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Qu'en ce jour redoutable où tu seras mou juge
Mon hôte d'ici-bas soit encor mon refuge;
Qu'il ne délaisse pas sans soutien, sans appui
Celui que sa bonté visitait aujourd'hui !

Et quoi! je m'entendrais condamner par la bouche
Dont la voix à présent me ravit et me touche !
Ces doux regards, Seigneur, qui m'attiraient vers
[toi,

Euflammés de courroux, s'éloigneraient de moi!
Quoi, Jésus! détournant ta glorieuse face,
Toi-même, de ces mains, source de toute grâce,
Sans me laisser d'espoir, m'indiquerais le lieu
Ou des jours éternels se passent loin de Dieu !
Non. Qu'en ce jour encor je trouve en toi mon frère!
Qui connut ton amour redoute la colère;
El de tant de bontés le cœur doit trop souffrir
Quand il faut loin de toi, Seigneur, s'en souvenir !
Grâces à toi, j'en veux conserver la mémoire,
Non pas pour mon malheur, mais pour l'en rendre
[gloire,

A Loi qui veux donner, Dieu bon, Dieu généreux!
Pour l'hospitalité d'un cœur celle des cieux,
Pour un instant passé dans une chair mortelle,
Les longues voluptés de la gloire éternelle;
Qui, lorsqu'il t'a laissé descendre jusqu'à soi,
Prends l'homme sur la terre et l'élèves à toi.
Octave Ducnos (de Sixt).
L'EVANGILE.

L'Evangile a paru; le Fils de l'Eternel
Apporte à l'univers son code paternel.
Terre, réjouis-toi de son touchant langage;
De ton bonheur futur sa parole est le gage:
Sar les infortunés son cœur s'est attendri,
Ll'abus de la force est à jamais flétri.
Chantons cet heureux jour; une philosophie
Det la vertu céleste éclaire et fortifie,
Svance pour guérir les maux de l'univers,
Pur détruire le vice, adoucir nos revers,
rayer les tyrans, émouvoir l'opulence,
Et de nos passions comprimer l'insolence.
Appui de la faiblesse et de l'adversité,
L'anguste nom du Christ est partout répété.
Bientôt, grâce au pouvoir de ce nouvel empire,
La triste humanité se console et respire;
Le dernier des mortels chez le premier chrétien
Decouvre un bienfaiteur et rencontre un soutien;
De toutes les vertus le noble essaim fourmille
El'univers entier n'est plus qu'une famille.

n'a pas dans sa vie admiré mille fois Le Dieu de l'Evangile et ses divines lois? Qe disait aux humains cette aveugle sagesse Sicélèbre jadis dans Rome et dans la Grèce? E-vous le jouet d'un complot odieux, Vngez-vous, la vengeance est le plaisir des dieux. LEvangile répond: Sans devenir parjure Ta ne pourras jamais te venger d'une injure; Le Calvaire est pour l'homme un éloquent sermon, Laine désormais n'appartient qu'au démon;

Pour tout cœur généreux la vengeance est un crime.
Tout vrai chrétien pardonne. O morale sublime!
Comme tu connais l'art d'attendrir les humains,
Et d'arracher le glaive à leurs barbares mains!
Si chacun, parmi ncus, au plus léger outrage
Frémissait de colère et palpitait de rage;
Si chacun, sans rougir, pour un mal passager,
D'un mortel ennemi prétendait se venger,
Que deviendrait le monde? Une arène effroyable
Où chacun s'armerait d'un cœur impitoyable,
Où l'on n'entendrait plus que des cris de fureur,
Où régneraient partout le carnage et l'horreur.

Si les hommes, fléchis par ces lois salutaires,
De ce code sacré devenaient tributaires,
Des liens éternels et des charmes vainqueurs
Dans un faisceau d'amour uniraient tous les cœurs.
Est-ce l'homme sophiste, est-ce l'homme fragile
Dont l'aveugle raison inventa l'Evangile ?
Quel sage sur la terre eût osé concevoir
Le projet d'enchaîner le monde à son pouvoir?
Quel homme téméraire aurait eu la pensée
De réduire au pardon la nature offensée?
Quel autre aurait donc pu, consacrant la douleur.
M'apprendre à savourer la coupe du malheur,
A faire sans regrets les plus grands sacrifices,
A dévorer la honte, à braver les supplices,
A bénir mes bourreaux au milieu des tourments,
Et surtout m'inspirer de pareils sentiments?

