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defcendit : mais il demeura comme de lurmême à la hauteur de vingt-fept à vingt-huit pouces.

Otton de Guericke, Conful de Magdebourg, forma le deffein d'effayer une forte de Vuide bien plus grand que celui du Tuyau de Toricelle. Il fit donc faire un grand Vafe de verre, rond, ayant une ouverture affez étroite dans la partie inférieure, avec une Pompe & un Pifton, pour tirer l'air du Vafe. Et c'eft l'origine de la Machine Pneumatique. Il étoit forti de fes mains des merveilles, qui l'étoient autant pour les Philofophes, que pour le peuple.. Avec quel étonnement, par exemple, ne voyoit-on pas deux Baffins de cuivre exactement taillés en demi-fpheres, appliqués fimplement l'un contre l'autre par leurs bords ou circonférences, & tirés l'un d'un côté par huit chevaux, & l'autre du côté oppofé par huit autres chevaux fans pouvoir être féparés!

Il eft aifé de comprendre combien ces Machines, & d'autres pareilles, inventées par les Modernes, & beaucoup perfectionnées par l'ufage même, & par la fuite des années ont dû avancer le progrès des Obfervations. Phyfiques.

Mais ce qui y a le plus contribué, eft l'établiffement des Académies. Le dernier fiecle en vit naître quatre fort célebres prefque en même tems, fous la protection des: Princes A Florence, l'Académie de Cimento; à Londres, la Société Royale d'An

gleterre à Paris, l'Académie Royale des ; Sciences; en Allemagne, l'Académie des Curieux des fecrets de la Nature. Le defir de foutenir la réputation de fa Compagnie & de s'y diftinguer foi-même par des Ouvrages importans, eft un puiffant aiguillon pour des Savans, qui ne leur laiffe gueres de repos. D'ailleurs, il n'y a que des Compagnies, & des Compagnies protégées par le Prince, qui puiffent fuffire à faire l'amas néceffaire d'observations & de faits bien avérés, pour établir dans la fuite un fyftême. Ni les lumieres, ni les foins ni la vie, ni les facultés d'un Particulier n'y fuffiroient. Il faut un trop grand nombre d'expériences, il en faut de trop d'efpeces différentes, il faut trop répéter les mêmes il les faut varier de trop de manieres, il faut les fuivre trop long-tems avec un même efprit.

J'admire la fageffe & la modeftie de F'Académie des Sciences, qui, malgré tant de favans Ouvrages dont elle a enrichi le Public, malgré tant d'utiles découvertes qui font le fruit de fes travaux & de fes obfervations, ne regarde pourtant les Sciences, du moins la Phyfique, que comme étant encore au berceau. Mais j'admire encore plus l'ufage religieux qu'elle fait de connoiffances fi rares, qui doivent, felon elle, nous infpirer un grand refpe&t pour l'Auteur de la Nature par l'admiration de fes Ouvrages. » On ne peut gueres s'empêcher, eft-il die dans fes Mémoires,

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» de répéter fouvent qu'en matiere de Phyfique, les objets les plus communs fe chan»gent en autant de miracles, dès qu'on les regarde avec de certains yeux «. Et dans un autre endroit » Ce n'eft pas une chofe que l'on doive compter parmi les fimples curiofités de la Phyfique, que les fublimes » réflexions où elle nous conduit fur l'Auteur » de l'Univers. Ce grand Ouvrage, toujours » plus merveilleux à mefure qu'il eft plus » connu, nous donne une fi grande idée de » fon Ouvrier, que nous en fentons notre ef"prit accablé d'admiration & de refpect... » La véritable Phyfique s'éleve jufqu'à deve»nir une espece de Théologie «.

Avant que de paffer aux Mathématiques, je toucherai fort légèrement ce qui regarde la Médecine, l'Anatomie, la Botanique, & la. Chymie, qui font des parties de la Phyfi que, ou qui y ont du rapport. Tertullien appelle la Médecine la fœur de la Philofophie & l'on fait que les trois autres dépendent de la Médecine.

*G

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CHAPITRE QUATRIE ME..

J

E traite, dans un Chapitre féparé, ce qui regarde la Médecine; & j'y joins la Botanique, la Chymie, & l'Anatomie, qui en font partie, mais dont je dirai très-peu de chofes.

§. I.

De la Médecine..

in Priam.

LA MÉDECINE eft de même date fans d'oute que les maladies, car on a cherché à s'en délivrer, dès qu'on les a fenties; & les maladies prefque auffi anciennes que le Monde même, puifqu'elles ont été la fuite & la punition du péché. Mais les hommes ont été long-tems chacun leurs propres Médecins, & il eft difficile de fixer le tems où la Médecine a été convertie en art & en profeffion. Le be-, Plin. 1. 29. foin & l'expérience y ont donné lieu. Dans de certains pays, ceux qui avoient été guéris de quelque maladie, mettoient par écrit comment & par quels remedes ils l'avoient été, & dépofoient ces Mémoires dans le temple, pour fervir d'inftruction en pareil eas. Dans Herod, 1, 1, d'autres pays, comme en Egypte & à Baby-cap. 197. Strab. 1. 3. lone, on expofoit en public les malades, afin pag. 155. que les paffans, qui auroient été attaqués & l. 16, pag. guéris de la même maladie, puffent leur don-746. ner confeil.

Les Egyptiens regardoient leur Dieu

Pindar, Py

Hermès, c'est-à-dire, Mercure, comme l'inventeur de la Médecine. Il eft certain qu'ils l'ont cultivée & plus anciennement & plus favamment qu'aucun autre peuple.

Les Grecs leur difputent cette gloire, ou du moins l'ont fuivie de près. Ils nous fourniront tous les Médecins dont j'ai à parler car les Romains ont peu cultivé cette fcience. Dès le tems de la guerre de Troie, Chiron le Theffalien furnommé le Centaure, qui fut Gouverneur d'Achille,. fe rendit célebre dans la Médecine, par la. cure des plaies & la connoiffance des fimples, dont il fit part à ce Héros, & à Patrocle fon ami.

Efculape, difciple de Chiron, ne le céda thier. Ode 3.point à fon Maître. Pindare le représente comme extrêmement habile dans toutes les parties de la Médecine. La Fable marque que Jupiter, indigné de ce qu'il avoit rendu la vie à Hippolyte, fils de Théfée, l'écrafa d'un coup de foudre. Ce qui fait entendre qu'il guériffoit par fa fcience des maladies fi défefpérées, qu'il paffoit pour rendre la vie

aux morts.

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Ayant été mis au rang des Immortels, on lui bâtit des temples en divers endroits, comme au Dieu de la fanté. Le plus fameux fut celui d'Epidaure. C'eft de là qu'en conféquence d'une célebre députation, à la tête de laquelle étoit Q. Ogulnius, on prétend qu'il vint à Rome fous la figure d'un ferpent, & qu'il délivra la ville de la pefte l'année 461. de fa fonda

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