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LIX.

CHANSON.

Out fe fuit ici-bas, le plaifir & la peine;'
Le Printemps, les Hivers, tout garde cette loi.
Amour en exempta Climene,

L'ingrate n'a jamais que des rigueurs pour moi.

LX.

AUTRE.

nos langueurs & notre plainte Faifoient perdre à la jeune Aminte

Ou quelque charme, ou quelque Amant,"
On pourroit fléchir la cruelle;

Mais lors que je la vois rire de mon tourment,
Je ne l'en trouve que plus belle.

2

Tome I.

LXI. Epi

Oi

LXI.

Epigramme contre Furetiere, 1686.

Toi qui crois tout favoir, merveilleux Furetiere,

Qui décides toûjours & fur toute matiere,
Quand de tes chicanes outré,

Guilleragues t'eût rencontré,

Et frappant fur ton dos comme fur une enclume
Eût à coups de bâton secoüé ton manteau,
Le bâton, dis-le nous, étoit-ce bois de grume
Ou bien du bois de Marmanteau ?

LXII.

A Leurs Alteffes Séréniffimes Mademoiselle de BOURBON, & Monfeigneur le Prince de CONTI. 1688.

HY

Ymenée & l'Amour vont conclure un Traité;
Qui les doit rendre amis pendant longues années.

BOURBON, jeune Divinité,

CONTI, jeune Héros, joignent leurs destinées.
CONDE' l'avoit, dit-on, en mourant fouhaité,
Ce Guerrier qui tranfmet à fon Fils en partage
Son efprit, fon grand cœur, avec un héritage
Dont la grandeur non plus n'eft pas à méprifer,
Contem-

Contemple avec plaifir de la Voute Ethérée,
Que ce nœud s'accomplit, que le Prince l'agrée,
Que LOUIS aux CONDE' ne peut rien refufer.
Hymenée eft vêtu de fes plus beaux atours,
Tout rit autour de lui, tout éclate de joie.
Il defcend de l'Olympe environné d'Amours,
Dont CONTI doit être la proie.
Venus à BOURBON les envoïe.
Ils avoient l'air moins attraïant
Le jour qu'elle fortit de l'onde,
Et rendit furpris notre monde,
De voir un peuple fi brillant.

Le Chœur des Muses se prépare,
On attend de leurs Nourriffons
Ce qu'un talent exquis & rare
Fait eftimer dans nos chanfons.
Apollon y joindra fes fons,
Lui-même il apporte fa Lyre.
Déja l'Amante de Zéphire,
Et la Déeffe du Matin,

Des dons que le Printemps étale
Commencent à parer la fale

Où fe doit faire le feftin.

Ovous! pour qui les Dieux ont des foins fi preffans,
BOURBON aux charmes tout-puiffans,
Ainfi qu'à l'ame toute belle,
CONTI, par qui font effacez

Les Héros des fiécles paffez,

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Confervez l'un pour l'autre une ardeur mutuelle.
Vous poffédez tous deux ce qui plaît plus d'un jour,
Les graces & l'efprit, feuls foûtiens de l'Amour,
Dans la carriere aux époux affignée,

Prince & Princeffe, on trouve deux chemins;
L'un de tiédeur, commun chez les humains,
La paffion à l'autre fut donnée.

N'en fortez point, c'est un état bien doux,,
Mais peu durable en notre ame inquiéte,
L'amour s'éteint par le bien qu'il souhaite,
L'amant alors fe comporte en époux.
Ne fauroit-on établir le contraire,

Et renverfer cette maudite loi ?

Prince & Princeffe, entreprenez l'affaire,
Nul n'ofera prendre exemple fur moi.
De ce confeil faites expérience,
Soyez amans fideles & conftans,

S'il faut changer, donnez-vous patience,
Et ne foyez époux qu'à foixante ans.
Vous ne changerez point, écoutez Calliope;
Elle a pour votre hymen dreffé cet horoscope.

Pratiquer tous les agrémens

Qui des époux font des amans,'
Employer fa grace ordinaire,
C'est ce que CONTI faura faire.
Rendre CONTI le plus heureux
Qui foit dans l'Empire Amoureux,
Trouver cent moïens de lui plaire,

C'eff

C'est ce que BOURBON faura faire.

Apollon m'apprit l'autre jour,
Qu'il naîtroit d'eux un jeune Amour
Plus beau que l'Enfant de Cythère,
En un mot femblable à fon Pere.
Former cet Enfant fur les traits
Des modèles les plus parfaits,
C'eft ce que BOURBON faura faire;
Mais de nous priver d'un tel bien,
C'est à quoi BoURBON n'entend rien.

LXIII.

Vers à la maniére de Neuf Germain, fur la prife de Philisbourg. 1688.

A chez le Turc & le Sophi,

VA

Mufe, & dis de Tyr à Cadis,
Que malgré la Ligue d'Ausbourg,
MONSEIGNEUR a pris Philisbourg,

Tu pourras jurer par ma fy,

C'est le digne héritier des Lis.

Comment diable, il prend comme un Bourg
L'inexpugnable Philisbourg!

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