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les corps qui n'ont point d'organes? Les corps organisés ont des vaisseaux une taille une naissance constante, et qui ne varie point dans la même espéce. Mais cette admirable organisation n'est point du tout l'ouvrage de la matrice, où le germe détaché de l'ovaire vient se rendre. La matrice conserve ce germe : elle le nourrit: elle y développe un corps déja tout formé par la main du Créateur, soit qu'il l'ait créé en petit dès le commencement; soit qu'il s'assujettisse à former l'arrangement et les correspondances de ces vaisseaux innombrables dans chaque nouvelle génération. La matrice peut donc sans former le germe être nécessaire à son accroissement, et mettre un certain tems hors d'insulte l'extrême délicatesse de l'embryon. Mais nulle comparaison entre ces précautions si sages, et la formation d'une masse d'or ou de marbre. Les parcelles de ces masses sont faites dès le commencement Mais la masse peut s'amincir ou s'épaissir selon les mouvemens qui en désunissent ou en rapprochent les parcelles éparses. Ces corps se forment par petits grains, par pelottes plus épaisses, par grands lits, tantôt unis, tantôt rom us et mélangés. Qui peut méconnoitre dans ces assemblages fortuits, l'ouvrage de l'eau qui en a voituré et entassé les matières selon les cavités, les niveaux, et les mentes qu'elle a rencontrées? Elle les a assemblés par

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LES PRINCIPES DES ALCHYM.

MOGONIE.

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LA Cos- veines, lorsqu'elle a pu rouler librement dans une certaine étendue. Mais les masses qu'elle a unies sont rompues ou mélangées selon la confusion que le feu l'air, les secousses des terres, et les courans d'eaux dissolvantes y ont apportée. Ce que j'avance ici se trouve confirmé par la régularité des figures que prennent sous terre les petits courans de inatières métalliques ou pierreuses, selon la diversité des moules qui les recoivent. On trouve très-communément des morceaux de bois qui, après avoir été pourris, se sont pénétrés d'une matière cristalline, jusqu'à devenir pierre, ou caillou, ou vraie agate, sans perdre l'ordre primitif des fibres du bois. Le suc cristallin chasse ou absorbe la substance des vers qui avoient foré ces morceaux de bois pourris. Il en occupe entièrement la place. Mais les vestiges sensibles de ces vers dans toute l'épaisseur du bois, prouvent que ce bois étoit altéré, et que c'est la pourriture ou l'évaporation d'un grand nombre de parties solides qui a facilité l'accès et l'insinuation du suc pierreux. J'ai un morceau d'échalas pétrifié et trouvé dans un vignoble. J'ai un g'and de chêne parfaitement converti en pierre. Rien n'est si commun que de trouver sous terre des masses de sucs pierreux, qui ont exactement rempli le test, ou d'uu hérisson de mer, ou d'un nautile nommé corne d'Ammon, et qui conserve exactement la

DES

CIPES
ALCHYM.

figure du moule, quoique ce test qui étoit LES PRINfort mince, soit détruit, ou en tout ou en. partie: en sorte que les amas plus ou moins grands de ces sucs pierreux, ou de parcelles métalliques, peuvent être l'ouvrage des agents que Dieu a préparés pour répandre l'usage de ces matières en plus de lieux. Mais les menues parcelles qui composent les amas, sont des élémens connus de Dieu seul, et préparés pour notre service dès le commencement. Ils sont indestruc-. tibles, afin que le monde se conserve toujours le même. Que s'il ne nous est possible de les détruire, ni par les eaux dissolvantes, ni par l'action du feu ; il n'y a donc, à plus forte raison, aucune action capable de les produire. Ainsi tous les métaux sont faits: et vouloir faire un grain d'or, c'est vouloir faire un élément : c'est entreprendre de faire le monde.

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Cette question mérite d'être approfondie, diront les philosophes. Mais il est tems de quitter l'ancre de votre alchymiste. Ce n'est pas avec des élémens tels que le soufre le sel, et le mercure que nous prétendons travailler à la structure du monde. Laissez là tous ces vieux soufleurs livrés aux folles espérances qu'ils fondent sur des germinations imaginaires, et sur les métamorphoses de leur esprit universel. Faut-il réfuter ces gens-là d'une façon sérieuse! ce ne sont que des charlatans qui promettent aux autres des ri

MOGONIE.

LA Cos- chesses et des siécles de vie, tandis qu'ils périssent de misère, et qu'on n'en voit aucun qui, au moins pour l'honneur de la profession, s'avise de faire usage sur lui-même du restaurant ou élixir universel qu'il offre aux autres avec emphase: ou s'ils cherchent de bonne foi, ce sont au plus des artisans grossiers qui n'ont que là main, et qui ne sont point faits pour penser, puisqu'on n'a jamais pu justifier ce qu'ils promettent, ni rien comprendre à ce qu'ils disent. Laissez-les débiter, et peut-être croire, que leurs adeptes, dont ils ne sauroient nous montrer un seul parmi nous, se sont retirés dans la Tariarie ou dans l'Inde, et qu'ils en sont à présent, l'un au troisième, l'autre au cinquième siécle de leur vie. Vous voyez qu'il ne faut attendre de ces genslà que des charlataneries, ou des visions, Venez à nous nous ne voulons vous proposer que des idées claires. Nous vous avertirons même de ne nous croire, qu'autant que nos principes vous paroitront sensés et évidens. Il est vrai qu'entre nous la diversité des sentimens est grande. Mais ce partage même est flateur pour vous. Il donne lieu à un examen intéressant. Vous devenez juge de nos querelles, et c'est la lumière seule qui vous déterminera à un parti plûtôt qu'à l'autre.

I I I.

Les principes des compositions connues.

DES

LES PRIN CIPES COMPOSIT CONNUES.

Dans cette multitude de philosophes qui nous invitent à faire une étude un peu suivie de leurs systêmes, tant sur l'origine que sur la structure des cieux et de la terre; il est juste de démêler les plus célébres, et tout particulièrement Démocrite, Epicure, Lucréce, Aristote, les Scolastiques, Gassendi, et Descartes. Je leur remarque à tous un air méditatif, et profondément recueilli. Tous ont recherché la solitude et le silence. On ne peut, semble-t-il d'abord, que bien augurer de ce qui proviendra d'un examen sérieux, et d'une longue habitude de raisonner. Mais il me vient un soupçon ou un motif de défiance, naturellement fondé sur leur caractère sombre et sur l'usage constant où ils sont de méditer plûtôt que de voir. Démocrite s'étoit retiré dans les tombeaux d'Abdère et souhaitoit d'être la méthode aveugle pour penser plus librement

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ou

Défaut de

des Philo

pour arranger sans distraction le monde sophes.
qu'il avoit dans sa tête. Epicure ne con-
noissoit que ses jardins: l'étude des par-
ticularités de la nature, et le travail des
recherches expérimentales auroit blessé
son indolence. Les Platoniciens, les Pé-
ripatéticiens les Scolastiques ont tou-
jours méprisé les connoissances de détail:

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