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de Prolomée, d'où Jean de Sacrobofco, Profeffeur en l'Univerfité de Paris, tira l'Ouvrage qu'il fit de la Sphere, fur lequel les plus habiles Mathématiciens de l'Europe ont fait des commentaires.

En Espagne, Alphonfe, Roi de Caftille, Calvit. ab fit une dépense vraiement royale, pour af-4, 1253. – fembler de tous côtés ce qu'il y avoit de Savans Aftronomes. Ils travaillerent, par fes ordres, à la réformation de l'Aftronomie, & firent de nouvelles Tables, qui de fon nom furent appellées Alphonfines. Ils ne réuffirent pas la premiere fois dans l'hypothefe du mouvement des Etoiles- fixes, qu'ils fuppoferent trop lent; mais, dans la fuite Alphonfe corrigea leurs Tables qui ont été depuis augmentées, & réduites en une forme plus commode par divers Af

tronomes.

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Cet Ouvrage réveilla la curiofité des Savans de l'Europe. Ils inventezent auffi-tôr diverfes fortes d'inftrumens pour faciliter l'Obfervation des Aftres. Ils calculerent des Ephé mérides, & firent des Tables pour trouver en tout tems la déclinaifon des Planetes, laquelle étant jointe à l'Observation des Hauteurs Méridiennes, fert à trouver les Latitu des fur la terre & fur la mer. Ils travaillerent auffi à faciliter le calcul des Eclipfes, par l'obfervation defquelles on trouve les Longitudes.

Le fruit de ce travail des. Aftronomes fus la découverte de plufieurs pays jufques là inconnus. J'en parlerai ailleurs.

La France a produit aufli plufieurs Hom

mes illuftres, qui ont excellé dans pom

nomie, parce que de tems en tems elle a eu de grands Princes, qui ont pris foin d'exciter par des récompenfes les François à s'y appliquer. Charles V. furnommé le Sage, fit traduire en François quantité de Livres de Mathématiques. Il fonda deux Chaires de Mathématiques dans le College de Maître Gervais à Paris, pour faciliter à fes Sujets l'étude de ces Sciences. Elles fleurirent principalement dans le fiecle fuivant par l'établiffement que le Roi François I. fit au College Royal de deux Lecteurs pour enfeigner dans la Ville Capitale de fon Royaume les Mathématiques. De cette nouvelle Ecole fortit un nombre confidérable de Savans qui enrichirent le Public de plufieurs Ouvrages d'Aftronomie & de Mathématiques, & qui formerent d'illuftres Eleves, dont la réputation effaça prefque celle de leurs Maîtres.

L'Allemagne & les pays du Nord don-nerent auffi plufieurs excellens Aftronomes, parmi lefquels Copernic fe diftingua d'une maniere particuliere. Mais le fameux Thycho- Brahé l'emporta de beaucoup fur tous les Aftronomes qui l'avoient précédé. Outre la Théorie, & les Tables du Soleil & de la Lune, & quantité de belles Obfervations qu'il a faites, il a compofé avectant d'exactitude, un nouveau Catalogue. des Etoiles fixes; que ce feul Ouvrage peutmériter à fon Auteur le nom que quel

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ques-uns lui ont donné, de Reftaurateur de l'Aftronomie.

Pendant que Thycho-Brahé obfervoit en Danemark, plufieurs Aftronomes célebres, affemblés à Rome fous l'autorité du Pape Grégoire XIII. travaillerent avec beaucoup de fuccès à la correction des erreurs qui s'étoient gliffées infenfiblement dans l'ancien Calendrier par la préceffion des Equinoxes, & par l'anticipation des nouvelles Lunes. Ces erreurs auroient dans la fuite entiérement renversé l'ordre établi par les Conciles pour la célébration des Fêtes mobiles, fi l'on n'avoit réformé le Calendrier fuivant les Obfervations modernes des mouvemens du Soleil & de la Lune comparées avec les anciennes.

Dans le fiecle paffé, & dans celui où nous fommes, on a fait une infinité de nouvelles découvertes, qui ont mis l'Af tronomie en un état incomparablement plus parfait qu'elle n'a été depuis qu'on, a commencé à l'enfeigner dans l'Europe. Le célebre Galilée ayant fu profiter de l'invention des Lunettes d'approche, a le premier apperçu dans le ciel des chofes qui ont paffé long-tems pour incroyables. On doit mettre M. Defcartes au rang de ceux qui ont perfectionné l'Aftronomie: car le Livre qu'il a compofé des principes de la Philofophie, fait voir qu'il n'a pas moins. travaille fur la Science du mouvement des Aftres, que fur les autres parties de la Phyfique; mais il s'eft plus attaché à raifons

ner qu'à obferver. M. Gaffendi s'eft appliqué davantage à la pratique de l'Aftronomie, & a publié quantité d'Obfervations très-im

portantes.

On peut regarder à jufte titre l'établiffement de l'Académie Royale des Sciences comme le moyen qui a le plus contribué à mettre en honneur &à perfectionner la Science des Aftres, par l'émulation incroyable qu'excite dans une Compagnie de Savans, le defir d'en foutenir la réputation, & de fe diftinguer foi-même. Le Roi Louis XIV. ayant fait bâtir l'Obfervatoire, dont le deffein, la grandeur, & la folidité font également admirables, l'Académie › pour

répondre aux intentions que Sa Majefté : avoit eues dans la conftruction de ce fuperbe édifice, s'appliqua avec un foin in-croyable à tout ce qui pouvoit contribuer au progrès de l'Aftronomie. Je n'entrerai point ici dans le détail, ni des importantes découvertes qui ont été le fruit de cet étas bliffement, ni des doctes Ouvrages qui font : fortis de cette favante Compagnie, ni des grands Hommes qui lui ont fait & qui lui font encore tant d'honneur, Leur nom & leur habileté font connus de toute l'Europe, qui rend à leur mérite toute la juftice qui lui eft due.

On a remarqué fans doute dans tout ce qui a été dit de l'Aftronomie, le rapport effentiel de cette. Science avec la Géogra phie & la Navigation: & c'eft ici le lieu d'en parler. M. Danville, Géographe du

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Roi, avec qui je fuis en liaison particuliere, a bien voulu me faire part de Mémoires fur la Géographie, qui m'ont été d'une grande utilité.

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ARTICLE PREMIER: DE LA GÉOGRAPHIE. §. I.

Géographes qui fe font le plus diftingués. dans l'Antiquité.

LES Conquêtes & le Commerce ont fait l'aggrandiffement de la Géographie, & contribuent encore à fa perfection. Homere, en. décrivant dans fes Poëmes la guerre de Troie, & les voyages d'Ulyffe, a fait mention d'un grand nombre de peuples & de contrées, & des circonstances d'une infinité de lieux. Il paroit même tant de connoiffancesde cette efpece dans Homere, que Strabon Strab. lib 1. regardoit en quelque forte ce grand Poëte P.. comme le premier & le plus ancien des Géographes.

On ne fauroit douter que la Géographie n'ait été cultivée dès les tems les plus reculés ; & indépendamment des Auteurs. Géographiques qui nous font reftés, on en trouve beaucoup d'autres cités dans les Ouvrages que le tems a épargnés. L'art de repréfenter la Terre, ou quelque Région particuliere fur des Tables ou Cartes Geographiques, eft même fort ancien. Anaxi- Latuk ... mandre, difciple de Thales, & qui vivoit

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