Par lui seul tout s'élève et tout est renversé. Me voici, vous dit-il, j'ai pitié de vos crimes. [cellent; Que font sur vos autels ces bustes impuissants? Mes ennemis troublés jettent au loin leurs armes, CANTIQUE DES TROIS JEUNES HOMMES, ANANIAS, MISAEL ET AZARIAS, JETÉS DANS UNE FOURNAISE PAR L'ORDRE DE NABUCHODONOSOR, ET PRÉ>ERVÉS DES FLAMMES PAR L'ANGE DU SEIGNEUR. (Daniel, chap. 1, vers. 57 et suiv.) Ouvrages du Très-Haut, effets de sa parole, Rénissez le Seigneur ; Et, jusqu'au bout des temps, de l'un à l'autre pôle, Anges qui le voyez dans sa splendeur entière, Cieux qu'il a peints d'azur et revêt de lumière, Eaux sur le firmament par sa main suspendues, Vertus, par sa clémence en tous lieux répandues, Soleil qui fais le.jour, lune qui perces l'ombre, Etoiles dont mortel n'a jamais su le nombre, Féconds épanchements de pluie et de rosée, Vents à qui la nature est sans cesse exposée, Feux dont la douce ardeur ouvre et pare la terre, Froids dont l'âpre rigueur la ravage et resserre, Admirables trésors de neiges et de glaces, Jour qui fais la couleur, et toi nuit qui l'effaces, Ténèbres et clarté, leurs éternels partages (1), Armes de la colère, éclairs, foudres, orages, Terre que son pouvoir enrichit ou désole, Et jusqu'au bout des temps, de l'un à l'autre pôle, Monts sourcilleux et fiers, agréables collines, Doux présents de la terre, herbes, fruits et racines, Délicieux ruisseaux, inépuisables sources, Fleuves et vastes mers qui terminez leurs courses, Poissons qui sillonnez la campagne liquide, Hôtes ailés des airs, qui découpez leur vide, Animaux que son ordre a mis sous notre empire, Hommes, qu'il a faits rois de tout ce qui respire, Israël, qu'il choisit pour unique héritage, Et d'un climat à l'autre, ainsi que d'âge en âge, (1) Eternels partages, attributs, propriétés du jour et de la nuit. Prêtres, de ses bienfaits sacrés dépositaires, Partout prêchez sa loi, célébrez ses mystères, Ames justes, esprits en qui la grâce abonde, Humbles qu'un saint orgueil fait dédaigner le monde, Bénissons tous le Père, et le Fils ineffable, CANTIQUE DES ENFANTS A MARIE. L'orage dans le lointain gronde, Et la tempête ouvre une aile de seu; Hélas! nos jeunes cœurs en sont glacés d'effroi ; Epris d'une folle sagesse, Aux vils plaisirs abandonnant ses jours, Nous entendrons l'impie, en ses affreux discours, Appeler Dieu mensonge et la vertu faiblesse; Alors qu'il essaiera d'ébranler notre foi, Que deviendrions-nous, douce Vierge, sans toi? Dans cette vie où tout se fane, La paix de l'âme aussi bien que la fleur, Où les nobles pensers qui germent dans le cœur, Sout flétris, en naissant, par un souffle profane; Où sur les fronts mortels le dégoût siége en roi, Que deviendrions-nous, douce Vierge, sans toi? Reçois donc tes enfants, Marie; : De ces dangers qui menacent leurs pas, Sauve les tout espoir est pour eux dans tes bras; Tes bras, tes bras chéris, c'est là notre patrie; Car, si toujours périt qui n'a d'appui que soi, Que deviendrions-nous, douce Vierge, sans toi? L'abbé Achille DUPUY. CANTIQUE DE SIMEON. Nunc dimitttis servum tuum, Domine. (Luc., 11, 29.) Les derniers jours d'une vieillesse Que tu combles de tes bienfaits. Oui, de la sagesse profonde LE FRANC DE POMPIGNAN. Seigneur, fais maintenant venir l'heure dernière, Et la paix de ton serviteur! Mes yeux n'ont plus besoin d'un reste de lumière; Le salut préparé par ta grâce féconde Et pour être l'oracle et le flambeau du monde, Alexandre GUILLEMIN. CANTIQUE D'HABACUC. Prédiction de la désolation de la Judée par Nabucho donosor, et de la captivité du peuple Juif; de la prise de Babylone par Cyrus, et de la délivrance de ce même peuple, figure de la rédemption du monde par JésusChrist. Je t'entends, ô voix formidable; De ceux à qui ton nom ne fut jamais connu : Parmi les douleurs, les alarmes, Là, les chérubins et les anges, Brillant au milieu des éclairs, Faisaient retentir dans les airs Le cantique de tes louanges: Dans ce magnifique appareil Dont l'éclat effaçait la splendeur du soleil, Tu vins, armé de la puissance; Et du sommet de ces superbes