les violentes mesures de Philippe II, il est remarquable qu'elle n'éclata qu'au moment où la duchesse de Parme se retira faire place au duc d'Albe. La même chose arriva sous Joseph II, pour quand Marie-Christine et l'archiduc furent remplacés par le général d'Alton (1). Qu'on n'en conclue pas toutefois que les Belges, en passant tour-à-tour sous les dominations espagnole ou autrichienne, soient devenus tour-à-tour Espagnols ou Autrichiens. Non! ils se sont vivement attachés aux princes qui ont vécu et sympathisé avec eux; mais ils ont refusé le service (2), ils se sont soulevés même contre ceux qui ont voulu les gouverner de loin et despotiquement, en foulant aux pieds F'antique et solennel contrat, le contrat bilatéral, le contrat de cosouveraineté, réciproquement juré. Nul peuple, peut-être, au centre de la civilisation européenne, au milieu du mouvement général qui a emporté les esprits depuis la réforme jusqu'à la révolution française, et presque bouleversé le vieux monde, n'a gardé une empreinte plus forte de son caractère primitif et original, plus d'attachement pour ses anciennes croyances et ses anciennes libertés, et ne s'est montré, sous ce double rapport, plus semblable à ses ayeux et à lui-même, que le peuple belge. Ce fait, qui domine toute son histoire, doit dominer aussi la politique de son gouvernement. Et j'oserai demander même si ces mœurs, plus vieilles que les lois, ne sont pas encore aujourd'hui son meilleur point d'appui au dedans, et sa plus forte barrière contre l'étranger. Je termine, Messieurs, par la pensée première de ce discours, en vous demandant pardon de m'en être trop écarté, peut-être. Marie-Thérèse, en fondant en 1772 l'Académie royale, songeait à combler une grande lacune. Et certes ni l'ancienne Académie, ni la nouvelle n'ont failli à leur noble mission. Toutefois on ne peut se dissimuler que les circonstances n'étaient pas alors aussi favorables qu'aujourd'hui. La Belgique ne se gouvernait pas à la vue de son prince et seigneur, le plus grand bonheur qui puisse arriver à un pays, disait Philippe Il lui-même (3). Le gouvernement autrichien, quoique très-paternel, se dirigeait d'après les maximes du pouvoir absolu; il était assez ombrageux, et fort parcimonieux (4). La censure était là; le (1) Borgnet. Déclaration des Etats du Brabant, t. Ier p. 92. (2) Rapsaet. De l'origine des Inaugurations, in fine. (3) Neny, t. Ier. C. 1. a. 9. (4) On hésita quelque temps pour savoir si l'on permettrait la continuation du grand travail des Bollandistes, le seul ouvrage par lequel la Belgique fût connue à l'étranger depuis un siècle et demi. On craignait que cela ne coûtat quelque chose au trésor. Et puis, ces savans enterrés dans leurs livres, étaient des jésuites. Et il était convenu ou prédit parmi les rois, leurs conseils et leurs parlemens, que le plus grand danger que connussent les trones, secret environnait tous les rouages de l'administration. Depuis que la nation belge s'est constituée, la cause des lettres est devenne celle du pays. De son côté, le gouvernement et les chambres lui ont prêté le plus généreux appui. La liberté dont vous jouissez ne peut subir d'entrave que celle que vous vous imposez vous-mêmes, dans l'intérêt de votre propre dignité. Votre unique règle peut se résumer en peu de mots: amour de la patrie; propagation de la science; triomphe de la vérité. Vous avez pu vous convaincre naguères que le génie qui animait les Rubens et les Van Dyck n'avait point déserté la Belgique. Il lui a suffi, comme pour s'y rallumer, d'y trouver des appréciateurs. La peinture et l'histoire ont entr'elles plus d'un rapport. L'une et l'autre ont pour but de perpétuer la mémoire des hommes et des évènemens dignes d'être transmis aux générations futures. L'esprit naturellement grave, judicieux, positif de nos compatriotes, leur donne, ce semble, une aptitude particulière pour ce genre de littérature. Nos annales renferment des trésors abondans et inexplorés, que nous seuls pouvons bien comprendre. Les révolutions dont nous avons été témoins, doivent nous avoir doués d'une sagacité que n'avaient pas la plupart de nos prédécesseurs pour deviner les causes des révolutions anciennes. Espérons, Messieurs, que la terre qui a produit les Froissard, les Comines, les Monstrelet, les Châtellain, les d'Oudegherst, les Meyer et depuis, les Nény, les Nélis, les Vandervinckt, dont je vois siéger ici les successeurs et les heureux émules, répondra dignement à votre appel. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. Esquisses historiques de l'ancien pays de Liége, par M. L. PoLAIN. Bruxelles, Hauman, Cattoir et Cie. 1837. 1 vol. in-18. Mémoires sur les comtes de Louvain, jusqu'à Godefroi-leBarbu, par S. P. ERNST, curé d'Afden; ouvrage pothume publié par M. ED. LAVALLEYE, agrégé à l'Université de Liége. à la fin du dix-huitième siècle, provenait de ces vieux jésuites. L'orage qui devait éclater sons Joseph II, grondait déjà sous Marie-Thérèse. Et un médecin hollandais (Van Swieten), en fut le promoteur. Quels rapprochemens! FIN DU TOME QUATRIÈME. - Jean-sans-Pitié ou la bataille d'Othée. (1408). M. L. Po- De la loi du fermage et des rapports nécessaires qui existent entre les revenus des propriétaires fonciers et ceux des capitalistes, d'après la doctrine des économistes anglais. Programme des questions proposées par la Commission de la Revue Belge, et adoptées dans l'assemblée générale du 26 juillet, pour être mises au concours, en exécution de l'article 5 du réglement général. Les derniers Grignoux ou le règlement de 1684. M. L. Compte rendu de la situation financière et des travaux de la Société d'encouragement pour l'instruction élémentaire, De l'horticulture en Belgique. Biographie belge; le chanoine Triest. P. De Decker. Lettre à M. Michel Chevalier. Th. Weustenraad Economie politique. Est-il juste de changer les bases de l'impôt foncier ? - F. A. Van Hulst Congrès scientifique de Liége. Mémoire lu à la section des sciences morales, philosophiques et législatives, sur la ques- tion: Quelles doivent être les bases d'une bonne législation Des inconvéniens et des avantages d'une promenade à la Liége et Bourgogne ou les six cents Franchimontois. M. L. Polain - De la propriété littéraire et de la contrefaçon.-V. Godet. 293 Poésie. A Elle. Samuel Pledgi. Ph. L***. 333 354 360 362 389 412 426 La fête des Rois. A. L. Lepas - Des Caisses d'épargne. Ch. De Brouckere. Une prédiction de Bohémienne; le vingt août. — Alphonse. 435 Quelques réflexions sur les concours et particulièrement sur leur application au choix des professeurs des Académies de peinture. Renard. . Biographie Belge; Plasschaert. F. A. Van Hulst. |