Sa puissance s'étend où notre vie expire; LE CIMETIERE DE VILLAGE. (Trad. de l'anglais de Thomas Gray.) Le son du couvre-feu retentit dans les airs: Le laboureur pensif lentement les ramène :. Et quelques sons lointains que m'apporte le vent. Hélas! jamais les chants de l'hirondelle agile, [lée, Mais un deuil fastueux, un marbre qui respire, Peuvent-ils animer d'arides ossements ? Cet encens, ces honneurs que le vulgaire admire, La pauvreté, la faim, pour lui non moins fatales, Des crimes, des vertus le cours fut limité; Un simple monument élevé sur leurs restes, Une muse des champs, sur la pierre insensible, Un jour le voyageur s'informe de mon sort; Peut-être un vieux pasteur, d'une voix oppressée, Tantót, sous ce vieux chêne, aux cimes fantasti- ki dort, affranchi des terrestres liens, ama la science; et la mélancolie Le prenant au berceau, lui dit : Tu m'appartiens. So cœur du malheureux partageait les alarmes, Tout ce qu'il possédait il le donna: des larmes! Laisse en paix ses vertus dans leur dernier refuge, LE CIMETIÈRE DE CAMPAGNE. On suis je! A mes regards un humble cimetière, La ne s'élèvent point l'airain, le marbre, l'or; Le reste dans la poudre au hasard confondu. Ta sueur enrichit l'oisiveté des villes; Et, quand Mars des combats fit retentir le cri, Nos pieds inattentifs foulent à chaque pas LA CITÉ DE DIEU. [témoin. LEGOUVÉ. Fleuve du siècle, dans ton onde Tu roulas trop longtemps l'erreur; Il faut qu'un nouveau Nil féconde Le champ délaissé du Seigneur. Cœur de l'homme, bois la rosée Que faisait descendre Elysée! Redoublons de zèle et d'effort; De notre barque fugitive Nous voyons déjà l'autre rive, Et nos amis sont dans le port. En vain sa lépre héréditaire Dévore l'homme chaque jour : Il tient au ciel sur cette terre Far la douleur et par l'amour. Rendre à Dieu celui qui le brave, Délier le mors de l'esclave, Charité, voilà ton pouvoir! L'homme ici-bas nage sous l'ombre ; Sans toi tout devient la nuit sombre; L'amour est l'oeil, aimer c'est voir! Que la charité nous embrase Dans notre exil infortuné; De l'œuvre qu'elle soit la base, Que le temple en soit couronné ! Elle ne connaît point d'obstacles, Elle vaut mieux que les miracles, C'est le grand nœud du genre humain C'est elle qui dans la vallée Conduit sur la route isolée Le bienfaisant Samaritain. Oui, sur cette terre d'épreuve Notre but d'amour est tracé : Magistrat, protége la veuve; Médecin, prends soin du blessé. Prêtre, dis-nous comme l'apôtre : Mes enfants, aimez-vous l'un l'autre. › Prélat enflé de ton vain nom, Sache que tu nous dois l'exemple Laisse la crosse d'or au temple, Sois Cheverus, sois Fénelon. Poête humain, roi de la lyrė, Rends l'homme bon, rends-le chrétien. Pour le retirer de la fange Où le roulent ses vains désirs! Frapper dans l'air l'oiseau de proie, Mèle au breuvage un peu de miel; Ton sort est beau, chantre immortel! De vos fleurs jonchez le saint lieu ! LA CLOCHE. AIME DE LOY. (Traduit de l'allemand de Schiller.) Compagnons, dans le sol s'est affermi le moule: La cloche enfin va naître aux regards de la foule, C'est aujourd'hui le jour appelé par nos vœux! Qu'une ardente sueur couvre vos bras nerveux : L'honneur couronnera la peine et le courage Des joyeux ouvriers, si Dieu bénit l'ouvrage. Il parlera de nous, des sommets de la tour, Ce pieux monument que vont, avec mystère, Edifier nos mains dans le sein de la terre ; Vainqueur, il franchira les temps, et tour à tour Comptera des humains les races disparues; On verra dans le temple, à sa voix accourues, Des familles sans nombre humilier leur front; Aux pleurs de l'affligé ses plaintes s'uniront; Et ce que les destins, loin de l'âge où nous soinmes, Dans