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assurée: on y récolte du froment, de l'orge, du maïs, etc. En quittant les gradins de la basse montagne, on descend dans le vignoble ou montagne intermédiaire, ligne longue et étroite qui rattache Saint-Amour au canton de Salins, sépare la montagne de la plaine et comprend le voisinage de Dôle, depuis cette ville jusqu'à la limite de la Haute-Saône. Dans cette région heureuse se trouvent les bonnes terres arables, les vergers et les jardins fertiles, les vignobles renommés. La quatrième zone ou région de la plaine, exclusivement consacrée à l'agriculture et très-abondante en céréales, commence au pied des dernières collines du vignoble, s'étend à l'ouest du département et va jusqu'aux limites de Saône-et-Loire ou de la Côte-d'Or.

Les quatre arrondissements du Jura répondent à peu près aux quatre divisions climatériques que nous venons d'indiquer l'arrondissement de Dôle forme la plaine, dont la ville principale, ou plutôt la ville unique, est Dôle, située dans une position pittoresque réunissant autour d'elle des eaux, des forêts, des prairies, des champs à perte de vue. Assise sur la croupe et le penchant d'une colline au bas de laquelle passent le Doubs et le canal du Rhône au Rhin, cette ville est jolie, bien bâtie, assez bien percée, ornée de fontaines publiques on y remarque l'église paroissiale, monument qui date de la renaissance; la vieille tour de Vergy; le portail de la chapelle de la nouvelle maison d'arrêt, travail d'une grande pureté et d'une noble simplicité de style; l'ancien collége des Jésuites, ou collége de l'Arc; le palais de justice, le musée, l'hôtelDieu, l'hôpital général, la salle de spectacle, le pont sur le Doubs, etc.; dans les environs se trouve la belle et vaste forêt de Chaux, qui n'a pas moins de 20,000 hectares de superficie, et sur les bords de cette forêt, la verrerie de la Vieille-Loye. Après Dôle, les localités les plus importantes de l'arrondissement de ce nom sont Rochefort, sur la rive droite du Doubs, au pied de rochers imposants et pittoresques; - Orchamps, où l'on voit une manufacture de porcelaine à l'épreuve du feu; - Moissey, qui possède des carrières de marbre et de pierres meulières; Gendrey, ancienne prévôté de laquelle dépendaient plusieurs villages; - Montmirey, qui fut aussi une ancienne prévôté; Chaussin, sur la petite rivière d'Orain, bourgade de l'époque romaine; Montsous-Vaudrey, village agréable, aux maisons pittoresques et proprement bâties; Chemin, Chaumergy, Montbarrey, etc.; Chaumergy, chef-lieu d'un canton qui se fait remarquer par ses nappes d'eau, ses forêts et ses belles prairies. L'arrondissement de Poligny, comprenant en grande partie la région du vignoble, est le plus varié et l'un des plus riches du Jura; il est tout à la fois agricole, industriel et forestier, car on y trouve des céréales, des légumineuses, des vins, des usines, des bois, des chalets, des pâturages, etc.; des villages populeux et des villes nombreuses Poligny, à l'entrée d'une vallée fertile formée par deux hautes montagnes dont les rampes sont presque partout couvertes de vignes, et dont le pied jette des sources assez abondantes d'eaux vives et claires;— Arbois, sur la Cuisance, riche et fier de ses coteaux qui donnent des vins si justement renommés, et de ses charmantes campagnes qui offrent de tous côtés des sites gracieux ou pittoresques; - Mesnay et Montigny,

grandes et belles communes entrecoupées de vignes, de prairies et de champs; Vadans, dont Gilbert Cousin disait il y a trois siècles : « Personne ne croira combien les villes d'Arbois et de Vadans sont riches en fruits et combien leur territoire est fertile; › Salins, caché au fond d'une gorge étroite et tortueuse, entre deux montagnes; ville autrefois mal bâtie et désagréable à l'œil, mais qui, depuis son mémorable incendie de 1825, s'est relevée sur un plan plus correct; Champagnole, situé dans une charmante position, au pied du Montrevel; une des plus riches et populeuses bourgades du Jura, où le voyageur ne manque pas d'aller admirer les belles forges de madame Muller; Syam, remarquable par ses usines métallurgiques et par sa pittoresque situation au millieu d'un vallon où toutes les eaux du nord de la montagne se donnent rendez-vous; - Nozeroy, jolie petite ville située sur une éminence, au pied de laquelle passe la rivière d'Ain; - Villers-Farlay, Port-Lesney, Chamblay, Cramans, communes agricoles qui respirent l'aisance et la vie; - les Foncines, grandes et populeuses communes, riches par leur industrie et leurs pâturages. Il y a dans cet arrondissement de Poligny beaucoup d'autres localités que l'on pourrait citer en raison de leur importance.