monts Tu fis exécuteurs de ta juste vengeance, La mort, les enfers, les démons. Les peuples orgueilleux qui te firent la guerre (1), Ea formant des chemins nouveaux, Tat ploya sous ton bras, à ta voix tout frémit; E le marais bourbeux sous tes pas s'affermit. Frest à Madian sentir tous leurs efforts : champs furent couverts de mourants et de morts, Jusques aux plaines Idumées; Fs qu'il soit en ce jour encor notre défense : @bravent ton courroux avec tant d'arrogance, asje te vois terrible, et ta colère éclate. Des épaisses forêts les pins sont arrachés : L'orgueilleux et rapide Euphrate As plus creux de son lit voit les sablons séchés. Les célestes flambeaux d'un voile épais couverts, La terre, par ses tremblements, CAPTIVITÉ DE BABYLONE. Super flumina Babylonis, etc. Et le souvenir du Jourdain, A l'aspect de l'Euphrate, augmentait nos misères. Chantez, nous disaient ces tyrans, Chantez, et que vos conquérants Mairent de Sion les sublimes cantiques. Les peuples qui habitaient la Terre Promise farrivée des Israélites. Ah! dans ces climats odieux Arbitre des humains, peut-on chanter ta gloire ! Peut-on, dans ces funestes lieux, Des beaux jours de Sion célébrer la mémoire! De nos aïeux sacré berceau, Sainte Jérusalem, si jamais je t'oublie, Si tu n'es pas jusqu'au tombeau L'objet de mes désirs et l'espoir de ma vie : Rebelle aux efforts de mes doigts, Que ma lyre se taise entre mes mains glacées! Et que l'organe de ma voix Ne prête plus de sons à mes tristes pensées! Rappelle-toi ce jour affreux, Seigneur, où d'Esau la race criminelle Contre ses frères malheureux Animait du vainqueur la vengeance cruelle. Egorgez ces peuples épars, Consommez, criaient-ils, les vengeances divines; Et de leurs fondements dispersez les ruines. Reine des nations, fille de Babylone; La foudre gronde dans les airs, [trône. Le Seigneur n'est pas loin, tremble, descends du Puissent tes palais embrasés Eclairer de tes rois les tristes funérailles ! Et que, sur la pierre écrasés, Assis sur les bords de l'Euphrate, Un tendre souvenir redoublait nos douleurs; Nous pensions à Sion, dans cette terre ingrate, Et nos yeux, malgré nous, laissaient couler des [pleurs. Nous suspendimes nos cythares Aux saules qui bordaient ces rivages déserts; Que ma main, tout à coup séchée, (2) Cyrus. (5) Balthazar. Souviens-toi de ce jour d'alarmes, Seigneur, où par leur joie et leurs cris triomphants, Les cruels fils d'Edom, insultant à nos larmes, S'applaudissaient des maux de tes tristes enfants. Détruisez, détruisez leur race, Criaient-ils aux vainqueurs de carnage fumants; De leurs remparts brisés ne laissez point de trace, Anéantissez-en jusques aux fondements. Ah! malheureuse Babylone, Qui nous vois sans pitié traîner d'indignes fers, Heureux qui, t'accablant des débris de ton trône, Te rendra les tourments que nous avons soufferts! Objet des vengeances célestes, Que tes mères en sang, sous leurs toits embrasés, De leurs tendres enfants sur la pierre écrasés! LA CAPTIVITÉ DE SAINT MALC, Déjà célèbre depuis quinze ans lorsqu'il entreprit ce poëme historique et religieux, La Fontaine semblait n'avoir que deux cordes à sa lyre, l'une innocente, mais profane, pour faire parler les bêtes et pour pleurer les disgrâces d'un ami; l'autre criiminelle et voluptueuse, pour chanter le vice et mêler d'impures harmonies aux chœurs de Bocace, d'Arioste et de Rabelais; et voilà qu'il en trouve subitement une troisième pour invoquer la Reine des esprits purs et Soutenir les cantiques des vierges du désert. Vous diriez, en lisant cette douce et pieuse inspiration, qu'il s'est enivré à deux sources dont l'alliance est malheureusement trop rare, à celle où saint François de Sales avait bu tant de suavité, et à celle d'où devait sortir, douze ans plus tard, le charmant conte imité d'Ovide, Philémon et Baucis. Reine des esprits purs, Vierge, enfin je l'im[plore (2): Fais que dans nies chansons aujourd'hui je t'ho[nore; Bannis-en ces vains traits, criminelles douceurs, (1) Saint Malc, moine de Syrie, est mentionné dans le martyrologe romain, au vingt et