Priez pour nous, nebles esprits! De la foi vous fùtes la gloire, Ambroise, Jérôme, Grégoire, Vous tous, admirables docteurs, Augustin, fleuve de science, Ame de feu, génie immense, Ecrivain cher aux tendres cœurs. Saints pontifes, prêtres, lévites, Et vous dont l'exemple et les lois Ont fait tant de saints cénobites, Priez pour nous, Bernard, François ; Anges mortels, anachorètes, Qui, dans vos sauvages retraites, Sûtes vivre et mourir en paix, Yous tous dont les devoirs austères, Et les souffrances volontaires Du monde expiaient les forfaits. Vous l'honneur d'un sexe fragile Et l'amour du céleste époux, Agnès, Luce, Agathe, Cécile, Priez aussi, priez pour nous; Madeleine, amante sublime, Qui de l'amour lava le crime En aimant aux pieds de Jésus; Vierges, veuves, femmes chrétiennes, Le faste des vertus païennes Admira vos humbles vertus. Vous tous, dont la gloire suprême A récompensé les travaux,
Vous qui dans le sein de Dieu même Prenez pitié de tous nos maux, lléros des rives étrangères, Rois, sujets, reines et bergères, Hélas! nous vous implorons tous; Vous qu'on connaît et qu'on honore, Vous qu'on révère et qu'on ignore, Saints et saintes, priez pour nous !
Seigneur, pardonnez-nous, et d'un cœil favorable, De vos enfants voyez les pleurs!
Et daignez tendre encore une main secourable, Pour relever d'humbles pécheurs.
Dél vrez-nous, Seigneur, des faux appâts du crime, Du malheur d'encourir votre juste courroux; Des piéges de Satan et du profond abîme Qui pour nous dévorer s'entr'ouvre devant nous. Délivrez nous du vice et des affreux ravages Qui d'une flamme impure accompagnent l'ardeur; Des fléaux des saisons, des foudres, des orages; Délivrez nous surtout des orages du cœur! De toute volonté perverse et criminelle, Qui nous ferait haïr la loi de notre Dieu : Du malheur sans retour de la mort éternelle, Qui nous engloutirait dans des gouffres de feu. Bannissez loin de nous la colère et la haine; Rendez tous vos enfants charitables et doux; Des dangers d'une mort imprévue et soudaine, Du mal et du péché, Seigneur, délivrez-nous !
Nous vous en conjurons par l'étonnant mystére, Où, sans quitter le ciel,
Le Fils du Dieu vivant vint habiter la terre Et prit un corps mortel;
Par cette auguste nuit qui fit connaître au monde Son Dieu, son Rédempteur,
Nuit heureuse qui vit une Vierge féconde Enfanter son Sauveur !
Par votre sainte enfance, et par votre baptême, La gloire du Jourdain,
Par ce jeune ineffable où l'on vit un Dieu même Lutter contre la faim;
Par la lente agonie et par le long supplice Du pacifique Agneau;
Par la mort de la croix, par votre sacrifice, Et par votre tombeau ;
Par ce triomphe heureux qui fit même à l'impie Adorer le Dieu fort,
Où pour ne plus mourir vous reprites la vie Dans le sein de la mort;
Par ce jour de victoire où, porté dans l'espace Par les célestes chœurs,
Vous montâtes au ciel pour préparer la place
Par votre Esprit divin, ses consolantes flammes, Par ces langues de feu
Qui des apôtres saints embrasèrent les âmes De l'amour de leur Dieu.
Au jour du jugement soyez notre refuge;
Pécheurs, que nous trouvions en vous Un tendre père, et non un juge
Nous vous en conjurons, Seigneur, écoutez-nous! Qu'une secourable indulgence Contre une trop juste vengeance S'empresse de nous protéger ! Qu'une pénitence efficace
Fasse en nos cœurs régner la gràce,
Et que son joug pesant nous devienne léger. Gardez, gouvernez votre Eglise : Que votre Esprit-Saint la conduise, Et confonde ses vains rivaux; L'auguste successeur de Pierre Tient votre place sur la terre : Consolez ses douleurs, couronnez ses travaux! Rassemblez-nous tous sous vos ailes : Et que les troupeaux soient fidèles A suivre la voix des pasteurs; Bénissez leurs saints ministères, Et de nous et de tous nos frères Faites un peuple entier de vrais adorateurs! Eteignez le feu de la guerre ; Que tous les princes de la terre Sous votre loi vivent en paix; Que tous ceux, qui de l'indigence Ont soulagé l'humble souffrance
Reçoivent de vos mains le prix de leurs bienfaits.
