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Réflexions sur les défauts d'autrui, Paris, 1690, 1691, 1693, 2 vol. Sentiments critiques sur les Caractères de La Bruyère, Paris,

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in-12; 1701, in-12; Vérités satiriques, en cinquante dialogues, Paris, 1725, in-12; Sur ma vieillesse, stances, 1727, in-12; — Poèmes et autres Poésies de ***, Paris, 1712, 1728, in-12; Euvres en vers, 1717, in-12. Ouvrages attribués: Mémoires de la vie du Comte D. avant sa retraite (désavoué; on l'a attrib. à SAINT-EVREMOND), Paris, 1696, 1702, 2 vol. in-12; - Les Moines, Comédie, Berg-op-Zoom, Strélitz, 1709, in-12, s. 1., 1716; Apologie du Celibat chrétien, contre l'ouvrage du chanoine Desforges: Avantages du mariage, Paris, 1762, in-12; Poésies de M. D*** V***. Nouv. éd. augment. d'un nouveau poème (l'Education des rois) et de quelques autres pièces, Nouv. Réflex. sur les défauts d'autrui, Paris, 1697,

Paris, 1728;

2 vol. in-12.

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A CONSULTER. GOUJET, t. III. MORERI, Dict. Hist.· - BARBIER, Dict. des Anonymes.· - L'APOTRE BIBliographe, Bibl. Clericogalante, Paris, 1879; Journal de Verdun, mars, 1729, p. 160-2; Bibliothèque de la Comp. de Jésus; QUERARD, France Littér. Bibliogr. de la Cie de Jésus, éd. Carlos Sommervogel, III, 1898. LACHÈVRE, Bibl. des Rec. Collect. de poés., III, 564.

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EPITRE XI

A M. RIGAUD, PEINTRE

Rigaud, cherche le Vray, pein toujours la Nature,
Pein l'homme tel qu'il est quand tu fais sa peinture;
De son visage en vain, prompte à saisir les traits,
Ta docte Main fait vivre et parler tes portraits;

En vain, non moins Savant dans l'art des Drapperies,

Des habits qu'à ton choix tu peins et tu varies,

On se trompe à l'étoffe, et l'on croit que Gautier (1)
Te la fournit brillante au sortir du métier;

(1) Fameux Marchand de Soye.

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Si tu ne peins l'esprit, les mœurs, le rang, et l'âge,
Je ne te connois point dans ton plus bel ouvrage :
Je n'y vois qu'un Pinceau des temps toujours vainqueur,
Mais je n'y trouve point ta droiture et ton cœur.

Ennemi du mensonge, abhorrant l'imposture,
Jamais n'a de ton cœur hesité la droiture,
Et pour la verité ton zele impetueux
De ta langue toujours a delié les nœuds.

Inspire à ton pinceau la même hardiesse,
Au mauvais goust du temps oppose ta Sagesse,
Et ne te rend jamais, dans un Portrait flatté,
Complice du mensonge et de la vanité.

Ce n'est point à son Art pour donner plus de lustre,
Pour acquerir un nom plus prompt et plus illustre,
Que de riches habits le Peintre fait le choix,
Et pare de Velours jusqu'aux moindres Bourgeois;
Qu'il change du Marchand le Comptoir, la Boutique,
En table de Porphire, en superbe Portique,
Et que, sur un Carreau de Galon d'Or bordé,

En Robe de Brocart il le tient accoudé.

Le Peintre connoît mieux en quoy son Art consiste,

Il sait que d'une main également artiste

Il feroit un Portrait non moins fort, non moins beau,
Habillant le Bourgeois de simple Drap d'Usseau,
Et peignant au Comptoir, assis auprès d'un Bouge,
Le Marchand en Bonnet, en Camisole rouge.

Tels, avant que l'Orgueil eût confondu les Rangs,
Quand l'Habit annonçoit les états differents,
Distinguoit la Noblesse, et que de la Police
Le Bourgeois plus soumis redoutoit la Justice,

Tels furent les Portraits simples et naturels;
L'Habit en étoit vray, les ornemens réels,

Les airs de tête tels qu'on les crut sans étude :
Le choix du Peintre seul en regloit l'attitude,
Et l'on ne croyoit pas qu'il dût, sans ses couleurs,
Rendre l'homme autrement qu'on ne le trouve ailleurs.

C'est ainsi que Vandick, sans parure étrangere,
A, d'un pinceau fidele et d'une main legere,
Fait, en habit de Bure, aux Cabinets des Rois
Entrer le Bourgue-Mestre et le simple Bourgeois,
Et qu'on voit de Rembrand, mise en place éclatante,
A côté des Heros la rustique servante.