Divin législateur, une telle doctrine
Révèle à chaque pas son auguste origine.
Non, jamais avant toi l'homme n'avait compris
Qu'on pût trouver la gloire où règne le mépris,
Qu'au milieu des chagrins l'âme se purifie,
Et qu'au sein des revers le cœur se fortifie.
Jamais aucun mortel, jamais sage avant toi
N'aurait pu soupçonner une pareille foi.

Est-ce l'homme,jouet des plus honteux penchants, Qui pouvait nous léguer ces préceptes touchants? Qui le croira jamais ? N'est-elle pas divine, Mortels, répondez-moi, cette auguste doctrine Qui commande à l'orgueil d'humilier son front, Et qui change eu bienfait le plus cruel affront? Heureux, dit l'Evangile à la terre surprise, Heureux l'homme opprimé que le siècle méprise! Heureux le vrai chrétien que le siècle maudit ! C'est par l'humilité que l'ame s'agrandit. S'il écoute l'orgueil, le plus noble génie Subit des passions l'aveugle tyrannie : Pourrions-nous l'ignorer, lorsque de toutes parts Des exemples fameux affligent nos regards? De ses contemporains tel eût été la gloire; Tel eût de sa patrie illustré la mémoire, Qui, suivant une folle et triste vanité, Remplit de ses fureurs le monde épouvanté. Providence du Christ, à jamais sois bénie, Pour avoir de l'orgueil flétri l'ignominie !

N. ROSSET.

L'EVANGILE.

Quand l'Homme-Dieu quitta ce terrestre séjour,
Il voulut y laisser un livre où son amour,
Sa vertu bienfaisante et sa haute sagesse
Sur ses peuples chéris pussent agir sans cesse ;
Un livre tout empreint d'ineffable douceur,
Où l'on sentit revivre et palpiter son cœur,
Où retentît encor sa sublime éloquence;
Un livre qui d'un Dieu pût réparer l'absence.
Le disciple à sa voix prêtant sa faible main,
Ecrivit l'Evangile... O prodige divin!

Sous sa plume féconde il reproduit son maître;
Dans ce livre étonnant Jésus sembla renaître...
Il paraît... tout s'ébranle et l'univers païen
Est aux pieds des autels, surpris d'être chrétien.
Le glaive des Césars, vaincu par sa parole,
A la Croix triomphante ouvre le Capitole.
Le monde retrempé sur un moule si beau
Sembla, comme son Dieu, revenir du tombeau;
Une force inconnue était dans ces oracles
Et le livre du Christ en faisait les miracles.
Bientôt, partout le crime a trouvé le remords,
L'avare le mépris de ses nombreux trésors,
Le malheureux, la fin de ses cruelles peines;
Là, l'esclave un moment vient oublier ses chaînes,
Le pauvre son ennui, le riche ses grandeurs,
Là, méconnu des siens, abîmé de douleurs,
Le monarque détruit que le sort abandonne,
Vient aussi quelquefois oublier sa couronne.
Qui n'eût été séduit par ces nobles accents,
Style aux pures couleurs, semblable au lis des
[ champs,

Qu'enviait Salomon dans sa magnificence,
Tous deux venus du ciel, dons de la Providence ;
Tous deux simples et grands, leur auteur surhumain
Ayant peint l'un et l'autre avec la même main.
O livre plein du Dieu dont tu fus l'héritage,
Livre, ami du malheur, accepte mou hommage!
D'autres de la morale ont dépeint la beauté;
Subjugué par la grâce et par ta majesté,
L'impie a, de sa bouche ouverte pour maudire,
Exalté ta parole où l'Homme-Dieu respire.
Le génie a redit les empires, mourants,
Les peuples, accablés sous le fardeau des ans,
Retrouvant leur jeunesse et leur vigueur ancienne
Dans ce code qui fit la victoire chrétienne.

