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Et déjà, sur son bras fondant leur délivrance,
Les peuples indignés frémissaient dans leurs fers.

Peuples, livrez-vous à la joie :

Il va paraitre enfin ! j'entends son précurseur
Crier dans le désert: Elargissez la voie,
Aplanissez les monts: voici le Rédempteur!
Sourds, recouvrez l'ouïe et que l'aveugle voie :
La terre fécondée enfante son Sauveur! >

Nais j'entends dans la nuit des harpes qui fré[missent,

J'entends des séraphins les chœurs harmonieux, El ces mots sacrés retentissent

Redits par les échos dans le contour des cieux.

Quel ineffable et grand mystère,
Vient de s'accomplir sous nos yeux!
Gloire au ciel, et paix sur la terre
Aux mortels humains et pieux!
Déjà le prince des ténèbres

Pousse en l'air des clameurs funèbres,

Sous le bras divin comprimé;

Et la charité tutélaire,

Qui dans tout humain voit son frère,
Relève le faible opprimé!

› Nous te louons, Seigneur, nous chantons ta [puissance;

Et la terre avec nous, dans ce jour solennel,
La terre, avec respect, avec reconnaissance,
Te nomme son Père éternel!

Devant ton trône d'or rassemblant leurs pha

[langes,

1

Et voilant leurs regards blessés par ta splendeur,
Les dominations, les anges, les archanges
Chantent incessamment: Saint, saint est le
[Seigneur !>

Bergers, qui sur ces collines
Dormez près de vos troupeaux,
Aux chants de ces voix divines
Sortez de votre repos.

Dans cet asile champêtre

Un Sauveur vient de vous naître ;
Voici son astre nouveau.
Venez, sa clarté sacrée
Va, du haut de l'empirée,
Vous guider à son berceau.
Bien qu'à son pouvoir immense
Tout doive obéir un jour,
Au séjour de l'opulence
Ne cherchez pas son séjour,
Près de ce hameau rustique
Voyez cette étable antique

Où tremble une humble lueur.
C'est sous le toit qui s'incline
De ce réduit en ruine,
Qu'est né votre Rédempteur.

Il vient sauver sur la terre

Tous les mortels à la fois;

Mais sur son âme de père

Le pauvre a les premiers droits.
C'est pour mieux briser vos chaines,
Pour mieux connaître vos peines,
Et vous faire un sort plus doux,
Que le roi de la nature

Sur le chaume et sur la bure
Voulut naître parmi vous.

Voici Joseph et Marie
Qui l'adorent tous les deux;
Près de sa crèche chérie
Prosternez-vous avec eux.
Bientôt des lointains rivages
Vous verrez ici les mages,
Par son étoile conduits,
Pour marque de son empire,
Présenter l'or et la myrrhe;
Offrez y de simples fruits.

Et nous, comme aux jours antiques,
Célébrons ce Dieu naissant;
Et par de nouveaux cantiques
Bénissons le Tout-Puissant.

C'est son Fils qu'il nous envoie!
Recevons le dans la joie,
Et répétons à genoux;

Verbe, procédant du Père,
Il s'est fait chair sur la terre,
Et demeura parmi nous! › (1)

-

Rob.-Et. THUret.

Quelle est cette flamme divine
Qui brille au milieu des hivers?
On l'attendait, on la devine,
Elle est visible à l'univers !

C'est la nuit du Sauveur du monde,
La nuit lumineuse et féconde,
Promise aux enfants d'Israël;

C'est Noël !

Pourquoi donc au bruit des cantiques
Peuples et rois sont ils troublés?
Pourquoi sous les sacrés portiques
Les tombeaux sont-ils ébranlés?
L'ineffable voix des archanges
Chante de nouvelles louanges
Et tout tremble dans Israël :

C'est Noël!

Or dans la Judée, une étoile
Guide le mage et le pasteur;
Et la crèche à leurs yeux dévoile
L'Homme-Dieu, l'Enfant-Rédempteur.
On adore, on prie, on admire,
Et l'on répand l'or et la myrrhe;
Tout espère dans Israël :
C'est Noël !

