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Jui, séparé du temps qu'on ne peut ressaisir,
Dans un triste repos traverse l'avenir.

Un enfant, près de lui, sur la froide poussière prime de ses pas une trace légère ;

El foulant ses aieux que la mort a surpris,
Laresse en se jouant leurs antiques débris.

Mais un son qui frémit sous la voûte muette,
Far l'écho souterrain lentement se répète ;
Du concert de la mort c'est l'hymne solennel,
E. du Dieu des mourants on découvre l'autel.
Ces pilastres, ces murs, dépouilles funéraires,
Sous les tremblants parvis ces vastes reliquaires,
Ces corps par notre culte à la mort consacrés,
Que la terre a vomis de ses flancs déchirés,
Lette croix qui décore une insensible pierre,
La mortels recueillis, cette longue prière,
El du temple divin la sombre majesté,
Tout, aux portes du temps, montre l'éternité.
C'est là qu'un saint vieillard, qu'affermit sa doc-

[trine,

Vers la mort qu'il attend pieusement s'incline;

Sur les flots de la vie, austère voyageur,
C'est au céleste port qu'il dirige son cœur.
L'espérance et l'amour ont dissipé sa crainte,
L'ardente charité sur son front est empreinte,
Cest l'Ange des tombeaux: sa tranquille ferveur
tre le Ciel au juste, et la Croix au pécheur.
be Thomme qui n'est plus interrogeant la cendre,
As faiblesses du cœur il daigne condescendre.
Ces regrets, ces soupirs, ces inutiles pleurs
Alestant de la mort les récentes douleurs,
Le rapide moment qui renferme la vie,
Le temps mystérieux dont sa perte est suivie,
coup toujours prochain et toujours imprévu,
Ce premier jugement où l'âme a comparu,
Tant d'espoir de salut et tant d'incertitude

Ost troublé de son cœur la sainte quiétude :
Melitant de la mort les rigoureux décrets,
I voudrait sur lui seul en épuiser les traits.

El lorsque du trépas cette fatale image
lamide le juste, épouvante le sage,
Que les mortels unis d'une chaste amitié,
Expirent doublement dans une autre moitié,
Far fermer par la foi des blessures trop vives,
montre du Jourdain les gémissantes rives;
Laptre bien-aimé, pleurant dans le saint lieu
Son maitre, son ami, son Sauveur et son Dieu.
Wredit les douleurs d'une céleste mère :
Immobile, elle pleure au sommet du Calvaire,
Lorsque l'astre du jour, éteignant son flambeau,
Nosait du Dieu vivant éclairer le tombeau.
Ranimant du chrétien la force qui chancelle,
I promet au malheur une palme immortelle ;
Le secret des douleurs est enfin révélé :
Beureux celui qui pleure, il sera consolé !

Sa tête s'est penchée et sa voix s'est éteinte :
Son âme de la vie à peine sent l'atteinte:

Se contemplant lui-même à son dernier moment,
Il nous peint de la mort le doux enchantement,
L'ineffable sommeil où l'âme recueillie

Se repose du monde et pour jamais l'oublie,
Et, par un saint réveil à la félicité,
Accomplit dans le ciel son immortalité.

La vierge, en l'écoutant, pleure et cesse de
[craindre;
L'homme bénit sa peine et n'ose plus s'en plaindre;
L'enfant même, poussé par un instinct pieux,
Etend ses faibles bras vers le prêtre et les cieux.
Mais tous ont leutement regagné la lumière;
Bientôt ils reviendront sous l'humide carrière,
De leurs jours, condamnés à de nombreux travaux,
Au sein de l'Eternel déposer tous les maux.
Mme DE CÉRÉ-BARBÉ.

SAINTE CATHERINE, VIERGE ET MARTYRE,

PATRONNE DES JEUNES FILLES.

Célébrons la victoire

Et le noble combat

De celle dont la gloire
Brille avec tant d'éclat.
C'est dans Alexandrie
Qu'elle reçut le jour;

Elle donna sa vie

Pour Dieu, dans ce séjour.

Sainte Catherine, humble vierge,

Qui résistâtes seule au second Maximin,
Reléguant dans sa pourpre un empereur romain,
Afin de mourir pure et chaste sous la serge,
Tendez-nous du ciel votre main !