leur cours inégal apporteront aux hommes, S'en ira retentir contre les flancs mouvants Qui le propageront sur les ailes des vents. La cloche annonce au jour, avec des chants [ joyeux, 'enfant dont le sommeil enveloppe les yeux. Qu'il repose !... Pour lui tristes ou fortunées Dans l'avenir aussi dorment les destinées; Mais sa mère, épiant un sourire adoré, Veille amoureusement sur son matin doré. Hélas! le temps s'envole et les ans sc succèdent. Déjà l'adolescent, que mille vœux possédent, Tressaille, et de ses sœurs quittant les chastes jeux, S'élance, impatient, vers un monde orageux. Pèlerin engagé dans ses trompeuses voies, Qu'il a connu bientôt le néant de scs joies! Nous confions au sein de la terre profonde L'ouvrage de nos mains; dans son ombre féconde, Le prudent laboureur laisse tomber encor L'humble grain, en espoir riche et flottant trésor. Vêtus de deuil, bélas! nous venons à la terre, D'un germe plus sacré déposer le mystère, Plein de l'espoir qu'un jour, du cercueil redouté, Ce dépôt fleurira pour l'immortalité. Des hauts sommets du dôme aux épaisses le[ nèbres, La cloche a des tombeaux tinté les chants funèbres: Ecoutez! ses concerts, d'un accent inhumain, Suivent un voyageur sur son dernier chemin. C'est la mère chérie, hélas! la tendre épouse Que vient du roi des morts l'avidité jalouse Séparer des enfants, de l'époux expirant. L'époux les reçut d'elle; et tous, l'un déjà grand, L'autre dans ses bras, l'autre encore à sa mamelle, Ils souriaient. Alors rien n'était beau comme elle! C'en est fait. Elle dort sous le triste gazon, Celle qui fut longtemps l'âme de la maison. Déjà manquent tes soins, ô douce ménagère ! Et demain, sans amour, va régner l'étrangère. Sous la forêt où glisse une pâle lumière, O voyageur, hâtez vos pas vers la chaumière : L'angelus des hameaux retentit dans les airs; Le filet allongé pend sur les flots déserts; L'agneau, devant les chiens, vers le bercail se [sauve; Le troupeau des grands bœufs, au front large, au [poil fauve, S'arrache, en mugissant, aux délices des prés; Il s'avance, couvert de festons diaprés, Que le choeur de la danse à pas joyeux s'approche! E que tout ici bas s'évanouit et passe, LA CLOCHE. Noble voix de géants, voix de nos cathédrales, Soit que vous annonciez la vie ou bien les råles, La mort d'un peuple ou bien la naissance d'un roi; qu'au loin vous portiez l'allégresse ou l'effroi, Tos accents ont toujours un écho dans mon âme; C'est la flamme allumant en nous une autre flamme, Et quand je vous entends, je vois l'humanité Pas grande sous les yeux de la Divinité! Chaste voix du rappel, admirable harmonie, Teat les siècles ont vu la richesse inlinie Sétendre du midi jusqu'au septentrion, Je comprends la splendeur de votre mission! A ce concert divin tout le monde a sa place! Les peuples y sont tous appelés, et la race La plus déshéritée, au jour marqué par Dieu, Aura, pour l'adorer, comme nous, un saint lieu. Alors s'élèvera de tous les points du monde, Du plus chétif ilot environné par l'onde, Des rustiques clochers perdus au fond des bois, Comme dans nos cités, une commune voix. Entre l'homme et le ciel, messagère sublime, Qui chante pour le juste, et pleure sur le crime, Il n'est pas en nos cœurs une joie, un espoir Dont tu ne sois là-haut le fidèle miroir ! Chante, chante et gémis! Gémis sur la misère D'un peuple de proscrits, jusqu'au jour où la terre, A force de sanglots et de tressaillements Terra sécher ses pleurs et finir ses tourments. En appelant l'Esprit sur le front des apôtres, Le Christ n'a pas voulu que pour toujours les nôtres Fussent par le malheur affaiblis et courbés. la dit: Relevez tous ceux qui sont tombés! Marchez