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DE L'AGRICULTURE ET DES ARTS DE LILLE.

MÉMOIRE

SUR LES

ARCHIVES DU CHAPITRE DE SAINT-PIERRE DE LILLE. Par M. LE GLAY, Membre résidant.

Séance du 4 juillet 1856.

Une église, une forteresse, un beffroi, voilà le triple élément de presque toutes nos villes flamandes. Quelques moines, humbles fils de saint Augustin ou de saint Benoit, s'établissent sur un terrain inculte qui leur est délaissé par un puissant seigneur; ils remuent le sol, la partie labourable, ils la défrichent; celle qui est rebelle à la culture, ils en extraient des pierres de taille et y bâtissent une église. Mais bientôt l'église et les moines sont en butte aux attaques extérieures. Alors on invoque l'assistance, ou du comte Bauduin ou du comte Robert; et bientôt de larges fossés et de hautes murailles protégent l'édifice sacré, autour duquel vient s'abriter une multitude confiante. Les périls du dehors n'épouvantent plus; mais voici venir les dangers de l'anarchie intestine. De là le besoin d'un magistrat municipal; de là l'hôtel-de-ville avec l'échevinage; de là enfin la cité proprement dite.

C'est ainsi qu'à Douai le cloître de Saint-Amé, à Dunkerque la chapelle de Saint-Eloi, à Lille le cloître de Saint-Pierre, furent pour chacune de ces grandes villes ce qu'avait été pour Rome la chaumière bâtie sur le mont Palatin par la royale pauvreté d'Évandre.

Et remarquons que ces trois éléments de l'organisation urbaine se reproduiront toujours dans la constitution locale. Toujours trois personnes en tête de cette grande famille qu'on nomme la société ; l'homme de l'église, l'homme des camps, l'homme du labourage et du négoce.

Nulle part d'ailleurs cette origine n'est plus manifeste qu'à Lille. C'est la collégiale de Saint-Pierre qui a, pour ainsi dire, posé les pre mières assises de notre vaste et populeuse cité.

Les églises capitulaires n'étaient pas, comme les asiles purement

monastiques, concentrées entré leurs quatre murs. Elles avaient liberté de s'épanouir au dehors; et du sein de sa maison spéciale, tout chanoine pouvait agir dans un rayon plus ou moins développé.

Je n'ai pas du reste à parler ici explicitement ni de l'église SaintPierre, ni de la ville de Lille, qui, issues de la même origine, restèrent, durant plusieurs siècles, unies par des liens si étroits.

Ma tâche est plus simple. Je ne veux et ne dois qu'exhiber les titres et documents émanés de cet illustre chapitre, qui, pour n'être pas le plus ancien de la contrée, n'en fut pas moins très-longtemps le plus puissant et le plus riche.

Déja, au siècle dernier et avant la suppression de la collégiale, on avait dressé l'inventaire de ses archives. Ce travail, qui forme deux volumes in-folio, est précédé d'un avertissement, où l'on explique le mode de rédaction qu'on y a suivi. La mention suivante se lit à la fin dudit préambule Huic operi annus 1742 initium dedit, eidemque summam manum anno 1755 imposuit subsignatus F. Le Bon secret.

L'œuvre du secrétaire Le Bon est exécutée avec un certain soin ; mais l'ordre qu'on y a suivi ne ressemble en rien à celui que nous nous sommes tracé, et qui d'ailleurs nous était imposé par les instructions ministérielles. Les titres y sont divisés selon l'ordre des lieux et des juridictions; de sorte que ce répertoire ne peut être, pour le présent travail, que d'une utilité secondaire. On y mentionne d'ailleurs une grande quantité de titres qui ne se retrouvent plus, comme j'aurai occasion de le faire remarquer plus d'une fois.

CARTULAIRES ET REGISTRES.

Avant de signaler les titres isolés (originaux et copies authentiques) qui sont au nombre de trois mille environ, disons quelque chose des cartulaires ou recueils d'actes concernant le chapitre, précieux répertoires, où se rencontrent souvent des titres dont l'expédition primi tive a disparu.

Parmi les cartulaires de la collégiale, il en est un fort important. que ne possède pas notre dépôt, mais qui se trouve à la bibliothèque de Lille, coté EM 79. Il a pour titre Decanus S. Petri; c'est un

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