L'arrondissement de Lons-le-Saulnier, pays irrégulier et montueux, correspondant en partie à la région de la basse montagne, est le plus étendu et le plus populeux du département; il produit en abondance tout ce que peuvent réclamer les besoins les plus ordinaires de la vie domestique. On y distingue : Lons-le-Saulnier, ville régulièrement bâtie, aux rues larges, aux places spacieuses, au sol fertile, située très-agréablement et environnée de coteaux chargés de vignes; elle possède une belle salle de spectacle, un musée de tableaux et d'antiques, une bibliothèque publique riche de quatre mille volumes, plusieurs fontaines jaillissantes et un puits remarquable appelé puits des Salines, de vingt mètres de profondeur sur cinq de largeur, lequel est toujours également plein, bien qu'on y puise sans cesse; - Montmorot, superbe village renommé par ses salines, où l'attention reste longtemps fixée sur les bâtiments de graduation, trois immenses hangars de plus de douze cents pieds de façade chacun, remplis de fagots d'épines amoncelées avec art, à travers lesquelles l'eau salée filtre goutte à goutte pour ainsi dire, et se dépouille, par cette filtration, de toutes ses parties hétérogènes; - l'Étoile, réputé pour la qualité de ses vins blancs, qui se rapprochent du champagne mousseux; - ChâteauChalon et Voiteur : le premier, vieux bourg généralement mal bâti et formé de rues étroites, mais riche de ses productions naturelles et admirablement situé sur une montagne d'où la vue embrasse une vaste et magnifique étendue de pays; le second, bourg coquet, propre, animé, qui se groupe dans le riant vallon de la Seille, au pied de la montagne de Château-Chalon; - Domblans, commune heureuse où le sol donne à l'homme tout ce qu'il peut désirer; Arlay et Bletterans, terres privilégiées que la Seille fertilise, et qui abondent en céréales, en légumineuses, en fruits, en vins; - Scellières, sur la route de Dôle à Lons-le-Saulnier, petite ville active et commerçante; - Conliége, fier de ses vignes que de hautes montagnes abritent presque de tous côtés ; — Beaufort

et Cousance, où la nature a réuni ses richesses agricoles; Clairvaux, vieille bourgade romaine renommée pour son industrie, aujourd'hui chef-lieu du canton qui porte son nom; Orgelet, ville industrieuse, au pied d'une montagne où l'on respire un air salubre et vivifiant; - Saint-Amour, ville commerçante et assez étendue, assise dans un des sites les plus pittoresques des montagnes du Jura; Saint-Julien, charmante contrée agricole, où les céréales, le maïs et les légumineuses croissent facilement; - Arinthod, vieux bourg aux rues mal tracées, étroites et tortueuses, mais situé dans un vallou fertile.

