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tion. On lui bâtit depuis un temple hors de la ville. Celui de Cos, patrie d'Hyppocrate étoit auffi fort renommé. On y voyoit diverfes tables, ou divers tableaux où étoient écrits les remedes que le Dieu avoit indiqués à plufieurs malades, qui avoient été guéris par

ce moyen.

Homere donne deux fils à Efculape, tous deux fameux Médecins, dont il eft parlé dans l'Iliade; l'un nommé Machaon, fort habile & fort exercé dans les opérations de Chirurgie, qui n'étoit point pour lors, non plus que dans les fiecles fuivans, diftingué de la Médecine; l'autre Podalire, plus versé dans la Médecine appellée depuis λογική, c'eft-à-dire, fondée fur des principes & des raifonnemens. En revenant de la guerre de Steph. By Troie, Podalire fut pouffé par une tempête ants in vita fur les côtes de Carie, où il guérit la fille Syrna, du Roi Damæthus, en la faignant des deux bras. Pour récompenfe, le pere la lui donna en mariage. Entr'autres enfans, il en eut un Hippolochus, duquel Hippocrate fe difoit être defcendu.

Pline fuppofe un vuide de fix ou fept Plis. 1. 19. cens ans par rapport aux Médecins, depuis cap. 1.. le fiege de Troie jufqu'à la guerre du Pé-· loponnefe, c'est-à-dire, jufqu'à Hippocrate: ce qui n'eft pas tout à fait exact. Celfe calf. in Praf. met au nombre des célebres Médecins Pythagore, qui a vécu du tems de Cyrus & de les deux Succeffeurs, & quelques autres Philofophes, comme Empedocle & Démo

On diftingue différens ordres, différentes feces de Médecins. Les uns font appellés Empiriques, parce qu'ils n'ont gueres fuivi que l'Expérience. D'autres, dont Hippocrate eft le Chef, ont joint le raifonnement à l'expérience; & c'eft ce qui a fait appeller la Médecine Dogmarique ou Raifonnée. Quelques-uns ont affecté de fe féparer de tous les autres Médecins, & fe font: fait une méthode particuliere on les a nommés Méthodiques. Je ne m'attacherai point fcrupuleufement à cette divifion. Je fuivrai feulement l'ordre des tems, & n'infifterai que fur ceux des Médecins qui ont été plus connus. Toutes les différentes fectes de Médecins, car il y en a un grand nombre, font favamment expliquées dans l'Hiftoire de la Médecine, par M. Daniel Je Clerc, Ouvrage plein d'une profonde érudition.

AN.M.3485.

Herod. 1. 3.

DEMOCEDE le Crotoniate fit preuve de Av.J.C. $19. fon habileté, en rendant le fommeil & la fan2. 124-133. té au Roi Darius , auquel une entorse au pied qu'il avoit reçue en tombant de cheval, faifoit fouffrir de vives douleurs & une infomnie continuelle, dont les Médecins du pays n'avoient pu le délivrer. Il guérit enfuite Aroffa la Reine, d'un ulcere au fein que la pudeur lui avoit long-tems fait cacher. J'ai raconté fort au long l'hiftoire de ce. Médecin, en parlant de Darius.

Av.J.C. 300.

AN.M.3704. HEROPHILE s'étoit fait auffi un grand Galen Com nom dans la Médecine. Il faifoit grand ufament. 11. in ge de la Botanique, & encore plus de l'AnaLib. Hippoc

somie, qu'il porta à une grande perfection. Les Princes lui permirent de faire des diffections de corps vivans fur des criminels condamnés à mort; & il en paffa un nombre incroyable par fes mains: ce (a) qui donna lieu à Tertullien de l'appeller plutôt Bourreau, que Médecin.

Euftath, in

HERODIQUE, de Sicile, fleurifloir fous AN.M 3540. Artaxerxe Longue-main. La fecte appellée Av.J C. 464. AraiTnTix, parce qu'elle n'employoit pref-Hiad. que pour remede que la diete & le régime de vivre, le reconnoiffoit pour Chef, auffi-bien que celle qu'on nommoit Gymnastique, parce qu'il employoit beaucoup les 'exercices du corps pour rétablir & pour fortifier la fanté. Il étoit frere du fameux Rhéreur Gorgias. C'eft fur-tout par un de fes difciples qu'il eft connu.

