Une conséquence assez curieuse de l'introduction des machines rotatives dans le monde typographique, c'est la diminution du prix de vente des journaux quotidiens!

L'outil a quadruplé de valeur, et le prix de vente du produit a baissé de moitié. Bizarre, n'est-ce pas? Quoi qu'il en soit, l'énorme production des machines rotatives, les bons résultats qu'elles ont donnés comme impression, les ont fait adopter par les journaux du

monde entier. Il convient d'ajouter que la maison Marinoni a contribué pour la plus large part à la grande extension de ces machines, par suite des nombreux perfectionnements pratiques qu'elle y a apportés.

Elle vient encore, dans ces derniers temps, de mettre au jour une nouvelle machine rotative spéciale pour l'impression des brochures et journaux avec illustrations, livrant par heure 12,000 exemplaires d'une publication illustrée dont la page mesure 38 centimètres de haut sur 28 centimètres de large.

Dans cette publication, le nombre de pages est variable; il est au maximum de 32 pages, avec une couverture de 4 pages en papier de couleur, imprimée des deux côtés. Les 8 feuilles de

4 pages et la couverture rassemblées sont reliées par deux coutures au fil de fer. C'est dans ces conditions, c'est-à-dire imprimé, coupé, broché, cousu et plié, que chaque exemplaire sort de la machine.

... Les deux groupes de cylindres qui servent à l'impression de la publication elle-même, peuvent fonctionner séparément et permettent ainsi d'obtenir, au lieu de 12,000 exemplaires de 32 pages, 24,000 exemplaires de 16 pages en une heure.

... Le génie inventif des constructeurs ne connaît du reste plus de bornes. La Rotophana, inventée par M. Hellmann, imprime le papier continu sur formes plates. Elle tient le milieu entre les machines plates et les rotatives.

Une machine du même genre

peut-être est-ce la même se construit dans les ateliers de M. Hamm, à Heidelberg.

Et M. Motteroz, l'éminent praticien français, décrit comme suit une rotative américaine, dont la construction repose sur un principe entièrement nouveau :

>> La rotative << Goss », de Chicago, dit-il, fait un travail beaucoup plus compliqué que celui de ses concurrentes de l'ancien monde, et elle l'exécute dans des conditions particulièrement avantageuses.

En son genre, la « Goss » est un chef-d'œuvre, et le but est atteint par des moyens tellement élémentaires, qu'on se demande comment des dispositions aussi parfaites dans leur simplicité ne sont pas venues à l'imagination des premiers

constructeurs.

» Cette machine s'appelle Straightline (la ligne droite).

» Dans la Straightline, les appareils d'encrage et les cylindres sont placés côte à côte sur une ligne horizontale. La feuille accomplit donc son trajet sans aucun système de cordons tant qu'elle n'est pas coupée, ce qui se produit à l'entrée de la plieuse.

Chaque ligne, chaque étage plutôt, est indépendant des autres, fonctionne avec ou sans eux, et peut imprimer deux ou quatre pages.

>> Chacune de ces séries de cylindres est commandée par un engrenage qu'on enlève ou qu'on met en une minute de cette manière, ne fonctionne que le nombre d'étages voulu.

» Si le journal a seulement quatre pages, on supprime les engrenages de commande des trois étages supérieurs et on n'utilise que les cylindres du rez-de-chaussée.

>> On obtient huit pages avec l'emploi de deux étages, douze avec trois étages, seize avec la machine entière.

» Les feuillets de deux pages reçoivent dans la machine et sur le petit blanc, une bande de gomme qui les solidarise avec la dernière feuille. Les unes et les autres arrivent à se superposer exactement à leur entrée dans une plieuse à la sortie de la presse.

» Quant à la rapidité, à peine le dernier cliché vissé, on n'a qu'à faire tomber dans son peigne le seul toucheur qui ne pouvait être encore en place et, immédiatement, la machine livre les fascicules, très bien imprimés et pliés, à raison de 25,000 par heure. >>

Pendant que se créaient les machines doubles, à gros cylindres ou à soulèvement, les machines à réaction et les machines rotatives, des perfectionnements étaient apportés aux machines simples ou en blanc.

Plusieurs mécaniciens allemands, notamment Koenig et Bauer, la Machinenfabrik d'Augsbourg, Klein, Forst et Bohn, de Giesenheim,

résolurent le

problème de l'impression simultanée à deux couleurs, au moyen de deux compositions passant alternativement sous le même cylindre, qui fait

une double ré