Moi, j'aime ces récits pleins d'un charme nouveau,
Que ma mère contait auprès de mon berceau;
Ces drames de la vie, admirables symboles,
Doux rayons d'un soleil voilé de paraboles,
Célestes vérités qu'on écoute à genoux;

Où Dieu qui se fit chair se fait Verbe pour nous,
Où sa tendresse cache et trahit sous des langes
L'Eternel, dont le trône est porté par les anges;
Où je trouve partout la trace de ses pleurs,
Baume miraculeux qui guérit mes douleurs.

Pages pleines de charmes,
Faites avec des larmes,

Où Dieu nous dit amour,
Lui, dont la mer immense
Annonce la puissance,
Lui que chante le jour.
Lui qui sema d'étoiles
Et fit d'azur les voiles
Dont il se couvre au ciel;
Lui qui mit son cantique
En lettre magnifique
Sur le front du soleil...

Sur ce globe de fange
Voyez-vous ce bel ange
De gloire revêtu...
Avec nous sur la terre,
Du séjour du tonnerre,
Ange, pourquoi viens-tu?...
Le roi de la nature
Qui fait sous la verdure
Le nid du passereau,
Dans la Judée entière
N'a pas une chaumière
Pour garder son berceau.
Au pauvre favorable,
Là-bas, dans cette étable
Il vient tenir sa cour:
Voyez s'unir les Mages,
Chefs des lointains rivages,
Aux pâtres d'alentour.
Près de l'auguste Maître
Ensemble ils vont paraître
Sans honte et sans effroi,
Car il faut à sa fête
Le sceptre et la houlette,
Le berger et le roi...

Bientôt va sonner l'heure Où ce qui souffre et pleure Doit trouver un appui; Où tout ce qu'on délaisse, Lépreux et pécheresse, Se tournera vers lui; Comme après la tempête La fleur tourne sa tête Vers le ciel embaumé, Comme une tendre amante, Après les jours d'attente, Court vers son bien-aimé. Ici, c'est Madeleine, C'est le peuple qu'entralne Sa parole au désert; Ici la tombe avare Met à ses pieds Lazare De son linceul couvert. Plus loin le ciel rayonne Et l'Eternel couronne Son Fils sur le Thabor. Plus loin c'est le Calvaire

Où Jésus, ô mystère !
Dompte et subit la mort.
O saintes harmonies,
Par tant de voix bénies,

Quand, loin de ses bourreaux,
L'Eglise solitaire
Abritait la prière

A l'ombre des tombeaux ;
Qu'on disait dans les chaînes
Aux prisons souterraines,
Au milieu des soupirs,
Qui souvent retentirent,
Quand les lions rugirent,

Quand mouraient les martyrs.
Pages où luit encore
Le reflet d'une aurore
Dont le jour est aux cieux;
Voix, lumière féconde
Qui rajeunis le monde,
Viens briller à nos yeux !

Dans notre nuit si sombre,
Sur nos douleurs sans nombre
Fais luire ta clarté;

Et des peuples qu'entrave

Le paganisme esclave

Refais la liberté !

L'abbé Louis-Anne DuBREUIL.

L'EVE NOUVELLE.

e, Eve, qu'as-tu fait du bonheur de ta race?
Ton crime de l'Eden nous chasse.
Adam et ses fils sont maudits;
Thomme contre toi la voix sombre s'élève.

nge a saisi la flamme; il s'en est fait un glaive, menaçant, se tient au seuil du paradis.

Gloire, gloire à l'Eve nouvelle !

Le bonheur enfin a son tour!
L'ange s'incline devant elle;

L'homine lui doit tout son amour.
L'Eden reste fermé : qu'importe?
Le Seigneur nous ouvre la porte
Da ciel par lui même habité.
Notre exil devient notre joie :

C'est dans le ciel que Dieu renvoie
Adam de l'Eden écarté!

malédiction du Très-Haut est terrible!
Près de sa justice inflexible

Ce n'est rien qu'un glaive de feu.
ute en longs éclats sa colère qui gronde.
e, la douce paix est retirée au monde :
le monde pour maître a l'ennemi de Dicu.