Des fruits d'une terre fertile Donnez-nous l'abondance utile, Mais sans y fixer nos désirs.
Ne souffrez pas que nos pensées Ici-bas rampent abaissées
Elevez vers le ciel nos vœux et nos soupirs.
Ouvrez les portes de la vie A nos pères dont l'âme expie Ou des erreurs ou des forfaits; Sauvez des flammes éternelles Nous, nos amis, tous les fidèles :
Fils de Dieu! Fils de l'homme ! exaucez nos souhaits! Seigneur, Agneau de Dieu, qui, mourant sur la croix,
Effacez les crimes du monde, D'infortunés pécheurs ont transgressé vos lois : Que notre repentir, notre douleur profonde D'un Dieu juste et vengeur désarme le courroux. Jesus, ô Saint des saints, ayez pitié de nous! Le comte A. de Marcellus. LES LIVRES SAINTS.
Un autre évoquera les muses de la Grèce ; Un autre, sur les bords qu'arrose le Permesse, A ses divinités offrira de l'encens :
Moi, j'ai voué mon culte aux chantres de Solime Dont la céleste voix, comme un écho sublime, A du ciel redit les accents.
Muse des anciens jours, mère de l'harmonie, C'est toi qui, la première, as des chants du génie Salué l'Eternel et le jeune univers:
Tu dis du Créateur l'œuvre grande et féconde, Et le premier soleil qui brilla sur le monde, Nous luit encore dans tes vers.
Du sein du noir chaos tu vis le jour éclore, Tu le vis, souriant à la première aurore, Selever dans les airs brillant et radieux;
Tu vis la nuit naissante étendre au loin ses voiles, Et sa féconde main répandre les étoiles
Sur le dôme azuré des cieux.
L'Eternel t'apparut, quand il vint sous la teste Où le vieux patriarche et sa famille errante Traient au voyageur l'humble hospitalité ; Tu le vis, quand les cieux sous ses pieds s'abais- [sèrent,
Quand la mer recula, quand les monts s'inclinèrent Sous le poids de sa majesté.
Tu vis et tu chantais, et ta lyre magique Fit passer dans ses chants le tableau magnifique Des prodiges sans nombre opérés à tes yeux : Tel, quand l'aigle, s'élève au séjour du tonnerre, Son regard enflammé réfléchit sur la terre
L'éclair qui brille dans les cieux.
Le temps dont tout subit l'inévitable empire, Le temps a tout détruit; mais tes chants et ta lyre Bravèrent le pouvoir de l'homicide faux : Les siècles sont passés sans te laisser de rides, (1) Cecidit... cecidit...
Tu demeuras debout avec les Pyramides Sur les débris et les tombeaux.
Arche miraculeuse, au milieu des naufrages, Scule, tu surnageas sur l'abîme des âges, Des saintes vérités gardant le souvenir; L'homme a, sous tes pinceaux, retrouvé son histoire. Sans toi, vaste débris, le monde, sans mémoire, Serait muet pour l'avenir,
Que j'aime à l'écouter, quand, au sein des orages, Tu me peins l'Eternel entouré de nuages, Faisant trembler les monts sous son char lumineux; Ou quand la voix, semblable à la mer mugissante, Fait frémir les cités, et sécher d'épouvante Les monarques audacieux!...
Quel fléau t'a frappée, ô fière Babylone, Toi que vingt rois muets adoraient sur ton trône? Soulève les débris, grande ombre, réponds-moi : Quelque guerrier puissant t'a-t-il lancé sa foudre, Ou le feu dévorant qui mit Sodome en poudre Serait-il descendu sur toi?
