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D'abord, depuis la destitution du ministre de la police Cochon, que la majorité du Directoire soupçonnoit n'être pas de son parti, elle avoit nommé à ce poste important un jeune homme nommé Sotin, qui ne manquoit pas d'activité, patriote prononcé, quoique persécuté sous la terreur par les hommes de sang, et qui étoit entièrement dévoué à Barras ainsi qu'à ses deux autres collègues Laréveillère et Rewbell. Ces trois individus avoient en outre, et à l'insçu des deux autres directeurs Carnot et Barthelemi, fait approcher de Paris une colonne de l'armée de Sambre-et-Meuse, affidée au général Hoche qui l'avoit précédée à Paris, et qui étoit tellement dévoué à la majorité du Directoire, que, malgré quelques obligations qu'il avoit à Carnot, il dissimula avec ce dernier et chercha à lui en imposer sur le véritable objet de la marche de ses troupes sur Paris, en lui disant que les soldats qu'il avoit à sa suite étoient desrinés à le seconder dans son expédition d'Irlande, expédition projetée depuis très-long. tems et au plan de laquelle Carnot avoit lui-même travaillé ; et quand Carnot lu

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objecta que, pour opérer une descente dans cette partie de l'Angleterre, il avoit suffisamment de quarante trois mille hommes qui se trouvoient à sa disposition sur les côtes, ce général répliqua que les troupes qu'il amenoit étoient façonnées par lui, et que leur attachement lui étoit indispensable pour la réussite de son expédition.

Tout le monde ne fut cependant point la dupe de ce prétexte: dans l'état d'hosti lités où les premières autorités se trouvoient, il étoit probable que si Paris étoit environné de soldats, et notamment de cavalerie, ce ne pouvoit être que pour servir les projets de l'une des deux autorités contre l'autre.

Soit que Hoche n'eût aucune connoissance de l'acte constitutionnel, soit qu'il eût oublié l'article qui concernoit la marche des troupes près du lieu occupé par le Corps législatif, une partie de ses soldats pénétrèrent dans le rayon constitutionnel, L'alarme se répandit au Conseil des Cinq. Cents, et cette imprudence du général aux ordres de la majorité du Directoire, eût pu renverser les projets dont l'exécution lui

étoit confiée, si le Corps législatif, moins raisonneur et plus actif, eût fait mettre aussitôt en état d'accusation Barras et ses

deux collègues , pour une faute aussi grave; mais au lieu d'agir avec vigueur, le Conseil des Cinq-Cents s'amusa à jeter les hauts cris, à dire que le Directoire conspiroit, à lui envoyer des messages qui donnèrent occasion à ce dernier de pallier ses torts et de gagner du tems.

Le Directoire avoit encore attiré près de lui une multitude d'officiers, destitués comme Jacobins, et qui brûloient de se signaler contre les Conseils dont les meneurs leur avoient enlevé leurs places; tous les conventionnels exclus par le sort, avides d'emplois, étoient également aux portes du Luxembourg, dans les anti-chambres, et n'attendoient que le signal pour seconder l'attaque. Les fonds manquoient, parce que les Conseils sentoient que s'ils mettoient de l'argent à la disposition du Directoire, ils donneroient par ce moyen des armes contre eux; mais Barras s'en procuroit de côté et d'autre; des banquiers lui en fournirent, Hoche lui donna le peu

qu'il possédoit; enfin il fit tout ce qu'il put pour soutenir et alimenter les militaires qui étoient venus se ranger sous ses drapeaux et qui desiroient rentrer dans leurs grades en participant à un coup d'Etat. Barras ne distribuoit pas cet argent luimême, comme on s'en doute bien; ce furent des conventionnels tels que Villetard, Legot et autres, qui furent chargés de disséminer cet or, et d'entretenir la bonne volonté des militaires, qui attendoient avec impatience que le coup eu lieu, parce qu'ils n'étoient pas dans l'aisance, et que ce qu'on leur distribuoit de tems autre n'étoit pas suffisant pour les faire subsister longtems dans Paris, où les objets nécessaires à la vie sont tou jours plus chers que dans les départe

mens,

Outre les troupes qui étoient aux portes de Paris, la majorité du Directoire avoit encore à ses ordres les armées qui se trou voient en pays ennemis. Nous avons dit que les Conseils avoient négligé de se Jes concilier, et que le Directoire n'a voit rien épargné, ni menées, ni pour

parlers, ni conférences secrètes avec les chefs, pour les attirer de son bord; aussi se prononcèrent-elles en sa faveur, et peu de jours avant le 18, quoique la chose fût inconstitutionnelle et excessivement dangereuse pour le gouvernement qui, une autre fois, pouvoit être victime lui-même de cette violation de la charte constitutionnelle, on vit arriver des adresses de presque tous les corps de troupes, dans lesquelles le soldat manifestoit son attachement pour le Directoire, et sa haine pour le Corps législatif.

Les bornes de cet ouvrage, ne nous permettant pas de rapporter toutes ces pétitions, ni même de les analyser, nous nous contenterons d'én mettre quelquesunes sous les yeux du lecteur.

La vingt-neuvième demi-brigade d'infanterie légère, au Directoire exécutif.

CITOYENS DIRECTEURS,

a De tous les animaux produits par le caprice de la nature, le plus vil est un roi, le plus lâche est un courtisan, et le pire est un prêtre.

>> Quel sentiment a dû animer la 29o. demi

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