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ment à l'armée française et une identité de sentimens avec les principes républicains qu'elle manifestoit.

Soit que ce sentiment politique eût été inspiré à une partie des habitans de Milan et des autres grandes villes de la Lombardie autrichienne par des émissaires de la France, ou par l'amour de la nouveauté on par un reste d'attachement à la liberté dont avoit joui anciennement l'Italie, cette détermination populaire eut les suites les plus fâcheuses envers la cour de Vienne. En effet, le peuple du Milanais demanda la république à grands cris, et bientôt le gouvernement républicain fut proclamé depuis les montagnes de Chiavenna jus→ qu'au confluent du Pô et de l'Oglio. Partout les partisans de la domination populaire s'emparèrent des places et des distinc tions. La noblesse héréditaire fut abolie: une armée italienne s'organisa en

moment, pour se concerter avec celle de Bonaparte et seconder les Français ; la cavalerie fut montée avec les chevaux de luxe des nobles qui fuyoient de toutes parts; les soldats furent équipés avec les armee

trouvées dans les places fortes du Piémont, du Milanais er du Parmezan, et payés aux dépens des gouvernemens qui achetoient la neutralité. Telle fut la naissance de la république cisalpine. Sans doute, avant que de pouvoir prendre de la consistance dans le systême politique de l'Europe, elle aura bien des revers et des désastres à essuyer si elle n'est pas anéantie; mais ce n'est pas ici le cas d'anticiper sur les événemens, pour faire connoître quel sort lui est réservé ; suivons le général français dans sa course rapide. On doit s'attendre que, d'a près sa proclamation à l'armée d'Italie, son intention n'est pas de la laisser dans l'inactivité, et qu'il ne veut pas encourir le reproche que la postérité fit au vainqueur des Romains après la bataille de Cannes.

Mais avant que de parler de nouveaux combats, n'oublions pas d'observer que Bonaparte, non content de disposer le cou rage de ses troupes à de nouveaux succès songeoit encore à embellir la France de tous les chefs-d'œuvre les plus rares qui faisoient l'ornement de tous les états d'Ita

fie, et qui attiroient dans cette contrée, tous les savans, les riches et les curieux de l'Europe, Il fit partir de Milán pour Paris, outre une collection de tableaux des plus célèbres peintres, un manuscrit écrit sur le papyrus d'Egypte, ayant environ onze cents ans, sur les antiquités de Joseph, par Ruffin, et un Virgile manuscrit, ayant appartenu à Pétrarque, avec des notes de sa main,

Après la bataille de Lodi, le baron de Beaulieu ayant passé l'Oglio, trouva que cette rivière ne présentoit pas une barrière assez forte à opposer aux Français, er it passa le Mincio. Il appuya sa droite au lac de Garda, sa gauche sur la ville de Mantoue, et plaça des batteries sur tous les points de cette ligne, afin de défendre le passage da Mincio.

Bonaparte, persuadé qu'il ne devoit laisser aucun relâche à l'ennemi, fir pártir son quartier général pour Brescia, où i arriva le prairial. Le général de dis vision Kilmaine reçut l'ordre de se porter, avec quinze cents hommes de cava lerie et huit bataillons de grenadiers,

Dezinganno. Il fut ordonné au général Rusca de se rendre, avec une demi-brigade d'infanterie légère, à Salo. Il s'agissoit de faire croire au général Beaulieu qu'on vouloit le tourner par le haut du lac, pour lui couper le chemin du Tirol, en passant par Riva. Le général en chef tint toutes les divisions de l'armée en arrière, de sorte que la droite par où il vouloit véritablement attaquer, se trou voit à un jour et demi de marche de l'ennemi. Il la plaça derrière la rivière de Chiusa, où elle avoit l'air d'être sur la défensive, tandis que le général Kilmaine alloit aux portes de Peschiera, et avoit tous les jours des escarmouches avec les avant-postes ennemis, dans l'une desquelles fut tué le général autrichien Lieptey.

La division du général Augereau rem¬ plaça, à Dezinzanno, celle du général Kilmaine, qui rétrograda à Lonado, et arriva la nuit à Castiglione. Le général Massena se trouvoit à Monte-Schiaro et Bonaparte à Montze. A deux heures après minuit, toutes les divisions se mirent en mouvement, dirigeant toutes leurs mar

ches sur Borghetto, où Bonaparte avoit résolu de passer le Mincio.

à

L'avant-garde ennemie, forte de trois quatre mille hommes d'infanterie et dé dix-huit cents chevaux, défendoit l'approche de Borghetto. La cavalerie française, flanquée par les carabiniers et les grenadiers qui, rangés en bataille, la suivoient à pas redoublés, chargea avec beau coup de bravoure, mit en déroute la cavalerie ennemie et lui enleva une pièce de canon.

Les Autrichiens s'empressèrent alors de passer le pont et d'en couper une arche. L'artillerie légère engagea aussitôt la canonnade. On raccommodoit difficilement le pont sous le feu des batteries ennemies, lorsqu'une cinquantaine de grenadiers impatiens se jetèrent à l'eau, tenant leurs fusils sur leurs têtes, ayant de l'eau jusqu'au menton, et le général Gardanne devant eux. Les soldats ennemis crurent revoir la terrible colonne du pont de Lodi, les plus avancés d'entre eux lâchèrent pied. On raccommoda alors le pont avec fa

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