Quel silence !... on n'entend dans tes palais funè[bres;
Que les cris des hibous volant dans les ténèbres; Le voyageur t'appelle, et tu ne réponds pas, Seulement une voix dit, dans l'echo sonore, Comme un foudre fumant qui meurt et gronde Lencore:
Elle est à bas !... elle est à bas (1)! ›
O ma muse, c'est toi, les accents redoutables Passaient, comme un fléau, sur les peuples coupa[bles;
Les palais, à ta voix, devenaient des tombeaux. Tu parlais, et la mort, à ses ordres fidèle, Abattait les cités avec sa faux cruelle,
Comme de fragiles roseaux.
Quel deuil ! quel désespoir! quand ta voix effrayante S'élevait dans les airs, lugubre et gémissante, Comme le bruit confus des mourantes cités ; Quand ta sinistre voix, planant sur leurs murailles, Parlait de leurs trépas, chantait leurs funérailles A des peuples épouvantés;
Quand Ninive, vouée à la fureur divine, Dans la voix en courroux écoutait sa ruine, Et vivante, assistait à son dernier soupir! Dieu, quels tableaux? c'est Tyr, c'est Assur qui succombe !
J'entends encor leurs cris, je vois s'ouvrir la tombe Où leur grandeur vint s'engloutir!
Qui pourrait sans respect entendre tes oracles? O Muse d'Israël! tes chants sont des miracles. Oui, l'Eternel sans doute a parlé sous tes doigts; Il est le Tout-Puissant, il a fait le tonnerre,
Il étendit les cieux, il a créé la terre;
Mais son chef-d'œuvre, c'est ta voix. Oui, ce livre est, mon Dieu, ton plus sublime ou [vrage;
En traits moins éclatants tu gravas ton image Sur les mondes sans nombre échappés de tes mains, Ce furent là tes jeux, ô puissance infinie! La Bible est ta peusée, et l'éternel génie
Respire dans ses chants divins.
Si le jour, du Très-Haut oubliant la mémoire, Cessait de dire au jour sa puissance et sa gloire; Si les astres jaloux nous taisaient sa beauté; Le génie, en ce livre où resta son empreinte, Comme au désert Jacob, plein d'une terreur sainte, Trouverait la divinité.
Mgr DUBREUIL, évêque de Vannes.
LA LOI DE DIEU
Grand Dieu, j'ose chanter cette auguste journée Où ta loi redoutable aux mortels fut donnée; Puissé-je, au bruit pompeux de mes accents vain- [queurs,
D'un saint amour pour elle enflammer tous les cœurs! L'homme, de l'Eternel image vive et pure, N'obéissait d'abord qu'à la simple nature, Heureux si, maîtrisant ses coupables désirs, Toujours de ses devoirs il eût fait ses plaisirs! Mais bientôt, se livrant à mille fausses joies, Vil esclave des sens il corrompit ses voies; Et, pour comble d'horreurs, en tout temps, en [tout lieu,
Des bienfaits de Dieu même il usa contre Dieu. C'est alors que, touché de le voir si rebelle, Dieu sentit dans le cœur une douleur mortelle. Quoi! devais-je, dit il, pour prix de mon amour De l'avoir su créer me repentir un jour! Le traître! Ah! c'en est trop, qu'il meure, qu'il [périsse!
