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tout ainsi que se le seul fllz unicque dun chacun deulx eust esté mort, ilz perseveroient en leur doleance ledit espace.

DE LA LAUDATION OU VITUPERATION DES ROYS DEGYPTE, APRES LA MORT,

ET COMMENT AUCUNE FOYS

ILZ DEMOUROIENT SANS SEPULTURE.

Et quant tout lappareil estoit mis sus, lors le soixante et treizeiesme jour, le corpz posé en une sumptueuse arche estoit mis a lentrée de son sepulchre Royal. Illec selon leur coustume estoient recitez en brief les gestes du feu Roy, et estoit donnée faculté a ung chascun dy pouoir contredire ou de laccuser daucune faulte. Les prestres estoient là entour qui louoient et exaulsoient les bienfaictz du Roy, le peuple immemorable (1) estant present a lenuiron applaudissoit aux vrayes louenges, et à ce quil luy sembloit non veritable, mais de par flaterie, il contredisoit par grant bruyt et tumulte. Dont il aduenoit aucunefoys que les Royz et princes par linportunité du peuple contrariant, estoient priuez et frustrez de leur honneur de sepulture et magnificence acoustumee. Et ceste crainte contraignit les Royz dEgipte a viure justement, doubtans apres leur mort lire (2) future du peuple et la hayne sempiternelle. Aussi ceulx qui auoient bien vescu, estoient honnorez de sepulcres de celle estimation que les Laberinthes inextricables et les pyramides de merueilleux labeur et haultesse qui sont ediffices de despense increable en font foy jusques a present, car ilz ont estez nombrez entre les plus grandes merueilles dhumain artiffice.

(1) Qui ne mérite pas d'être rappelé à la mémoire? (Ou bien innumérable?)

(2) Ira, la colère.

DE LA MODE DE SEPULTURER LES PATRIARCHES DU VIEL TESTAMENT.

Des Egiptiens furent voisins et pour aucun temps cohabitateurs les enfans dIsrael. Desquelz les princes et patriarches tres sainctz hommes et tres prudens ne mespriserent point la derniere honorificence des mortelz, aincois furent soigneux et soucieulx dicelle, comme il appert par le bon pere Abraham. Lequel apres quil eut pleuré le trespas de Sarra, et a icelle exibé (1) le seruice de funerailles, il en grant diligence et sollicitude achecta pour luy et pour les siens en la terre de Annam, la possession du champ dEffron et Heus ouquel estoit une grande caue ou spelumque double et y enseuelit sa femme Sarra (2). Et depuis y furent mis Ysaac et Rebecca sa femme, et Lya lune des femmes de Jacob. Et quant le bon pere Jacob sentit aprocher la fin de ses jours, il appella son filz Joseph et luy pria par la foy filialle quil luy debuoit que son corps ne fust point sepuely en Egipte, mais fust transporté auecques ses ancestres en la cité de Ebron. Laquelle chose fut acomplye, car quant Jacob le bon patriarche lan cent XLVIme de son aaige eust rendu lesperit, son fils Joseph en plourant et lamentant commanda a ses seruiteurs medecins que le corpz fust embausmé de choses aromaticques, ce qui fut fait durant lespace de quarante jours, car telle estoit la maniere dadoncques. Si le plaignit toute la terre dEgipte par lespace de soixante et dix jours. Et quant le temps de

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(2) Genèse, 23. Ephron, des Héthéens d'Hébron, propriétaire du champ acheté par Abraham dans la terre de Chanaan.

dueil fut expiré, Joseph supplia au Roy Pharaon que pour acquicter son debuoir et serment luy fust loisible daller sepulturer son pere en la terre de Chanaan. Laquelle requeste il obtint (1).

(1) Les dernières lignes ont été barrées sur le manuscrit. Viennent alors douze pages blanches. Est-ce un brouillon? Est-ce une copie inachevée ? Duverdier, art. Lemaire dit : « Recueil des pompes funebres des anciens, non imprimé, veu escrit en main en la librairie du seigneur de Mont-Justin à Lyon. »

LES CHANSONS DE NAMUR

POUR LA VICTOIRE EUE CONTRE LES FRANCOIS

A SAINT HUBERT DARDENNE

COMPOSÉES PAR JEHAN LEMAIRE DES BELGES

INDICIAIRE ET HISTORIOGRAPHE DE LA TRESILLUSTRE MAISON DAUTRICHE CASTILLE BOURGOIGNE ET DE NAMUR, ETC.

A LHONNEUR DU PAYS ET DE TRESHAULTE ET TRESCLERE

PRINCESSE

Madame Marguerite dAustriche et de Bourgoigne

duchesse douagiere de Savoie, contesse de Villars, dame de Bresse etc. regente et gouvernante des pays de pardeca, pour le roy son père Cesar Auguste, tuteur et manbourg de monseigneur larchiduc Charles, prince des Espaignes, etc., duc de Bourgoigne, de Brabant, etc. comte de Flandres, etc. palatin de Haynau, etc.

1

Taisez vous or, trompettes et clarons,
Jadis forgez pour reueiller la guerre,
Tenez vous coys, tant que seigneurs barons
Et chevaliers aux dorez esperons
Vous feront bruire, affin de los acquerre.

Soit or ouy, tant par mer que par terre

Le doulx recort des faictz de bergerie
Tendans au bruit de grant haubergerie. (1)

2

Reposez vous, fiffres et gros tabours
Tous instrumentz de belliqueux effroy
Haulx menestriers en villes et en bourgz,
Ne soufflez plus, le vent est à rebours,
Habandonnez et fenestre et beffroy,
Trop meilleur fait ouyr, comme je croy,
Les flaioletz de simple concordance
Que les accordz de trop confuse danse.

3

Or, sonnez doncq, musettes, chalemies,

Des francz bergiers que Dieu gard dencombrier,
Puis que ores sont les trompes endormies,
Donnez soulas à voz gentes amies

Car de noblesse estes le recouvrier.

Mars le tirant des grandz hutins (2) ouvrier

A espoanté les moutons et les parcz,
Mais le dieu Pan a ses fiers loupz espars. (3)

4

Le bon dieu Pan le dieu de pastouraige

A estonné le grand dieu des batailles;

Il a rompu sa vantise et sa raige,

Il a brisé son arrogant couraige
Et recouvré les peaux de ses bestailles,

Il a souspris en ses bosquetz et tailles
Le grant gentdarme acoustré de plumars, (4)
L'orgueil françois qui se dit ung droit mars.

(1) Halsberga, cotte de mailles.

(2) Hustin, querelle.

(3) Cf. Temple d'Honneur.

(4) Plusmart, plumet (Ducange).

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