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Ne chasse des erreurs trop chères;
Et te repaissant de chimères,

Tu rêves l'éclat du soleil.

Belle France, & douce patrie!
Mon cœur saigne de ton destin...
Brillante étoile du matin,
Devant vous sans cesse je prie.
Rendez-nous, ô tendre Marie,
Le jour qui touche à son déclin!
Sous vos auspices tutélaires
Placés par le fils de Henri,
De la plus aimante des mères
Nous sommes le peuple chéri.

Sur nous poursuivant leurs conquêtes,
Les enfers vantent leurs succès:
L'orage gronde sur nos têtes....
Marie, ah! sauvez les Français !

Mlle Angélique GORDON.
EPIPHANIE.

(Traduction de l'hymne des vêpres : Huc vos, ô
miseri, etc.)

Aveugles nations, laissez, laissez vos dieux
Aveugles et muets; pour eux soyez muettes.
Venez, voici le temple où le vrai Dieu des cieux
Came nous, aujourd'hui, vous invite à ses fêtes,
D'entre vous, les premiers, trois sages l'ont connu
Et nos oracles sont accomplis à la lettre.

C'est fait de vos erreurs, et le temps est venu
Où la vérité pure à vos yeux doit paraître.
test tombé le mur de séparation.
Deux peuples ennemis sont deux peuples de frères;
Des Juifs et des Gentils commence l'union:
Ils ne s'appellent plus nations étrangères.
Mystère impénétrable! 6 Dieu, que voyons-nous !
Vos premières amours, les Juifs, votre héritage,
Sont donc déshérités !... Vous nous adoptez tous.
Ab pour eux quel malheur, pour nous quel doux
[partage!

L'olivier voit tomber ses antiques rameaux,
Restes impurs de vie, outrageuse parure;
se sent couronné de rejetons nouveaux,
Dont sa sève étonnée a produit la verdure.
Sur l'olivier divin, nous qui sommes entés,
Notre sève est la foi. Craignons la foi stérile.
Veus, & Dieu, conservez les vieux rameaux restés;
Cultivez les nouveaux, ce soin vous est facile.
Gloire au Père ! il nous fait les membres de son Fils;
Givire au Fils, il nous prend pour ses membres
[et frères.
Gire à l'Esprit, par qui nous lui sommes unis,
Nas qui, sans lui, serions des branches étrangères

L'abbé Cénat DE L'HERM.

EPITAPHE.

Jeune ou vieux, imprudent ou sage,

To qui, de cieux en cieux errant comme un nuage,

Suis l'appel d'un plaisir ou l'instinct d'un besoin,
Voyageur, où vas-tu si loin?

N'est-ce donc pas ici le but de ton voyage?

Passant, comme toi j'ai passé.

Le fleuve est revenu se perdre dans sa source.
Fais silence; assieds-toi sur ce marbre brisé.
Pose un instant le poids qui fatigue ta course;
J'eus de même un fardeau qu'ici j'ai déposé.

Si tu veux du repos, si tu cherches de l'ombre,
Ta couche est prête : accours! loin du bruit on y dort.
Si ton fragile esquif lutte sur la mer sombre,
Viens, c'est ici l'écueil; viens, c'est ici le port!

Ne sens-tu rien ici dont tressaille ton âme?
Rien qui borne tes pas d'un cercle impérieux?
Sur l'asile qui te réclame,

Ne lis-tu pas ton nom en mots mystérieux ?
Ephémère histrion qui sait son rôle à peine,
Chaque homme, ivre d'audace ou palpitant d'effroi,
Sous le sayon du påtre ou la robe du roi,
Vient passer à son tour son heure sur la scène.
Ne foule pas les morts d'un pied indifférent;
Comme moi, dans leur ville il te faudra descendre:
L'homme de jour en jour s'en va pâle et mourant,
Et tu ne sais quel vent doit emporter ta cendre.
Mais devant moi ton cœur à peine est agité :
Quoi donc pas un soupir! pas même une prière!
Tout ton néant te parle, et n'est point écouté!
Tu passes.
- En effet, qu'importe cette pierre?
Que peut cacher la tombe à ton œil attristé?
Quelques os desséchés, un reste de poussière,
Rien peut-être. Eh! l'éternité!