Tonnons, frappons; ainsi l'ordonne ma justice. Mais non; malgré l'excès de son iniquité, Jetons sur lui plutôt un regard de bonté : Qu'il vive; et puisqu'il a de son âme infidèle Banni cette loi sainte, immuable, éternelle, Cette loi que mon doigt a pris soin d'y graver, Cette loi qu'à jamais il eût dù conserver, Gravons-la maintenant sur la pierre solide; Qu'elle soit le flambeau dont la clarté le guide; Et que, s'il l'ose enfreindre après de tels bienfaits, Rien ne puisse à mes yeux excuser ses forfaits. Il dit. A ce discours une joie inconnue Sur toute la nature est soudain répandue : L'enfer seul pousse au loin de longs mugissements, La terre s'en émeut jusqu'en ses fondements. Il abaisse les cieux trembants à sa parole; Sur les ailes des vents il se soutient, il vole; Et, rassemblant son peuple autour de Sinaï, C'est de là qu'il commande, et veut être obéi. Déjà de toutes parts la montagne enflammée Vomit à gros bouillons une épaisse fumée; Le bruit de la trompette éclate dans les airs,
Les feux étincelants, la foudre, les éclairs, Ministres redoutés de sa toute-puissance, Du Dieu maître des dieux annoncent la présence. Viens, Israel, écoute, et connais le Seigneur : C'est moi, dit le Très-Haut, de qui le bras vengeur, Au triste égyptien rendant peines pour peines, A de la servitude enfin brisé les chaînes. Engagé désormais sous mon empire heureux, ‹ Tu n'offriras qu'à moi ton encens et les vœux. Garde-toi d'adorer ces frivoles images, De la main des mortels ridicules ouvrages, Dont la bouche est muette, et dont l'œil impuis- [sant
Ne saurait voir du jour l'éclat éblouissant. Que la langue jamais, indignement parjure,
‹ Par mon auguste nom n'affirme une imposture. En redoublant ton zèle, en cessant tes travaux, Songe à sanctifier le jour de moa repos. Si tu veux sur la terre, où ma bonté te laisse, Couler toute la vie au sein de l'allégresse, Pour ceux dont tu la tiens fais briller tour à tour Le plus profond respect et le plus tendre amour. Meurs toi-même plutôt vainqueur de la colère Que de souiller tes mains dans le sang de ton frère. D'une impudique flamme éteins jusqu'au soup-
Ennemi du larcin, frémis à son seul nom. L'honneur est du prochain le plus bel apaaage, N'en ternis point l'éclat par un faux témoignage, Et pour les biens divers qu'il étale à tes yeux, Ne te permets pas même un désir envieux. ›
Ainsi, montrant l'enfer séjour de ses vengeances, Au baut du firmament plaçant les récompenses, L'arbitre souverain des peuples et des rois A l'univers surpris fit entendre sa voix.
Toi donc à cette voix, dont le son te réveille, Ouvre à la fois, mortel, ton cœur et ton oreille; Né dans la liberté, maître de ton destin, Sur l'onde ou sur le feu tu peux porter la main. Mais si la loi de Dieu n'éclaircit tous les doutes, Si tu marches ailleurs que dans ses saintes route, Perfide contempteur du bien qu'elle prescrit, Si tu livres ton âme au mal qu'elle interdit Tremble, le jour approche où, loin de tout refuge, Elle doit être, ingrat, ton témoin et ton juge. Les cieux s'écrouleront, la terre périra; La parole d'un Dieu jamais ne passera. L'abbé PORTES.
La loi, fille du ciel et reine de la terre, Unit d'un noeud sacré l'homme et la vérité. Elle imprime à notre âme un pieux caractère Et nourrit des Vertus la douce Trinité. C'est la voix du Seigneur, c'est sa parole écrite, C'est l'Esprit éternel au temps manifesté, Qui soumet la nature à la règle prescrite, Et s'oppose en secret à sa fragilité. Sa sainte résistance, à l'homme salutaire,
Tient sous des fers divins notre esprit attaché : Son sublime compas marque la ligne austère, Où le désir s'arrête, en face du péché. Dans la lutte d'un jour où l'enfer nous défie, Et ce grand lendemain de l'immortalité, C'est elle qui nous juge, et la Foi justifie ; Elle embrasse le temps comme l'éternité. Mine DE CÉRÉ-BARBÉ.
LOI DE GRACE ET D'AMOUR. Sous la vive splendeur des langues enflammées, Mortels, voici venir le grand législateur (1). Qui, par le doux pouvoir de ses lois bien-aimées, Nous va tirer du joug d'un fier persécuteur. Il rend à nos esprits leurs forces consumées; Nous étions orphelins, il est notre tuteur;
Nos âmes dans leur mort sont par lui ranimées. Et de tous nos trésors il veut être l'auteur.
Il grave dans nos cœurs, et non plus sur la pierre, Ces lois qui vont changer la face de la terre,
Et qui dans leur douceur ont d'infinis appas : Pourquoi parler de lois dont le nombre importune? Aime, Chrétien, et fais tout ce que tu voudras, Le juif a mille lois, le Chrétien n'en a qu'une. GODEAU.