Ecoute, écoute, Eve bénie,
Le chœur de l'éternelle paix.
Notre terre au ciel s'est unie
Pour le répéter à jamais.
Le règne de Dieu recommence;
Le nouveau traité d'alliance

Nous a rendus plus triomphants. Dieu dans l'Eden eût fait des hommes Ses amis; aujourd'hui nous sommes Non ses amis, mais ses enfants! Eve, notre bourreau plutôt que notre mère, Qui ne donnas la vie amère

Qu'après avoir donné la mort,

Vois-tu de ton époux la main accusatrice?
La coupable est montrée à Dieu par le complice;
Pour l'accuser, Adam et nous, sommes d'accord!

Eve, entends-tu? l'homme proclame
Le bonheur où Dieu l'a conduit :
Seigneur, tu m'as donné la femme,
La femme m'a donné le fruit.
Qu'il est doux le fruit'que je mange!
Que je te bénis! Jamais l'ange
N'en cueillit de plus doux au ciel.
Fruit heureux de l'arbre de vie!
Seigneur, ma faim est assouvie;
Je le sens : Je suis immortel!»

Octave DUCROS (de Sixt).

EXALTABO TE, DOMINE,

QUONIAM SUSCEPISTI ME.

(Traduction du psaume xxix.)

Ce psaume est un parfait modèle de la reconnaissance que doivent exciter les bienfaits de Dieu.

Mon âme exalte ta clémence,

Dieu puissant, tu n'as pas permis
Que je fusse par ma souffrance
Le jouet de mes ennemis.
Touché de mon humble prière,
Tu rallumas à ta lumière
De mes jours le pâle flambeau;
El ton amour, que je réclame,

A daigné séparer mon âme

De ceux qu'engloutit le tombeau.
Mortels, qui, semblables aux anges,

En retracez la pureté,

De Dieu célébrez les louanges,

Et publiez sa sainteté.

Quand sur nous tonne sa puissance,
Les pleurs désarment sa vengeance,
Et rendent la vie au pécheur;
Que le soir son âme l'implore,
Et, dès les rayons de l'aurore,
L'espoir rentrera dans son cœur.
Dans les doux transports de l'ivresse
Qu'en mon sein répandait la paix,
Je m'écriai, plein d'allégresse:
Rien ne me troublera jamais.
La gloire et la magnificence,
En s'unissant à ma puissance,
Accroissaient ma prospérité :
A mon sort tout rendait hommage;
Mais Dieu détourna son visage :
Je rentrai dans l'obscurité.

Une longue et morne tristesse
Vint remplacer mon heureux sort;
Je m'écriai, dans ma détresse :
Seigneur, diffère encor ma mort.
Si les maux auxquels je succombe
Me précipitent dans la tombe,
Mes vœux seront-ils accomplis?
Celui que le tombeau dévore
Louera-t-il le nom que j'implore
Et les prodiges que tu fis?
Enfin les secours qu'il m'envoie

En espoir ont changé mes pleurs ;
Sa main m'a revêtu de joie
Et m'a comblé de ses faveurs.
Il a béni mes sacrifices;
J'oublie, en goûtant ses délices,
Le souvenir de mon tourment.
Je cours, je vole dans sa voie;
Mes hymnes d'amour et de joie
Le loueront éternellement.

SAPINAUD DE BOISHUGUET.

EXALTATION DE LA SAINTE CROIX. Fuyez, cruels démons, je vois, je vois paraître L'étendard glorieux de mon céleste maître: On découvre la croix aux peuples assemblés, Qui poussent jusqu'au ciel de longs cris redoublés, Et révérant l'autel, adorent la victime Dont le sang innocent expia notre crime, Et conclut avec Dieu cette ineffable paix Dont les nœuds amoureux ne se rompront jamais. Tels que des champs de l'air on voit tomber le [foudre Qui bruit avec horreur et réduit tout en poudre, Tel, autrefois, entra dans l'empire romain, Avec un camp nombreux, le Persan inhumain. Héracle (1) à sa fureur oppose des armées, D'un beau désir de gloire ardemment animées : Mais en trois grands combats, Héracle malheureux, Voit le Persan vainqueur de son camp généreux : Il court la Palestine, il désole, il ravage Et dans Solyme il joint la fureur au pillage. Alors la croix fut prise, et l'empire latin Amèrement pleura ce malheureux butin. Quand l'empereur apprend cette triste nouvelle, Il ressent dans son âme une peine mortelle. Il a recours aux cris, aux prières, aux pleurs, Pour divertir le cours de ces sanglants malheurs ; Et Dieu, prêtant l'oreille à la voix de ses larmes, Lui fait tenter encor la fortune des armes. L'insolent Chosroës qu'aveugle son bonheur, Méprisant les Romains, blasphémant le Seigneur, Accepte le combat, et croit que la victoire Va couronner son front d'une nouvelle gloire. Mais son orgueil le trompe, il se trouble, il s'enfuit, Et, par son fils, il tombe en l'éternelle nuit (2).

