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Tes citoyens fuiront: j'entends leurs cris funèbres: Mais d'épaisses ténèbres

Arrêteront leur fuite et tromperont leurs pas.

Quels étaient vos desseins, troupe ingrate et re[belle ?

De vos festins impurs le spectacle l'appelle,
Il vous frappe au milieu de vos embrassements;
Telle dans les buissons la flamme qui s'allume
En un instant consume

Des rameaux dont la cendre est le jouet des vents.
C'est vous dont les conseils ont formé ce barbare,
Ce guerrier qui m'insulte, et dont la main préparo
Des traits contre Juda, des autels contre moi.
Il forge avec ardeur l'instrument de sa perte,
Et sa ville déserte

Attendra vainement et son peuple et son roi.
Et toi, peuple affligé, peuple dont la misère
Apprend au monde entier l'excès de ma colère,
Tu ne souffriras plus les maux dont tu te plains.
Je suivrai le tyran qui se rit de ma haine,

Et de la propre chaîne,

Dans son camp désolé j'enchaînerai ses mains.
Mon courroux brisera sur ce roi qui t'opprime
La verge qu'il reçut pour châtier ton crime,
Ne crains point de malheur ni d'opprobre nouveau:
J'interromprai le cours de ses honneurs frivoles,
J'abattrai ses idoles,

Et leur temple écrasé deviendra son tombeau.
Je vois l'ange de paix, il descend des montagnes,
Barrive Juda, rentre dans les campagnes,
Présente au ciel tes vœux et ton juste transport.
Tes champs ne seront plus un pays de conquêtes;
Recommence tes fêtes,

O Juda, ton Dieu règne, et Bélial est mort.
LE FRANC DE POMPIGNAN.

Jéhovah quelquefois diffère
Les coups de son bras redouté.

Il est lent à punir, mais enfin sa colère
Eclate sur l'impiété.

Parmi les tourbillons et parmi les orages,

Il marche, et la poussière en tournoyants nuages
S'élève sous ses pas.

1 menace, et des mers les noirs abimes s'ouvrent, Il tonne, et de Basan les campagnes se couvrent Des ombres du trépas.

Du fleuve au milieu de sa course

Le flot épouvanté remonte vers sa source,
Les monts s'agitent de terreur.

Le soleil dans les cieux s'obscurcit et s'arrête.
Eternel, à frapper lorsque ta main s'apprête
Qui peut soutenir ta fureur?

Ninive, ton audace impie

Défait le Très-Haut, le Dieu de l'univers,

Mais le Seigneur a dit: Trop longtemps assoupie Ma foudre grondera sur ce peuple pervers. Méchants, vous tomberez d'une chute rapide,

Ainsi que les cheveux sous l'acier du rasoir,
Et comme le torrent dans une plaine aride
Votre flot du matin sera séché le soir.
Israel, Israël, de tes enfants esclaves
Je brise les entraves.

Ils ne porteront plus du joug de Bélial
La douloureuse empreinte,

Et ton cœur, ô Sion, pourra goûter sans crainte Leur amour filial.

Car la ville de sang, Ninive est condamnée :
Ses temples et ses dieux vont tomber devant moi;
Bientôt se lèvera sa fatale journée,

Et ses murs sous leur chute engloutiront son roi.
Ninive, assemble tes cohortes,
Munis-toi de fossés, de tours et de remparts,
J'immolerai tes fils, je briserai tes portes,
Et le chardon croftra sur tes débris épars.
Ainsi dit le Seigneur, et déjà, ville infâme,
S'avancent les guerriers par qui tu périras:
Leurs yeux lancent la flamme,
Leurs carquois le trépas.

J'entends bondir leurs chars et leur cavalerie,
Je vois étinceler leurs cuirasses d'airain,
Je vois de leur épée au carnage aguerrie
Le fer resplendissant dans leur terrible main.
La ville de Ninus promise à leur furie
Oppose à leurs assauts des efforts superflus,
A ses lâches soldats vainement elle crie:
Au combat! au combat !... Ils ne l'entendent plus!
Comme d'insectes vils un nuage éphémère
Au souffle des autans disparaît dans les airs,
Seigneur, le vent de la colère
Les a chassés vers les déserts.
Ninive succombé; des sillons de la foudre
Son front superbe est labouré,
Et son cadavre sur la poudre
Git sanglant et défiguré.

Où donc est maintenant cette caverne sombre,
Cet antre où le lion

Allait cacher sa proie et dévorait dans l'ombre
Les agneaux de Sion?