Ses traits mystérieux sont couverts de longs voiles; Un cercle lumineux d'étoiles
Brille autour de son front, comme au sein d'un ciel Sa robe flottante d'azur [pur;
Se déroule à longs plis sur d'éclatants nuages, Et la Vierge sacrée, aux genoux de son Fis, Vers le Christ élevant ses regards attendris, Dépose à ses pieds les hommages
Du juste et du simple de cœur, La prière du soir, les douleurs matinales, Les mystiques amours des âmes virginales
Avec les larmes du pécheur.
Ecoutez quelles voix célèbrent ses louanges: Les martyrs ont saisi leur luth harmonieux, Et des jeunes enfants le chœur mélodienx
Entoure la Reine des anges.
Le ciel s'émeut de joie au son de ta parale; Salut, trois fois salut à ta sainte beauté Ton sourire est de miel et ton regard console Le pécheur attristé.
Tu fus, blanche colombe, enlevée à la terre, Où tu vis sur la croix ton Fils et ton Sauveur; Où dès lors sur ton front s'empreignit d'une mère L'ineffable douleur.
Un souvenir pensif semble attrister encore Tes feux brillants des feux de l'immortalité : Comme l'humide fleur que la lune décore
Tu souffris, et tu plains les souffrances humaines; (1) Le Saint-Esprit.
L'enfance au cœur joyeux et l'homme aux jours flétris N'ont jamais répandu ni vœux, ni larmes vaines A tes genoux bénis!
Regarde ces élus dont le chœur t'environne, Tous sont sauvés par toi, tous célèbrent ton nom; Les vierges à tes pieds déposent la couronne; Que tu mis sur leur front.
Les mères, de pudeur et d'amour rayonnantes, A la Mère du Christ présentent leurs enfants; Le martyr tend vers toi ses palmes verdoyantes Et ses bras triomphants.
Salut, trois fois salut, Vierge, Reine des anges, Porte du paradis, recours des malheureux; Le ciel ne saurait dire en ses douces louanges Tes noms délicieux ! ›
Fortunés habitants des cieux,
Quittez un moment vos portiques ; A nos accents harmonicux Mêlez vos célestes cantiques : Unissons nos sacrés accords; Au saint patron de la jeunesse Consacrons les pieux transports D'une douce et vive allégresse. Chantons Louis en ce beau jour : De la vertu, de l'innocence Son nom seul inspire l'amour, Et la fait chérir de l'enfance.
Foulant aux pieds les biens du temps, Louis fut pur comme les anges; Il faut que des cœurs innocen's Avec eux chantent ses louanges. Encor dans le sein maternel Il reçoit l'onde salutaire; Il semble naître pour le ciel Avant de naître pour la terre. Ravis d'un spectacle si beau, Les anges avec complaisance Entourent son sacré berceau, Veillant sur sa fragile enfance. Croissez, enfant chéri des cieux, Croissez sous l'aile tutélaire De celle qu'un prodige heureux En naissant vous donna pour mére. Quand la mort menaçait vos jours, Elle protégea votre vie, Et vous en finirez le cours Sous les auspices de Marie ! Ni le monde, ni ses appas, Ni la splendeur du diadème, Rien ne peut ralentir ses pas Quand il entend la voix suprême ; Il fuit les douceurs de la cour; Il se dérobe à ses hommages,
Dans l'oubli d'un sacré séjour Il cache le plus beau des âges ! Tel on voit un jeune arbrisseau Croître en un vallon solitaire, El se parer du fruit nouveau Qu'en tout temps il donne à la terre. Ainsi sous les yeux du Seigneur De Louis la vertu naissante, A l'abri d'un monde enchanteur, Se forme et va toujours croissante. Mur pour le ciel dès son printemps, Sans regrets il quitte la terre, Mais il sut en quelques instants Remplir une longue carrière. Et sur les ailes de l'amour Porté vers sa chère patrie, Il vole au céleste séjour Où déjà son âme est ravie. Heureux, bienheureux mille fois L'enfant qui le prend pour modèle, Qui de bonne heure entend la voix De ce guide aimable et fidèle ! Pour l'enfant qu'elle a mis au jour Une mère a moins de tendresse Que Louis ne ressent d'amour Pour notre timide jeunesse.
