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bandes d'Espagne ont vécu; l'infanterie française est la reine des batailles!

Rien n'arrête plus l'intrépide lionceau. Avec un autre héros, son rival en gloire et en renommée, le sage Turenne, il court de victoire en victoire Fribourg, Nordlingen et Lens sont de nouveaux succès pour les armes françaises. 8. Bataille de Fribourg (1644). La nature ellemême ne peut briser ce fougueux élan : si elle dresse de formidables obstacles, ils sont franchis d'un bond par ce foudre de guerre.

A Fribourg, ce ne sont pas seulement les Impériaux à combattre; en face se dressent des montagnes inaccessibles, coupées par les ravins et des précipices, défendues par de prodigieux retranchements formés avec des forêts abattues. C'est Mercy, le général de l'empereur, que l'on ne vit jamais reculer dans les combats. Nos troupes semblent découragées autant par la force des ennemis que par l'effroyable disposition des lieux. Mais Condé, lui non plus, ne connaît pas la retraite. Ses soldats hésitent; il court en avant, jette son bâton de commandement dans les lignes des Impériaux, et se précipite pour le reprendre. Les Français suivent leur chef; en un instant tout est surmonté: obstacles hérissés par la nature, valeureuse résistance des adversaires.

9. Traités de Westphalie (1648). — Que pouvaient désormais nos ennemis épouvantés, les Impériaux naguère si hautains. Ils demandent la fin de ces luttes qui leur avaient fait perdre leurs provinces et leur réputation guerrière. Les traités sont signés dans la province de Westphalie, dans les deux villes de Münster et d'Osnabruck.

L'empereur est bien vaincu. Il avait voulu, au commencement de la guerre de Trente ans, imposer le catholicisme en Allemagne; il est forcé d'accorder aux protestants allemands les libertés de conscience et du culte.

1. Fribourg-en-Brisgau, ville du grand-duché de Bade.

ville de Bavière.

Nordlingen,

Lens, ville du département du Pas-de-Calais.

2. Westphalie, province de la Prusse actuelle, sur la rive droite du Rhin, capitale Munster.

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Il avait voulu dominer en Allemagne, régner en maître absolu sur cette immense contrée. L'empire est morcelé; il est divisé en 343 petits États à peu près indépendants.

Tous les États qui se sont ligués contre lui, la Hollande, le Danemark, la Suède reçoivent de vastes territoires. La France, qui avait été l'âme de la coalition, acquiert la belle province d'Alsace, moins la ville de Strasbourg.

L'Espagne seule refuse de s'associer à la paix générale. Elle ne s'avoue pas encore vaincue et ne peut se consoler du désastre de Rocroy. De nouveaux troubles civils, ceux de la Fronde, vont agiter la France; notre ennemie acharnée a l'espoir de prendre une éclatante revanche.

Ces traités de Westphalie sont les plus glorieux qu'aient signés notre nation. Ce grand succès diplomatique est dû à l'indomptable énergie de Richelieu, à la brillante valeur de Condé, à l'habileté du nouveau ministre Mazarin. L'empereur n'est plus le maître redouté de l'Europe. La France a pris cette place enviée et dangereuse. Heureux notre pays s'il sait jouir avec modération de la victoire, si gâté par la Fortune, il n'abuse pas de la force à son tour!

RÉSUMÉ

En 1648 commence la célèbre guerre de Trente ans. L'empereur veut être maître absolu en Allemagne. La France est intéressée à faire échouer ces ambitieux projets.

Vainqueur des Bohémiens et des Danois, l'empereur est battu à Leipzick et à Lutzen par le roi de Suède GustaveAdolphe. Malheureusement Gustave-Adolphe est tué dans cette dernière bataille.

En 1635, la France intervient. Les Impériaux échouent devant Corbie. A la mort de Richelieu et de Louis XIII (1643), les provinces du Roussillon, de l'Artois et de l'Alsace sont conquises par les armées françaises.

Pendant la minorité de Louis XIV, le grand Condé est vainqueur à Rocroy (1643), Fribourg, Nordlingen et Lens. Les Impériaux demandent la paix.

Les traités de Westphalie sont signés en 1648. L'empereur est vaincu. L'Allemagne est divisée en 343 petits États; l'Alsace moins Strasbourg appartient à la France.

