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ame répandue dans tous les étres de la nature & dont les ames humaines font tirées. Virgile

a décrit admirablement le dogme de ce Phi- .4. Gergi: lofophe.

Effe apibus partem divinæ mentis, & hauftus
Æthereos dixere: Deum namque ire per omnes
Terrafque, tractufque maris, cœlumque pro-
fundum.

Hunc pecudes, armenta viros, genus omne fera

rum

Quemque fibi tenues nafcentem arceffere vitas. Pythagore étoit de 50 ans pour le moins plus ancien qu'Anaxagore. Celui-ci n'eft donc pas le premier qui ait eu l'idée d'un esprit pur: ou il faudroir dire que Pythagore le confondoit avec la matiere.

XENOPHANE dir que Dieu eft un Tout bid, n. 18. infini, & il y ajoute une Intelligence. Ce mê- Academ me Philofophe dit ailleurs que Dieu eft une Quaf. lib. 3, fubftance éternelle....& de figure ronde, par

où il entend le monde. Il croyoit donc ce Dieu matériel..

PARMENIDE n'avoit point d'autre fen timent que fon maître Xenophane, quoiqu'il s'exprimât en termes différens.

EMPEDOCLE. Selon lui, les quatre é mens, dont il veut que tout foit compofe, font divins, c'eft-à-dire, des Dieux. Cependant il eft vifible que ce font des mixtes, qui naiffent & périffent, & qui n'ont point de fenti

mens.

DEMOCRITE donne la qualité de Dieu & aux images des objets qui nous frappent, & à la nature qui fournit ees images &

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Savons 1

à notre connoiffance, notre intelligence. Ce qu'il appelloit Dieux, c'étoient les Aromes. Academ. A proprement parler, il ne croyoit rien. Qwest. 1. 4. Je nie, difoit-il, fi nous favons quelque chofe, ou fi nous ne Je nie que nous fachions même fi nous ne favons pas cela. Je nie que nous fachions s'il existe quelque chofe, ou s'il n'exifte rien. Digne membre de la fecte Eléatique, dont le dogme favori étoit l'acatelepfe, ou l'incompréhenfibilité abfolue de toutes chofes. Cette fecte, qui avouoit Xénophane pour fon Chef, forma l'incrédule Protagore, & donna naiffance à celle de Pyrrhon.

PLATON. Il paroît par tous fes ouvrages qu'il penfoit fort bien de la Divinité, mais qu'il n'a ofé s'expliquer nettement dans une ville & dans un tems où il étoit 4dangereux de beurter le goût dominant. Denst.Dew. Dans le Timée il dit que le pere de ce bih. 1.*. 30. Monde ne fauroit etre nommé & dans les 18, livres des Loix, qu'il ne faut pas être curieux de favoir proprement ce que c'est que Dieu le fuppofe incorporel. I lui attribue. tera la formation de l'Univers: Opificem edifi caloremque mundi. Il dit auffi que le Mondele Ciel, les Aftres, la Terre, les Anes, & ceux à qui la religion de nos peres attribue la Divinité; il dit que tout cela eft Dieu. Le fond du fentiment de Platon eft, malgré l'apparence du polythéifme, qu'il n'y a qu'un Dieu très-bon & très-parfait 32, qui a tout fait fuivant l'idée du meilleur Quvrage poffible.

ANTISTHENE dit qu'il y a plufieurs. Dieux révérés par les nations, mais qu'il n'y en a qu'un naturel, c'eft à dire, comme l'ex- Inis, divin, plique Lactance, Aureur de toute la nature.

ARISTOTE varie beaucoup. Tantôt il Denst Deorò veut que la Divinité réfide dans toute l'intelli-lib, xom, 330gence, c'eft-à-dire, dans le, principe intelligent, par lequel penfent tous les êtres penfans. Tantôt que le monde foit Dieu. Après il en reconnoit quelque autre, qui eft au-deffus du Monde, & qui a foin d'en régler & d'en : conferver le mouvement. Ailleurs il enfeigne que Dieu n'eft autre chose que ce feu qui brille dans le Ciel.

