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LIVREIV.

Qiu continuant de traiter des loix

politiques on expose les moyens

d'affermir la constitution de

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CHAP. VII. De la Censure... 238

CHAP. VIII. De la Religion civile. 242

CHAP. IX. Conclusion.

.....

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PRINCIPES

***

PRINCIPES

DU DROIT

POLITIQUE.

J

LIVRE PREMIER.

E VEUX chercher si dans l'ordre civil il peut y avoir quelque régle d'administration légitime & fure, en prenant les hommes tels qu'ils font & les loix telles qu'elles peuvent être : Je tâcherai toujours d'allier dans cette recherche, ce que le droit permet avec ce que l'intérêt prescrit, afin que la justice & l'utilité ne se trouvent point divisées.

J'ENTRE en matiére sans prouver l'importance de mon sujet. On me

A

demandera si je suis Prince ou Lêgiflateur pour écrire fur la Politique? Je réponds que non, & que c'est pour cela que j'écris sur la Politique. Si j'étois Prince ou Légiflateur, je ne perdrois pas mon temps à dire ce qu'il faut faire; je le ferois, ou je me tairois.

NÉ CITOYEN d'un Etat libre, & membre du Souverain, quelque foible influence que puisse avoir ma voix dans les affaires publiques, le droit d'y voter fuffit pour m'imposer le devoir de m'en instruire. Heureux toutes les fois que je médite sur les Gouvernements, de trouver toujours dans mes recherches de nouvelles raisons d'aimer celui de mon Pays!

CHAPITRE I.

Sujet de ce Premier Livre.

L

'Homme est né libre, & partout il est dans les fers. Tel se croit le maître des autres, qui ne laisse pas

:

Pêtre plus esclave qu'eux. Comment ce changement s'eft-il fait? Je l'ignore. Qu'est-ce qui peut le rendre légitime? Je crois pouvoir résoudre cette ques tion.

Si je ne considerois que la force & l'effet qui en dérive, je dirois: Tant qu'un Peuple eft contraint d'obéïr & qu'il obéit, il fait bien; sitôt qu'il peut fecouer le joug & qu'il le secoue, il fait encore mieux : car, recouvrant fa liberté par le même droit qui la lui a ravie, ou il est fondé à la reprendre, ou l'on ne l'étoit point à la lui ôter. Mais l'ordre social eft un droit sacré, qui sert de base à tous les autres. Cependant ce droit ne vient point de la nature; il est donc fondé sur des conventions: il s'agit de savoir quelles font ces conventions. Avant d'en venir-là je dois établir ce que je viens d'avancer.

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CHAPITRE II.

L

Des premieres Sociétés.

A plus ancienne de toutes les fociétés & la seule naturelle, eft celle de la famille. Encore les enfants ne restent-ils liés au père qu'aussi longtemps qu'ils ont besoin de lui pour se conserver. Sitôt que ce besoin cesse, le lien naturel se dissout. Les enfants, exempts de l'obéifsance qu'ils devoient au pere, le pere exempt des soins qu'ils devoit aux enfants, rentrent tous également dans l'indépendance. S'ils continuent de rester unis, ce n'est plus naturellement, c'est volontairement; & la famille elle-même ne se maintien que par convention.

Cette liberté commune est une conséquence de la nature de l'homme. Sa premiere loi est de veiller à sa propre conservation, ses premiers soins font ceux qu'il se doit à lui - même ; &, fitôt qu'il est en âge de raison, lui

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