HIPPOCRATE, de l'Ifle de Cos, eft AN.M. 3544 cet illuftre difciple. On place fa naiffance Av.J C. 460, à la premiere année de la LXXXme. Olym→ piade. On prétend qu'il defcendoit d'Efculape par Héraclide fon pere, & d'Hercule par fa mere Praxitée. Il s'attacha d'abord à l'étude des chofes de la nature puis à celle du corps humain en particulier. Il eut pour premier maître fon pere même. Il reçut auffi les leçons d'un autre célebre Médecin, nommé Hérodique, dont je viens de parler. It fe rendit habile dans toutes les parties de la Médecine, &

(4) Herophilus ille Medi- taretur; qui homines odiit cus, aut lanius, qui fexen- ut noffet. Ter tall, lib. de tos execuit, ut naturam feru-'anima, cap. 10.

AN.M.3574.

en porta la connoiffance auffi loin qu'elle pouvoit aller pour lors.

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J'ai déja dit qu'il étoit né à Cos. Cette ifle étoit confacrée au Dieu Efculape, qui y étoit honoré d'un culte particulier. La coutume étoit que tous ceux qui avoient été guéris de quelque maladie fiffent un Mémoire exact & des fymptômes qui l'avoient accompagnée, & des remedes qui les en avoient délivrés. Hippocrate avoit fait copier tous ces Mémoires, qui ne lui furent qui ne lui furent pas d'un petit fecours, & qui lui tinrent lieu d'une expérience anticipée.

Son extrême habileté parut fur-tout penAv.J. C.430. dant la pefte qui affligea particuliérement la ville d'Athenes & toute l'Attique au com

mencement de la guerre du Péloponnefe. Tome 111. J'ai expofé ailleurs quel fut alors fon zele & de l'Hiftoire fon dévouement pour le falut de fa patrie, fon,

ancienne.

noble défintéreffement qui lui fit refufer les offres avantageufes du Roi de Perfe, & les honneurs extraordinaires dont la Grece crut devoir récompenfer les fervices importans. qu'il lui avoit rendus.

On dit que les Abdérites écrivirent à Hippocrate, pour le prier de venir voir Démocrite. Ils le voyoient ne fe foucier de rien, rire de tout, dire que l'air étoit plein d'images, fe vanter qu'il faifoit de tems en tems un voyage dans l'efpace immenfe des choses. Regardant tous ces traits comme des fymptômes & des commencemens de folie ils craignoient qu'il ne devînt tout à fait fou & que fon grand favoir ne lui démontât en

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tiérement la tête. Hippocrate les raffura, & jugea bien autrement qu'eux de l'état de Démocrite. Il n'eft pas fûr que les Lettres d'Hippocrate d'où ce fait eft tiré, foient véritablement de lui.

Les Ecrits qu'il a laiffés en grand nombre, ont toujours été regardés, & le font encore, comme ce qu'il y a de plus parfait dans ce genre, & comme devant tenir lieu de fondement & de bafe à l'étude de la Médecine. Il y a confervé la mémoire d'un événement qui lui fait encore plus d'honneur que toute fa fcience & toute fon habileté. C'eft l'aveu fincere d'une faute qu'il avoit commise en panfant une bleffure de tête: car on fait qu'anciennement la Médecine, la Chirurgie, & la Pharmacie, étoient point féparées. Il (a) n'a point rougi de confeffer, aux dépens en quelque forte de fa propre gloire, qu'il s'étoit trompé, de peur que d'autres, après lui & à fon exemple, ne tombaffent dans la même erreur. De petits efprits, dit Celfe, & d'une habileté médiocre, n'en ufent pas de la forte, & ménagent avec bien plus de foin le peu qu'ils ont de réputation, parce qu'ils n'en peuvent rien perdre fans

(a) De futuris fe deceptum effe Hippocrates memoriæ prodidit, more magnorum virorum, & fiduciam magnarum rerum habentium. Nam levia ingenia quia nihil habent nihil fibi detrahunt. Magno ingenio, multaque nihilo

minùs habituro, convenit etiam veri erroris confeffio, præcipuè in eo minifterio, quod utilitaris causa pofteris traditur, ne qui decipiantur eâdem ratione quâ quis deceptus eft, Celf lib. 8. cap. 4.

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