Le lion dans son antre est étendu sans vie.
Troupe faible, à sa rage autrefois asservic,
Désormais, brebis d'Israël,

Sans craindre sa dent meurtrière,
Paissez le doux cytise et l'herbe printanière
Sur les collines du Carmel.

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Le Seigneur par leurs alarmes
Commence à venger les larmes
Et le sang de ses amis.

Au signal qui les appelle

Les drapeaux floitent dans l'air;
Toute l'armée étincelle
De pourpre, d'or et de fer.
Des cris confus retentissent,

Des coursiers fougueux hennissent :
Quel bruit d'armes et de chars !
Le front du soldat s'enflamme,

Et la fureur de son âme
Eclate dans ses regards.
Au souvenir de ses pères,
Assur dédaignant la mort,
Des phalanges étrangères
Sur ses murs soutient l'effort.
Vainement son industrie
Oppose à tant de furie
De nouveaux retranchements;
Les flots s'ouvrent une route,
Le temple tombe, et sa voûte
Ecrase ses fondements.

Que de captifs qu'on enchaîne !
Que de femmes dans les fers,
O Ninive, o souveraine
Tant de peuples divers!
Sous les eaux ensevelie,
En vain ta voix affaiblie
Demande encor du secours;
Sourds à ta plainte mourante,
Tes enfants pleins d'épouvante
T'abandonnent pour toujours.
Nations victorieuses,
Arrachez de ses palais
Ces richesses orgueilleuses
Qu'elle dut à ses forfaits.
O jour lugubre et funeste !
Tout meurt et fuit: il ne reste
Que des cœurs désespérés,
Que des fantômes stupides

Et des visages livides
Par la peur défigurés.
Que devient le pâturage
Des monstres de nos forêts?
Que devient l'antre sauvage
Qui les cachait à nos traits?
Où sont ces lieux effroyables,
De lions impitoyables
Repaires accoutumés,
Où les lionnes sanglantes
Nourrissaient de chairs vivantes
Leurs lionceaux affamés?

Voici le Dieu des batailles,
Voici l'arrêt que j'entends.

Je brûlerai vos murailles,
Vos chars et vos combattants.
Les éclats de mon tonnerre

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Je viens, dit le Seigneur, tremble, vile adultère :
Je viens de tes forfaits dévoiler le mystère;
Ton infâme bonheur retombera sur toi :

Tu serviras d'exemple à ces rois qui t'honorent :
Ces peuples qui t'adorent
Reculeront d'effroi.

I's diront; Dieu se venge, et Ninive est détruite.
Mais dans l'état funeste où tu seras réduite,
Tes maux ne trouveront que d'insensibles cœurs.
Hlé! dois-tu l'emporter sur cette ville altière
Dont la ruine entière

Annonçait tes malheurs?

A ses commandements l'Egypte était fidèle,
L'Afrique la servait et combattait pour elle,
Son trône était bâti dans l'enceinte des eaux :
Les deuves l'entouraient, et l'empire de l'onde
Des richesses du monde
Remplissait ses vaisseaux.

Cependant ses remparts sont brisés par la guerre,
Ses enfants devant elle écrasés sur la pierre,
Ses vieillards mis aux fers, ou traînés à la mort;
Et ses chefs, loin des lieux qu'habitaient leurs an-
Abandonnés aux maîtres [cètres,
Que leur choisit le sort.

Dieu répandra sur toi le fiel de sa vengeance;
Tu ne rougiras point d'implorer l'assistance
De ceux don ta fureur décriait les vertus;

Et les murs tomberont sous tes vainqueurs féroces, Comme des fruits précoces

Par l'orage abattus.

Que font les citoyens plus lâches que des femmes?
Tes portes, ton pays, sont dévorés des Dammes;
Håte-toi, ne perds point de précieux moments;
Allume les fourneaux, pétris la molle argile,
Et d'un rempart fragile
Creuse les fondements.

Malheureuse! où t'entraîne un superbe délire?
Du commerce et des arts tu gouvernais l'empire,
Et l'or des nations circulait dans les murs.
Tout tremble, tout s'enfuit aux éclats de la foudre
Qui brûle et met en poudre
Tes magasins impurs.

Tes soldats te vantaient leur force inépuisable :
Tel, d'insectes légers un essaim méprisable
Sur le déclin du jour se rassemble avec bruit;
Mais au retour des feux qui chassent l'ombre hu-
La légion timide
[mide,

Dans l'air s'évanouit.