(1) Verbum caro factum est et habitavit in nobis. (Joan. 1, 14.)

BOUCHER DE PERTHES.

NOEL.

(Extrait du poëme intitulé: Le Curé de Valneige.)
Noël ! combien ce mot rappelle à ina pensée
De tendres souvenirs! Mon enfance passée,
Avec ses jours si pleins de joie et de bonheur,
Tout entière, à ce mot, ressuscite en mon cœur.
Alors, je me revois sur le seuil de la vie,
Joyeux, ouvrant mon âme, innocente et ravie,
A ses premiers transports d'ivresse et de plaisir ;
Je me revois encore empressé de saisir
Tout ce qui me causait soudaine jouissance,
Rires bruyants, gaieté, doux fruits de l'innocence.
J'ignorais, dans ces temps, l'amertume des pleurs.
Semblable au papillon qui va de fleurs en fleurs,
Sans jamais épuiser le miel de leurs calices,
J'allais, de tout plaisir effleurant les délices,
Passant de l'un à l'autre avec rapidité,
Comme ils s'offraient, sans choix, à mon avidité.

II en est un, surtout, qu'au fond de ma mémoire
J'ai gardé comme un rêve, une touchante histoire
Dont jamais on ne perd l'aimable souvenir;
C'est celui qu'en mon cœur je sentais revenir
Tous les ans, quand l'Eglise avec pompe s'apprête
A célébrer ce jour, cette admirable fête
Où le Verbe, des cieux inclinant la hauteur,
Descendit; où la terre a vu son Rédempteur!

Anssi, dans quelle joie et quelle impatience J'attendais ce moment de l'auguste alliance Qu'au genre humain déchu Dieu promit tant de fois, Qu'il commence à la crèche et consomme à la croix. Non, dans leurs saints désirs de saluer l'aurore De ce divin soleil pour eux si loin encore,. Les justes d'Israël, ces prophètes ardents, Des secrets du Très-Haut sublimes confidents, N'ont pas, dans les transports d'une ivresse incon

[nue,

Plus vivement du Christ appelé la venue.
Le soir, quand j'entendais les cloches de l'Avent
Jeter des sons joyeux, que les ailes du vent
Semaient, pour l'éveiller, sur la terre engourdie;
Excité tout à coup par cette mélodie,

Avec ma voix d'enfant, que j'aimais à chanter
Un de ces vieux Noëls qu'autrefois sut dicter
L'amour le plus naïf à nos pieux ancêtres !
Penchés sur le berceau du plus humble des maîtres,
Ne voyant dans leur Dieu qu'un tendre bienfaiteur,
Nos pères lui parlaient ce langage du cœur
Si familier, si simple, et pourtant si sublime.
Qu'ils sont beaux ces accents! quelle ardeur les
| anime!

Rien qu'à les répéler nous éprouvons en nous
Les élans les plus purs, les charmes les plus doux;
Il semble que, soudain, comme une sainte flamme,
La foi des premiers temps brûle encor dans notre
[âine.

(1) Jocelyn, en se destinant au sacerdoce, avait renoncé à sa part d'héritage, ce qui grossissait

1 52 A chaque heure du jour ces cantiques touchants Prêtaient à mon bonheur quelques-uns de leurs [chants;

Et par-dessus la chair lorsque l'esprit s'élève,
Souvent, au sein des nuits, j'entrevoyais en rève
L'étable qui contint sous son toit révéré
Le doux Enfant-Jésus de langes entouré,
Sa virginale Mère, et Joseph, et les Mages,
Et les bergers venus pour offrir leurs hommages
A l'humble Nouveau-Né, leur Sauveur et leur Roi.
Ces gracieux tableaux se présentaient à moi
Tels qu'ils m'avaient frappé dans les images peintes
Qui d'une antique Bible ornaient les feuilles saintes,
Et que montrait ma mère à mon œil enivré,
Quand j'avais un peu lu dans le texte sacré.
Enfin l'heureux instant, cher à la race humaine,
Approchait; dans mon sein je contenais à peine
L'ardente émotion dont j'étais animé;
Tout mon cœur tressaillait devant le Bien-Aimé.