Le barbare, qui veut assurer son empire,

(1) Appele plus communément Héraclius.

Avec des vœux ardents après la paix soupire, Et le victorieux l'accorde aux seules lois Qu'aussitôt en ses mains il remettra la croix.

Quels furent dans son cœur les transports de sa [joie, Quand ce saint étendard dans son camp se déploie! Sur le Calvaire il veut lui-même la placer; Mais vers l'auguste mont il ne peut avancer, Il se sent repoussé d'une main invisible, Et sur son front royal sa douleur est lisible. L'évêque alors lui dit: Peut-être en ces habits Où l'on voit briller l'or et luire les rubis, Le Sauveur ne veut pas que sa croix soit portée, Qu'il a voulu porter en robe ensanglantée, Et dans l'abaissement le plus prodigieux Où pût s'anéantir le Fils du Roi des cieux. Héracle, à ce discours, revenant à soi-même, Quitte sa robe d'or, laisse son diadème, Ote ses brodequins, se revêt pauvrement, Se charge de la croix, et la porte aisément.

Que son triomphe alors fut illustre en l'Eglisel Des climats d'où l'hiver souffle la froide bise, De ceux où le Midi rend tout le ciel ardent, De ceux où le zéphir rafraîchit l'Occident, Et de ceux où du jour luit la première flamme, On la vient adorer et son aide on réclame. C'est le lit bienheureux sur qui, d'un saint effort, Le Fils de Dieu mourant triompha de la mort; C'est le trône divin où du maître du monde Et la majesté règne et l'empire se fonde; C'est le sceptre sanglant dont la forte vertu Du tyran de l'enfer a l'orgueil abattu; C'est l'arbre dont le fruit nous redonne la vie Que ce fier ennemi jadis nous a ravie; C'est la clef qui, malgré son courroux envieux, Nous ferme les enfers et nous ouvre les cieux : C'est la chaire sur qui la sagesse suprême Enseigne le mépris du monde et de soi-même: C'est le mât du vaisseau toujours victorieux Et des flots écumants et des vents furieux; C'est le bouclier sacré dont la force adorable Aux flèches du démon rend l'homme impénétrable C'est le ferme support de nos cœurs abattus; C'est le miroir vivant de toutes les vertus; Enfin c'est l'étendard qui, brillant de lumière, Quand les jours seront près d'achever leur carrière, Paraîtra dans les cieux devant l'auguste Roi Qui mettra l'univers dans un horrible effroi, En venant prononcer la dernière sentence Qui fera des mortels la triste différence. Antoine GODEAU. EXAUDIAT TE DOMINUS

IN DIE TRIBULATIONIS.

(Traduction du psaume xIx.)

Ce psaume a été composé pour implorer le secours de Dieu, lorsque David et les rois

(2) L'empereur persan Chosroës, s'enfuyant, fut tué par son fils ainé qu'il avait déshérité.

es successeurs devaient se mettre en camamme pour repousser leurs ennemis. L'Ese s'en sert pour appeler les bénédictions. u ciel sur le chef de l'Etat.

Dieu vous accueille et vous entende

Au jour de votre affliction ;

Et dans les combats vous défende

Du haut des remparts de Sion!

Que son nom, sur ces monts propices,
Imploré dans vos sacrifices,
Réponde aux vœux de votre cœur ;
El les nôtres, pleins d'allégresse,
Foar son Christ loueront la tendresse
Et les merveilles du Seigneur.
Que le Dieu de Jacob remplisse
Vos jours de bonheur et de paix !
Dans tous les temps qu'il accomplisse
Vos pieux et nobles projets !