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Quant à l'arrondissement de Saint-Claude, il n'est pas exclusivement formé de la partie supérieure du Jura, appelée haute montagne : le canton de Moirans ainsi que la partie inférieure de celui de Saint-Laurent, appartient naturellement à la basse montagne; mais il comprend intégralement l'ancienne terre de l'abbaye de Saint-Claude.... Cette région (l'arrondissement de SaintClaude) est excessivement variée et accidentée on y trouve des montagnes hautes et ardues, des vallons profonds, des pentes roides au pied des escarpements les plus dangereux, des plateaux couverts de hêtres et de sapins, de riches pâturages, des torrents creusant de tous côtés leur lit rocailleux.... Dans ce pays, tout est curieux pour l'étranger qui le parcourt: il tombe d'extase en extase, au milieu des sites variés et pittoresques qui subitement s'offrent à sa vue. Tout y ést, faut-il dire, en contradiction: pauvreté, richesse, industrie, nature horrible, précipices, beautés champêtres, coteaux, vallons, montagnes à pic'. C'est dans cette région du Jura que le pays ressemble plus particulièrement à l'Écosse, contrée où la nature s'est fait un jeu de réunir tant de contrastes. L'arrondissement de Saint-Claude, le moins étendu des quatre, est pauvre en culture; mais il supplée, par le fruit des troupeaux et les travaux manuels, à l'insuffisance des récoltes. Les principales localités qui le composent, sont: Moirans, ancienne bourgade gallo-romaine, située dans une gorge étroite, entre deux montagnes fort élevées; petite ville aux rues larges et propres, mais à l'aspect triste à cause de sa position au milieu des rochers stériles qui l'enveloppent et ont l'air de l'ensevelir; les Bouchoux et Viry, où l'on trouve, pendant la belle saison, un séjour champêtre des plus agréables; -Septmoncel, centre d'une contrée où se fabrique l'excellent fromage de ce nom, et où l'on travaille avec habileté de temps immémorial les pierres fines et factices; les Molunes, renommées, comme Septmoncel, par l'habileté des ouvriers à y polir et ciseler les pierres de couleur; Saint-Claude, perdu au fond d'une vallée profonde que circonscrivent, d'un côté, des montagnes couvertes de forêts, de l'autre des cimes arides; ville bien bâtie, bien percée, décorée de plusieurs édifices remarquables, entourée de charmantes promenades, et célèbre surtout par ses fabriques, où l'ou tourne les bois, le buis, l'ivoire, la corne et l'écaille avec une adresse et une perfection qui en font rechercher les produits dans tous les pays de l'Europe; -Longchaumois,

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Le docteur PyOT, Statistique du Jura, pages 216-218.

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commune formée de la réunion de trente hameaux; les Rousses, contrée aride, pauvre et triste, remarquables seulement par leur position orographique près de la frontière suisse, sur un des plateaux les plus élevés du Jura; Morez, joli bourg aux habitations élégantes, à la physionomie animée et prospère, et qui peut être regardé, par son industrieuse activité, comme la principale artère du commerce des montagnes voisines; -Saint-Laurent, riche et grand bourg où se croisent les routes de Paris à Genève, et du Bugey à Besançon; le Grand-Vaux, agrégation de hameaux nombreux et d'habitations isolées, où la servitude féodale qui pesa si longtemps sur les paysans de cette contrée a fait établir un régime patriarcal dont on ne trouverait d'exemples nulle part ailleurs : là, dans les vastes granges de la vallée du Grand-Vaux, père, mère, enfants, petits-enfants, cousins et petits-cousins, tous demeurent ensemble; le chef de la famille, qu'une vie simple et frugale conduit le plus souvent à une extrême vieillesse, y est l'objet de soins affectueux et d'un respect profond. Quand il s'alite pour mourir, c'est entouré de toute sa postérité qu'il ferme les yeux.

Un très-grand nombre de rivières prennent naissance dans les montagnes du Jura; les principales d'entre elles sont la Valserine, la Bienne, l'Ayme, l'Ain, le Drouvenant, la Valouze, le Suran, la Seille, la Brenne, la Glantine, la Cuisance, la Furieuse. D'autres rivières, telles que le Doubs, la Saône et l'Ognon, ne font que traverser le département, où elles mettent en mouvement des usines de toute espèce. Vingt-cinq lacs, tous situés dans la partie des montagnes, y montrent leurs eaux bleuâtres; les plus remarquables sont : le lac des Rousses, ceux de Bellefontaine et de Viry, ceux des Rouges-Truites et du Grand-Vaux, ceux de Chambly et de Châlain. Les sommités les plus élevées du Jura sont : la Dole, à 1,732 mètres au-dessus du niveau de la mer; le Reculet, à 1,717 mètres; le Mont-Tendre, à 1,690; le Colombier, à 1,675; le Prémanon, à 1,385; les Rousses, à 1,140; etc.