Suivant un vieil usage, une sainte coutume,
Près du large foyer où la souche s'allume,
L'aïeul, les petits-fils, les amis, l'étranger,
La veille de Noël, chacun se vient ranger.
En graves entretiens, en lectures pieuses,
Le temps se passe; au lieu de ces chansons joyeuses
Qui des cercles du monde excitent la gaieté,
On n'entend que des airs pleins de suavité,
Des cantiques d'amour sur le Dieu de la crèche.
Ah I dans ce beau moment, de sa voix pure et fral-

I che,

Après vingt ans passés, j'entends encor ma sœur
Exprimer ces vieux airs avec tant de douceur,
Avec tant d'onction par la foi soutenue,
Que les esprits divins qui chantaient dans la mu,
Pour célébrer jadis le Rédempteur naissant,
N'avaient pas dans la voix un charme plus puissant.

Je l'écoutais, penché sur le bras de ma mère
Que je voyais sourire en regardant mon père,
Et qui dans son bonheur, calme, silencieux,
De sa fille à son fils laissait errer ses yeux.
D'harmonie et d'amour je sentais tout mon être
Se remplir; et déjà commençait à paraître
Dans le fond de mon cœur ce noble sentiment
Qui, poussant tout à coup notre âme au dévoue-
[ment,

Lui fait sacrifier, dans un élan sublime,
Au bien-être de tous son bien le plus intime (!).
Puis ma mère, entr'ouvrant avec un doigt pieux
Le livre où sont inscrits les hauts décrets des cieux,
Lisait les mots sacrés de chaque prophétie
Qui vint de siècle en siècle annoncer le Messie,
Comme un écho vivant des promesses du ciel
Qu'Eve reçut jadis après l'arrêt mortel.

Tout pénétrés de joie et de rèconnaissauce,
Admirant du Seigneur l'éternelle clémence,

d'autant la dot de sa sœur, et facilitait sou ma riage.

Qui, tel qu'un arc-en-ciel, quand l'orage est fini,
Vient briller et sourire après qu'il puni,
Nous nous laissions aller à de saintes pensées,
En aspirations vers les cieux élancées.

Ainsi, chantant, lisant et priant tour à tour,
Nous parfumions nos cœurs d'allégresse et d'amour,
Pour offrir à Jésus les plus tendres hommages;
Nous tenions avec soin comme les vierges sages
Notre lampe allumée, en attendant l'époux.
Et la cloche bientôt, frappant l'air de ses coups,
Retentissait, pareille à la voix de ces anges
Qui, remplissant les cieux du bruit de leurs louan-

[blocks in formation]

[jours,

Et quand elle est passée, eu son âme pieuse
Il conserve à jamais la fête radieuse.

Aujourd'hui que les ans, les soucis, le chagrin Ont fait mon sein plus froid et mon front moins se[rein,

Si je n'ai plus, Seigneur, cette joie enfantine.
Qui m'animait jadis pendant la nuit divine,
Auprès de ton berceau je sens toujours en moi
Brûler le même amour avec la même foi.
Depuis que j'ai perdu la paix de l'innocence,
Je bénis plus encor le jour de ta naissance :
En moi, Dieu de pardon, tu daignes pénétrer,
Et mon cœur est la crèche où j'aime à t'adorer.
Désiré CARRIÈRE,
NOLI ÆMULARI IN MALIGNANTIBUS.

(Traduction du psaume xxxvI.)

Ce psaume nous instruit que Dieu se charge quelquefois de la punition des méchants dès cette vie, et se rend le garant des consolations et de l'atlente des justes.