Dès l'âge le plus tendre
Elle plut au Seigneur,
Et ne voulut prétendre
Qu'à ce seul vrai bonheur.
L'éclat qui l'environne
Ne séduit pas son cœur;
Elle attend la couronne
Du divin Rédempteur.

Sainte Catherine, savante,

Qui, dans Alexandrie, et du sang de ses rois,
Aux rhéteurs de l'école enseignâtes la croix,
Tant vous étiez de Dieu la parole vivante,
Prêtez-nous là-haut votre voix.

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Qui, sur la roue infâme, au plus fort des tour. Confessâtes Jésus et ses commandements,

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Priant pour vos bourreaux, bien loin de les mauPriez pour nous à tous moments.

Vierge dont on admire

Les sublimes vertus,

Glorieuse martyre,

Modèle des élus, Obtenez-nous la grâce D'imiter vos verlus, Afin de trouver place

Au séjour des élus.

[dire

Emile DESCHAMPS,

LE CATHOLICISME EN ANGLETERRE. Quoi tu retrouverais la foi de la jeunesse. Abandonnant l'erreur d'une folle sagesse,

Tu reviendrais, devant la croix, Abaisser de ton front l'orgueilleux diadème, Et de l'autorité suprême

Ecouter humblement la paternelle voix !

Quoi! moderne Albion, tu rouvrirais ton temple
Au culte dont tes chefs t'avaient donné l'exemple,
Et qu'un jour la main a chassé ;

On entendrait encor, sous tes voûtes antiques,
Retentir les divins cantiques

Qu'aimaient tant tes aïeux, dont ton cœur s'est [lassé!

Tu rapprendrais les mots de ton premier symbole !
Les saints, à tes regards, reprendraient l'auréole
Et recevraient encor tes vœux !
Ton autel entendrait murmurer ees prières

Qu'à genoux écoutaient tes pères,

Et que l'encensoir d'or embaumait de ses feux !
Ainsi que nous prions, toi, tu prierais encore !
Tes accents, vers le ciel montant à chaque aurore,
S'y mêleraient à nos accents!

Tes soupirs, nos soupirs unis iraient se rendre
Au séjour qui doit les entendre :

Ton encens, devant Dieu, grossirait notre encens!
Nos yeux contempleraient cette douce merveille,
Et nos cœurs goûteraient félicité pareille !

Nous verrions s'ouvrir cette fleur! Notre siècle serait témoin de ce grand acte Qui rendrait, par un nouveau pacte,

Une fille à l'Eglise, à la France une sœur.

Oh! combien sur la terre, au séjour de la gloire, Répandra de bonheur cette insigne victoire !

Si, pour un seul agneau perdu

Qui revient au bercail, ils nagent dans l'ivresse, Des cieux qui dira l'allégresse,

Quand un troupeau nombreux au Pasteur est [rendu?

Oui, reviens sur tes pas, protestante Angleterre : De ta foi primitive embrasse le mystère.

Du jour où de la vérité

Tu secouas le joug, trois siècles te séparent;

Mais qu'importe à ceux qui s'égarent,

Le chemin parcouru durant l'obscurité ?

Reviens, non pas à nous, mais reviens à toi-même. De la vieille croyance, à chaque pas, l'emblème Se dresse encore autour de toi.

Quelles mains ont construit tes sveltes basiliques? Sont-ce pas des mains catholiques?

Leurs murs pleurent encor d'avoir changé de lot. Reviens! quel fut le prix de la triste rupture Qu'entraîna de ton roi la lubrique imposture? Unis de croyance et d'esprit,

Tous tes fils d'un seul pas suivaient la même voie,
Leur cœur écoutait avec joie

Le Pontife qui parle au nom de Jésus-Christ.
Regarde maintenant compte tes mille sectes,
Tes essaims de docteurs, vil nuage d'insectes,
Qui te bourdonnent leurs discours.
Chez toi, chaque soleil fait naître une doctrine.
Qui, de la vérité divine,

Pourrait dans ce chaos reconnaître le cours?
Pourquoi, le cœur voilé d'une sombre folie,
Tes fils conçoivent-ils cette mélancolie

