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cilité, et dans un moment les grenadiers passant le Mincio, s'emparèrent de Val leggio, quartier-général de Beaulieu, qui venoit d'en sortir.

Cependant, les Autrichiens s'étoient . talliés entre Vallegio et Villa Franca, sur le bord d'un large canal, qui communique du Mincio au Tartaro. Ils se défendirent avec le dernier acharnement dans ce poste fortifié par la nature. Ce n'étoit pas pour disputer la victoire que Beaulieu en agissoit ainsi; sans espoir de défendre désormais l'Italie, avec le peu qui lui restoit d'une armée naguère `si brillante, il vouloit du moins cacher aur Français ses dernières dispositions. En effet, Peschiera, Castello-Nuovo et les autres postes qu'il occupoit à la droite de l'Âdige, étoient évacués rapidement par ses or dres, on transportoir dans Mantoue de f'artillerie et des munirions de toute es pèce, et lorsque la nuit força les com battans de se séparer, il jeta, à la faveur de l'obscurité, une partie de son armée dans Mantone, et passa l'Adige avec

rompre

Te reste, en ayant soin de faire
Tous les ponts, depuis Vérone jusqu'à
Porto-Legnano,

Les Français ne purent donc s'emparer que de très-peu de ponts, mais Augereau arrivé à Peschiera, que l'ennemi venoit d'abandonner, y trouva quatrevingt pièces de canon, et fit cent prisonniers; outre cette prise, la perte de l'ennemi, dans les différentes actions dont nous venons de parler, fut évaluée à quinze cents hommes, tant tués, blessés, que prisonniers, cinq cents chevaux, quatre canons et huit caissons. Il se trouvaparmi les prisonniers le prince de Conflo, lieutenant - général des armées du roi de Naples, commandant en chef la cavalerie napolitaine.

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Trois jours après l'affaire de Borghetto, la division de Massena s'empara de Vérone ou Louis-Stanislas Xavier, frère de Louis XVI, avoit fait longtems sa résidence. Le quartier-général de l'armée y fut transféré le 15 prairial; de cette ville Bonaparte écrivit, entre autres choses, au Directoire : « J'arrive à Vé

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rone..... Je n'ai pas caché aux habi tans que si le roi de France n'eût éva cué leur ville, avant mon passage du Pô, j'aurois mis le feu à une ville assez audacieuse pour se croire la capitale de l'em pire français.

Excepté Mantoue, les Autrichiens étoient entièrement chassés de l'Italie; les Fran çais avoient leurs avant-postès sur les mon tagnes de l'Allemagne. L'infanterie française s'étoit parfaitement accoutumée avec la cavalerie allemande, dont elle commençoit à se jouer. Rien n'égaloit son intrépidité, si ce n'étoit la gaîté avec laquelle elle faisoit les marches les plus forcées : familiarisée avec la mort, elle osoit la regarder en face sans se troubler. Arrivée au bivouac, au lieu de prendre du repos, chaque soldat faisoit son plan d'opération du lendemain, et souvent il s'en' rencontroit qui prévoyoient juste.

Bonaparte regardant un jour défiler une demi-brigade, un chasseur s'approcha de lui et lui dit : « Général, il faut faire cela »; Malheureux, lui dit Bonaparte, veuxtu bien te taire; il disparut à l'instant f

e qu'il dit à Bonaparte de faire, étoit précisément ce que ce général avoit proeté. Il fit chercher ce soldat, et n'eut pas le bonheur de pouvoir le retrouver. Pareil trait étoit arrivé au maréchal de Turenne, mais le soldat fut fait officier.

Malgré l'activité avec laquelle la cour de Vienne rassembloit une nouvelle armée dans les montagnes du Tirol et de la Carniole, elle ne pouvoit se dissimuler que l'Italie étoit perdue pour la maison d'Autriche si Mantoue ouvroit ses portes aux Français; mais cette place, une des forteresses des meilleures de l'Europe, étant suffisamment approvisionnée et défendue. par une forte garnison, devoit prolonger sa défense d'autant plus longtems que, par la nature de sa situation, il étoit impossible que l'armée française fermât exactement toutes les issues par lesquelles on pouvoit lui faire passer des vivres.

Cette armée, renforcée par une partie de celle de Kellermann et par les régimens qui n'étoient plus nécessaires dans les départemens de l'ouest où la prise des chefs ayoit éteint les mouvemens insurrection

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nels, comproit quatre-vingt-dix mille combattans; mais la majeure partie de ces forces étoit employée à garder les passages de la rivière de Gênes, les villes de Coni, de Ceva, de Tortone, d'Alexandrie, dans le Piémont, et les places principales du Milanais, qu'on n'osoit confier entièrement aux troupes levées en Lombardie, malgré le dévouement qu'elles annonçoient pour la cause de la liberté.

Cependant la ville de Mantoue étoit étroitement bloquée. Le général Dallema gne s'étoit porté le 16 prairial sur le faubourg St. Georges, avec six cents grena. diers, et s'en étoit emparé, tandis que Massena, resté dans Vérone, interceptoit les secours que les Autrichiens pouvoient envoyer dans le Mantuan, en suivant les bords de l'Adige. Mais l'armée française avoir peu de moyens de s'emparer d'une place qui exigeoit un siége dans toutes les formes: la rapidité de ses conquètes et la difficulté des routes qu'elle avoit suivies à travers les plus hautes montagnes de l'Europe, n'avoient pas permis de la faire accompagner par ses parcs d'artillerio

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