Ne soyez point jaloux du bonheur des méchants,
Aux ennemis de Dieu ne portez point envie :
Comme l'herbe qu'on coupe il tranchera leur vie ;
Vous les verrez tomber comme l'herbe des champs.
Eh! pourquoi redouter la guerre
Dont ils accablent l'innocent?
Confiez-vous au Tout-Puissant,
Vous hériterez de la terre;

Et détrompés de toute erreur,

De la présence du Seigneur
Vous savourerez les délices.
Toujours bon envers ses enfants,
Il soutient leurs pas chancelants
Et les instruit de ses justices.

Que la reconnaissance égale son amour,
En vos dangers pressants recourez à ses grâces;
Et la paix, l'équité, fleurissant sous vos traces,
Multiplieront leurs fruits dans votre heureux sé-
[jour.

Voyant le sort digne d'envie
Que Dieu réserve aux innocents,
Le pécheur grincera les dents,
Mais Dieu se rira de l'impie.
Des méchants l'arc est préparé,
Du fourreau leur glaive est tiré,
Un instinct farouche les guide;
Mais, par les ordres du Seigneur,
Se tourneront contre leur cœur
Leurs dards et leur glaive homicide.
Dieu brisera les dents des superbes mortels;
Il préfère à leur or les dons de l'indigence;
L'indigence a des droits à ses biens éternels,
Et les trésors du ciel seront sa récompense.

L'indigent n'est point abattu

Aux jours d'angoisse et de famine;
Par le Seigneur il est vêtu,

Et nourri de sa main divine.

Mais ses oppresseurs orgueilleux,
Vantant à la face des cieux

Les plaisirs où leur cœur se plonge,
Un moment loués, exaltés,
Sont dans la mort précipités,
Et disparaissent comme un songe.

Le juste prête au pauvre, et défend l'innocent;
Mais du faible l'impie engloutit l'héritage:
Aussi Dieu bénira l'homme compatissant,
Et ses enfants auront la terre pour partage.
Le juste bénit son destin,

Il n'est point froissé quand il tombe;
Dieu le relève de sa main,

Et le retire de la tombe.
J'ai vécu jeune, et j'ai vieilli
Sans voir l'homme juste avili,
Ni sa race dans l'indigence:
Aux pleurs du pauvre il compatit,
Et ses enfants, que Dieu bénit,
Héritent de son innocence.

Du Dieu qui le dirige imitant les vertus,
I accroît son bonheur par la miséricorde;
Dieu fait croftre pour lui la palme des élus,
Et le rassasiera des biens qu'il leur accorde.
Justes, attendez le Seigneur,

Leçons et exemp. de litt. Chrétienne. II.

Et sous sa garde salutaire
Suivez ses lois avec ferveur,
Afin d'hériter de la terre.

Le Seigneur sur l'homme de paix

43

Verse les célestes bienfaits,
Et couronne son innocence;
Mais les mortels ambitieux,
Bannis de la terre et des cieux,
Seront livrés à sa vengeance.

Tel qu'un cèdre superbe au-dessus du Liban,
Mes yeux ont vu l'impie élevé dans sa gloire;
Ses flatteurs à l'envi célébraient sa victoire :
Je n'ai fait que passer, il est dans le néant.
SAPINAUD DE Boisuuguet.

LE SAINT NOM DE JESUS.

Je sais un nom d'amour, nom de paix et de [gloire,

Tout l'univers s'incline à ce nom des élus;
Pour la terre et les cieux c'est un nom de vic-

[blocks in formation]

LE SAINT NOM DE MARIE.

Reconnaissance pour la protection de Marie et motifs de confiance en elle.

Vous que toujours combla de ses bienfaits
Une Mère auguste et chérie,

Enfants de Dieu, que vos chants à jamais
Exaltent le nom de Marie !

Elle reçoit les soupirs des mortels :
Les mains de la reconnaissance
Ont en tous lieux élevé des autels
A cette Mère de clémence.

Toujours sa voix puissante sur nos cœurs,
A la vertu nous encourage:

Sur le saint joug elle répand des fleurs,

Notre bonheur est son ouvrage.
Si le lion rugit autour de nous,
Elle étend son bras tutélaire :
L'enfer frémit d'un impuissant courroux,
Et le ciel sourit à la terre.