Roi d'Assur, l'heure approche, et tes pasteurs [sommeillent,

Tes chefs sont endormis quand tes ennemis veillent;
A quelles mains ton peuple était-il confié!
Ce peuple que l'effroi dans sa fuite accompagne,
Errant sur la montagne

Ne s'est point rallié.

Tu tombes, roi cruel, tu meurs chargé de crimes;
L'univers si longtemps rempli de tes victimes
Triomphe de ta chute et rit de tes douleurs.
Le fléau des humains, l'auteur de nos alarmes,
Fit couler trop de larmes
Pour mériter des pleurs.

LE FRANC DE POMPIGNAN.

NISI DOMINUS ÆDIFICAVERIT DOMUM,

IN VANUM LABORAVERUNT QUI ÆDIFICANT EAM. (Trad. du psaume cxxvI.)

On ne peut rien faire de bien suns Jésus-Christ.
Que sert tout le pouvoir humain?

A bâtir un palais qu'en sert tout l'artifice?
Hommes, vous travaillez en vain,

A moins que le Seigneur avec vous ne bâtisse.
Des soldats les plus courageux

Qui veillent jour et nuit à garder une ville,
Si Dieu ne la garde avec eux,
Toute la vigilance est pour elle inutile.
C'est en vain que, pour amasser,
Un avare inquiet se lève avant l'aurore;
Il ne fait que se harasser

Pour du pain de douleur qu'à regret il dévore.

Dieu joint pour ses enfants chéris

Un paisible sommeil à la sainte abondance: Pour siens il adopte leurs fils,

Et leurs moindres travaux portent leur récompense.

Tels que des guerriers généreux Qui s'arment en faveur d'un pouvoir légitime, Ces fils qu'il donne au moins heureux Soutiennent puissamment un père qu'on opprime.

Heureux qui les voit bien agir,

Qui trouve en leur secours un assuré refuge? Il n'a jamais lieu de rougir

Quand il lui faut répondre au tribunal d'un jage. Pierre CORNEILLE.

En vain s'élèvera la fragile demeure

Où Dieu n'aura pas mis la main:
Les murs de la cité sont gardés à toute heure,
Mais sans lui sont gardés en vain.
Héritiers des douleurs, dormez jusqu'à l'aurore,
Ne devancez pas son réveil;

Car Jéhovah promet au peuple qui l'adore
La douce paix du doux sommeil.
La race des élus, dans ses tiges nombreuses,
Est l'héritage du Seigneur :

Ainsi, dans leurs carquois pleins de flèches hen

[renses,

Les guerriers ont trouvé l'honneur. Bonheur au patriarche en la maison bénie Où neurit sa postérité;

De son front glorieux jamais la calomnie (1) Ne blessera la majesté.

Alexandre GUILLEMIN.

NOBLESSE VERITABLE.

On ne m'éblouit point d'une apparence vaine: La vertu d'un cœur noble est la marque certaine. Si vous êtes sorti de ces héros fameux, Montrez-nous cette ardeur qu'on vit briller en eux, Ce zèle pour l'honneur, cette horreur pour le vice. Respectez-vous les lois? fuyez-vous l'injustice? Savez-vous sur un mur repousser des assauts, Et dormir en plein champ le harnais sur le dos? Je vous connais pour noble à ces illustres marques. Alors soyez issu des plus fameux monarques, Venez de mille aïeux; et, si ce n'est assez, Feuilletez à loisir dans les siècles passés; Voyez de quel guerrier il vous plaît de descendre; Choisissez de César, d'Achille ou d'Alexandre: En vain un lâche esprit voudrait vous démentir; Et si vous n'en sortez, vous en devez sortir. Mais fussiez-vous issu d'llercule en droite ligne, Si vous ne faites voir qu'une bassesse indigne, Ce long amas d'aïeux que vous diffamez tous, Sont autant de témoins qui parlent contre vous, Et tout ce grand éclat de leur gloire ternie Ne sert plus que de jour à votre ignominie. En vain, tout fier d'un sang que vous déshonerez, Vous dormez à l'abri de ces noms révérés;

(1) Non confundetur, cum loquetur inimicis suis in porta. et vim non metuet. (Note du traducteur.)

In judicio, dit Bossuet, calumnias

En vain vous vous couvrez des vertus de vos pères,
Ce ne sont à mes yeux que de vaines chimères :
Je ne vois rien en vous qu'un lâche, un imposteur,
Un traître, un scélérat, un perfide, un menteur,
Un fou dont les accès vont jusqu'à la furie,
Et d'un tronc fort illustre une branche pourrie.
BOILEAU.

NOE. CANTATE.

