Sçait-il ce qu'il luy doit arriver à luy-mesme? Que le sort d'un mortel soit à l'astre enchaîné; Que ces noms fabuleux que l'on donne aux planettes Versent, quand nous naissons, des amorces secrettes Qui font également l'honneste homme et le fat, L'homme de bonnes mœurs et l'homme scelerat, Qu'enfin leur ascendant est toûjours invincible! Astrologue, tu crois ta science infaillible? Les astres t'ont parlé, t'ont appris leur secret? Cet autre extravagant, avec son appareil Luy qui d'eau ne pourroit créer la moindre goutte? Dis-moy, peux-tu plus loin ta puissance porter, N'as-tu pas trouvé tout ce qui satisfait l'homme? En luy parant le corps d'une robe de mort. Pour divertir ce fou, d'autres fous tu fabriques, Et chacun, comme on dit, est fou de sa marote. Daphis, hier, Ariston de ces vers me fit part, « Ouy, sans déguisement je veux bien te le dire, Mais je t'y trouve peint au naturel toy-mesme : Quand, serieusement, on entretient des fous, PIERRE DU CAMP D'ORGAS L'achevé d'imprimer de la première édition des Reflexions solitaires sur la vie et les erreurs des hommes est daté du 26 mars 1689. Dans le privilège de cette édition, reproduit sans autre changement que celui du titre (Satires ou Reflexions sur les erreurs des hommes, et les Nouvellistes du temps), et dans la seconde, de 1690, l'auteur est désigné sous les initiales de P. D. S. D., c'est-à-dire : Pierre Du Camp, Sieur d'Orgas. L'édition de 1689 contient sept satires; la suivante en contient neuf, dont les Nouvellistes et la Depravation du Siecle. Voici les arguments de ces Satires, lesquelles portent le titre de Reflexions: I. Sur la fureur des hommes à se détruire les uns les autres, et sur les desordres que la vanité a introduits dans le monde; II. Les plus grands hommes sont sujets à se tromper, et l'esprit est cause des maux les plus dangereux; - III. Sur l'avarice des hommes, et sur les effets differens que l'argent produit dans l'esprit et dans les mœurs; - IV. Après avoir dépeint les égaremens de la jeunesse et les incommodités de la vieillesse, on fait voir que les hommes les plus sages dépendent des événemens comme les plus foibles esprits; · V. Sur la maniere de se rendre illustre par ses ouvrages; - VI. Sur le malheur de ceux qui plaident; VII. L'homme n'est jamais heureux en quelque état qu'il puisse être; - VIII. Les Nouvellistes; – IX. Sur la difference de ce siecle d'avec les siecles passez et sur les desordres que le poison commençoit à faire. L'Epître dédicatoire des deux éditions, adressée à Monseigneur Boucherat, Chancelier de France, est signée D. D. L'Avertissement de 1690 contient ce passage au sujet de l'avant-dernière Reflexion: « ...Pour Messieurs les Nouvellistes, ils ne doivent pas se gendarmer contre moy, le zele et la curiosité sont deux choses trop loüables dans une guerre de la nature de celle-ci pour y trouver à redire; et pour n'être ni l'un ni l'autre, il faudroit n'être pas François, mais ennemi de la Justice, de la Religion et de la Patrie; ainsi il n'y a qu'à se reformer un peu pour devenir Nouvelliste tres-raisonnable; et si je puis gagner cela sur l'esprit de beaucoup de gens, je croirai n'avoir pas fait peu de chose. » On ne sait rien de Pierre Du Camp d'Orgas, sinon ce qu'il dit de a retraite, dans la Reflexion V: Que son Parnasse était un endroit saimable, nommé Poy, près de Tartas, dans les landes de Bordeaux L'Abbé Goujet, qui ne sut compléter les initiales P. D. S. D., écrit que l'ouvrage, versifié assez lâchement, est plein de choses utiles et très sensées. On ne peut mieux dire. BIBLIOGRAPHIE. · Réflexions solitaires sur la vie et sur les erreurs Satires, ou Réflexions sur les erreurs Réflexion des hommes, Paris, 1689; des hommes et les nouvellistes du temps, Paris, 1690; sur le malheur de ceux qui plaisent, satire (extrait de l'ouvr. précé dent), Brest, 1814. A CONSULTER. GOUJET, XVIIÍ, 279 (P. D. S. D.). LE-DUC, Bibliothèque Poétique, 594. REFLEXION VIII LES NOUVELLISTES D'un astre couroucé quelle étrange puissance Tous les momens du jour, dans cette grande ville, Qu'on diroit que Paris est dans l'enchantement : Qui pour notre malheur croît encore avec l'âge. |