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Vains mortels, que du monde endort la folle ivresse,
Ecoutez, il est temps, la voix de la sagesse.
Heureux, et seul heureux qui s'attache au Seigneur !
Pour trouver le repos, le bonheur et la joie

Il n'est qu'un seul chemin; c'est de suivre sa voie
Dans la simplicité du cœur.

Le temps fuit, dites-vous; c'est lui qui nous convie
A saisir promptement les douceurs de la vie:
L'avenir est douteux, le présent est certain:
Dans la rapidité d'une course bornée
Sommes-nous assez sùrs de notre destinée

Pour la remettre au lendemain?

Notre esprit n'est qu'un souffle, une ombre passagère,

Et le corps qu'il anime une cendre légère,
Dont la mort chaque jour prouve l'infirmité :
Etouffés tôt ou tard dans ses bras invincibles,
Nous serons tous alors, cadavres insensibles,

Comme n'ayant jamais été.

Songeons donc à jouir de nos belles années;
Les roses d'aujourd'hui demain seront fanées.
Des biens de l'étranger cimentons nos plaisirs,
Et du riche orphelin persécutant l'enfance,
Contentons, aux dépens du vieillard sans défense,

Nos insatiables désirs.

Guéris de tout remords contraire à nos maximes,
Nous ne connaîtrons plus ni d'excès ni de crimes;
De tout scrupule vain nous bannirons l'eff: oi :
Soutenus de puissance, assistés d'artifice,
Notre seul intérêt fera notre justice,

Et notre force notre loi.

Assiégeons l'innocent; qu'il tremble à notre approche;
Ses regards sont pour nous un éternel reproche.
De sa faiblesse même il se fait un appui ;

traite nos succès de fureur tyrannique:
Dieu, dit-il, est son père, et pour refuge unique
I ne veut connaître que lui.

Voyons s'il est vraiment celui qu'il se dit être :
S'il est fils de ce Dieu, comme il le veut paraître,
Au secours de son fils, ce Dieu doit accourir.
Essayons-en l'effet, consommons notre ouvrage,
Et sachons quelles mains au bord de son naufrage
Pourront l'empêcher de périr.

Ce sont là les discours, ce sont là les pensées
De ces âmes de chair, victimes insensées
De l'ange séducteur qui leur donna la mort.
Qu'ils combattent sous lui, qu'ils suivent son exemple;
Et qu'à lui seul voués, le zèle de son temple
Soit l'espoir de leur dernier sort.

SECONDE PARTIE.

Cependant les âmes qu'excite
Le ciel à pratiquer sa loi
Verront triompher le mérite
De leur constance et de leur foi.
Dans le sein d'un Dieu favorable
Un bonheur à jamais durable
Sera le prix de leurs combats;
Et de la mort inexorable

Le fer ensanglanté ne les touchera pas.

Dieu, comme l'or dans la fournaise,
Les éprouva dans les ennuis :

Mais leur patience l'apaise;

Les jours viennent après les nuits.

Il a supputé les années

De ceux dont les mains acharnées

Nous ont si longtemps affligés :
Il règle enfin nos destinées,

Li nos juges par lui sont eux-mêmes jugés.

Justes qui fttes ma conquête
Par vos larmes et vos travaux,
Il est temps dit-il, que j'arrête

L'insolence de vos rivaux :
Parmi les célestes milices
Venez prendre part aux délices
De mes combattants épurés,

Tandis qu'aux éternels supplices

Des soldats du démon les jours seront livrés.
Assez la superbe licence
Arma leur lâche impiété!
Assez j'ai vu votre innocence
En proie à leur férocité!
Vengeons notre propre querelle;
Couvrons cette troupe rebelle
D'horreur et de confusion;

Et que la gloire du fidèle
Consomme le malheur de la rébellion.
Et vous à qui ma voix divine
Dicte ses ordres absolus,
Anges, c'est vous que je destine
Au service de mes élus.
Allez, et, dissipant la nue
Qui, malgré leur foi reconnue,
Me dérobe à leurs yeux amis,
Faites-les jouir dans ma vue

Des biens illimités que je leur ai promis.