D'où vient donc qu'aujourd'hui, nés un siecle plus tard,
Nos Rembrans, nos Vandicks, savans Maîtres de l'Art,
Quittant la verité, manquant aux vray-semblances,
De leurs meilleurs portraits gâtent les ressemblances ?
D'où vient qu'au bon François qui se livre à leur main,
Ils donnent un habit Grec, Persan, ou Romain,
Et que, toujours flattez, leurs traits les plus fideles
S'écartent si souvent des airs de leurs modeles?

C'est que, plus complaisans, ou plus âpres au gain,
Connoissant aujourd'huy comme tout homme est vain,
Ils ont crû qu'il vouloit qu'aux traits de son visage
De sa vanité folle on ajoutât l'image.

En ont-ils pû douter? Entre ces noms écrits

De qui pour leur portrait chez toy les jours sont pris,
En est-il, cher Rigaud, qui, par un Emissaire,
Ne t'ait pas mendié quelque trait moins sincere,
Et qui pour son argent n'ait pas crû recevoir
La bonne mine et l'air tels qu'il veut les avoir ?
En as-tu vu quelqu'un qui, lors même qu'il semble
Demander à ta main un Portrait qui ressemble,

Ne pardonne en secret à ton Art indulgent
De quelques traits flatteurs le mensonge obligeant?
O! qu'on en verroit peu se choisir pour les peindre
Un Peintre qui ne sût ni deguiser ni feindre!
Toujours l'homme se flatte et veut être flatté,
Mais des femmes, sur tout, la folle vanité

S'attend qu'en leurs portraits, par le Peintre embellies,
Toutes jusqu'à la laide y paroîtront jolies,

Et voudroit que l'on pût, leur forgeant des appas,
Leur faire ressembler des traits qu'elles n'ont pas.
C'est ainsi qu'esperant de tes égards pour elles
Que, nouveau Créateur, tu les ferois plus belles,
On en a veu se plaindre et te vouloir du mal
D'avoir peint leur Portrait tel que l'Original.

Je sais bien, (c'est, Rigaud, en quoy ta main excelle)
Qu'en peignant la nature il faut la peindre belle,
Mais cet Art n'est permis, à l'égard des Portraits,
Que pour en exprimer plus savamment les traits,
Et du Peintre en ce genre exact, docte, et fidele,
L'Original qu'il peint est l'unique modele.

Choisi, peignant l'Histoire, un modele achevé,
Tel qu'en tant de morceaux le temps l'a conservé.
Pein l'air de tes Heros sur les nobles figures
Qu'offrent aux yeux savants les antiques gravures;
Ou du moins, embellis, par des traits gratieux,
Le modele imparfait où s'attachent tes yeux.
C'est où doit ton adresse en ce genre paroître,
Et malheur au Pinceau qui me fait reconnoître
Dans les traits des Heros dont il peint les hauts fais,
Qu'il les a copiés d'après des Portefaix.

Dans ces Plafonds (1) qu'ont peints, à l'envi l'un de l'autre,
Ces deux Peintres fameux dans leur siècle et le nôtre,

(1) Maison de M. Lambert de Thorigny, à la pointe de l'Isle.

Le Sueur, d'un côté, sur le sacré Vallon,
Déguisant son modele a peint son Apollon;
Et de l'autre, Le Brun, change l'air ridicule
Du grossier porteur d'eau dont il fait son Hercule,
Déguise le Recors, sur lequel modelé,

Du superbe Plafond tombe un Mercure aîlé.

Ces Dieux qu'on voit sortir de la Voûte Celeste
N'ont plus de leur modele aucun trait qui leur reste;
Tout est grand, tout est noble, et l'on croiroit aux yeux
Que les Dieux qu'on y voit sont peints d'après des Dieux.

Mais l'art qui te permet d'embellir tes figures
N'appartient qu'à l'histoire, et si, dans tes Peintures,
Je ne vois tel qu'il est le pesant Porteur d'eau,
Une Sangle à son cou portant son double Seau;
Si le Bourgeois n'est peint comme un Bourgeois doit l'être;
Si le grave Officier a l'air d'un petit Maître,
Plus ton tableau me plaît, plus j'en ay de regret :
J'admire ta Peinture et je ris du Portrait.

Ne di point qu'à ton Art ces changemens burlesques
Furent toujours permis, comme traits pictoresques,
Et que ce sont d'ailleurs des secours importants
Pour rendre les Portraits du goût de tous les temps.

Répon-moy. Quelle mode inconstante et bizare
Rend par ses changemens un habit plus barbare
Que ce bizare habit, par le Peintre inventé,
Qu'aucun de ceux qu'il peint en nul temps n'a porté?
Quelle femme à la Cour s'habille à la Persane?
Quelle femme à Paris est vêtue en Diane?
Et quand avons-nous veu sur l'habit d'Alidor
Badiner les replis d'un Manteau de drap d'or?
Qui veut courir le bal peut-être ainsi se masque !
Et tu crois, les fixant à cet habit fantasque,

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