Seigneur, des malheureux humains
Exterminerez-vous la race trop coupable?
Qui pourra désarmer votre bras redoutable?
Comment faire tomber la foudre de vos mains?
Ah! sur les insensés dont la terre est couverte

Jetez un œil compatissant.

Votre courroux, Seigneur, a-t-il juré la perte
De l'impie et de l'innocent?

C'est ainsi que Noé, témoin, et non complice
Des fureurs de l'iniquité,

Voyant avec effroi s'avancer le supplice
Que les tristes humains avaient trop mérité,
Noé, cher au Seigneur par son horreur du vice,
Par sa vertu, par sa fidélité,
Priait, et s'efforçait d'apaiser la justice.

D'un Dieu par le crime irrité.
L'heure de grâce, hélas! s'est envolée :
Dieu s'est lassé d'attendre le pécheur,
Quand des forfaits la mesure est comblée,

Le Dieu de paix n'est plus qu'un Dieu vengeur.
L'homme coupable a méconnu son père,
Qui le créa pour lui plaire et l'aimer.
Il va bientôt ressentir la colère
Du Dieu puissant qu'il osait blasphemer,
L'heure de grâce, hélas ! s'est envolée :
Dieu s'est lassé d'attendre le pécheur.
Quand des forfaits la mesure est comblée,
Le Dieu de paix n'est plus qu'un Dieu vengeur.

Sa voix inexorable appelle les tempêtes.

Il ouvre de sa main les réservoirs des cieux (1):
La foudre en longs éclats des monts audacieux
Ebranle les superbes faites.

Les flots amoncelés tombent du haut des airs;
Du céleste courroux les trésors sont ouverts.
Les coteaux, les vallons, inondés et déserts,

Ne sont plus qu'une plaine humide.

L'eau, toute rassemblée en un globe liquide,
Est le tombeau de l'univers.

Du juste heureux privilége!
Noé, que son Dieu protége,
Seul évitera la mort.
En vain la tempête gronde;
Dans le naufrage du monde
Il saura trouver le port.
Dans les revers immobile,
Le juste, d'un œil tranquille,

(1) Le paraphraste chaldaïque semble entendre per le mot hébreu, que les Septante et la Vulgate ont traduit par Cataractæ, comme des écluses par

Voit sous ses pas tout trembler.

Il marche plein d'assurance :
Son Dieu fait son espérance,
Rien ne saurait l'ébranler.
Du juste heureux privilége!
Noé, que son Dieu protége,
Seul évitera la mort.
En vain la tempête gronde;
Dans le naufrage du monde

Il saura trouver le port.

Pour échappper aux fureurs du déluge,
Noé, par le Seigneur instruit,

Docile à ses leçons, en un siècle construit
Un vaisseau merveilleux qui sera son refuge.
C'est là que, dans un saint repos,
Abandonnée à la bonté divine,

La famille du juste, en voguant sur les eaux,
Des perfides humains abîmés sous les flots,
En pleurant sur leur sort contemple la ruine.
Elle jouit en paix de sa sécurité.

Mais soudain, au milieu de cette mer sans rive,
Elle sent le vaisseau qui la retient captive,
Sur le sommet d'un mont en flottant arrêté.
Dans le bec d'un oiseau la pacifique olive
Lui promet la clémence et la sérénité.
Noé benit la main libératrice
Dont il vient d'éprouver le secours paternel.
Il offre un holocauste auguste et solennel
Au puissant protecteur qui lui fut si propice.
Le parfum de son sacrifice

Monte au trône de l'Eternel.

Dieu réconcilié sourit à cet hommage,
Dans l'homme vertueux reconnaît son image,
Ordonne aux éléments de reprendre leur cours,
Prome' que l'univers échappé du naufrage,
Des ondes sauvé pour toujours,
Jamais d'un tel fléau n'éprouvera la rage;
Et l'arc brillant du ciel est accordé pour gage
De sa promesse et des beaux jours.
L'éclair brille, la foudre gronde,
Dieu soulève la terre et l'onde
Pour faire éclater son courroux.
La vertu détourne ses coups:
La vertu conserve le monde.

Le crime attire les fléaux

Dont gémit si souvent la terre.
Quand Dieu l'engloutit sous les eaux,
C'est au crime qu'il fit la guerre ;
Le crime est le plus grand des maux.
L'éclair brille, la foudre gronde,
Dieu soulève la terre et l'onde
Pour faire éclater son courroux.
La vertu détourne ses coups:
La vertu conserve le monde.

Le comte M.-L.-A. DE MARCELLUS. lesquelles l'eau contenue dans les réservoirs s'échapperait. On sent la grandeur de cette image.

