Sur le chemin de l'Asie

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Émile-Paul frères, 1918 - World War, 1914-1918 - 404 pages

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Page 172 - Nous avions deux patries, et, ce soir, nous en avons une seule, qui va de la Flandre française à la mer de Sicile.
Page 76 - Au moment où s'engage une bataille d'où dépend le salut du pays, il importe de rappeler à tous que le moment n'est plus de regarder en arrière : tous les efforts doivent être employés à attaquer et à refouler l'ennemi. Une troupe qui ne...
Page 343 - J'ose regarder ces corps, et il me semble qu'ils me regardent. » De notre tranchée à nous, en arrière, des hommes me contemplent avec des yeux d'épouvanté, dans lesquels je lis : « II va se faire tuer! » C'est vrai qu'abrités dans leurs boyaux de repli, les Boches redoublent d'efforts. Leurs grenades dégringolent et l'avalanche se rapproche avec rapidité. Je me retourne vers les cadavres étendus. Je pense : « Alors, leur sacrifice va être inutile?
Page 344 - Pour moi, j'ai l'impression d'avoir eu un corps grandi et grossi démesurément, un corps de géant, avec une vigueur surabondante, illimitée, une aisance extraordinaire de pensée qui me permettait d'avoir l'œil de dix côtés à la fois, de crier un ordre à l'un, tout en donnant à un autre un ordre par geste, de tirer un coup de fusil et de me garer en même temps d'une grenade menaçante. » Prodigieuse intensité de vie, avec des circonstances extraordinaires. Par deux fois les grenades nous...
Page 346 - ... faisant ce récit, une satisfaction de vanité, c'est que j'exprime bien mal mon sentiment, ma volonté. Je sais que je n'ai rien d'un héros. Chaque fois qu'il m'a fallu sauter le parapet, j'ai grelotté de peur, et la détresse qui m'a saisi en pleine action et que je vous disais il ya un instant n'est pas un accident dans ma vie de soldat. Je ne mérite aucun compliment d'aucune sorte. Ce sont les vivants qui m'ont entraîné par leur exemple et les morts qui m'ont conduit par la main. Le...
Page 343 - C'est vrai qu'abrités dans leurs boyaux de repli, les Boches redoublent d'efforts. Leurs grenades dégringolent et l'avalanche se rapproche avec rapidité. Je me retourne vers les cadavres étendus. Je pense : « Alors, leur sacrifice va être inutile? Ce sera en vain qu'ils seront tombés? Et les Boches vont revenir? Et ils nous voleront nos morts!... » La colère me saisit. De mes gestes, de mes paroles exactes, je n'ai plus souvenance. Je sais seulement que j'ai crié à peu près ceci :
Page 344 - Ma voix, éraillée et usée à crier des ordres pendant ces deux jours et cette nuit, m'était revenue, claire et forte. » Ce qui s'est passé alors ? Comme je ne veux vous raconter que ce dont je me souviens, en laissant à l'écart ce que l'on m'a rapporté par la suite, je dois sincèrement avouer que je ne le sais pas. Il ya un trou dans mes souvenirs; l'action a mangé la mémoire. J'ai simplement l'idée vague d'une offensive désordonnée, dans laquelle, toujours au premier rang, Bonnot...
Page 75 - C'est avec une vive émotion que je vous remercie de ce que vous avez fait, car je vous dois ce vers quoi étaient tendus depuis quarante-quatre ans tous mes efforts et toutes mes énergies: la revanche de 1870. Merci à vous et honneur à tous les combattants de la sixième armée!
Page 343 - Levez-vous et allons f... ces cochons-là dehors! » » Debout les morts!... Coup de folie? Non. Car les morts me répondirent. Ils me dirent : « Nous te suivons. » Et se levant à mon appel, leurs âmes se mêlèrent à mon âme et en firent une masse de feu, un large fleuve de métal en fusion. Rien ne pouvait plus m'étonner, m'arrêter. J'avais la foi qui soulève les montagnes. Ma voix, éraillée et usée à crier des ordres pendant ces deux jours et cette nuit, m'était revenue, claire et...
Page 281 - ... on approvisionne les fusils; les baïonnettes sont assujetties au bout des canons. Comme il pleut toujours et que la boue couvre tout, les mouchoirs sont utilisés pour essuyer les fusils. Tout le monde se serre les mains : quelques-uns s'embrassent et se souhaitent bonne chance; les uns ont les yeux brillants d'impatience; quelques-uns, très calmes, vérifient soigneusement tous les détails de l'équipement; d'autres sont pâles et ont un peu d'angoisse dans le regard.

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