, parce que chaque battue, en fe faifant entendre à des distances égales, forme une fuite de fons égaux. Par cette égalité on juge que les membres font bien d'accord entre eux pour la force & pour la mobilité. Une cadence hardie eft préférable à celle qui résultera d'un pied pofé mollement. Tout cheval qui marche mollement dénote de la foibleffe.

L'attitude des jambes, la pofition du pied, la régularité des mouvements font à obferver avec un foin particulier par celui qui cherche un beau pas. A cette allure chaque jambe fait entendre trèsdinctement fa battue, ce qui forme quatre temps.

Le trot, qui eft plus vite, ne fait entendre que deux temps, fi l'animal eft bon & fi fes membres font d'accord. Les courts intervalles qui fe trouvent

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