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que

lanais par Pavie. Beaulieu dirigea son plan de défense d'après ces données; mais Bonaparte lui donna le change, et tandis divers mouvemens militaires indiquoient que les Français passeroient le Pô sous Valenza, ce général se transportoit par une marche forcée à Castel Sangiovani, avec cinq mille grenadiers et quinze cents chevaux. Pendant ce tems le chef de bataillon Andréossy parcou roit les rives du Pô avec cent hommes de cavalerie et empêchoit que les bateaux qui portoient des vivres aux Autrichiens pussent leur parvenir.

Les cinq mille grenadiers et les quinze cents chevaux conduits par Bonaparte se trouvent le 18 au matin au bord du Pô près de Plaisance; ils se précipitenit aus sitôt dans des bateaux, et abordent en un moment à la rive gauche, où ils culbutent deux escadrons de hussards qui veulent en vain s'opposer à leur passage. Les divisions de l'armée disposées en éche lon de distance en distance, accélèreng aussitôt leur marche, et toutes passeng

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Instruit que les Français avolent exécnté ce passage entre l'Olone èt l'Adda, le général autrichien s'empressa de quitter Ies fortifications qu'il avoit inutilement fait élever au bord du Tésin, et suivit à la hâre la gauche du Pô pour attaquer les Français avant que Bonaparte se fut consolidé dans sa position entre Lodi et Pizzighitone.

Un corps de neuf mille Autrichiens parut t en effet, dès le 19, sur le midi, vers le village de Fombio, avec 26 pièces de canons: Bonaparte les aperçoit, les fait attaquer par le général Dallemagne, qui les culbute sur l'Adda, aidé des généraux Lasne et Lanus. Une autre colonne ennemie débouche la nuit près de Codogno, Bonaparte y dépêche le général Laharpe qui la taille en pièces ; mais qui, en chargeant lui-même le pistolet au poing, est atteint d'un coup mortel, et tombe couvert de lauriers, emportant dans la tombe les regrets et l'admiration de ses compa

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ghons d'armes. Au combat de Fombio les Autrichiens perdirent une grande par tie de leurs bagages, trois cents chevaux, et laissérént sur le champ de bataille cinq cents hommes tués ou faits prisonniers.

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Chaque jour étoit marqué par des com bats ou des négociations à la nouvelle du passage du Pô par les Français, les souverains d'Italie, convaincus qu'ils ne pouvoient éviter que par une prompte paix leur ruine prochaine, s'empressèrent de traiter avec Bonaparté, regardé dès-lors comme l'arbitre et le régulateur de l'Ita lie. Le duc de Parme embrassant une prudente neutralité, se hâtoir, pour faire sa cour aux vainqueurs, de faire passer en France les plus superbes monumens de sculpture et de peinture qui décoroient ses Etats. Le grand duc adoucissoit les vexations que les vaisseaux anglais exerçoient sur les Français dans le port de Livourne sle pape faisoit des propositions pacifiques dont l'exécution fut suspendue par des intrigues de courtisans ; et pendant que dé son côté le roi de Naples feignoît d'abandonner entièrement la coalition; toutes} Tome XV. 4. Parti D

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ou presque toutes les puissances italiennes fournissoient à l'armée française des contributions immenses en or, en chevaux, en vivres, et fermoient leurs ports au commerce britannique.

Le duc de Modène voulant se soustraire par de vains subterfuges, à des conditions qu'il regardoit comme trop onéreuses, fut obligé d'abandonner ses Etats qui, bientôt après, furent occupés par l'armée française.

A la vue du torrent qui menaçoit de l'engloutir, Venise, qui d'abord avoit levé des troupes pour protéger la neutralité de son territoire, abandonna le systême d'une vaine défense, et fit intimer au prétendant qui résidoit à Vérone, l'ordre positif de sortir sur-le-champ des terres vénitiennes. Conservant une espèce de dignité dans le fort de ses malheurs, le frère de Louis XVI déclara au podestat chargé de lui notifier les ordres du sénat, qu'en qualité de noble Vénitien il avoit le droit incontestable de résider dans Vérone, mais qu'il quitteroit cette ville aussitôt qu'on lui auroit sendu l'épée dont Henri IV avoit fait pré

sent à la république, et qu'on lui auroit présenté le livre d'or pour y rayer le nom de sa famille. L'envoyé du sénat eut la bassesse d'aggraver l'infortune de ce prince, en lui répliquant : « Que la radiation par lui demandée ne souffriroit aucune difficulté, mais que quant à l'épée de Henri IV, elle ne lui seroit remise qu'autant qu'il rendroit lui-même à la république de Venise les onze millions qu'elle avoit prêtés à ce roi.

La route de Milan étoit ouverte désormais aux Français, mais la possession de cette capitale ne pouvoit être paisible qu'a près avoir chassé les Autrichiens des bords de l'Adda. Beaulieu, après avoir mis une nombreuse garnison dans la citadelle de Milan, célèbre par la longue résistance qu'elle avoit faite plusieurs fois, s'étoit replié à la gauche de l'Adda. Son armée oc cupoit des retranchemens qui se prolongeoient depuis la grande route de Lodi à Crême, jusqu'au confluent de l'Adda et du Pô, au-dessous de Pizzighitone. Maître du cours d'un fleuve aussi profond que rapide, et dont tous les ponts étoient forti

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