Grand saint, qui dans un corps mortel Parus un ange sur la terre, Dépose aux pieds de l'Eternel De nos cœurs l'ardente prière : Si nous ne pouvons obtenir La couronne de l'innocence, Fais qu'il accorde au repentir La palme de la pénitence.
MENACÉ DE LA MORT PAR LE SOUDAN D'ÉGYPTE, DONNE A PHILIPPE SON FILS SES DERNIÈRES INSTRUCTIONS.
(Extrait de la tragédie de saint Louis. ) Je reconnais mon fils: au-dessus du malheur, Rien ne semble impossible à sa jeune valeur. J'aime cette vertu qu'en lui mon peuple honore; Mais la France à son roi demande plus encore. Tu peux l'être bientôt. O mon fils, mon cher fils, Entends mes derniers vœux et mes derniers avis; Grave-les dans ton cœur. Si le ciel, qui me frappe, Veut aux coups d'Almodan que ta jeunesse échappe, S'il te rend aux Français que tu dois gouverner, Songe aux nombreux écueils qui vont t'environner; Et, suivant le chemin que te trace ton père, Joins au bien qu'il a fait le bien qu'il n'a pu faire.
Ah! puisse l'Eternel me frapper avant vous ! Mais sur vous seul, hélas! s'il fait tomber ses coups, Si, détruisant l'espoir où mon cœur s'abandonne, Il condamne mon front à porter la couronne,
J'aurai pour me guider vos vertus et vos lois; L'exemple de mon père est la leçon des rois.
Lorsqu'un arrêt sanglant aura frappé ton père, O mon fils, c'est à toi de consoler ta mère: Tu vois où la conduit ta tendresse pour nous; Tu connais tes devoirs, tu les rempliras tous. De respect et d'amour environne sa vie; Je vais m'en séparer, et je te la confie. Révère ton aïeule à ses conseils soumis, Suis ses sages leçons: n'en rougis pas, mon fils. Redoutée au dehors, de mon peuple bénie, L'Europe avec respect contemple son génie; Et les Français en elle admirent avec moi Les vertus de son sexe et les talents d'un roi. Loin de la cour l'impie et ses conseils sinistres! Affermis les autels, honore leurs ministres; Fils aîné de l'Eglise, obéis à sa voix; Du Pontife romain fais respecter les droits. Accueille ces vieillards dont l'austère sage so A travers les périls guidera ta jeunesse; De leur expérience emprunte les secours; Fais régner la justice. Abolis pour toujours Ces combats où des lois usurpant la puissance, La force absout le crime et tient lieu d'innocence. A la voix des flatteurs que ton cœur soit fermé. Consolateur du pauvre, appui de l'opprimé, Permets que tes sujets t'approchent sans alarmes, Qu'ils te montrent leur joie, ou t'apportent leurs [larmes.
Compatis à leurs maux, sois fier de leur amour; Règne enfin pour ton peuple, et non pas pour la cour. Je le connais ce peuple : il mérite qu'on l'aime; En le rendant heureux tu le seras toi-même.
EXPLIQUANT A JOINVILLE LES CAUSES ET LES EFFETS I LA CROISADE.
Qu'entends-je ? il est donc vrai, Joinville aussi me
[blame! Mais sais-tu quels desseins je renferme en mon âme! Sais-tu si les combats où je vous ai guidés Par de grands intérêts n'étaient pas commandés? Tu ne vois que les maux, ton désespoir m'accuse; Eh bien! lis dans mon cœur, et connais mon excuse: Vainement, tu le sais, au sein de nos remparts Je voulus appeler le commerce et les arts. Ces comtes qui du haut de leurs châteaux antiques Font gémir mes sujets sous leurs lois despotiques Tyrans dans mon royaume, et vassaux turbulents, Sans relâche occupés de leurs débats sanglants, Détruisaient mes travaux, déchiraient la patrie, Dans son premier essor arrêtaient l'industrie. Divisés d'intérêts, unis contre leur roi, Je les trouvais sans cesse entre mon peuple et mci, Signalant tour à tour leurs fureurs inhumaines, Ils promenaient la mort dans leurs vastes domaines, Et des soldats français l'un par l'autre immolės
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