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720 HISTOIRE
duit ici litéralement felon l'hébreu,
fouffre de grandes difficultés pour
la
premiére partie, à caufe de ces deux
noms, Apaino & Zabi, inconnus dans
la géographie ancienne. On fait que
je n'entre point dans ces fortes de dif-
ficultés. Porphyre, qui ne doit pas
nous être fulpect, a cru que ce verfet
regardoit l'expédition d'Antiochus au
dela de l'Euphrate, & fa mort arrivée
dans ce voiage. C'eft le fentiment de
prefque tous les Interprétes, & cela
doit nous fuffire.

Le Prophéte marque donc qu'Antiochus campera près de la montagne de Zabi, (la même fans doute que Polyb. in Ex- Taba*, où Polybe dit qu'il mourut;) cerpt. Vales. & que là il trouvera fa fin & périra abandonné de Dieu & fans fecours. On

pag. 145.

a vûj comment il étoit mort au milieu des plus vives douleurs, & touché d'un repentir inutile, qui ne fervit qu'à augmenter les tourmens.

Théodoret, faint Jérome, & plufieurs Interprétes entendent de l'Antechrift dans un fecond fens tout ce que le Prophéte Daniel dit d'Antiochus Epiphane. Il eft certain que ce

* Taba étoit dans la Per-la Parétacéne, selon Quinf, felon Polybe; & dans | te-Curce.

Prince

DES SUCCESS. D'ALEXAND. 72x Prince également impie & cruel, est une des figures les plus fenfibles & les plus expreffives de cet ennemi de Jefus-Chrift & de fa fainte religion.

ON NE PEUT POINT, en lifant cette prophétie, n'être point extraordinairement frapé de la jufteffe & de l'exactitude avec laquelle le Prophéte peint les principaux caractéres d'un Roi, qui a eu un fi grand raport avec l'hiftoire du peuple de Dieu; & l'on voit bien que c'eft pour cette raifon que le Saint Efprit, omettant ou ne faifant que parcourir légèrement les actions d'autres Princes beaucoup plus éclatantes, s'arréte fi lontems fur celles d'Antiochus Epiphane.

Avec quelle certitude Daniel prédit-il une foule d'événemens fi éloignés, & qui dépendoient de tant de circonftances arbitraires! Combien l'Efprit qui lui découvroit l'avenir, le lui montroit-il comme préfent, & par une lumière auffi infaillible, que s'il l'avoit vû des yeux corporels ! La divinité des Ecritures, &, par une fuite néceffaire, la certitude de la religion chrétienne, ne deviennent - elles pas, par de telles preuves, comme fenfibles & palpables?

Tome VIII.

Hh

722 HISTOIRE

Jamais prophétie n'a eu un accompliffement fi clair, si parfait, si incontestable que celle-ci. Porphyre*, l'ennemi déclaré du christianisme, auffi bien que des faintes Ecritures tant de l'ancien que du nouveau Te. ftament, se trouvant infiniment embarraflé par la conformité des faits prédíts par Daniel avec ce qu'en difoient les meilleures hiftoires, ne fongea point à la nier, car ç'auroit été heurter le bon fens, & nier le soleil en plein midi. Il prit un autre tour pour faper l'autorité des Ecritures. Il travailla lui même, en citant tous les Hiftoriens qu'on avoit pour lors, & qui depuis fe font perdus, à faire voir avec beaucoup d'étendue que tout ce qui eft écrit dans l'onziéme chapitre de Daniel, étoit arrivé précisément comme Daniel le dit; & il concluoit de cette parfaite uniformité, que tout ce détail fi jufte de tant d'événemens ne pouvoit pas avoir été écrit par Daniel tant d'années avant qu'ils fuffent arrivés; & qu'il faloit abfolument que ce fût l'ouvrage de quelqu'un qui avoit vécu depuis Antiochus Epipha

*Porphyre étoit un favant | écrit un gros volume contre payen, né à Tyr l'an de Je- la religion chrétienne. Sus-Chrift 233. qui avoit

DES SUCCESS. D'ALEXAND. 728 ne, & emprunté le nom de Daniel. Dans ce procès entre les chrétiens & les payens, le chriftianifme gagnoit fa caufe fans réplique & fans appel, s'il venoit à bout de démontrer par de bonnes preuves que les prophéties de Daniel étoient véritablement de lui, Or c'est ce que les chrétiens prouvoient d'une maniére incontestable en citant un peuple entier de témoins, je veux dire les Juifs; dont le témoignage ne pouvoit être fufpect ni récufé, puifqu'ils étoient ennemis du chriftianisme encore plus violemment déclarés que les payens mêmes. Le fouverain refpect qu'ils avoient pour les Ecritures, dont la Providence les avoit conftitué gardiens & dépofitaires, étoit porté filoin, qu'ils auroient regardé comme un crime & comme un facrilége d'y tranfpofer un feul mot, ou d'y changer quelque lettre : com-. bien plus de fuppofer quelques Livres? Voila les témoins qui atteftoient la réalité des Prophéties de Daniel. Viton jamais des preuves fi convaincantes, & une cause fi victorieuse? Tefti- P. 92-5 monia tua credibilia facta funt nimis.

Fin du buitiéme Tome.

TABLE

DU HUITIEME VOLUME.
(UITIE

HISTOIRE ANCIENNE

DES GRECS.

LIVRE DIX - SEPTIEME.
SUITE

DE L'HISTOIRE
DES SUCCESSEURS

D'ALEXANDRE.

§. I. PTOLEME'E PHILOPATOR régne
en Egypte. Court régne de SELEUCUS
CERAUNUS. Son frere ANTIOCHUS,
furnommé LE GRAND, lui fuccéde.
Fidélité d'Achéus à fon égard. Her-
mias fon premier Miniftre écarte d'a-
bord Epigéne le plus habile des Géné
raux, puis le fait mourir. Antiochus
foumet les rebelles dans l'Orient. Il fe

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