unième jour d'octobre. Saint Jérôme, qui l'avait connu, a écrit sa vie vers 392 (Oper., t. IV. p. 2); et c'est dans les pages de ce Père de l'Eglise que La Fontaine a pris l'idée de son poëme. (2) La Fontaine, alors àgé de cinquante-deux ans, n'avait, en effet, invoqué jusque-là que les Conservait avec soin le trésor précieux Que nous tenons de l'eau dont la source est aux [cieux. Rien de plus simple que ce petit poëme composé de cinq cent quarante-huit vers. Un jeune moine de Syrie, habitant d'une solitude entre Imma et Béroé, qui est aujourd'hui la ville d'Alep, apprend la mort de ses parents, songe à recueillir leur héritage et médite son retour au siècle. Funeste appåt de l'or, moteur de nos desseins, Que ne peux-tu sur nous, si tu plais même aux [saints? Il veut fonder un cloître et destine le reste Le sage directeur auquel il découvre son projet, cherche en vain à le dissuader. Mon fils, dit le vieillard, il faut qu'avec franchise Je vous ouvre mon cœur touchant votre entreprise. Où vous exposez-vous, et qu'allez-vous tenter? En de nouveaux périls pourquoi vous rejeter? De triompher toujours seriez-vous bien capable? Ah! si vous le croyez, l'orgueil vous rend coupa [ble; Il se joint à une caravane qui allait de Béroé & Edesse sa patrie; et le voilà che minant à travers les déserts et les sables. Peu de jeunesse entre eux, force vieillards craintifs, muses d'Esope et d'Anacréon. A cette époque de sa vie il tourna quelquefois ses regards vers le ciel et demanda des inspirations à la harpe du Roi-Prophète. En 1671, il inséra une paraphrase du psaume xvi dans un Recueil de poésies chrétiennes. En 1694, infirme et converti, il- traduisit le Dies ira, et fit des Stances sur la soumission que l'on doit à Dieu. Les pères chargés d'ans, laissant leurs tendres Tae dame encor jeune et sage en sa conduite, La femme alla servir un maître sans pitié ; El de plusieurs troupeaux, dans l'ardente saison, Ce fut lors, mais trop tard, que pour sa solitude, Je vous ai méprisés, déserts, j'en suis puni. Que vois-je! cria-t-elle. O ciel ! qu'allez vous faire? Votre corps est à Dieu : ses mains l'ont façonné; Le droit d'en disposer ne vous est pas donné. (1) Leurs tendres enfants: c'est le dulcia pignora des poetes latins. 2) Les agneaux. Le croit d'un troupeau, crestentia, est son augmentation par la naissance des pyts. (5) C'est dans le récit de saint Jérôme que La Fontaine a trouvé ce charmant tableau. Malc, après avoir raconté ses ennuis, ajoute: Sic quoque Cogitante me, aspicio formicarum gregem angusto Calle fervere. Videres onera majora quam corpora. Aliæ herbarum quædam semina forcipe oris trahebant: aliæ egerebant humum de toveis, et aquarum meatus aggeribus excludebant. lllæ, venturæ biemis memores, ne madefacta humus in herbam borrea verteret, illata semina præcidebant; hæc, Quelle imprudence à vous de finir votre course Par le seul des péchés qui n'a pas de ressource ! Toute faute s'expie: on peut pleurer encor; Mais on ne peut plus rien s'étant donné la mort. Vivez donc, et tâchons de tromper ces barbares. Dissimulez pourtant, feignez, comportez-vous Ils feignirent donc, et leur semblant d'hyménée les sauva. Chacun crut qu'ils s'aimaient d'un amour conjugal; On se les proposait tous les jours pour exemple; Malc aux regrets du cloître un jour donnait des [pleurs : Les larmes qu'il versait faisaient courber les fleurs. luctu celebri, corpora defuncta deportabant. Quodque magis mirum est in tanto agmine, egrediens non obstabat intranti; quin potius, si quam vidissent sub fasce et onere concidisse, suppositis humeris adjuvabant. Quid multa? Pulchrum mihi spectaculum dies illa præbuit. Unde recordatus Salomonis ad formicarum solertiam nos mittentis et pigras mentes tali exemplo suscitantis, cœpitædere captivitatis et monasterii cellulas quærere, ac formicarum illarum desiderare similitudinem, ubi laboratur in medium, cumque nihil cujusquam proprium sit, omnium omnia sunt. › (T. IV, p. 2, p. 93.) Il faut bien en convenir, la prose du narrateur latin n'est pas moins poetique que les vers de son traducteur. |