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1. Grandes divisions du règne de Louis XIV. En 1643, Louis XIII meurt; son fils Louis XIV lui succède et règne pendant soixante-douze ans (1643-1715). Ce règne, le plus long de l'histoire de France, peut se diviser en trois périodes bien distinctes: 1re période (1643-1661). Jeunesse du roi. Mazarin gouverne d'abord au nom de la régente Anne d'Autriche, puis en celui du roi majeur. 2o période (1661-1679). Succès éclatants. Louis XIV, secondé par d'habiles ministres et par d'illustres généraux, reçoit le surnom de Grand. 3e période (1679-1715). Fautes et revers. L'orgueil perd le grand roi; la décadence arrive d'abord lente et puis précipitée.

2. La régente Anne d'Autriche. -Quand un homme de génie comme Richelieu vient à disparaître, lourde est sa succession. Louis XIV n'a que cinq ans; sa mère, l'Espagnole Anne d'Autriche, prend le pouvoir.

La nouvelle régente avait détesté le redoutable cardinal Richelieu. Maîtresse en France, elle s'empresse de combler de richesses les nobles, ses anciens amis. La langue française n'a plus que quatre mots : « La reine est si bonne. » Mais ces seigneurs avides lassèrent bientôt leur protectrice. La régente étonne tout le monde par une résolution imprévue elle chasse les Importants (c'était le nom que l'on donnait à ces brouillons); elle prend pour premier ministre l'Italien Mazarin, celui que Richelieu avait désigné au roi Louis XIII comme l'homme le plus capable de continuer son œuvre.

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3. Le cardinal Mazarin. Le nouveau ministre, le cardinal Mazarin, ne ressemble pas à son prédécesseur l'énergique Richelieu. Mazarin est doux, humble, l'ami de tous. Il affecte autant de simplicité que l'évêque de Luçon avait déployé de hauteur. C'est par l'habileté qu'il cherche à gouverner. Un obstacle se dresse devant lui, son ambition n'est pas de le franchir aussitôt ou de le briser d'un seul coup. Lentement, mais avec sûreté, il le tourne. « Le temps et moi, » telle est sa maxime favorite.

Patience et longueur de temps

Font plus que force ni que rage.

Les contemporains jugèrent fort mal ce souple Italien qui faisait force révérences. Ils crurent que sous ce maître débonnaire ils pourraient agir à leur guise. A plusieurs reprises, Mazarin fut chassé du pouvoir; mais le rusé revint toujours plus puissant que jamais.

Ajoutons cependant que Mazarin était bien inférieur à son devancier. Richelieu, l'homme de génie, ne poursuit qu'un noble but, la grandeur de la France; Mazarin, l'homme de talent, habile et heureux, vint au bon moment pour terminer l'œuvre de son prédécesseur.

Enfin, cet étranger ne sut pas résister au démon tentateur de l'avidité. Il laissa une scandaleuse fortune de cent millions. Le vieux renard ne mourut pas sans regrets; pour satisfaire sa conscience alarmée, il laissa par testament à son maître tout son argent, tous ses biens, que d'ailleurs le roi refusa.

4. Causes de la guerre de la Fronde. L'édit d'Union. Un roi de France âgé de cinq ans, une régente espagnole, un ministre italien n'inspirent aucune crainte. La révolte éclate de toutes parts.

Les juges du parlement', esprits graves et sérieux d'ordinaire, attachent le grelot et donnent le signal de la rébellion. Ces magistrats, dont le seul devoir est de rendre la justice, aspirent à un rôle plus élevé : ils affirment qu'ils ont le droit de contrôler les édits royaux en matière d'impôts, c'est-à-dire de les vérifier et de les critiquer. Une telle prétention fait jeter les hauts cris à la cour. Accepter une telle théorie, c'est amoindrir le roi, c'est avouer qu'à côté de son autorité, il en existe une autre, celle du parlement.

Cependant, la guerre de Trente ans exige de nouveaux sacrifices d'argent. Il faut subvenir aux frais d'une lutte coûteuse. Le ministre ordonne de lever de nouveaux impôts. Le parlement s'y oppose; sa résistance est tenace. Tous les magistrats se déclarent solidaires et signent un arrêt d'Union. L'Italien Mazarin, dans son barbare jargon, a le malheur de prononcer édit d'ognon :

Cet ognon te fera pleurer;
Tu ne pourras le digérer.

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Telle est la chanson favorite des Parisiens malicieux.

1. Parlement, nom que l'on donnait autrefois en France aux cours qui rendaient la justice. Avant 1789, il y avait dans tout le royaume 13 Parlements; le plus important était le Parlement de Paris.

2. Solidaires, se dit des personnes qui s'engagent et qui répondent les unes pour les autres.

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