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NOÉ,

U SORTIR DE L'Arche (1).

Gloire à toi, Jéhovah, notre Dieu tutélaire,

A toi qui du néant d'un mot as fait sortir
Ce monde, que d'un souffie, au jour de ta colère,
Tu peux anéantir.

Longtemps cet univers vécut dans l'innocence;
Ses simples habitants, dociles à ta voix,
Plaçaient tout leur bonheur dans leur obéissance

A tes aimables lois.

Leur âme, chaque jour, dans son ardeur fidèle,
Vers ton trône élevait ses vœux, et, chaque jour,
Bénissant ta bonté, t'adressait avec zèle
Un cantique d'amour.

Leur prière fervente aux voûtes éthérées
Montait, sincère hommage et pur accent du cœur,
Et les anges du ciel sur leurs harpes sacrées
La répétaient en chœur.

Mais la race mortelle abandonna ta voie ;
Le vice l'infecta de sa corruption,

Et toi, tu fis serment de la livrer en proie
A la destruction.

De l'abîme soudain les cataractes s'ouvrent;
Les torrents éternels de leur sein ont jailli,

Et les monts, sous l'amas des ondes qui les cou-
D'horreur ont tressailli.
[vrent,

Contre le flot vengeur il n'est point de refuge. Montant, montant sans cesse et soulevant les mers, De rochers en rochers le terriblé déluge

Poursuit l'homme pervers.

Eloire à toi dont la Providence
Nous sauva du flot destructeur,
Dont la main sur le gouffre immense
Cuida Noé, ton serviteur.
Pour les méchants impitoyable,
Par un châtiment effroyable
Tu confonds leur iniquité;
Tu frappes le pécheur rebelle,
Mais de l'homme juste et fidèle
Tu protéges la piété.

Gage éclatant de la clémence
Ton arc à nos yeux s'est montré;
Une ère nouvelle commence
Pour le monde régénéré.
L'avenir à moi se révèle :
Je vois une race nouvelle

Du Seigneur remplir les desseins;
Je vois dans cette race heureuse
Fleurir une suite nombreuse
De patriarches et de saints.

Des âges le voile se lève :

Grand Dieu qui nous as préservés,

(1) La Bible ne contient point de cantique de Noé. La pièce qui suit n'est donc ni une traduction, ni une imitation, mais une composition dans

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Décembre, vers sa fin, le front påli; s'avance,
Son haleine glacée attriste nos climats:
Janvier le suit de près; Noël qui le devance,
Nous apporte déjà sa neige et ses frimas.
Il est nuit. Au foyer la flamme pétillante
S'élançant des rameaux avec plus de vigueur,
Et, dans un ciel plombé, l'étoile scintillante
Du froid le plus perçant annoncent la rigueur.
Cependant, cette nuit n'est pas silencieuse;
Sur les pavés glissants où tombe le verglas,
A grand bruit, vers l'église, une foule pieuse
S'empresse de porter ses pas.

Avec elle j'y cours; pour l'âme du poete
Que le Christianisme a des tableaux touchants!
Ange des chœurs sacrés, muse du roi-prophète,
Venez, inspirez-moi je veux mêler mes chants
Aux chants solennels de la fête.
Venez, me remplissant de saintes visions,
Transporter mon esprit vers la rive étrangère
Où, dans les anciens jours, apparut sur la terre
Le Christ promis aux nations.

Le culte du vrai Dieu s'effaçait dans le monde;
L'homme aveugle adorait la fortune et le sort,
Sa raison s'éclipsait dans une nuit profonde,
Et sa loi n'était plus que le droit du plus fort.
Des cités aux hameaux, du trône à la chaumière
Des vices inouïs degradaient les mortels;
On n'appelait vertu que l'audace guerrière,
Et les forfaits heureux obtenaient des autels.
Une part des humains, par le fer asservie,
Courbait sous l'autre part son front humilié;
Le vainqueur insolent se jouait de la vie
Du vaincu, qu'à son char il traînait sans pitié.
Dans une arène affreuse, un peuple inexorable
Jetait l'hemme en pâture aux tigres irrités
Ou, dans des jeux cruels, aux flancs de sou sem-
blable

Le forçait de plonger ses bras ensanglantés (2).
Aux pieds de ses tyrans gémissant abattue,
La triste humanité gisait sans protecteur;
Et, vers les monts lointains où se portait sa vie,
Appelait de ses vœux un Dieu libérateur.
Les oracles sacrés prédisaient sa naissance;
Des signes éclatants l'annonçaient dans les airs;

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