Le sol du département est riche en mines de fer; on y trouve aussi quelques traces de mines d'or, de cuivre et de plomb. Il produit des céréales de toute espèce et possède d'excellents pâturages; il compte 17,040 hectares de vignes, 140,960 hectares de forêts. Ce département renferme plusieurs sources d'eaux salées celles de Montmorot et de Salins sont les plus renommées, et il existe à Jouhe, près de Dôle, une fontaine d'eau minérale saline assez abondante.

Les curiosités naturelles se rencontrent en grande quantité dans le Jura ; on visite particulièrement : les magnifiques grottes de Loisia, qui se composent de plusieurs salles très-vastes, et dont les voûtes et les parois sont couvertes de stalactites et de pétrifications affectant les formes les plus bizarres; les immenses grottes de Revigny, où l'on trouve des terres naturellement salpétrées; la grotte de Balerne, celles de Jouhe et de Marengeat, remarquables aussi par leurs stalactites aux figures étranges; le sauvage site de Baume-lesMessieurs, avec sa vallée étroite et profonde qui ressemble à un précipice, ses rochers âpres et perpendiculaires qui ont l'air d'une menace suspendue sur la tête, ses deux sources bouillonnantes qui naissent dans des antres, roulent en

écumant sur des lits de pierres et se réunissent pour former la rivière de Seille; la source du Drouvenant, torrent qui descend avec fracas le long des rochers de la Franée pour aller s'engloutir dans l'Ain; les trois belles cascades du vallon des Foncines, qui vont se perdre dans la Langouette, canal profond dont les parois parallèles sont coupées perpendiculairement, comme deux murailles naturelles; les sources de l'Ain, qui se précipitent avec impétuosité dans un vaste amphithéâtre de rochers; la cascade du pont de Poitte, une des magnifiques nappes d'eau que l'on puisse voir; la cascade de Syrod, la plus belle chute du Jura; la fontaine intermittente de Syam, dont les eaux croissent et décroissent de sept en sept minutes; les quatre sources intermittentes de la fontaine de Noire-Combe, qui coulent quelquefois pendant un quart d'heure, pour s'interrompre ensuite; le puits Blanc et le puits Noir, près des ruines de la ville d'Antre, deux trous naturels de vingt à trente pieds de diamètre à leur ouverture et d'une profondeur inconnue, par lesquels l'eau sort en torrents lors des grandes pluies. Il faut citer encore le Saut Gérard et la chute du Valde-Ménétrux, dans les environs de Clairvaux; la curieuse source d'eau et d'air, près d'Orgelet; les cascades de Flumen, de Tresergey et de l'Abîme, aux alentours de Saint-Claude. Le département du Jura renferme beaucoup d'autres curiosités dont la liste serait trop longue à dresser; terminons-la en mentionnant la rangée de morceaux de rocs isolés que l'on aperçoit auprès du village de Syrod et qui ressemblent, vus de loin, soit à des statues colossales, soit à des aiguilles élancées; les fortifications à la Vauban que l'on remarque sur un rocher à peu de distance du village des Petites-Chiettes, où la nature s'est plu à représenter des bastions, des flancs, des faces, des courtines, même des rangs de batteries superposées, le tout figuré de manière à faire croire à un travail de main d'homme; enfin, la gorge de la Tour-du-Meix ou coupe romaine, fissure énorme pratiquée entre deux montagnes hautes de cinquante mètres, coupées net et d'aplomb, et dont les parois lisses s'élèvent avec une hardiesse qui frappe l'imagination.

LE DÉPARTEMENT DU DOUBS.

Si la nature du sol permet de partager en quatre zones le département du Jura, et en deux celui de la Haute-Saône, elle en fait reconnaître trois bien distinctes dans le département du Doubs, formé de l'ancien comté de Montbéliard et d'une partie de la Franche-Comté. Son territoire, divisé actuellement en quatre arrondissements qui renferment 639 communes, avec une population de 276,500 habitants environ et une surface de 525,025 hectares (215 lieues carrées), se compose de hautes montagnes et de coteaux couronnés de forêts, de vallées intermédiaires et de plaines, de landes, de rochers, de marais : superficie inégale qui répond aux trois régions que l'on désigne communément par les noms de haute montagne, de moyenne montagne, de pays bas ou

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