XENOCRATE die qu'il y a huit Dieux. ". Les Planetes en font cingles Etoiles fixes . n'en font qu'un tout ensemble, comme au tant de membres épars. Le Soleil fait le feptieme, & la Lune enfin le huitieme,

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THEOPHRASTE dans un endroit attri- Ibid, m. 35% .... bue la fupreme Divinité, à l'Intelligence, dans un autre au Ciel en général, & après cela a aut Aftres en particulier, on hi obouvel ove STRATON dit qu'il n'y a point d'autan Ibid. Dieu que la nature que c'est le principe de cl toutes les productions & de toutes les muta, ji tions

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ZENON. C'eft le fondateur de la fedte I fameule des Stoiciens. On devroit attendre de lui quelque chofe de grand fur la Divisi nité. Voici le précis de la Théologie, tiren principalement du fécond Livre de la Narure b des Dieux, buses fentimens font expliqués fort au long, los nivi sto lato

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Qu'il n'y a que les quatre élémens, qui ¿ compofent tout l'Univers. Que ces quatre élémens ne font qu'une nature continue fans divifion. Qu'il n'exilte absolument nulle autre fubftance, hors ces quatre élémens. Que la fource de l'intelligence & de toutes les ames, c'eft le feu réuni dans. P'Ether, où fa pureté n'eft point altérée, parce que les autres élémens ne s'y mêlent point. Que ce feu intelligent, actif, vital, pénetre tout l'Univers. Que comme il a l'intelligence en partage à la différence des autres élémens, c'eft lui qui eft cenfé opérer tout. Qu'il procede méthodiquement à la génération, c'eft à-dire, produit toutes chofes, non pas fortuitement ni aveuglément, mais fuivant de certaines regles toujours les a mêmes. Qu'étant l'ame de l'Univers, il le fait fubfifter & le gouverne avec fageffe, topuifqu'il eft le principe de toute fageffe. Que par conféquent il eft Dieu. Qu'il donne la même dénomination à la Nature avec laquelle il ne fait qu'un & à l'UA nivers, dont il fait partie. Que le Soleil, la Lonerous les Aftres étant des corps ignés, ce font des Dieux Que l'air, la terre, la mer ayant pour ame ce feu célefte, font auffi des Dieux. Que-toutes les choles où l'on voit quelque efficacité finguliere, & ounce principe actif paroît fe manifefles plus clairement, méritent le nom de Divinités. Que ce même titre doit être accordé aux grands hommes, dans l'ame defquels ce feu divin étincelle avec plus

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d'éclat. Qu'enfin, de quelque maniere qu'on nous représente cette ame de l'Univers, & quelques noms que la coutume. lui donne par rapport aux diverses parties qu'elle anime, on lui doit un culte reli-. gieux.

Je fuis las de rapporter tant d'abfurdités, & le Lecteur fans doute ne l'eft pas moins que moi, fi pourtant il a eu la patience de les lire jufqu'au bout. Il n'a pas dû s'atadre à voir fortir d'un fond auffi ténébreux qu'eft le paganifme, de vives lumieres fur un fujet infiniment fupérieur à la foibleffe de l'efprit humain, comme l'eft ce qui regarde la nature de la Divinité. Les Philofophes ont bien pu, par les feules forces de la raifon, fe convaincre de la néceffité & de l'existence d'un Etre divin. Encore quelques-uns, comme (a) Epicure, ont-ils été foupçonnés de cacher fous de fpécieufes paroles un véritable athéifme: du moins ils ont prefque autant déshonoré la Divinité par les idées baffes qu'ils en ont conçues, que s'ils l'avoient niée abfolument.

Pour ce qui regarde l'effence de la Nature Divine, ils fe font tous égarés. Et comment ne l'auroient-ils pas fait, puifque les hommes ne connoiffent Dieu qu'autant qu'il lui plaît de fe révéler à eux? M. l'Abbé d'Olivet, dans fa Differtation-fur

(a) Nonnullis videtur Epi- bis reliquiffe Deos, re fufGurus ne in offenfionem tuliffe. Lib, 2. de nas, Dear. Athenienfium caderet, ver- n. 85x

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