Page images
PDF
EPUB

par le travail et par le génie de ses habitants, favorisée de dons spéciaux de la nature, voulut jouir des bienfaits des zones étrangères ou des produits des peuples éloignés; les relations internationales s'établirent, l'échange s'organisa et la valeur des choses se fixa.

Tous ces progrès ne se sont accomplis que graduellement, avec l'aide des siècles et de la civilisation; et c'est sous l'influence de l'économie politique qu'ils se développent et se répandent chaque jour davantage. Le domaine de l'économie politique est, en effet, très-étendu : il s'exerce sur tout ce qui intéresse la vie, le bien-être et l'avenir des sociétés et, par voie de déduction, des individus.

C'est par elle que nous savons le rôle et la valeur de la monnaie dans l'usage de la vie, ce qu'est un budget, quels en sont les éléments; c'est elle qui enseigne la puissance du crédit et les prodiges de l'épargne. C'est de son étude que découlent l'élévation des esprits et la connaissance des grandes vérités qui dirigent les hommes et rapprochent les races.

C'est elle qui a construit nos lignes de chemins de fer et amélioré nos terres; c'est à elle que l'industrie est redevable de sa prospérité et de ses merveilles; c'est elle qui détermine les lois de l'échange et développe avec le bien-être matériel des masses les sentiments moraux de l'âme humaine. L'homme placé au milieu des transformations réalisées par le travail dont les lois écono

miques fixent la durée, la direction ou la forme, a pu, avec l'aide de cette science, élever ses pensées aux plus hautes conceptions de l'art.

C'est l'économie politique qui a affranchi l'homme jadis servile et lui a appris que le travail est non-seulement un droit, mais un devoir; qu'il est la source de l'honneur et de la richesse, et que son essence est la liberté. Grâce à elle, les famines qui attristaient nos pères sont devenues, pour ainsi dire, impossibles : les approvisionnements se font avec régularité, les lois de l'échange sont connues et s'observent naturellement.

Ses rapports avec les sciences humaines sont constants: elle en forme une vaste chaîne dont les anneaux sont indissolublement reliés entre eux. Le droit et la morale ont avec elle une relation intime; la législation a besoin d'elle pour ne pas faire fausse route sur les nombreuses questions qui intéressent le travail et la richesse; l'histoire lui prête son expérience, et la géographie, avec ses problèmes chaque jour plus absolus et plus rigoureux, la dirige avec une certitude croissante dans la solution des questions pratiques. Elle est le meilleur auxiliaire de la religion; elle prêche le travail, l'épargne et la fraternité humaine au nom même de l'intérêt bien entendu.

Toutefois son action directe comme science ne s'applique qu'à des valeurs réelles et échangeables, et son rôle bien tracé est d'enseigner comment se forment les richesses, sous quel aspect elles circulent et se distribuent, se consomment ou s'échan

gent. Ainsi (pour fournir un exemple matériel de cette définition), le cultivateur qui, sa récolte faite, la vend sur les marchés, puis, avec le produit de cette vente, paye ses impôts, fournit à son entretien et agrandit sa propriété, parcourt, sans qu'il s'en doute, les diverses phases qui composent l'ensemble de l'économie politique.

La propriété. la propriété.

terres.

[blocks in formation]

- Les lois de Lycurgue. Le meunier de Sans-Souci. La propriété en Orient.

rique.

Les forêts et les plaines de l'AméLe communisme et le socialisme. Le Code civil.

De même que l'Économie politique est la science des richesses, de même la propriété est la véritable base de l'économie politique. En effet, la science économique ayant pour principe constitutif l'étude des richesses échangeables, ne peut s'exercer que sur des valeurs acquises avec effort, de nature à être mises dans la circulation, et, par conséquent, appropriées, c'est-à-dire appartenant à quelqu'un à l'exclusion de tout le monde. Ainsi l'air, la lumière, l'eau, la chaleur du soleil dont Dieu a gratifié l'humanité, sont assurément des richesses; mais, quoique réparties inégalement sur la terre, selon les situations géographiques, elles sont naturelles, communes à tous les hommes et ne peuvent être l'objet d'un échange. L'économie politique n'est certainement pas indifférente à ces sortes de biens, mais elle ne peut scientifiquement s'y intéresser. Il n'en est pas de même d'un pré, d'une pièce de toile, d'un cheval ou d'une somme d'argent. Ces derniers objets possèdent véritablement le caractère de valeurs faciles à échanger, et chacun d'eux appar

tient en propre à un individu qui l'a acquis par le travail ou par l'épargne. Le pré, défriché avec peine, est, sans doute, le patrimoine d'un laboureur qui l'a ensemencé et amélioré; la pièce de toile est le résultat du labeur d'un artisan habile; le cheval a exigé de l'éleveur des soins assidus et constants, et la somme d'argent est le fruit d'un travail opiniâtre et d'économies péniblement accumulées. Les propriétaires de ces biens en peuvent donc faire l'usage qu'ils jugent convenable parce qu'ils en ont la possession à l'exclusion de tout autre. C'est de ces sortes de biens que s'occupe la science économique.

L'origine de la propriété a, de tout temps, été l'objet de nombreuses et ardentes polémiques, et l'ignorance des lois sociales a parfois converti en théories absurdes ou dangereuses un des principes les plus inhérents à notre nature. C'est une erreur de croire que le droit de propriété a été créé par la loi, et que tout ce que nous avons nous appartient, uniquement parce que la loi nous a donné des droits dessus. Le droit de propriété n'est point dû à la loi ; il existe de toute éternité : la loi ne fait que le reconnaître et le sanctionner. Quelle est donc la source de la propriété? Le travail. Dieu, en créant l'homme, lui a donné des besoins; mais, en même temps, il a mis à sa portée les moyens de les satisfaire. Il lui a livré la terre avec sa puissance productrice et les éléments de richesse qu'elle renferme, mais inculte et désordonnée, laissant à son initiative, à son énergie, le

[ocr errors]
« PreviousContinue »