DE L'AGRICULTURE ET DES ARTS DE LILLE. NOTES STATISTIQUES SUR LA MORTALITÉ DE LA VILLE DE LILLE PENDANT L'ANNÉE 1855, Par M. J. CHRESTIEN, Membre résidant, Séance du 4 juillet 1856. C'est pour la quatrième année que je communique aujourd'hui des notes sur la mortalité à Lille. L'accueil que vous leur avez fait jusqu'ici et la persuasion où je suis que, pour être utiles, ces recherches doivent s'étendre sur un grand nombre d'années et être faites à fur et à mesure, en tenant compte de toutes les circonstances concomitantes, me décident à vous communiquer ces chiffres et ces notes, bien peu attrayants. La base de mon travail résulte d'un tableau mensuel pour chaque arrondissement urbain, indiquant la date, le sexe, l'âge, l'état civil, la profession, la demeure, la cause présumée de la mort du décédé, de plus la mention s'il est né à Lille ou hors de Lille, s'il est décédé à l'hôpital ou à son domicile; enfin, pour les enfants, si leurs parents sont originaires de Lille ou étrangers. Chaque tableau comporte donc huit ou dix renseignements. Celui qui est joint à ces notes n'est que le tableau récapitulatif de soixante-douze tableaux sem blables, puisque j'en ai cinq pour chaque mois. Seulement quelques données de tableaux mensuels n'ont pu être reproduites sur le tableau général quoique mentionnées dans ces notes. Rappelons, en commençant, que d'après le recensement de 1851, la population de notre ville était de 75795 habitants. En 1852 la mortalité fut de 2018, les naissances de 2 4 4 4 aug.de 426 Soit une augmentation d'un peu plus de 40 pour 1000. La population de 1855 doit donc être regardée comme étant de de 76582. Les migrations étant considérées comme égales aux émigrations, ce chiffre adopté, nous trouvons que la mortalité totale de 1855 (2596 non compris 199 morts-nés) : Ces chiffres rapprochés de la cherté des vivres pendant ces deux dernières années ne viennent-ils pas confirmer les données de notre collègue M. Loiset? Le chiffre de la mortalité (2596) dépasse celui des naissances (2582) de 44, ce qui n'était pas arrivé à Lille, depuis 4849, où l'excédant des décès causés par le choléra fut de 916. Le chiffre moyen des décès pour les deux dernières années étant de 2401 décès, celui de 1855 dépasse la moyenne de 195. Le chiffre moyen des naissances, pour ces mêmes années, étant de 2467, celui de 1855 se trouve supérieur de 445. Le chiffre des naissances pour 4855 (2582) est inférieur à celui des naissances de 1854 (2716) de 134, soit pour 1854, 35, 44 naissances par 1000 habitants, ou 1 sur 28,17; soit pour 1855, 33,77 naissances par 1000 habitants, ou 4 sur 29,65. Le chiffre moyen des naissances de 1846 à 1855 inclus, est de 2467. soit 32,69 naissances pour 4000 habitants, ou 4 sur 30,58, la population moyenne de ces dix années étant de 75451. Suivant d'anciens documents, la moyenne des naissances de '766 à 1773, est a peu près la même (2162); mais quelle était la population à cette époque? Lille ne comprenait-il pas alors dans sa circonscription des communes aujourd'hui séparées? Les recherches que nous avons faites jusqu'ici n'ont pu nous permettre de résoudre ces questions. Voici toutefois, d'après les archives municipales, la population de Lille à diverses époques : Ainsi, nous voyons d'abord, en 30 ans environ, cette population augmenter de 40000, puis, à peu près stationnaire pendant le même espace de temps, puis diminuer pendant l'époque calamiteuse de la révolution ; (7000 en 14 ans), et enfin s'accroître constamment depuis le commencement de notre siècle (plus de 19000 en 50 ans). Toujours est-il que si nous supposons la population de 1766 à 1775 en moyenne de 62500, moyen terme entre celui de 1740 et celui de 1789, le chiffre moyen des naissances (2462) nous donne 39.39 naissances pour 4000 habitants, ou 4 naissance sur 25,39 habitants. Le chiffre moyen de la mortalité des dix années de 1846 à 1855, est de 2104 ou 34,84 pour 1000 habitants, ou 4 décès sur 31, 42 habitants; le chiffre moyen de la mortalité, à Lille, de 1766 à 1775, est de 2381, soit 39,68 pour 1000 habitants, ou 4 décès sur 25,19 habi tants. Il y a une certaine analogie dans ces deux périodes que j'ai rapprochées, c'est que dans chacune d'elles se trouve une aanée où Lille fut frappé d'épidémie. En 1772, épidémie inconnue, 457 mariages. 2352 naiss. 3343 décès dont 359 dans les hospices; excédant des décès, 991. En 1849 épidémie de choléra, 670 mariages, 2334 naiss. 3247 décès, excédant des décès 946. C'est dans les mariages que la différence est plus sensible. Ainsi la moyenne de 1766 à 1775 est de 467 mariages. Le nombre des morts-nés est de 199 pour 1855, supérieur de 26 à celui de l'an passé (173), soit 77 pour 1000 naissances en 4855. et 63,69 p. 1000 naissances en 1854. Le chiffre moyen des morts-nés pendant les dix années, de 1846 à 1855, est de 164, soit 66,47 pour 1000 naissances. En 1855, sur 199 morts-nés, 81 sont des enfants naturels, soit 40,70 p. 100. En 1855, sur 166 morts-nés, 31 sont des enfants naturels, soit 07 p. 100. 18, De 1846 à 1855, la moyenne des morts-nés est de 164, de ces enfants naturels est de 48, soit 29,08 pour 100. Les 2596 décès se divisent de la manière suivante : la moyenne Ainsi 909 décès sur 2596 ont lieu dans les hopitaux et hospices, c'est-à-dire 35 pour 100, en 1853 c'était 30,29 pour 100, en 1854 29 pour 400. Remarquons que cette année, l'hôpital militaire a fourni 400 décès en plus et que ces 400 décès sont ceux de militaires étrangers à la garnison, appartenant aux camps de Saint-Omer et de Boulogne ; disons aussi que des 412 décès de l'hôpital Saint-Sauveur, 74 appartenaient à des étrangers à la population de Lille. Après ces déductions, il ne nous reste plus que 735 décès dans les hôpitaux ou hospices, soit 28,35 pour 400. La population des divers arrondissements urbains offre de grandes disproportions; il faut tenir compte de ces variétés quand on veut apprécier les rapports des décès entre les divers arrondissements. Nous avons vu plus haut que la population est augmentée, depuis le recensement de 1851, de 10 habitants pour 1000 ou un peu plus. En comparant la mortalité des divers arrondissements, on obtient le tableau suivant. D'où il résulte que la mortalité la plus forte a lieu dans le troisième arrondissement; elle est de 2,76 pour 100 à domicile, et de 0,69 à T'hôpital. Il faut remarquer que d'après ce tableau la mortalité totale du quatrième arrondissement se trouve être la plus forte, mais cela tient a ce qu'il y figure 452 décès militaires, dont bon nombre n'appartenaient même pas à la garnison, mais provenaient des évacuations des camps de Saint-Omer et Boulogne sur l'hôpital de Lille. C'est le cinquième arrondissement dont la mortalité est la moindre; c'est certainement le moins peuplé, relativement à son étendue, et celui dont les habitations sont les plus salubres. |