Voici, voici le jour propice

Où le Dieu pour qui j'ai souffert
Va me tirer du précipice

Que le démon m'avait ouvert :
De l'imposture et de l'envie
Contre ma vertu poursuivie
Les traits ne seront plus lancés ;
Et les soins mortels de ma vie
De l'immortalité seront récompensés.

Loin de cette terre funeste
Transporté sur l'aile des vents,
La main d'un ministre céleste
M'ouvre la terre des vivants:

Près des saints j'y prendrai ma place,
J'y ressentirai de la Grâce
L'intarissable écoulement;

Et, voyant mon Dieu face à face,

L'éternité pour moi ne sera qu'un moment.

Qui m'affranchira de l'empire
Du monde où je suis enchaîné?
De la délivrance où j'aspire
Quand viendra le jour fortuné?
Quand pourrai-je, rompant les charmes
Où ce triste vallon de larmes

De ma vie endort les instants,
Trouver la fin de mes alarmes,

Et le commencement du bonheur que j'attends!

Quand pourrai-je dire à l'impie
Tremble, lâche, frémis d'effroi;
De ton Dieu la haine assoupie
Est prête à s'éveiller sur toi :
Dans ta criminelle carrière
Tu ne mis jamais de barrière

Entre sa crainte et tes fureurs.

Puisse mon heureuse prière

Dun châtiment trop dù t'épargner les horreurs!

Puisse en moi la ferveur extrême
D'une sainte compassion

Des offenseurs du Dieu que j'aime
Opérer la conversion!

De ses vengeances redoutables
Puissent mes ardeurs véritables
Adoucir la sévère loi,

Et pour mes ennemis coupables

O tenir le pardon que j'en obtins pour moi!

Seigneur, ta puissance invincible
N'a rien d'égal que ta bonté :
Le miracle le moins possible
N'est qu'un jeu de ta volonté.
Tu peux de la lumière auguste
Eclairer les yeux de l'injuste,
Rendre saint un cœur dépravé,
En cèdre transformer l'arbuste,
Li faire un vase élu d'un vase réprouvé.
Grand Dieu, daigne sur ton esclave
Jeter un regard paternel;
Confonds le crime qui te brave,
Mais épargne le criminel;
Et s'il te faut un sacrifice,
Si de ta suprême justice
L'honneur doit être réparé,
Venge-toi seulement du vice

Eu le chassant des cœurs dont il s'est emparé.

C'est alors que de ma victoire
J'obtiendrai les fruits les plus doux,
En chantant avec eux la gloire
Du Dieu qui nous a sauvés tous.
Agréable et sainte harmonie!
Pour moi quelle joie infinie!
Quelle gloire de voir un jour
Leur troupe avec moi réunie

Dans les mêmes concerts et dans le même amour!

Pendant qu'ils vivent sur la terre
Prépare du moins leur fierté,

Par la crainte de ton tonnerre,

A ce bien pour eux souhaité;

Et, les retirant des abîmes

Où dans des nœuds illégitimes
Languit leur courage abattu,

Fais que l'image de leurs crimes

Introduise en leurs cœurs celle de la vertu.

TROISIÈME PARTIE.

Tel après le long orage

Dont un Beuve débordé
A désolé le rivage
Par sa colère inondé:
L'effort des vagues profondes
Engloutissait dans les ondes
Bergers, cabanes, troupeaux,
Et, submergeant les campagnes,

Sur le sommet des montagnes
Faisait flotter les vaisseaux.

Mais la planète brillante,
Qui perce tout de ses traits,
Dans la nature tremblante
A déjà remis la paix :
L'onde en son lit écoulée

A la terre consolée
Rend ses premières couleurs :
E', d'une fraîcheur utile
Pénétrant son sein fertile,

En augmente les chaleurs.
Tel fera dans leurs pensées
Germer un amour constant,
De leurs offenses passées
Le souvenir pénitent.

Ils diront: Dieu des fidèles,
Dans nos ténèbres mortelles
Tu nous as fait voir le jour;
Eternise dans nos âmes
Ces sacrés torrents de flammes,
Source du divin amour.

