Page images
PDF
EPUB

abandonnoient même le poste important de la Bochetta. Ce mouvement rétrograde, dont l'objet pouvoit être de faciliter leur jonction avec les troupes napolitaines et pontificales attendues par Beaulieu, laissoit dans la position la plus critique l'armée piémontaise, retranchée auprès de Céva, au bord du Tanaro qui n'étoit pas alors guéable, et dont les ponts avoient été coupés.

Le 27, au matin, ce camp retranché fat attaqué par les généraux Augereau et Serrurier. La majeure partie des redoutes que le couvroient furent emportées à la bayonnette par les Français ; la nuit mit fin à cette action, mais les Piémontais qui se doutoient que le combat mbat recommenceroit à la pointe du jour, et craignant surtout d'être tournés par Castellino, profitèrent des ténèbres pour lever leur camp et pren'dre une autre position au confluent du Cursalia et du Tanaro, ayant leur gauche appuyée aux deux rivières, leur droite sur Notre-Dame de Vico, et leur centre sur la Bicoque.

: Cette position étoit la meilleure que pût

C

[ocr errors]

prendre le général piémontais Colly. Environné de deux rivières profondes, il avoit garni leurs bords de fortes batteries; ses li gnes protégeoient la place de Mondovi: dans cette position, il attendoit des secours de Turin, ou des renforts de la part des Autrichiens, mais ses espérances furent trompées.

D'une part la cour de Turin avoit bien ordonné l'armement général de tous les jeus nes gens, depuis seize jusqu'à trente ans, mesure qui auroit pu procurer une armée de cinquante à soixante mille hommes, mais outre que cette opération violente éprouva des obstacles insurmontables, elle excita dans le Piémont un mécontentement universel qui arrêta tous les efforts que faisoit sa majesté sarde pour la continuation de la guerre. D'un autre côté, Colly ne put être renforcé par Beaulieu, parce que le grand duc de Toscane, intimidé par les succès des Français, et lié avec eux par un traité particulier, ne voulut point ouvrir un passage par ses Etats aux Autrichiens; il fut donc abandonné à ses propres forces pour résister à l'impétuosité des Français.

2

Colly ayant, comme on vient de le voir, abandonné dans la nuit du 27 son camp retranché près de Céva, le lendemain 28 à la pointe du jour, le général Serrurier prit possession de cette ville, et fit l'investissement de la citadelle qui conservoit une garnison de sept à huic cents hommes, Pendant ce tems, Bonaparte continuanț są marche, atteignit Colly qu'il vouloit obliger de quitter sa position pour être plus sûr de le battre il y parvint,

En effet, le général piémontais, dont l'armée, après les échecs qu'elle venoit d'éprouver, montoit à peine à dix mille combatrans, ne pouvant résister longtems aux divisions françaises qui l'attaquoient de front, tandis que celle de Massena, ayant passé le Tanaro sur un pont jeté auprès de Céva, le cernoit presqu'entièrement, fut obligé d'abandonner ses retranchemens pendant la nuit du 2 au 3 floréal, pour prendre le chemin de Mondovi, où il croyoit trouver une position plus resserrée, et qui ne le forceroit pas de prolonger sa ligne sur une étendue de terrein aussi considérable que celle qu'il quittoit.

C &

$

A la pointe du jour, les deux armées se trouvèrent en présence. Le combat commença dans le village de Vico, et se prolongea ensuite sur tous les points; le général Quieux se porta sur la gauche de Mondovi; les généraux Fiorella et Dammartio attaquèrent et prirent la redoute qui cou vroit le centre de l'ennemi ; aussitôt le désordre se mit dans ses rangs, et l'armée sarde abandonna le champ de bataille. L'ennemi perdit dix huit cents hommes, dont treize cents furent faits prisonniers. Un général piémontais fut tué, trois autres furent faits prisonniers. Nous prîmes onze dra peaux, huit pièces de canon, deux obusiers, quinze caissons, et le soir même nos troupes entrèrent dans Mondovi.

t

Après la bataille de Mondovi, les Piémontais passèrent la Flure, et prirent leurs positions entre Coni et Cherasco. Cette dernière ville, forte par sa situation au confluent de la Flure et du Tanaro, l'est

IV

aussi par une enceinte bastionnée, très-bien palissadée et fraisée. Les Français poursuivirent leurs conquêtes. La journée du 4 fut employée à passer l'Elero, et à jeter de

+

[ocr errors]

nouveaux ponts sur le Pésio. Le soir, leur avant-garde artiva à Caru, et le lendemain, après quelques escarmouches de cavalerie, ils entrèrent dans la ville de Béné. Le 6, le général Serrurier se porta, avec sa division, à la Trinité et canonna la ville de Fossano où Colly tenoit son quartier-général; Massena s'avança en même tems sur Cherasco, dont Marmont et Dujard, envoyés par Bonaparte pour reconnoître les lieux, coupoient les palissades par des batteries d'obusiers disposées à cer effet. L'ennemi, après avoir tiré quelques coups de canon évacua la ville en repas sant la Flure. Les Français y trouvèrent vingt-huit pièces de canon et des magasins considérables. Cette conquête fut pour eux de la plus haute importance, en ce qu'elle appuyoit leur droite, et leur offroit de gran des ressources en subsistances.'

[ocr errors]

Au moment où Bonaparte entroit dans Cherasco, Fossano se rendoit au général Serrurier, et le général Augereau s'emparoit d'Alba. L'ennemi pressé de toutes parts se retira sur Carignan pour couvrir Turin mais Bonaparte s'avança sur cette capitale

« PreviousContinue »