Si sur vous mon bras se déploie,
Votre salut sera la joie

Des peuples qu'il vous a soumis;

Je sais que le Seigneur vous aime ;
Du ciel, sanctuaire suprême,

Il foudroiera vos ennemis.

Les uns ont mis leur confiance
Dans leurs chars et leurs escadrons,
Les autres dans leur opulence,
Et nous, Seigneur, nous t'implorons.
Is sont tombés devant ta face;
Et nous, prévenus par la grâce,
Nous nous relevons en vainqueurs ;
Sauve le roi, Dieu secourable!
El daigne, à nos yeux favorable,
Entendre la voix de nos cœurs.

SAPINAUD DE BOISHUGUET.

L'EXIL.

e triste mot d'adieu se redit bien des fois ; es jours, comme les fleurs, s'effeuillent sous nos Le sourire est voisin des larmes. [doigts, Ton pouvait dresser la tente du séjour

res de tous ceux qu'on aime, ou dont on sait La vie offrirait trop de charmes. [l'amour, spoir n'atteindrait plus que des cœurs refroidis, ant volontiers leur part de paradis Pour jouir du présent sur terre. ne nous verrait plus, impatients du sort, frer l'autre vie et sourire à la mort;

Notre exil serait volontaire.

Cons-nous plus heureux ? le doute en est permis; endre vers l'idéal, vers un bonheur promis, C'est la félicité des âmes.

a s'endort dans la joie, on veille dans les pleurs, faut que l'homme passe au milieu des douleurs Comme l'or au milieu des flammes.

eliion de voyage est placé dans nos mains,

Pour que nous marchions tous, par différents [chemius,

Au but qui pour tous est le même.
Ce qu'on atteint sans peine émousse les désirs,
Et toujours on récolte en moissons de plaisirs
Ce que dans la douleur on sème.

Prendre la vie ainsi c'est s'épargner au cœur
Bien de ces noirs chagrins dont l'espoir rend
[vainqueur;

L'existence est poétisée.

Les fleurs font oublier l'épine des buissons;
Et l'âme se nourrit des pleurs que nous versons,
Comme les plantes de rosée.

Eh ne voyons-nous pas partout autour de nous
L'inconstance des flots qui nous entraînent tous ?
La vie est pour l'homme un passage.
Aimer avec mesure, et par rapport à Dieu,
Ne s'attacher à rien de ce qui dure peu,
Telle est la maxime du sage.

Aussi, vienne du ciel quelque souffle léger,
Sa tente échappe au sol et peut s'en dégager,
Ainsi qu'une fleur sans racines.

Le monde sait son nom, mais Dieu le sait bien (plus ;

Ses pieds ne portent pas au séjour des élus
La poussière de nos ruines.
Imitons-le ce sage, abrégeant le malheur,
Qui ne s'arrête pas à cueillir chaque fleur
Quand au pays sont les plus belles.
Ne nous serrons les mains qu'en passant ici-bas;
Empressés d'arriver, hâtons, hâtons le pas :

Hélas! que n'avons-nous des ailes !
Que faisons-nous ici ? L'âme sent chaque jour
Que rien ne la remplit au terrestre séjour,
La pensée en tout nous dépasse.
La séve nous inonde, et le corps trop étroit
Ne laisse pas grandir notre cœur qui s'accroît;
Il nous faut plus d'air et d'espace.
Les siècles ont rendu si large l'horizon
Que nous voyons aussi s'élargir la raison ;
Les peuples ont doublé leur vie.
Un immense travail poursuit l'humanité :
La recherche du vrai, du beau, de l'unité,
Mon Dieu! vers toi tout nous convie.
Claudius HEBRARD.

EXISTENCE DE DIEU.

Consulte Zoroastre, et Minos, et Solon,
Et le sage Socrate et le grand Cicéron,
Ils ont adoré tous un maître, un juge, un pere;
Ce système sublime à l'homme est nécessaire;
C'est le sacré lien de la société,

Le premier fondement de la sainte équité,
Le frein du scélérat, l'espérance du juste.
Si les cieux, dépouillés de leur empreinte auguste,
Pouvaient cesser jamais de le manifester,
Si Dieu n'existait pas, il faudrait l'inventer.

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