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par les richesses en peinture et sculpture qui en résultoient pour la France, non, seulement encore parce qu'il comptoit un ennemi de moins, mais parce qu'il n'avoit pas de temps à perdre à un siége qui eût pu traîner en longueur et qu'il devoit crain. dre de laisser amollir ses soldats dans une ville où ils eussent été accueillis par les plaisirs et la débauche, tandis que l'Autriche, faisant sans cesse de nouveaux efforts pour renaître de sa cendre, envoyoit contre lui une nouvelle armée.

Après la déroute complette d'Alvinzi, le cabinet de Vienne ne crut pas devoir opposer aux Français en Italie, un homme plus digne de les combattre, que le prince Charles, frère de l'empereur, qui venoit de se mesurer contre eux en Allemagne, et qui avoit obtenu de brillans succès contre Jourdan, Ce jeune prince, du même âge que Bonaparte, étoit sans doute desireux de l'avoir pour adversaire ; mais cette fois, le sort des armes ne lui fut point avantageux.

On a vu avec quelle difficulté l'Autri che étoit parvenue à faire passer une qua

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trième armée en Italie, les obstacles devoient nécessairement augmenter pour en lever une cinquième'; cependant elle y parvint encore, mais ce fut en arrachant, pour cette fois, des bras à l'agriculture. Cependant, à ces nouvelles recrues, elle joignit de vieilles bandes, que la tranquillité qui avoit lieu sur le Rhin depuis quelque tems, lui permit de détacher de son armée d'Allemagne.

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Instruit de cette circonstance, le Directoire, pour ne pas laisser Bonaparte trop inférieur en forces, lui fit passer, de son côté, une partie de l'armée du Rhin sous le commandement du général Bernadotte, connu par sa bravoure et ses talens. Si l'on considère un moment les distances, on doit croire que les Allemands ne furent pas peu surpris d'avoir à combattre au pied des Alpes-noriques, lès mêmes guerriers avec lesquels ils s'étoient mesurés dans la ForêtNoire et sur les bords de la Nab.

Les Français, depuis la dispersion d'Alvinzi, occupoient la rive gauche de l'Arisio jusqu'à son embouchure dans l'Adige, et la rive droite de la Piava, depuis sa

source dans les Alpes jusqu'à la mer Adcją:

fique.

ils

Arrivant en petites bandes en Italie, par le Frioul et la Haute-Carniole, les Autrichiens se formoient, comme avoient fait précédemment, entre le Ta gliamento et la Piava. Le général français, dont les troupes occupoient Vicence et Padoue, fut instruit, dans les derniers jours de pluviôse, que l'ennemi repassoit sur les hauteurs de Bellano, et que les généraux qui commandoient les avant-postes commençoient à avoir avec lui quelques engagemens peu considérables; aussitôt il prit ses mesures pour en venir à une action plus sérieuse et fit rassembler ses colonnes à la gauche de la Brenta.

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L'archiduc Charles s'étoit avancé sur la rive gauche de la Piava; son centre étoit placé au bord de la petite rivière de Cordevole, sa droite s'appuyoit à l'Adige auprès de Salurn, et sa gauche s'étendoit du côté de Saletuolo.

Le général Massena, s'étant rendu à Settre avec sa division, le 20 du mois de ventôse, les Autrichiens abandonnèrent, à

son approche, les bords du Cordevole et se replièrent sur Bellano au confluent de la Piava. La division du général Serrurier cantonnée à Soto, passa la Piava le 22, vis-à-vis le village de Vidor, tandis que le général Guieux, qui commandoit l'aîle droite de l'armée, se portant aussi à la gauche de la même rivière, s'avançoit jusqu'à Sacilé, sur la grande route de Vicence à Palma. Les Autrichiens se retiroient à mesure que les Français se portoient sur eux. On sut bientôt qu'ils avoient passé à la gauche du Tagliamento et qu'ils se préparoient à disputer le passage de ce fleuve, dans des retranchemens qui s'étendoient depuis les montagnes jusqu'auprès de Belgrado.

Le 26 ventose toute l'armée française étoit

parvenue au bord de ce fleuve. La division de Massena formoit un corps séparé qui poursuivoit l'armée autrichienne du côté de Cadore, sur les montagnes qut séparent les états de Venise du Tirol. Un autre corps séparé, commandé par le gé héral Joubert et formant la gauche de la ligne française, étoit chargé de pénétrer

dans la Carinthie, en remontant l'Adige jusqu'à son confluent auprès de Bolzano, suivant ensuite cette rivière jusqu'à Brixen, et celle de Rients, depuis cette ville jusque vers les sources de la Drave.

L'archiduc occupoit avec ses principales forces, des retranchemens derrière le Tagliamento, qui couvroient la grande route de Trévise à Udine et à Palmanuova. Dans cette position, il tiroit ses subsistances du Frioul autrichien, par Gradisca, et des pays vénitiens situés entre le Tagliamento et les Alpes qui formoient un demi-cercle sur ses derrières. Les glaces des Alpes avoient considérablement baissé les eaux du Tagliamento qui se trouvoit guéable en plusieurs endroits, Bonaparte, profitant de cette circonstances ordonne au général Guieux de se porter sur la gauche, pour passer la rivière à la droite des retranchemens ennemis, tandis que le général Bernadotte, avec les bataillons venus du Rhin', exécuteroit la même opération sur la droite. L'une et l'aurre de ces divisions forment leurs bataillons de grenadiers et se rangent en bataille, ayant chacune une demi-bri

gade

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