Qui souvent les jette à la mort?
Pauvres âmes, hélas! que tourmente le doute,
Et qui ne voyant plus leur route,
Se heurtent sur l'écueil qu'ils prennent pour le
[port

En vain, pour explorer les plus lointaines plages,
L'Océan voit sans fin partir de tes rivages

Et tes marins et tes vaisseaux :
Ils emportent partout l'ennui qui te déchire,
Et sur les bords aucun navire
N'a jamais rapporté le remède à tes maux.
La France catholique en ton retour espère;
Elle dit chaque jour à ton céleste Père ;

Remots-la dans son ancien rang.
N'as-tu pas autrefois sous les murs de Solyme,
Suivant son exemple sublime,

Au sang de ses croisés aussi mêlé ton sang?
Reviens! il reste encore à faire des conquêtes;
Le divin Moissonneur te convoque à ses fêtes:
Que de peuples à convertir!

A tes hardis marchands se joindront les apôtres :
Ton prêtre, appelé par les nôtres,
Ira leur disputer la palme du martyr.

(1) Causa nostræ lætitiæ. (Litanies de la sainte Vierge.)

L'abbé Achille DUPUY.

CAUSE DE NOTRE JOIE (1).

Je te salue, astre vermeil,
Je te salue, ô belle aurore,
Qui nous annonces le Soleil,
Le Soleil que le cœur implore.
Tu parais troublés, éperdus,

Ceux qui nous frappaient sous les ombres,
Vont cacher leurs fronts confondus
Dans le fond des abîines sombres.

Les fils d'Adam, levant leurs yeux
Remplis de larmes pour prière,

Voient enfin, au front noir des cieux,

Briller une douce lumière :
Sion, ranimant son ardeur,
Comme elle, abattue et captive,

Pour redire un chant de splendeur,
Se lève de l'antique rive.
Ainsi qu'au souffle du printemps
Se ranime la fleur flétrie,

Le cœur triste, depuis longtemps,
S'épanouit devant Marie.
Elle est le sourire du ciel,
Du ciel pardonnant à la terre;
Elle est cette goutte de miel

Qui tombe dans la coupe amère.
Elle est cette étoile des flots
Qui lait au milieu des nuages,
Pour consoler les matelots
Et les guider dans les orages.
Elle est, quand les coups de la mort
N'ont épargné que notre tête,
Le débris qui nous mène au port,
Malgré les vents et la tempête.
Elle est la précieuse fleur

Qui nous promet un fruit de joie ;
Dans les combats de la douleur
L'ange que le ciel nous envoie.
Elle est le tribunal sacré

Où siége pour nous la sagesse ;
Elle est ce beau palais doré

Où nous trouvons toute richessc.
L'abbé Achille DUPUY.
SAINTE CECILE.

LEGENDE.

C'était une dame romaine,
Une dame d'un très-haut rang,
Qui jadis pour la foi chrétienne
Donna son sang.

De Dieu célébrant les louanges,
Nuit et jour elle aimait chanter,
El du ciel descendaient les anges
Pour l'écouter.

Elle disait l'hymne suprême
Quand on vint la faire mourir;
Le bourreau s'étonna lui-même
De s'attendrir.

Sar sa tête il suspend le glaive,
De ses mains prêt à s'échapper;
I attend que l'hymne s'achève
Pour la frapper.

Et la tête mal abattue,

Sans tomber, s'incline en tremblant; Tel qu'on le voit dans sa statue

De marbre blanc.

Dans les douleurs elle succombe, Ses plaintes sont des chants encor.

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Seigneur, à l'imiter la sainte nous convie;

Puissions-nous marcher sur ses pas, Comme elle vivre en vous durant toute la vie, Mourir en vous, comme elle, à l'heure du trépas ! LA MONNOYE.

LES CENDRES.

Viens, mortel insensé, viens abdiquer ta gloire; Efface des honneurs la stérile mémoire : Sur la plage mobile, orgueilleux étranger, Tu graves sur le sable un titre passager.

La voix du temps proclame, et tu n'oses l'en[tendre:

Un souffle, c'est la vie; et l'homme n'est que
[cendre. >

Les mortels se jouaient sur un riant écueil;
Quel rapide retour du plaisir vers le deuil!
Les rois ont détaché le brillant diadème,
Et tremblent sous le poids de l'empire suprême.
Des grands sont accourus, et leur humilité
Atteste qu'ici-bas tout n'est que vanité.

