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poser le lendemain à un nouveau combat, et peut-être à une bataille qu'il pouvoir éviter en pressant ses opérations.

En conséquence, après avoir donné à ses soldats un moment de repos, dont ils avoient absolument besoin, Massena se met à la tête de sa division, et vole à de nouveaux triomphes. Dans la position où sẻ trouvoit l'ennemi, l'Adige semble toucher à des montagnes coupées à pic, et forme une gorge qui n'a pas quarante toises de largeur, fermée par un village, nn château élevé, et une muraille crenelée, sur laquelle on avoit placé de l'artillerie; le général Dammartin ayant trouvé une position qui balayoit la gorge, y place huit pièces d'artillerie légère pour commencer l'attaque. Des colonnes disposées, l'une pour gravir quelques parties de rocher presqu'inaccessibles, l'autre pour marcher. de front en colonnes serrées, s'avancent en même tems. L'ennemi ébranlé par feu de l'artillerie et par l'audace des tirailleurs, ne peut résister à la masse de nos colonnes : la porte du retranchement est enfoncée à coups de haches, et notre ca

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valerie s'élance à la poursuite des Autri chiens; l'infanterie, oubliant sa fatigue, suit au pas de charge. Les troupes sont enfin obligées de faire halte par l'épuise ment total de leurs forces, et après avoir fait sept mille prisonniers.

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Voulant se réunir à Augereau et à Massena, Vaubois fit passer pendant la nuit l'Adige à sa dívision, et le lendemain, à la pointe du jour, on se remit à la poursuite de l'ennemi ; et le 19, à huit heures du matin, les Français étoient dans la ville de Trente, que Wurmser avoit abandonnée pour suivre la route de Bolzano.

Se battant continuellement, et marchant depuis cinquante-six heures, l'armée française étoit excédée de fatigue, cependant elle apprend qué les Autrichiens sont encore en position de faire quelque résistance, et elle refuse de prendre du repos. Wurmser s'étoit retranché de nouveau dans une position formidable, à Laris, derrière la rivière d'Arisio. Vaubois s'y précipite à sit heures du soir; son avant-garde est arrêtée par la défense opiniâtre des Autrichiens: mais la tête de la division arrive, le général ordonne

LA REVOLUTION, 97 ordonne le passage du pont et l'attaque du village au pas-de-charge et l'arme au bras ; le village est forcé, les ennemis taillés en pièces; la nuit seule met un terme à l'ardeur des Français qui les poursuivent, et leur font un grand nombre de prisonniers.

Bonaparte arrivé dans Trente, organisa le gouvernement de cette ville et du Trentin, par un réglement qu'il fit publier surle-champ dans l'étendue de ce territoire. Nous ne rapporterons point les pièces orga niques de ce nouveau gouvernement qui ne conserva pas longtems cette forme précaire; nous nous contenterons d'observer que par les loix qu'il donna à ce pays, Bonaparte chargea le Conseil aulique de continuer toutes les fonctions civiles, judiciaires et politiques attribuées à ce corps par son ancienne forme de gouvernement. Ce Conseil fut chargé de faire tous les actes qui émaneroient de lui, au nom de la république française, de rendre compte des revenus du prince et de l'empereur. Tous les chanoines qui n'étoient pas natifs de Trente, et tous les étrangers qui avoient des emplois publics, furent obligés de quit

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ter cette ville sous vingt-quatre heures. Il fut enjoint aux chanoines de nommer aux places vacantes du chapitre, des naturels du pays, et au Conseil de remplacer également par des naturels du pays, les fonetionnaires publics destitués de leurs emplois comme étrangers.

Le but du maréchal de Wurmser avoit été, jusqu'à la bataille de Rovérédo, d'empêcher la jonction de l'armée d'Italie avec celle du Rhin commandée par Moreau, mais les pertes successives qu'il venoit d'éprouver, ne lui permettoient plus de suivre ce projet; il présumoit, et sans doute avec fondement, que s'il s'obstinoit à défendre pied à pied les positions qui s'offroient à lui entre Trente et Bolzano, elles seroient emportées par cette furia francèse's à laquelle il sembloit que rien ne pouvoit résister. Dans l'enchaînement continuel de revers qu'il éprouvoit, c'étoit faire beaucoup que de ramener son ennemi en plaine, de l'obliger de revenir sur ses pas malgré ses victoires, et de rendre quelqu'espoir à la garnison de Mantoue. C'est ce que fit Wurmser, avec un courage, une intrépis

dité et une constance qui lui concilièreng ? l'estime du Français, et qui, dans ses malheurs, ajoutèrent un laurier de plus à la couronne qui ombrageoit sa tête blanchie dans les combats,

Wurmser abandonnant les bords de l'Arisio, pour se porter sur ceux de la Brenta, à travers des montagnes presqu'inaccessi bles, détermina, par son mouvement, la marche de la division d'Augereau, ainsi que celle de Massena, qui toutes deux cherchoient à le joindre par des chemins opposés, mais tendant au même but. Le 21, au matin, l'avant-garde de la division Au gereau rencontra l'arrière - gardé ennemie retranchée au village de Primo Lano, entre la Brenta et des montagnes inaccessibles à l'entrée même des gorges de la Brenta. Quelques corps autrichiens, pour donner le tems au reste de la division de se porter au-delà des gorges, firent résistance, er se défendirent jusqu'à exaction de forces; mais leurs efforts furent inutiles, ils ne purent résister à l'impétuosité de nos soldats, et ce qui ne fut pas tué sur le champ

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