Père, époux malheureux, famille déplorable, Et qu'ils n'imitent point les crimes de leurs pères (1) ! Combat de Rodrigue contre les Maures. CETTE obscure clarté qui tombe des étoiles Enfin avec le flux nous fait voir trente voiles. L'onde s'enflait dessous, et, d'un commun effort, Les Maures et la mer entrèrent dans le port. On les laisse passer; tout leur paraît tranquille; Point de soldats au port, point aux murs de la ville. Notre profond silence abusant leurs esprits, Ils n'osent plus douter de nous avoir surpris : Ils abordent sans peur; ils ancrent, ils descendent, Et courent se livrer aux mains qui les attendent. Nous nous levons alors, et tous en même temps Poussons jusques au ciel mille cris éclatans; Les nôtres au signal de nos vaisseaux répondent ; Ils paraissent armés ; les Maures se confondent; L'épouvante les prend à demi descendus; Avant que de combattre, ils s'estiment perdus. Ils couraient au pillage, et rencontrent la guerre. Nous les pressons sur l'eau, nous les pressons sur terre; Et nous faisons courir des ruisseaux de leur sang, Avant qu'aucun résiste ou reprenne son rang. Mais bientôt, malgré nous, leurs Princes les rallient; Leur courage renaît, et leurs terreurs s'oublient; La honte de mourir sans avoir combattu Arrête leur désordre, et leur rend leur vertu. (1) Voyez les Leçons Latines anciennes et modernes, ́t. I et II, Narrations ou Tableaux. Contre nous de pied ferme ils tirent leurs épées; J'allais de tous côtés encourager les nôtres, CORNEILLE. Le Cid, acte IV, scène III. (1) Voyez les Récits ou Descriptions de combat, prose et vers; et dans les Leçons Latines anciennes et modernes. Dernier Combat de Mithridate contre les Romains. IL vit (1), chargé de gloire, accablé de douleurs; De sa mort en ces lieux la nouvelle semée Ne vous (2) a pas vous seule et sans cause alarmée. Les Romains, qui partout l'appuyaient par des cris, Ont par ce bruit fatal glacé tous les esprits. Le Roi, trompé lui-même, en a versé des larmes; Et, désormais certain du malheur de ses armes, Par un rebelle fils de toutes parts pressé, Sans espoir de secours, tout près d'être forcé, En voyant, pour surcroît de douleur et de haine, Parmi ses étendards porter l'aigle romaine, Il n'a plus aspiré qu'à s'ouvrir des chemins Pour éviter l'affront de tomber dans leurs mains. D'abord il a tenté les atteintes mortelles Des poisons que lui-même a crus les plus fidèles; Il les a trouvés tous sans force et sans vertu. Vain secours, a-t-il dit, que j'ai trop combattu! Contre tous les poisons soigneux de me défendre, J'ai perdu tout le fruit que j'en pouvais attendre: Essayons maintenant des secours plus certains, Et cherchons un trépas plus funeste aux Romains. Il parle; et, défiant leurs nombreuses cohortes, Du palais, à ces mots, il fait ouvrir les portes. A l'aspect de ce front, dont la noble fureur Tant de fois dans leurs rangs répandit la terreur, Vous les eussiez vus tous, retournant en arrière, Laisser entre eux et nous une noble carrière, Et déjà quelques uns couraient épouvantés Jusque dans les vaisseaux qui les ont apportés. Mais le dirai-je, ô Ciel! rassurés par Pharnace, Et la honte en leurs cœurs réveillant leur audace, (1) Xipharès. (a) Monime Ils reprennent courage, ils attaquent le Roi, Qui pourrait exprimer par quels faits incroyables, Les Romains pour le joindre ont suspendu leurs coups, Je songe bien plutôt à me percer moi-même, RACINE. Mithridate, acțe V, scène IV. Combat de Turenne et d'Aumale. PARIS, le Roi, l'armée, et l'enfer et les cieux, Sur ce combat illustre avaient fixé les yeux. 2.-28. 3 Bientôt les deux guerriers entrent dans la carrière. « O Dieu! cria Turenne, arbitre de mon Roi, Mais la trompette sonne. Ils s'élancent tous deux ; Ils commencent enfin ce combat dangereux. Tout ce qu'ont pu jamais la valeur et l'adresse, L'ardeur, la fermeté, la force, la souplesse, Parut des deux côtés en ce choc éclatant. Cent coups étaient portés et parés à l'instant. Tantôt avec fureur l'un d'eux se précipite; L'autre, d'un pas léger, se détourne et l'évite : Tantôt, plus rapprochés, ils semblent se saisir; Leur péril renaissant donne un affreux plaisir; On se plaît à les voir s'observer et se craindre, Avancer, s'arrêter, se mesurer, s'atteindre : Le fer étincelant, avec art détourné, Par de feints mouvemens trompe l'œil étonné. |