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commencement de cette lettre dom Robert raconte qu'un père de son ordre vient de lui faire le récit « de tout ce qui s'est passé dans cette célèbre transfusion du sang, qui se fit dernièrement à Paris,» récit qui rappela à plusieurs personnes que cette découverte s'était faite au milieu d'elles lorsque dom Robert «enseignait la philosophie à la jeunesse de Metz, dans la maison d'Arnould, en 1650; mais, dit dom Robert, j'ai entièrement abandonné cette opération, qui est tombée en de meilleures mains que les miennes. » Cette lettre est adressée à Clerselier et contient une réponse aux objections que le P. Poisson avait proposées contre l'explication de Descartes.

21. Lettre de Clerselier au P. Poisson sur l'eucharistie. C'est une réponse aux deux lettres du P. Poisson que nous avons indiquées précédemment, réponse dans laquelle Clerselier déclare s'appuyer sur dom Desgabets, dont il lui transmet les éclaircissements.

22. Mémoire sur le prétendu jansénisme. Ce morceau n'est point de dom Robert.

23. Extrait du dernier ouvrage de M. Claude contre le livre de la perpétuité de la foi, de M. Arnaud.

24. Considération sur la défense de la réformation com- ́ posée par M. Claude.

25. Traité de l'incarnation du Verbe, par dom Robert.

26. Discours sur l'état de pure nature, selon les sentiments de saint Augustin.

27. Pensées sur la controverse touchant la justification. 28. Réfutation de la réponse de M. Claude au livre de la perpétuité de la foi.

29. Traité de la religion chrétienne, selon les pensées

de M. Pascal, par dom Rob. Desgabets. Selon l'auteur, Pascal devait surtout employer des preuves morales qui allaient plus au cœur qu'à l'esprit. Dom Robert entreprend d'arriver au mème but par une autre voie, et de démontrer par la raison et par la philosophie la vérité de la religion chrétienne.

30. Explication de la grace selon les principes de M. Descartes. Cette explication, dit une note, est du trèsrévérend P. dom Hennezon, abbé de Saint-Mihiel. La même note nous apprend que ce traité contient les mêmes sentiments que ceux de M. Habert, sur la manière dont la grâce agit et détermine, c'est-à-dire moralement, quoique efficacement.

31. Onze prescriptions sur la conception de la Vierge, écrit attribué à M. de Launoy.

ROBERVAL PHILOSOPHE.

On sait que Lahire avait fait présent à l'Académie des sciences des papiers que lui avait légués Roberval, et parmi lesquels se trouvaient les lettres de Descartes à Mersenne. Celles-ci ont disparu; mais tous les autres papiers sont encore aux archives de l'Académie. Je les ai examinés avec attention, et cet examen m'a démontré que, indépendamment des écrits mathématiques de l'illustre géomètre, dont je n'entends pas me mêler, ils ne contiennent rien de précieux, excepté un morceau inédit et inachevé qui nous représente Roberval occupé d'études philosophiques, et y transportant ce besoin de définitions sévères, d'idées nettes et bien déterminées, ce goût de clarté et de précision que déjà l'immortel auteur du Discours de la Méthode et celui de l'Art de persuader avaient emprunté aux mathématiques. Et, chose étrange! l'adversaire obstiné et injuste de Descartes en est ici le disciple, au moins dans les propositions essentielles de ce curieux fragment.

Avant de le mettre sous les yeux du lecteur, disons un mot de quelques autres pièces au milieu desquelles nous l'avons rencontré.

I. Il y a d'abord deux lettres qui se rapportent à la

querelle assez envenimée de Roberval et de Descartes sur divers points de mathématiques. Baillet et Montucla exposent tout au long cette querelle, où la vanité et l'artifice de Roberval échouent contre la droiture et la superbe de Descartes. Une lettre de Jacqueline Pascal, adressée à sa sœur, Mme Périer, nous raconte une visite de Descartes à Pascal, à laquelle assistait Roberval, et où, dit Jacqueline, Roberval et Descartes « se chantèrent goguette un peu plus fort que jeu 1. » Sorbière (Sorberiana, p. 212) et Baillet nous apprennent que Roberval était d'une politesse très-médiocre et d'une humeur bizarre. Cette humeur et cette impolitesse éclatent sans contrainte dans ces deux lettres confidentielles et inédites, adressées à un ami qu'il tutoie, et où il relève les prétendues erreurs de Descartes sur un ton qui rappelle un peu trop celui des savants du XVIe siècle. L'une est intitulée : Défauts de quelques règles du sieur Descartes, et que sa distinction des racines en réelles et imaginaires est impertinente et ridicule. Commencement : « Cher ami, puisque tu m'as assuré que le sujet de ma précédente ne t'avoit pas été (dés) agréable, que tu ne te pouvois imaginer aucune chose qui pût excuser les erreurs du sieur Descartes que j'y ai remarquées, et que tu ne serois pas marri que je te fisse voir l'impertinence de sa distinction des racines en réelles et imaginaires, il ne sera pas hors de propos, etc. » Fin: « On ne les peut pas nommer avec raison ni réelles ni imaginaires, puisqu'elles ne peuvent être l'objet ni de

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Jacqueline Pascal, p. 93; Des Pensées de Pascal, 2o édition, p. 418. Baillet, Vie de Descartes, 2 partic, p. 330, parle aussi de cette entrevue, d'après une lettre de Descartes à Mersenne, du 4 avril 1648.

notre entendement ni de notre imagination. » 8 pages infolio. Seconde lettre : Erreurs du sieur Descartes touchant le nombre des racines en chaque équation. Commencement : « Cher ami, veux-tu que je te fasse voir un échantillon des faussetés et des erreurs que je t'ai dit avoir remarquées en la géométrie de ce nouveau méthodique qui se vante, etc. » Fin: « Si cet entretien t'est agréable, je te puis assurer qu'il ne finira de longtemps, et que j'ai une ample matière à contribuer à ces passe temps. Adieu; je suis, cher ami, etc. » 10 pages in-folio.

II. Malgré cette promesse, il n'y a pas d'autre lettre de Roberval, du moins aux archives de l'Institut, qui soit adressée à ce correspondant anonyme, fictif ou réel. Il est à remarquer que Roberval se joint aux adversaires de Descartes pour le traiter de méthodique, c'est-à-dire de sceptique, méconnaissant ainsi et travestissant le caractère fondamental de la philosophie cartésienne'. Cette expression, le méthodique, se retrouve dans une autre pièce de 4 pages in-folio, intitulée : Qu'il est faux que les équations qui ne montent que jusqu'au quarré (mot effacé ou peu lisible) soient toutes comprises en celles dont le méthodique s'est servi en la résolution prétendue du lieu ad quatuor lineas. Commencement : « Monsieur, encore que vous soyez ami de M. Descartes, je crois que vous le serez assez de la vérité pour confesser que ce qu'il a dit de la composition des lieux solides est imparfait et défectueux, puisque vous avouez que celui dont vous désirez une solution ne la peut recevoir que par le moyen des équations dont il fait men

Voyez plus haut, p. 123.

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