Quand le chagrin de ses traits redoutés
Blesse nos cœurs et les déchire,
Sensible Mère, elle est à nos côtés,
Avec nos cœurs le sien soupire.
Combien de fois sa prévoyante main
De l'ennemi rompit la trame !
Nous la priions, et nous sentions soudain

La paix descendre dans notre âme.
Battu des flots, vain jouet du trépas,
La foudre grondant sur sa tête,
Le nautonnier se jette dans ses bras,
L'invoque, et voit fuir la tempête.
Tel le Chrétien sur des flots orageux

Vogue toujours près du naufrage: Mais à Marie adresse-t-il ses vœux, Il aborde en paix au rivage! Heureux celui qui dès ses premiers ans Se fit un bonheur de lui plaire ; Heureux cent fois, heureux ses vrais enfants, La Reine des cieux est leur mère ! Toujours, toujours elle vient secourir Un cœur confiant qui la prie : Siècles, parlez !... vit-on jamais périr Un vrai serviteur de Marie? Vos fronts, pécheurs, pâlissent abattus A l'aspect du souverain juge : Ah si Marie est reine des vertus, Des pécheurs elle est le refuge! Déposez donc dans son sein maternel Les aveux de votre misère, Elle priera... le cœur de l'Eternel

Va s'apaiser à sa prière.

Si vous avez dans toute sa fraîcheur
Gardé la paix de l'innocence,
Ah votre Mère en a sauvé la fleur;
Elle protégea votre enfance!
Consacrez-lui vos cœurs et vos esprits,
Et placez-vous sous ses auspices;
A son autel, venez, enfants chéris,
Goûter de célestes délices.
Temple divin, sanctuaire béni,

Il faut quitter ta douce enceinte!
Il faut aller de ce monde ennemi
Braver la meurtrière ateinte !
Tendre Marie, ah! nous pouvons périr,
Car le mal inonde la terre ;
Veillez-nous, daignez nous secourir,
Montrez-vous toujours notre Mère !

(Anonyme.)

NONNE DEO

SUBJECTA ERIT ANIMA MEA.

(Traduction du psaume LXI.)

Ce psaume roule sur la soumission due à la volonté divine, et sur le peu de cas qu'il faut faire des choses

humaines. Paix de l'âme.

Devant son Créateur, oui, mon âme est en paix, Car il est mon rocher, mon salut et ma vie,

Et je ne tremble plus... Voulez-vous à jamais,
Méchants, vous dévorer par la haine et l'envie?
Vous jetez sur les saints et l'outrage et la mort!
Pareils aux flancs courbés des branlantes murailles,
Quand un langage ami de votre bouche sort,
La malédiction rugit dans vos entrailles.
Dans le sein d'Elohim restons silencieux.
Mon âme, il est ma force, il est ma délivrance,
Il est ma gloire !... O vous, peuples, devant ses
Lyeux

Répandez votre cœur dans la douce espérance.
Que sont les fils d'Adam ?... Mensonge et vanité.
Entre l'homme et le rien la balance est égale :
O mortel, prends donc soin de fuir l'iniquité,
De peur que ton néant dans le néant s'exhale!
Si la richesse abonde éloignes-en ton cœur...
Par un seul nom du ciel deux choses me sont dites:
(Force et miséricorde !... Adona, Dieu vengeur,
Des œuvres et des cœurs tu pèses les mérites.
Alexandre Guillemin.

NOTRE-DAME D'EINSIDLEN.

ADIEUX D'UN PÈLERIN.

Oui, je pars, emportant de saintes espérances;
Votre voix, Vierge forte, a raffermi mon cœur.
Je souffrais, la prière a guéri mes souffrances :
Que vous m'avez rendu de calme et de bonheur !
Hélas! pourquoi faut-il, ô ma Mère chérie,
Que déjà du départ se soit levé le jour !
Adieu, Reine du ciel; adieu, douce Marie,

Adieu, ma gloire et mon amour.