Ton souffle, qui sut produire
L'âme pour l'éternité,
Peut faire en elle reluire

Sa première pureté.

De rien tu créas le monde;
D'un mot de ta voix féconde
Naquit ce vaste univers.

Tu parlas; il reçut l'être.
Parle; un instant verra naître
Cent autres mondes divers.

Tu' donnes à la matière
L'âme et la légèreté;

Tu fais naftre la lumière

Du sein de l'obscurité.

Sans toi la science humaine

N'est qu'ignorance hautaine,
Trouble et frivole entretien ;
En toi seul, cause des causes,
Seigneur, je vois toutes choses,
Hors de toi je ne vois rien.

A quoi vous sert tant d'étude,
Qu'à nourrir le fol orgueil
Où votre béatitude

Trouva son premier écueil?
Grands hommes, sages célèbres,
Vos éclairs dans les ténèbres
Ne font que vous égarer.

Dieu seul connaît ses ouvrages.
L'homme entouré de nuages
N'est fait que pour l'honorer.
Curiosité funeste,

C'est ton attrait criminel
Qui du royaume céleste
Chassa le premier mortel.
Non content de son essence,

Et d'avoir en sa puissance Tout ce qu'il pouvait avoir. L'ingrat voulut, Dieu lui-même, Partager du Dieu suprême La science et le pouvoir. A ces hautes espérances Du changement de son sort Succédèrent les souffrances, L'aveuglement et la mort; Et pour fermer tout asile A son espoir indocile, Bientôt l'ange dans les airs, Sentinelle vigilante,

De l'épée étincelante

Fit reluire les éclairs.

QUATRIÈME PARTIE.

Mais de cet homme exclu de son premier partage
La gloire est réservée à de plus hauts destins,
Quand son Sauveur viendra d'un nouvel héritage
Lui frayer les chemins.

Dieu, pour lui s'unissant à la nature humaine,
Et partageant sa chair et ses infirmités,
Se chargera pour lui du poids et de la peine
De ses iniquités.

Ce Dieu médiateur, fils, image du Père,
Le Verbe descendu de son trône éternel,
Des flancs immaculés d'une mortelle mère
Voudra naître mortel.

Pécheur, tu trouveras en lui ta délivrance;
Et sa main, te fermant les portes de l'enfer,
Tu fera perdre alors de la juste souffrance
Le souvenir amer.

Eve règne à son tour, du dragon triomphante:
L'esclave de la mort produit son Rédempteur;
Et, fille du Très-Haut, la créature enfante
Son propre Créateur.

O Vierge qui du ciel assures la conquête.
Sacré gage des dons que sur terre il répand,
Tes pieds victorieux écraseront la tête

De l'horrible serpent!

Les saints après ta mort l'ouvriront leurs demeures,
Nouvel astre du jour pour le ciel se levant.
Que dis-je après ta mort? se peut-il que tu meures,
Mère du Dieu vivant?

Non, tu ne mourras point. Les régions sublimes,
Vivantes t'admettront dans ton auguste rang,
Et telle qu'au grand jour où, pour laver nos crimes,
Ton Fils versa son sang.

Dans ce séjour de gloire où les divines flammes
Font d'illustres élus de tous ses citoyens,
Daigne prier ce Fils qu'il délivre nos âmes
Des terrestres liens.

Obtiens de sa pitié, protectrice immortelle,
Qu'il renouvelle en nous les larmes, les sanglots
De ce roi pénitent, dont la douleur fidèle

S'exhalait en ces mots:

O monarque éternel, Seigneur, Dieu de nos pères,
Dieu des cieux, de la terre et de tout l'univers,
Vous dont la voix soumet à ses ordres sévères
Et les vents et les mers;

Tout respecte, tout craint votre majesté sainte;
Vos lois règnent partout; rien n'cse les trahir :
Moi seul j'ai pu, Seigneur, résister à la crainte
De vous désobéir.

J'ai péché; j'ai suivi la lueur vaine et sombre Des charmes séduisants du monde et de la chair; Et mes nombreux forfaits ont surpassé le nombre Des sables de la mer.