Le riche a renfermé, sous la double serrure,
De son corps abattu l'élégante parure ;
Et, du prêt de la vie inquiet débiteur,
Reconnaît son néant aux pieds du Créateur,
Tous, réclamant la poudre où le temps fait des-
[cendre,

Confessent à genoux que l'homme n'est que cendre.

Un prêtre, pénétré d'un saint frémissement,
Au fond du sanctuaire apparaît lentement.
Ce front pâle, où le temps sillonne son passage,
Décèle qu'il remplit un sévère message...
Son âme, initiée aux célestes secrets,
Etrangère à la joie, ignore les regrets;
Et semble recueillir, vers la terre abaissée,
Sur un point fugitif une longue pensée.
De l'âge qui n'est plus le vague souvenir,
De ce peuple nouveau le fragile avenir,
Ce cercle de lumière où le temps se balance,
Cette ombre du trépas qui vers l'homme s'avance,
D'un trouble prophétique ébranlent ses esprits.
Il semble chanceler sur d'antiques débris;
Et tandis que du temps il mesure l'abîme,
Son redoutable sceau marque chaque victime.
Sa voix mystérieuse atteste notre sort;

Sa main plonge à demi dans l'urne de la mort,
Et son geste imposant au chrétien fait comprendre
Que ses jours sont comptés, que l'homme n'est que
[cendre.

Mais le prêtre contemple une sombre frayeur;
Et bientôt raffermi dans la paix du Seigneur,
Pour chasser des humains la profane tristesse,
Il vient du Dieu vivant répéter la promesse ;
En vain le corps mortel dans la poudre est jeté :
La chair a reconquis son immortalité;

Le temps qui la dévore est contraint de la rendre,
Et le ciel de ses fils doit réveiller la cendre.

Mme DE CÉRÉ-BARBÉ.

LE CERCUEIL DU JUSTE.

Impie, éloigne-toi du sanctuaire auguste,
Où la religion proscrit de vains regrets;
Ne viens pas profaner la demeure du juste
De tes pas indiscrets.

J'aborde avec respect une illustre poussière,
Ce corps fut visité du corps de Jésus-Christ;
Sur cette bouche, où vient d'expirer la prière,
Le salut s'est écrit,

Echappant de l'exil, la céleste émigrée
A rompu de la vie un fragile ressort;
Et confie au Seigneur sa dépouille sacrée,
Conquête de la mort.

Le prêtre consolé verse l'onde mystique,
Pose la croix divine où Dieu fut attaché;
Et semble repousser de son souffle angélique
Le souffle du péché.

Que j'aime à contempler la majesté tranquille
De ce juste en repos, sous l'abri du Seigneur!
On dirait que la mort est l'heureux domicile
Où reluit sa grandeur.

Un chant funèbre et doux pénètre cette enceinte, La foi mélodieuse accompagne le deuil, L'Eglise a réclamé cette relique sainte

Que saisit le cercueil,

Le pauvre te bénit sur ton char funéraire,
Toi, dont la bienfaisance enchantait sa douleur,
Qui dans l'infortuné voyais toujours un frère,
Et cherchais le malheur.

En vain de la pitié tu fis un long mystère,
Et, d'une double gloire aujourd'hui revêtu,
Tu reçois dans le ciel, et reçois sur la terre
Le prix de la vertu.

Mme DE CÉRÉ-BARBÉ.

LE CHAMP DU REPOS.

C'est sous un ciel brumeux, et quand le vent d'au tomne

Soupire tristement sa plainte monotone;

C'est quand la dépouille des bois, Comme un épais linceul, déjà couvre la terre, Qu'il faut venir pleurer au tombeau solitaire Et prier au pied de la croix. Alors par aucun chant l'àme n'est plus distraite, La mésange a gagné sa paisible retraite,

L'hirondelle un climat plus doux; Mais quand d'un ciel glacé la neige à flocons tombe, L'hiver, on voit encore, hélas ! près de la tombe La mère ou l'enfant à genoux. Un sépulcre, une fosse au pied de la colline, Voilà le but commun auquel tout s'achemine Par un chemin plus ou moins court. Le vieillard à pas lents vers la tombe s'avance, Tandis que la jeunesse avec impatience

A pas précipités y court.