Que de fois ai-je dit, dans mes heures amères :
Je ne veux, Einsidlen, que te voir et mourir !
Joyeux, j'ai contemplé la meilleure des mères;
Et quand tu le voudras, ô mort, tu peux venir.
J'ai prié dans ce temple, orgueil de l'Helvétie,
Sur ces monts couronnés d'éternelles forêts;
Mes larmes ont coulé dans le sein de Marie :

Adieu, larmes et vains regrets!

Qu'il m'était doux de voir dans ton vallon sauvage
Ces peuples accourus des bords les plus lointains,
Qui, prosternés aux pieds de la bénite image,
Levaient les yeux vers elle et lui tendaient leurs
[mains!

Ces pieuses tribus, pour célébrer Marie,
Poussaient de mille voix un seul chœur solennel,
El, mêlée à leurs vœux, ma prière attendrie
S'envolait mieux vers l'Eternel.

Adieu, montagne sainte, oasis catholique,
Eden tout parfumé d'innocence et d'amour,
Où mes ardents désirs, sous la houlette antique,
De la brebis errante imploraient le retour.
Pays élu de Dieu, vénérable patrie

De la foi qui fait naître et grandit les vertus,
Rivages enrichis des bienfaits de Marie,

Adieu, je ne vous verrai plus.
Voyageur fatigué, dans ce désert du monde

Je cherchais un abri plein d'ombre et de fral-
[cheur,
Où mon âme, un instant, aans une paix profonde,
Put fuir des passions la dévorante ardeur.
Einsidlen, Einsidlen, je rends grâce à Marie
Qui m'a fait respirer ton air si parfumé ;
Adieu, je puis courir aux combats de la vie,
Je pars, plus fort et mieux armé.

RICHARD-BAUDIN.

NOTUS IN JUDEA DEUS.

(Trad. du psaume LXXV.)

Le prophète représente Dieu triomphant des ennemis d'Israël, et mettant son peuple en possession de la Judée.

Le Seigneur en Judée a déployé sa gloire,
Son nom est grand dans Israel;

Sion recueille en paix les fruits de sa victoire,
Sion est son temple éternel.

C'est de là qu'il brisa l'orgueilleuse puissance
Des glaives et des boucliers;
C'est là que l'ennemi fut atteint de sa lance,
Et tomba devant nos guerriers.
Qui peut te résister au jour de la vengeance,
Dien de Sinaï? devant toi

Les cieux sont ébranlés, et la terre en silence
S'arrête tremblante d'effroi.

Des sommets éternels s'élance la lumière;

Les yeux pécheurs en sont troublés :
Dormez votre sommeil, opulents de la terre,
Vos vains trésors sont écoulés.

Les justes en esprit vers les sacrés portiques
Elèvent un hymne pieux,

Et leurs pensers, Seigneur, sont autant de cantiques
Offerts à ton nom glorieux.

Dieu ramène la paix, il enchaîne la guerre,
Il soumet les grands à ses lois,
Elève au plus haut rang l'homme doux et sincère,
D'un souffle éteint les jours des rois.
SAPINAUD DE Boisnuguet.

NUIT DE NOEL, A LA CAMPAGNE.

Nuit auguste, nuit solennelle!
Nuit qui du plus beau jour surpasses les attraits!
Je chante aujourd'hui tes bienfaits.
Puisse ma muse, agréable au fidèle,
Animer ses vertus, encourager son zèle,
Et redoubler son bonheur et sa paix!
Que mes chants troublant de l'impie
La funeste sécurité,
L'engagent à goûter la douceur infinie

D'un jong qu'il n'a jamais porté !
Puisse ma voix, à l'âme en secret combattue
Entre la loi du monde et la loi du Seigneur,
Et qui languit encor flottante, irrésolue,
Inspirer une sainte ardeur!

La nuit de sa sombre carrière,
A peine atteignait le milieu,

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