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de la défense qu'offroit le pays, avoir fait les meilleures dispositions; l'attaque fur vive, bien concertée, et longtems indécise. L'infanterie de bataille grimpa des rochers qui paroissoient inaccessibles. Les 11. et 38. demi brigades d'infanterie légère, en colonne serrée, et commandées par le général Joubert en personne, surmontèrent tous les obstacles. L'ennemi percé par le centre; fut obligé de céder, et la déroute devint générale; on lui fit quinze cents prisonniers.

Le général Joubert arriva à Brixen, toujours en poursuivant les Impériaux. Le général Dumas, à la tête de la cavalerie, tua, de sa propre main, plusieurs cavaliers ennemis il fut blessé de deux coups de sabre, en arrêtant seul, pendant plusieurs minutes, sur un pont, un escadron de cavalerie ennemie qui vouloit passer, et donnant par cet acte d'intrépidité, le tems à sa troupe de le rejoindre.

On trouva à Brixen et à Botzen, ainsi que dans divers autres endroits, des magasins et des approvisionnemens de toute espèce, entr'autres trente mille quintaux

de farine. Partout l'ennemi abandonnoit ses hôpitaux, pour ne pas être gêné dans sa fuite précipitée.

--Le 8 germinal, le général Joubert artaqua la gorge d'Insprück. Les bataillons autrichiens, fraîchement tirés du Rhin, vou-loient la défendre mais après une canonnade de quelques instans, Joubert décida l'affaire, en marchant à la tête de la 85. demi brigade, en colonne serrée par bataillon. L'ennemi fut culbuté, laissa le champ de bataille jonché de cadavres. On lui fit six cents prisonniers, on lui prit ses canons et ses équipages.tipp

Des émissaires avoient été envoyés, de la part du gouvernement autrichien, dans la Hongrie et dans le fond du Tirol, pour faire lever en masse tous les habitans de ces contrées. L'empereur menacé, jusque dans sa capitale, n'avoit plus que cette ressource à opposer aux progrès des Français. Une masse de trois cent mille Hongrois s'ébranloit déjà pour venir au secours de son prince: la noblesse hongroise avoit pris un parti décisif, pour qu'aucun habitant en état de marcher ne pûr se soustraire à cette

levée: elle avoit décidé qu'on couperci par morceaux, quiconque refuseroit de suivre le ban.

Du côté du Tirol, les habitans, naturellement forts, hardis et belliqueux, s'étoient rassemblés en force, et s'étoient réunis aux debris de l'armée du prince Charles, et à de nouveaux bataillons qui, arrivés du côté du Rhin, se présentèrent devant les Français, Ces derniers, affoiblis par les garnisons qu'ils étoient obligés de Jaisser dans les villes et places conquises, furent contraints de rétrograder, afin de resserrer leur ligne, qui seroit d'autant plus forte, qu'elle offriroit moins d'étendue.

La jonction des divisions des généraux Joubert, Delmas et Baraguey-d'Hilliers, s'effectua sur la Drave, conformément au plan qui avoit été formé, mais cette jonction même laissoit à découvert, de ce côté, les derrières de la grande armée.

Autre inconvéniens, le gouvernement vénitien qui avoit toujours favorisé le parti autrichien, et qui n'avoit souffert les Français que parce qu'ils avoient été les plus forts, faisoit, en secret, des préparatifs

hostiles pour se déclarer ouvertement dès que les circonstances se présenteroient. De plus, la paix n'étoit pas tellement consolidée avec certaines cours d'Italie, qu'il n'y eût rien à craindre de leur part ; et les no es nouvelles républiques, ayant la majeure partie de leurs forces réunies à l'armée française, auroient d'autant moins fait résistance et tenu tête à l'orage, que leur nouvelle existence politique tenoit essentiellement aux succès du général français. Malgré toutes ces considérations, Bonaparte n'hésita pas un moment de poursuivre ses opérations, bien convaincu que l'Italie ne bougeroit pas, s'il continuoit à terrasser les forces que lui opposoit l'Allemagne.

Trois divisions de l'armée ayant traversé Jes gorges qui de l'Etat vénitien conduisent en Allemagne, campèrent le 8 germinal à Villach, sur les bords de la Drave. Le le général Massena se mit en marche avec sa division: il rencontra l'armée ennemie à une lieue de Clagenfurth, L'archiduc fuyoit avec les débris de son armée découragée; çe prince, depuis le commencement de la campagne, avoit perdu près de vingt mille

hommes de ses troupes, faits prisonniers,

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sans compter ceux qui, dans les différentes actions, étoient testés sur le champ de bataille.

L'avant-garde de l'armée arriva le 10 germinal entre St. Veit ét Freisach. La division du général Bernadotte étoit à Laubach, capitale de la Carniole. Bonaparte avoit envoyé le générál polonais Jazzonzech, à la tête d'un corps de cavalerie, pour suivre la vallée de la Drave, afin qu'étant arrivé à Lienz, it opérât sa jonction avec le général Joubert qui étoit à Brixen.

Ce fut à Clagenfurth que le marquis de Gallo, chevalier de l'ordre royal de St. Janvier, gentilhomme de la chambre du roi de Naples, nommé ambassadeur à la cour de Vienne, se présenta à Bonaparte pour en obtenir un passe-port. Pendant la conversation qui roula sur la guerre, Bonaparte manifesta des opinions si favorables sur la paix, qu'elles firent impression sur l'esprit du marquis de Gallo. Il partit aussitôt pour aller trouver l'empereur, à qui il τότ part de la conversation qu'il avoit eue avec le général français, et des heureuses

fit

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