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Suède, etc. et qu'honorent depuis près de deux siècles les Descartes, les Newton, les Leibnitz, les Franklin, les Euler, les d'Alembert, les Voltaire, etc., etc.

Quoi qu'il en soit, pour ne pas perdre à l'avenir dans des discussions polémiques un tems que je crois pouvoir mieux employer, je déclare ici, une fois pour toutes, que prenant pour devise de tous mes ouvrages : à la vérité et au perfectionne ment de la raison humaine, je marcherai d'un pas ferme et invariable vers ce but, dont rien ne pourra m'écarter : que préférant à tout, 1°. l'indépendance et le repos; 2°. l'estime et l'amitié de mes confrères (les philosophes et les gens de lettres), je serai toujours content de la portion de gloire ou de réputation qu'ils voudront me laisser, si petite qu'ils veuillent la faire (car je sens dans mon cœur l'heureux besoin d'aimer tout le monde, de n'envier personne, et de n'abhorrer que les for faits); et que toujours prêt à prendre la plume quand l'amour du vrai, de l'hon

nête et du juste, ainsi que l'intérêt de la science l'exigeront, je m'impose à jamais la loi de ne répondre à rien de ce qui me seroit personnel et purement relatif à mes écrits, que du reste je tâcherai (par le soin que j'apporterai à leur rédaction et en m'efforçant de les composer uniquement de raison et de vérité) de mettre en état de répondre d'eux-mêmes à tous les assauts de la dispute, ou aux inculpations de la scélératesse et de la mauvaise foi.

Le vrai philosophe ou l'homme qui sait joindre la noblesse du caractère à la grandeur des vues, dédaigne les vils moyens par lesquels se fabriquent les réputations vulgaires content de sa propre estime et nourri de sa propre substance, il n'a devant les yeux que le genre humain, l'univers, les siècles passés, son siècle et la postérité; en un mot, il ne voit devant lui et au-dessus de lui que la Nature et le globe des sciences : il ne demande à ses ennemis qu'une grace, c'est de ne pas em

ployer, pour le faire périr, la calomnie le poignard ou le poison; enfin il n'attend d'une certaine classe d'hommes qu'un seul bienfait, c'est de le laisser vivre en paix, et de ne point défendre au genre humain penser.

de

INTRODUCTION

siste à les retracer et à les combiner, sans parler du levier qui la met en exercice, du motif qui nous porte à voir, à toucher, etc., à donner notre attention, à juger, à raisonner, en un mot à exercer tous nos sens, et à former et développer toutes les habitudes du corps, de l'esprit et du cœur. L'abstraction par laquelle j'ai pour un instant mis de côté le plaisir et la douleur qui se mêlent à toutes nos sensations étoit nécessaire pour nous donner une idée nette de l'entendement ou de l'intelligence pure il faut présentement leur restituer ces deux élémens qui leur appartiennent, et considérant leur influence sur les divers mouvemens des machines animales, essayer d'analyser la volonté qui comprend le systême entier de nos sentimens, de nos passions et de nos habitudes morales, comme l'entendement s'est trouvé être le résultat de nos idées, de nos habitudes et facultés intellectuelles (1).

C'est une chose bien étonnante et bien difficile à analyser, que cette force motrice attachée aux corps organisés et sensibles, et imprimant le mouvement à toutes leurs parties. Cette force commune à tous les animaux, varie dans chaque espèce à raison de l'organisation. L'homme, les quadrupèdes, les oiseaux, les poissons, les serpens, les crustacées, les insectes ont tous dans leur construction primitive des différences qui en produisent d'analogues dans leur force motrice, comme dans leur intelligence, leurs besoins et leurs passions.

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(1) Voyez première partie, page 159, etc.

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