Mais enfin votre amour, à qui tout amour cède, Surpasse encor l'excès des désordres humains: Où le délit abonde, abonde le remède;

Je l'attends de vos mains.

Quelle que soit, Seigneur, la chaîne déplorable
Où depuis si longtemps je languis arrêté,
Quel espoir ne doit point inspirer au coupable

Votre immense bonté!

Au bonheur de ses saints elle n'est pas bornée.
Si vous êtes le Dieu de vos heureux amis,
Vous ne l'êtes pas moins de l'âme infortunée,
Et des pécheurs soumis.

Vierge, flambeau du ciel, dont les démons farouches
Craignent la sainte flamine et les rayons vainqueurs,
De ces humbles accents fais retentir nos bouches;
Grave-les dans nos cœurs,

Afin qu'aux légions à ton Dieu consacrées
Nous puissions, réunis sous ton puissant appui,
Lui présenter un jour, victimes épurées,
Des vœux dignes de lui.

L'EPOUX DIVIN.

J.-B. ROUSSEAU.

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Tu chéris l'innocence et tu combats pour elle Contre ses lâches oppresseurs.

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Dieu l'éprouve, cette âme sainte.
Oh! si le monde venait voir !

Mais, près de qui souffre sans plainte,
Pourquoi venir et que savoir?
Nous, que ce doux silence attire,
A peine oserons-nous parler:
Ecoutons ce que va nous dire
Ce Dieu qui doit la consoler.
Vers sa voix notre cœur s'incline;
Mais comment ne point soupirer?
C'est suivre encor la loi divine
Que pleurer,
en voyant pleurer!

Hier, Seigneur, sur ce front juste
Rayonnait la prospérité :
De votre ami triomphe auguste,
Ou triomphait votre équite!
Quel hymne de reconnaissance
Vers vous montait autour de lui!
On se disait: Dieu récompense;

Que va-t-on redire aujourd'hui ?
Il se plaisait à les répandre
Ces dons qu'il recevait de vous.
Votre main vient de les reprendre :
Voyez sur qui tombent vos coups !
Trop souvent le méchant prospère;
La foi regarde et ne dit rien.
Mais, pourquoi vous montrer sévère,
Quand le bonheur vous sert si bien ?

Seigneur, vous êtes la justice!
Vous me répondez et j'entends.

Il faut que la fleur se flétrisse;
L'été doit suivre le printemps.
Quand la douce saison s'achève,

Quand les fleurs tombent sous nos yeux,
Aucune plainte ne s'élève :

Le ciel se fait plus radieux.

Quand de ces fleurs la terre est blanche,
Que leur parfum s'est exhalé,

Le fruit se forme sur la branche:
L'arbre saus fleurs est consolé!

Pendant que nos âmes gémissent,
Sur celle-là luit le soleil !
Voici l'heure où les fruits mûrissent
Et prennent leur éclat vermeil.
Ce n'est point la saison avare
Qui met en deuil les verts rameaux.
Non, c'est celle qui leur prépare,
Prodigue, des trésors nouveaux !
O mon Dieu, de ces fleurs fertiles
Le parfum vous a fait bénir.
Les fruits seront-ils inutiles,
Ces fruits divins qui vont venir?
Ah! qu'ils lui servent de couronne,
Dans le temps, dans l'éternité!
Ils ne tombent point dans l'automne,
Comme nos fleurs quand vient l'été.

Et, si le monde les ignore,

Pour nous qu'ils ne soient point perdus !

Que cette vertu fasse éclore

En nous de vivaces vertus !

Ainsi, quand près de l'arbre tombe
Un de nos fruits remplis de miel,
Le bon terrain n'est point sa tombe:
Un arbre en sort, cherchant le ciel !

Octave DUCROS (de Sixt).
L'ERMITAGE

DE NOTRE-DAME DE CONSOLATION (Pyrénées-Orientales).

Connaissez-vous ces monts dont la tête immobile
Oppose son silence au bruit des flots mouvants?
Au sein de leurs rochers est un pieux asile
Cher aux êtres souffrants.

C'est là que chaque jour de fervents solitaires
A la Reine du ciel répètent dans leurs vœux ·

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