et chaque jour de nouvelles conquétes l'our mon père et pour moi seront de douces fêtes. Au prix de votre sang rachetez les humains; L'univers est à vous, je le mets en vos mains. › li leur a dit: Allez ! que votre voix s'élève Aussi haut que le bruit des flots battant la grève! lis sont tous appelés, et tous vous comprendront; Car d'un signe divin j'ai marqué votre front, Avant de condamner dites-vous : C'est mon frère ! Rappelez-vous souvent notre femme adultère ! Soyez justes et bons: que chaque sentiment Trouve en vous uu écho plutôt qu'un jugement! › Ainsi dit le Seigneur, et la sainte parole, Illuminant les siens comme d'une auréole, Est arrivée à nous, après dix-huit cents ans, Pour nous inoculer ses germes bienfaisants. Elle a changé le monde; et la terre en enfance, Partout où vint tomber la divine semence, Dans ses langes étroits se sentant étouffer, A ce nouveau soleil voulut se réchauffer. L'homme alors devint fort, car il crut; et la route Radieuse apparut à ses yeux que le doute Et le mensonge avaient si longtemps obscurcis. La lumière toucha nos cerveaux rétrécis, Et, les élargissant, y versa, comme un baume, La Foi, céleste fleur, dont l'enivrant arome, Adoucissant l'esprit des générations, Doit d'un même lien unir les nations. Depuis, montent au ciel d'universels cantiques! Pleurez sur le méchant et sur ceux qu'il menace; LA CLOCHE. Doux instrument de la prière, Qui monte vers les cieux; Chante sur le berceau. Vers un monde meilleur. Chantant l'hymne de foi. Puis, quand je quitterai la terre, Tous ceux dont l'amitié m'est chère, Pour qu'ils pensent à moi; Qui monte vers les cieux; Toi qui chantas pour mon baptême, Claudius dEBRARD. COELI ENARRANT GLORIAM DEI. (Traduction du psaume xv.) Ce psaume a deux sens : l'un applicable aux ouvrages visibles du Créateur; l'autre relatif à la prédication des apôtres et à la loi évangélique. Les cieux racontent la puissance Ce n'est point un hymne frivole, Du monde entier est entendu. Chef-d'œuvre de ce Dieu suprême, Et son tabernacle immortel, Le soleil apparaît sur les hauteurs du ciel; répand les rayons dont Dieu l'orna lui-même; Il semble un jeune époux ceint du bandeau royal, Qui dès l'aube du jour sort du lit nuptial. Le front couronné de lumière, Du monde entier décrit le tour; Telle est, ô mon Dieu, ta loi sainte, Elle éclaire nos pas, rassérène nos cœurs, Y verse avec l'espoir ton amour et ta crainte, De l'enfant au berceau te consacre les vœux, Et du vieillard mourant tourne vers toi les yeux. Ah! combien ta loi salutaire Est plus désirable que l'or! Du cœur qui l'aime et la révère, Elle est le plus riche trésor : L'or et les pierres précieuses Pour lui sont moins délicieuses Que la parole du Seigneur. A l'observer sans cesse il veille, Et le miel de la jeune abeille N'en peut égaler la douceur. En vain de l'humaine sagesse L'on vaate les dons accomplis, Elle ne peut des cœurs sonder tous les replis; Ta loi seule, ô mon Dieu, révèle leur faiblesse; Elle seule en tes bras ramène les pécheurs, Et verse dans leur sein tes dons consolateurs. Oui, si je demeure sans tache, Si, toujours fidèle et pieux, A ta loi sainte je m'attache; Si toi seul reçois tous mes vœux; Marchant sans cesse en la présence, Je glorifierai ta clémence Qui rendit mes jours innocents; Ma voix publiera ta sagesse, Et mon cœur ravi d'allégresse T'offrira son plus pur encens. SAPINAUD DE BoisHuguet. COELO QUOS EADEM GLORIA CONSECRAT. (Hymne de la Toussaint, par Santeul.) O vous que dans le ciel même gloire rassemble, Le saint bonheur à flots dans votre âme s'épanche, La soif qui la brûle toujours. Cependant votre Roi parmi tant de miracles, Contemple sa propre splendeur; |