Gloire, orgueil, qu'êtes-vous? hélas ! un peu de

[cendre

Que le plus faible enfant en se jouant peut prendre,

Tenir en sa petite main.

Femmes au doux souris, beautés folles, rieuses, De vos succès d'un jour à l'excès orgueilleuses, Ici je vous attends demain !

A. DEPASSE.

CHANT DES OISEAUX.

Qui chantez-vous, petits oiseaux?
Je vous regarde et vous écoute :

C'est Dieu qui vous a faits si beaux;
Vous le louez sans doute.

Son nom vous anime en ces bois;
Vous n'en célébrez jamais d'autre.
Faut-il que mon ingrate voix
N'imite pas la vôtre !

Vos airs si tendres et si doux

Lui rendent tous les jours hommage :

Je le bénis bien moins que vous,

Et lui dois davantage.

L'abbé CASSAGNE (1).

CHANTS LYRIQUES DE SAUL.

(Imitation des Psaumes de David.)

Je répandrai mon âme au seuil du sanctuaire; Signeur, dans ton nom seul je mettrai mon es

{poir ;

Mes cris t'éveilleront, et mon humble prière
Selèvera vers toi comme l'encens du soir !
Dans quel abaissement ma gloire s'est perdue!
Ferre sur la montagne ainsi qu'un passereau,
Et par tant de rigueurs mon âme confondue,
Mon âme est devant toi comme un désert sans cau.
Pour mes fiers ennemis ce deuil est une fête.
fis se montrent, Seigneur, ton Christ humilié.
Le voilà, disent-ils; ses dieux l'ont oublié ;
El Moloch en passant a secoué la tête
Et souri de pitié.

Seigneur, tendez votre arc; levez-vous, jugez-moi!
Remplissez mon carquois de vos flèches brûlantes.
Que des hauteurs du ciel vos foudres dévorantes
Portent sur eux la mort qu'ils appelaient sur moi!
Dieu se lève, il s'élance, il abaisse la voûte
De ces cieux éternels ébranlés sous ses pas;
Le soleil et la foudre ont éclairé sa route;
Ses anges devant lui font voler le trépas.

Le feu de son courroux fait monter la fumée;
Son éclat a fendu les nuages des cieux ;

La terre est consumée

D'un regard de ses yeux.

Il parle; sa voix foudroyante

A fait chanceler d'épouvante

Les cèdres du Liban, les rochers des déserts;

(1) Né en 1636, membre de l'Académie française en 1662, mort en 1679. Quoique Boileau, qui ne negligeait pas l'occasion de lancer un bon mot, et quelquefois aux dépens de la vérité, l'ait placé

Le Jourdain montre à nu sa source reculée; De la terre ébranlée

Les os sont découverts.

Le Seigneur m'a livré la race criminelle
Des superbes enfants d'Ammon.
Levez-vous, ô Saül! et que l'ombre éternel.
Eogloutisse jusqu'à leur nom!

Que vois-je ? vous tremblez, orgueilleux oppresLe héros prend sa lance, [seurs?

Il l'agite, il s'élance;

A sa seule présence,

La terreur de ses yeux a passé dans vos cœurs. Fuyez !... Il est trop tard! sa redoutable épée Décrit autour de vous un cercle menaçant,

En tout lieu vous poursuit, en tout lieu vous attend; Et déjà, mille fois dans votre sang trempée, S'enivre encor de votre sang.

Son coursier superbe

Foule comme l'herbe
Le corps des mourants;
Le héros l'excite,

Et le précipite

A travers les rangs;
Les feux l'environnent;
Les casques résonnent
Sous ses pieds sanglants;
Devant sa carrière

Cette foule altière

Tombe tout entière
Sous ses traits brûlants,
Comme la poussière
Qu'emportent les vents.

Où sont ces fiers Imaélites,
Ces enfants de Moab, cette race d'Edom?
Iduméens, guerriers d'Ammon,

Et vous, superbes fils de Tyr et de Sidon, Et vous, cruels Amalécites?

Les voilà devant moi comme un fleuve tari, Et leur mémoire même avec eux a péri

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